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inconscient

[…] l’amour n’est pas un dieu, mais un démon, c’est à savoir celui qui envoie au mortel le message que les dieux ont à lui donner […].

Auteur: Lacan Jacques

Info: 8 février 1960

[ définition ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réciprocité

Puisque ALCIBIADE sait déjà que de SOCRATE il a le désir, que ne présume-t-il mieux et plus aisément de sa complaisance ? Que veut dire ce fait qu’en quelque sorte, sur ce que lui, ALCIBIADE, sait déjà, à savoir que pour SOCRATE il est un aimé, un ἐρώμενος [erômenos], qu’a-t-il besoin sur ce sujet de se faire donner par SOCRATE le signe d’un désir ? Puisque ce désir est en quelque sorte reconnu - SOCRATE n’en a jamais fait mystère dans les moments passés - reconnu et de ce fait connu, et donc, pourrait-on penser, déjà avoué, que veulent dire ces manœuvres de séduction développées avec un détail, un art et en même temps une impudence, un défi aux auditeurs ? 

[…] si SOCRATE s’est montré depuis toujours l’ἐραστής [erastès] d’ALCIBIADE, sans doute nous paraîtra-t-il - dans une perspective post-socratique nous dirions : dans un autre registre – que c’est un grand mérite que ce qu’il montre, et que le traducteur du Banquet pointe en marge, sous le terme de "sa tempérance". 

Mais cette tempérance n’est pas non plus dans le contexte quelque chose qui soit indiqué comme nécessaire. Que SOCRATE montre là sa vertu, peut-être ! Mais quel rapport avec le sujet dont il s’agit, s’il est vrai que ce qu’on nous montre à ce niveau c’est quelque chose concernant le mystère d’amour. En d’autres termes, vous voyez de quoi j’essaie de faire le tour : de cette situation, de ce jeu, de ce qui se développe devant nous dans l’actualité du Banquet, pour en saisir à proprement parler la structure. Disons tout de suite que tout dans la conduite de SOCRATE indique que le fait que SOCRATE en somme se refuse à entrer lui-même dans le jeu de l’amour est étroitement lié à ceci, qui est posé à l’origine comme le terme de départ : c’est que lui sait. C’est même, dit-il, "la seule chose qu’il sache" : il sait ce dont il s’agit dans les choses de l’amour. Et nous dirons que : c’est parce que SOCRATE sait, qu’il n’aime pas. 

[…] ce que SOCRATE refuse de montrer à ALCIBIADE c’est quelque chose qui prend un autre sens, qui serait proprement la métaphore de l’amour en tant que SOCRATE s’admettrait comme aimé et je dirai plus, s’admettrait comme aimé inconsciemment.

C’est justement parce que SOCRATE sait, qu’il se refuse à avoir été - à quelque titre, justifié ou justifiable, que ce soit - ἐρώμενος [erômenos], le désirable, ce qui est digne d’être aimé. Ce qui fait qu’il n’aime pas, que la métaphore de l’amour ne peut pas se produire, c’est que la substitution de l’ἐραστής [erastès : aimant] à l’ἐρώμενος [erômenos : aimé], le fait qu’il se manifeste comme ἐραστής [erastès] à la place où il y avait l’ἐρώμενος [erômenos : aimé], est ce à quoi il ne peut que se refuser. Parce que pour lui, il n’y a rien en lui qui soit aimable, parce que son essence est cet οὐδὲν [ouden], ce vide, ce creux, pour employer un terme qui a été utilisé ultérieurement dans la méditation néo-platonicienne et augustinienne, cette κένωσις [kénosis] qui représente la position centrale de SOCRATE.

[…] Vous saisissez donc bien, je pense, ce qu’ici j’entends dire : c’est que la structure constituée par la substitution, la métaphore réalisée constituant ce que j’ai appelé le miracle de l’apparition de l’ἐραστής [erastès: aimant] à la place même où était l’ἐρώμενος [erômenos : aimé], c’est ici ce dont le défaut, fait que SOCRATE ne peut que se refuser à en donner, si l’on peut dire, le simulacre. C’est-à-dire qu’il se pose devant ALCIBIADE comme ne pouvant alors lui montrer les signes de son désir pour autant qu’il récuse d’avoir été lui-même, d’aucune façon, un objet digne du désir d’ALCIBIADE, ni non plus du désir de personne.

Aussi bien observez que le message socratique, s’il comporte quelque chose qui a référence à l’amour, n’est certainement pas en lui-même fondamentalement quelque chose qui parte, si l’on peut dire, d’un centre d’amour. SOCRATE nous est représenté comme un ἐραστής [erastès : aimant], comme un désirant, mais rien n’est plus éloigné de l’image de SOCRATE que le rayonnement d’amour qui part, par exemple, du message christique. Ni effusion, ni don, ni mystique, ni extase, ni simplement commandement n’en découlent. Rien n’est plus éloigné du message de SOCRATE que "tu aimeras ton prochain comme toi-même", formule qui est remarquablement absente dans la dimension de ce que dit SOCRATE. Et c’est bien ce qui a frappé depuis toujours les exégètes, qui en fin de compte dans leurs objections à l’ascèse proprement de l’ἔρως [erôs], disent que ce qui est commandé c’est : "tu aimeras avant tout dans ton âme ce qui t’est le plus essentiel". 

Bien sûr il n’y a là qu’une apparence. Je veux dire que le message socratique tel qu’il nous est transmis par PLATON ne fait pas là une erreur puisque la structure, vous allez le voir, est conservée. Et c’est même parce qu’elle est conservée qu’elle nous permet aussi d’entrevoir de façon plus juste le mystère caché sous le commandement chrétien. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 8 février 1960

[ leurre ] [ impossible ] [ demande ] [ réponse ] [ agalma ] [ non-savoir ] [ manque ] [ inscientia ] [ philosophie antique ] [ christianisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

envoûtement

En route, ce que nous voyons, c’est cette comparaison qui, au moment où elle est instaurée, est poussée à ce moment-là fort loin, où il [Socrate] est comparé avec le satyre MARSYAS, et malgré sa protestation : "Eh, assurément il n’est pas flûtiste !", ALCIBIADE revient, appuie et compare ici SOCRATE à un "satyre", pas simplement de la forme d’une boîte, d’un objet plus ou moins dérisoire, mais au satyre MARSYAS nommément, en tant que quand il entre en action, chacun sait par la légende que le charme de son chant se dégage. Le charme est tel qu’il a encouru la jalousie d’APOLLON, ce MARSYAS. APOLLON le fait écorcher pour avoir osé rivaliser avec la musique suprême, la musique divine. 

La seule différence, dit-il, entre SOCRATE et lui, c’est qu’en effet SOCRATE n’est pas flûtiste : ce n’est pas par la musique qu’il opère et pourtant le résultat est exactement du même ordre. Et ici il convient de nous référer à ce que PLATON explique dans le Phèdre concernant les états, si l’on peut dire, "supérieurs" de l’inspiration tels qu’ils sont produits au-delà du franchissement de la beauté. Parmi les diverses formes de ce franchissement - que je ne reprends pas ici - il y a celles par lesquelles se révèlent les hommes qui sont δεομένους [deomenous] qui ont reçu des dieux des initiations. Pour ceux-là, le cheminement, la voie, consiste en moyens parmi lesquels celui de l’ivresse produite par une certaine musique, produisant chez eux cet état qu’on appelle de "possession". 

Ce n’est ni plus ni moins à cet état qu’ALCIBIADE se réfère quand il dit que c’est ce que SOCRATE produit, lui, par des paroles, par des paroles qui sont, elles, sans accompagnement, sans instruments : il produit exactement le même effet par ses paroles. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 8 février 1960 - l'extrait fait ici référence au Banquet de Platon

[ enchanteur ] [ fascination ] [ agalma ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Bible

Le monde occidental […] n’a comme langue que l’hébreu dans lequel est formulé ce qu’il doit bien reconnaître comme sa tradition, le latin ou le grec ne servant qu’à la liturgie ou au rituel. C’est-à-dire que l’Eglise et les chrétiens n’ont de sacré qu’en traduction, n’entendent la révélation de la violence et du sacrifice qu’à travers cette opération qu’on nomme version. Leur religion ne s’épanouit pas dans leur "langue maternelle". Le christianisme, c’est la fatalité de la métalangue. Qu’une des origines de l’antisémitisme chrétien vienne de là, de cette impossibilité à parler la langue-père, cet hébreu qui semble porter le grouillement des victimes passées ou à venir dans ses voyelles absentes ou transformées en filigrane, semble assez clair. L’Ancien Testament n’existe pour les chrétiens qu’en grec ou latin, Septante ou Vulgate. Quant au Nouveau Testament, il n’est, on le sait, jamais passé par l’hébreu. Ce qui, au passage, en montre la force singulière, d’être, malgré la privation de ses racines sacrées, le texte qui continue à révéler à travers les siècles la réalité des origines meurtrières de la civilisation.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, Bloy, l’homme au secret, 1er septembre

[ langue sacrée ] [ langue liturgique ] [ écart ] [ étrangère ] [ incompréhensible ] [ malentendu ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nanomatériaux

Le graphène 

Le graphène, ce matériau fait de carbone comme le diamant, a comme lui une robustesse exceptionnelle. Cela est dû au fait que les atomes de carbone sont très rapprochés,  ce qui augmente sensiblement la cohésion inter-atomique. Le graphène est exceptionnellement résistant à la traction mais aussi très flexible.

Le graphène est difficile à produire massivement en Europe et aux USA.

La Chine qui en a compris l’importance a lancé la production de machines performantes ?  Et comme pour le fil de soie, les Chinois se font discrets pour cet hyper fil de soie aux propriétés exceptionnelles. La fabrication du fil à soie fut gardée secrète durant des siècles.

Toutes les technologies seront bouleversées, car ce matériau est 200 fois plus résistant à la traction que le fer et 108 fois plus conducteur électriquement et thermiquement que le cuivre (à masse égale)

Demain la Chine sera donc capable de produire tous les véhicules électriques du monde,  y compris les avions à décollage vertical. Un monde sans énergies fossiles (pétrole et uranium) sera enfin possible.

L’Occident deviendrait-il alors le témoin impuissant d’une révolution Chinoise du graphène ?

À moins que l’Occident ne se lance, tambour battant, dans un projet de type Manhattan : exfolier quantitativement et qualitativement de large film de graphène.

Le graphène existe cependant déjà sous différentes formes : nanotubes de carbone (diamètre 12 nm  longueur 2 µm), nano sphères de carbone  (20 nm),  chips de graphène (20µm),  structure de graphène (60 µm). Il est cependant difficile d’obtenir en Occident du film de graphène multicouches de plus de 10 mm de large, donc des fils.

Ceux qui mettront au point des machines à exfolier du graphène de grande largeur, ouvriront les portes du monde d’après. Ce qui réduira drastiquement la consommation des énergies fossiles, y compris l’uranium et l’hyper poison de plutonium, ainsi que le cuivre et les terres rares (en voie de raréfaction). Tous les moyens de locomotion et les moyens de produire de l’énergie électrique sans combustion seront profondément modifiés et l’hydrogène prendra de l’ampleur autant par son efficacité de production, que vecteur de stockage et de transducteurs efficaces d’énergie électrique et thermique.

Le monde d’après sera CHO   C = Carbone du graphène, H = Hydrogène Carburant, O = Oxygène Comburant

Plus de rejet de CO2 , rien que de l’eau ! Des machines jusqu’à 20 fois plus légères et 10 fois plus efficace, le danger dû aux pénuries de pétrole  MadMax, des dispersions de nanoparticules de plutonium MadMox, de dystopies redoutées : climatiques sanitaires polluantes, reporté sine die.

 

Auteur: Nast Xavier

Info: Sur le blog de P. Jorion, 2 février 2021

[ innovation disruptive ] [  rivalité technologique ] [ décarbonation ] [ futur ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

sécularisation

Notre éducation, qu’on le veuille ou non, a pris ses plus sûres racines dans le repoussement de cette communauté [catholique], considérée comme le modèle de tout despotisme, et dans la terreur qu’elle puisse revenir, si faible que soit ce "danger". Le despotisme est déjà repassé dix fois, vingt fois, sous d’autres masques, par d’autres portes, pendant que nous redoutions candidement sa résurrection là où était son tombeau.

L’écrivain occidental moderne, en général, consume ses belles années à conjurer une histoire d’Eglise qu’il dit avoir oubliée, mais à laquelle, pour ne plus l’affronter en détail, il adhère catastrophiquement en bloc. Quand les temples sont vides, c’est la société tout entière qui devient pour elle-même son propre temple. Quand la tombe tourbillonnante des saints des anciens paradis imaginaires n’est plus que le spectacle de fresques craquelées, c’est la masse des hommes qui, à sa place, vient profiler son abîme grouillant d’émeute sacrée. Passage du latent-sacré-ésotérique au manifeste-social-exotérique. Prières, prélats, génuflexions, conclaves, conciles, cathédrales, hosties, curés, apôtres, congrégations, encycliques, toute cette affaire n’a pas, elle non plus, échappé à la mondialisation ni à l’entropie, ni à l aloi de la remontée collective du refoulé : plus c’est partout, et moins c’est vu.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, Bloy, l’homme au secret, 1er septembre

[ ennemi déjà mort ] [ temps de retard ] [ aveuglement ] [ résurgence symptomatique ] [ occulto-socialisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain

Quand j’écris, phénomène qui à chaque fois se reproduit : l’interminable horreur des après-midis mortes se resserre. J’ai commencé à écrire par horreur de la durée, des journées, c’est pour cela aussi que j’ai tant de mal à écrire après la nuit tombée, quand tout va si vite, enfin, quand les phénomènes se précisent et se compriment, quand tout est net, confirmé, sans appel, comme dans l’écriture, sans écriture.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 6 mai 1979

[ angoisse ] [ moteur ] [ origine ] [ temps ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivains comparés

Les contemporains de Hello s’appellent Mallarmé, Lautréamont, Rimbaud. A la mort de Bloy, Proust avait déjà publié Swann, et Joyce finissait Ulysse… De temps en temps, il m’arrive de penser que Bloy ou Hello, à leur manière, avaient compris quelque chose que voyaient moins bien leurs contemporains, dans la mouvance des avant-gardes. Si l’effort permanent de la littérature consiste à passer par-delà ce qui peut être dit, à traverser le silence, à faire cette transgression fondamentale, alors il m’arrive de considérer Bloy, Hello ou quelques autres comme plus audacieux, plus iconoclastes, plus subversifs, moins refoulés, moins névrosés que les plus sublimes de leurs contemporains rationalistes et athées – trop conjugalement unis au ricanement.

Peut-être la faiblesse des avant-gardes est-elle d’avoir lié leurs volontés de transgression à la lutte contre l’obscurantisme et pour les Lumières, c’est-à-dire d’avoir fini par se trouver prisonnières du militantisme et du progrès. Ce serait vérifiable, sans doute, dans l’histoire du surréalisme, et cela en révélerait quelques faiblesses. Par ailleurs, lorsqu’en 1928, Artaud, à la fin de la représentation de Partage du midi, traitait Claudel d’ "infâme traître" et que Paulhan lui écrivait : "Artaud, est-ce vous qui tout d’un coup abandonnez votre pensée à ces facilités, à ces absences d’âme, à ces trucs : l’anticléricalisme, la révolution politique ?", qui était en fin de compte le plus lucidement pessimiste ? Lequel des deux, Artaud, Paulhan ? Qui avait raison ? Et pourquoi la transgression réelle, la révolte véritable contre l’ordre du monde passent-elles finalement mieux (parfois) dans une écriture qui s’adosse à l’attente de la fin du monde et se nourrit de la pensée de la résurrection ? Avant de refermer la porte sur le refus d’écoute de toute parole religieuse ou mystique, il faudrait peut-être sérieusement réfléchir à cette question.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 31 décembre 1978

[ tiers exclu ] [ déchet idéologique ] [ révolutionnaires conformistes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

égoïsme

L'enfer, ce n'est pas les autres, c'est l'obligation de vivre avec eux. Le mieux consiste donc à construire un donjon solitaire avec le ciment de son rêve suffisamment solide pour que le ressac du monde extérieur s'y fracasse. 

Auteur: Tesson Sylvain

Info: Petit traité sur l'immensité du monde

[ tranquillité ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sécularisation

Dieu n’est pas la dernière chance des dernières années de notre fin de siècle. Son "retour" n’existe que dans l’imagination intéressée des imbéciles et des canailles. Quant à ceux qui croient qu’ils vont illuminer notre crépuscule avec leurs expériences contemplatives, on leur souhaite bien du plaisir : parler de l’hypothèse-Dieu dans le silence stupéfait, hagard, de l’époque, permet surtout de mesurer la fabuleuse et sans doute définitive victoire du rationalisme. Qui peut encore espérer entendre un jour l’écho d’un monde en excès sur celui-ci, quand la réfutation du discours "religieux" est devenue comme notre seconde soupe originelle. La cause est donc entendue.

Ce qui entraîne aussi qu’il n’y a plus aucune parole pour dire l’horreur de l’indicible, pour crier le silence et l’impossible. Il n’y a plus rien pour dire, au-delà de ce qui peut être dit. D’où la solitude, plus atroce que jamais, de chacun de tous face à sa nuit. La langue qui disait le cauchemar, la folie, a cédé sous les assauts de la raison, mais le cauchemar est toujours là, régnant dans les dehors du monde que ne peut visiter aucun discours rationalisant. Le cauchemar a donc gagné, en retrouvant son territoire nettoyé de la parole qui le combattait. Rien d’étonnant à ce que la littérature soit en chute libre. Elle aussi, naguère, affrontait l’horreur sans nom. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 31 décembre 1978

[ triomphe ] [ conséquences ] [ perte symbolique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson