Et certes, l’on est moins malheureux, esclave d’un homme que d’une passion ; car la plus cruelle domination qui ravage le cœur des mortels, n’est-ce pas entre autres la passion de dominer ? Or dans cet ordre de paix qui tient l’homme sous la dépendance de l’homme, comme l’humilité est utile à l’esclave, l’orgueil est funeste au maître. Toutefois, dans l’ordre naturel où Dieu a d’abord créé l’homme, nul n’est esclave de l’homme ou du péché. Mais la peine de la servitude est ordonnée par cette loi qui veille au maintien et défend l’infraction de l’ordre naturel ; s’il n’eût été jamais attenté contre cette loi, il n’y aurait point de répression à exercer par le châtiment de l’esclavage. C’est pourquoi l’apôtre invite les esclaves à demeurer soumis, à servir de cœur et de bonne volonté, afin que, s’ils ne peuvent être affranchis par leurs maîtres, eux-mêmes affranchissent, pour ainsi dire, leur propre servitude, témoignant dans leur service non l’hypocrisie de la crainte, mais la fidélité de l’affection jusqu’à ce que l’iniquité passe et que toute souveraineté, toute puissance humaine étant anéanties, Dieu soit tout en tous.
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