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pièce

Les choses sur la table et la cheminée étaient parfaitement rangées. Dans le cercle de plus en plus restreint où il vivait, tout comptait. Sur la table il y avait des lettres, des factures classées en deux paquets. Puis, une pile de boîtes de cigarettes, une pile de boîtes d’allumettes. Un stylo. Un grand portefeuille à serrures. Sur la table de nuit, des romans policiers ou pornographiques, des illustrés américains et des revues d’avant-garde. Sur la cheminée, deux objets ; l’un, une mécanique très subtile, un chronomètre de platine parfaitement plat, l’autre, une affreuse petite statuette de plâtre coloriée, d’une vulgarité atroce, achetée dans une foire, qu’il transportait partout et qui représentait une femme nue. Il la disait jolie, mais il était content qu’elle enlaidît sa vie.

Sur la glace étaient collées des photos et des découpures de journaux. Une belle femme, prise de face, se renversait en arrière et montrait les émouvantes liaisons de son menton avec son cou tendues à se rompre, une bouche fuyante de droite et de gauche, la double fosse du nez, l’inégal horizon des sourcils. Un homme, renversé aussi, mais pris de dos, offrait au contraire la plage de son front borné au second plan par une lisière touffue, que surmontait le promontoire raccourci du nez. Entre ces deux photos, un fait divers collé par quatre timbres réduisait l’esprit humain à deux dimensions et ne lui laissait pas d’issues.

Cette chambre était aussi sans issue, c’était l’éternelle chambre où il vivait. Lui, qui depuis des années n’avait pas de domicile, avait pourtant son lieu dans cette prison idéale qui se refaisait pour lui tous les soirs, n’importe où. Son émoi, évidé, était là, comme une plus petite boite dans une plus grande boite. Une glace, une fenêtre, une porte. La porte et la fenêtre ne s’ouvraient sur rien. La glace ne s’ouvrait que sur lui-même. 

Auteur: Drieu La Rochelle Pierre

Info: Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, pages 32-33

[ description ] [ renfermée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femme-par-homme

À ce moment, Alain regardait Lydia avec acharnement. Mais il la scrutait ainsi depuis qu’elle était arrivée à Paris, trois jours plus tôt. Qu’attendait-il ? Un soudain éclaircissement sur elle ou sur lui.

Lydia le regardait aussi, avec des yeux dilatés, mais non pas intenses. Et bientôt elle détourna la tête, et, ses paupières s’abaissant, elle s’absorba. Dans quoi ? Dans elle-même ? Était-ce elle, cette colère grondante et satisfaite qui gonflait son cou et son ventre ? Ce n’était que l’humeur d’un instant. C’était déjà fini.

Ce qui fit qu’il cessa aussi de la regarder. Pour lui, la sensation avait glissé, une fois de plus insaisissable, comme une couleuvre entre deux cailloux. 

Auteur: Drieu La Rochelle Pierre

Info: Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, page 9

[ homme-femme ] [ silence ] [ observation ] [ questions ] [ mystère ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mysticisme intégré

" Je suis assez instruit pour ne pas être superstitieux, mais je le suis quand même..."

Cette phrase de Dostoievski est pour moi l'expression que l'humain, vivant, instable et émotif par essence... pressent ou croit, ou pense... qu'il y a quelque chose "en arrière-plan".

Ce sentiment profond qu'il est impossible que l'univers soit une mécanique impersonnelle et aveugle constitue fondamentalement la base des religions déclinées. Une base métaphysique qui ne peut que se complexifier avec l'augmentation des langages et des savoirs et donc des capacités de tenter de l'expliciter ou la hiérarchiser - comme Thomas d'Aquin par exemple. 

C'est une espérance profonde, à notre insu... Celle que cette expérience des tâtonnements du vivant que nous pouvons constater et dont nous sommes partie prenante n'est pas juste une tentative "dans le vide" "pour rien".  Alors qu'il semble tout à fait possible que ce soit un processus automatique... un fonctionnement machinal... Idée froide et inquiétante d'une non immanence qui,  disait le même Dostoievski je crois, "permettrait tout"... ce qui reste à voir au passage.

Impression d'un "fonctionnement global sans émotion"  possiblement instillée par l'hyper-rationalité cybernétique - sur des fondations capitalisto-booléennes sans assez de nuances ou trop verticales - qui domine actuellement l'organisation des savoirs humains.... intelligences artificielles comprises.

Auteur: Mg

Info: 22 juillet 2025

[ croyance incluse ] [ mystère ontologique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

auto-appréciation

Je suis un homme méchant. Je suis un homme peu attrayant. Je crois que mon foie est malade. Cependant, je ne sais rien du tout de ma maladie et je ne sais pas avec certitude de quoi je souffre. Je ne consulte pas de médecin pour cela et je ne l'ai jamais fait, même si j'ai du respect pour la médecine et les médecins. D'ailleurs, je suis extrêmement superstitieux, suffisamment pour respecter la médecine, en tout cas (je suis assez instruit pour ne pas être superstitieux, mais je suis superstitieux). 

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les cahier du sous-sol. Incipit

[ croyance ] [ mysticisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

folie

Chacun porte en soi la façon dont il peut devenir fou.

Auteur: Motte Philippa

Info: Le jour où ma mère m'a tout raconté

[ potentialité ] [ déséquilibre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

euphorie

Je découvre que je porte en moi la force d’un dieu et ça me fâche beaucoup qu’on ne me l’ait jamais dit. Je me mets à écrire, à peindre, dessiner, danser et chanter trop fort partout où je passe. Au milieu des rues, au milieu des gens, je n’ai plus aucune inhibition. C’est maladroit, incongru, effrayant, mais l’énergie qui m’habite est trop forte pour ne pas s’exprimer d’une façon ou d’une autre.

Très vite tout dérape. Avec la même intensité à laquelle surgit la face lumineuse du monde, des ténèbres diaboliques apparaissent. Elles me prennent à la gorge et la serrent jusqu’à étouffer ma raison. Un jeu des contraires m’emporte comme une vague énorme et me plonge dans un délire imparable qui fait sauter les verrous de mon inconscient et ouvre la porte de mondes dont j’ignore tous les codes.

Auteur: Motte Philippa

Info: Et c'est moi qu'on enferme, pp. 32-33

[ enthousiasme ] [ désinhibition ] [ déséquilibre ] [ bascule ]

 

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dualité

La folie fait peur au monde extérieur, mais elle est vivante. C’est une puissance à la fois créatrice et destructrice, mais elle est mouvement. Le fou se perd dans les extrêmes mais au moins il vit, il goûte, il jubile même parfois.

Le dépressif, lui, n’est que douleur. Il est enfermé dans les bas-fonds de lui-même, dans une cave profonde et noire dont il ne soupçonnait pas l’existence avant d’y être projeté par la désolation absurde qui le dévore. Tout le monde lui dit que la porte dee la cave est ouverte, mais il ne sait plus comment sortir.

 

Auteur: Motte Philippa

Info: Et c'est moi qu'on enferme, p. 190-191

[ extrêmes psy ] [ bipolarité ] [ déprime ] [ euphorie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

épistémè

La psychanalyse, elle, doit assurer sa place, très à part dans le champ scientifique. Il faut qu’elle possède son statut épistémologique.

Là, je soutiens que la psychanalyse est impensable avant la naissance, au dix-septième siècle, de la science, au sens moderne, sens qui le pose comme absolu. Car le corrélat de la science, c’est la position cartésienne du sujet, qui a pour effet d’annuler les profondeurs de la subjectivité. Souvenez-vous que Freud n’a pas hésité à rompre avec Jung lorsque celui-ci a tenté de les restaurer dans la psychanalyse. La psychanalyse ne pouvait seulement se concevoir avant la science. Vous entendrez des gens vous expliquez gravement que Freud a été empêtré dans son scientisme : ce qui est une sottise. Non seulement son scientisme ne l’a pas gêné, mais il était absolument nécessaire qu’il fût un scientiste. Comme il est aujourd’hui nécessaire que la psychanalyse se constitue en science.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Entretien au Figaro littéraire le 29 décembre 1966

[ rigueur ] [ présupposé ] [ opposition ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain

Toute la philosophie de Sartre veut que le sujet et la conscience soient indissolublement liés. Or, dans Freud, cette liaison est rompue. Chez lui, ce n’est pas d’une subconscience qu’il est question, non plus que d’une préconscience. Non, l’inconscient est posé comme barré de la conscience. L’inconscient, n’est pas du même ordre que la conscience, n’a pas accès, hors de circonstances forcées à la conscience. Les objections de Sartre ne s’adressent pas du tout à moi seul, mais aussi bien à Freud. En vérité, pour la raison que je vous disais plus haut, Sartre n’a jamais voulu s’intéresser à la vraie psychanalyse de Freud.

Il a pourtant donné de belles analyses de ce qu’on pourrait appeler les profondeurs, ou les dessous de la conscience ?

De très brillantes analyses, oui. Dans L’Être et le Néant, il trace une phénoménologie de la passion sadique extraordinairement séduisante, au point qu’il parvient à nous en faire saisir tous les ressorts. Seulement, voilà : aussi fascinantes soient-elles, ces analyses ne sont pas exactes. Un simple médecin qui connaît des cas de sadisme sait bien que rien ne se passe comme dans l’exposé de Sartre. Le texte de Sartre est très brillant, ses dons littéraires éclatants, sa machine marche, c’est vrai, mais, dans ce cas là au moins elle ne mord pas. Or c’est cela qui importe, n’est-ce pas ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: Entretien au Figaro littéraire le 29 décembre 1966

[ avis ] [ critique ] [ littérature ] [ résumé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophes

Lévi-Strauss, que je connais bien, ne s’intéresse pas tellement à la psychanalyse. J’ai trouvé Althusser très éveillé à mes travaux, très "éveilleur" autour de lui, je crois qu’on peut tenir pour définitif le découpage qu’il donne de la pensée de Marx, mais qui va croire que nous nous concertions ? Quant à Foucault, il suit ce que je fais, et j’aime ses travaux, mais je ne le vois pas très concerné par la position de Freud. Alors, entre ces quatre personnes, le lien ?

Ce que l’on appelle le structuralisme.

Je vous accorde que le mot structuralisme garde un sens pour nous grouper vaguement, mais, déjà ce n’est plus vrai pour le mot structure. La structure n’a pas la même signification pour chacun. Ainsi, pour moi, le mot structure désigne exactement l’incidence du langage comme tel dans ce champ phénoménal qui peut être groupé sous la rubrique de ce qui est analysable au sens analytique. Je précise : dans le champ de ma recherche, dire "structuré comme un langage", c’est un pléonasme.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Entretien au Figaro littéraire le 29 décembre 1966

[ avis ] [ différences ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson