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cours d'eau

De ma fenêtre, je voyais aussi la Chiffa.

Tout d’abord, j’ai aimé son nom de danseuse : la Chiffa. Il me fait encore divaguer un peu. J’étais à l’âge des plus grandes folies ; j’aurais voulu la lancer, comme on dit, la faire connaître, qu’on affichât partout en grosses lettres sur tous les murs :

"La Chiffa dans son numéro de danse de serpentine"

Je suis bien persuadé qu’elle aurait remporté un succès fou. Il y a eu tout de suite une sorte de liaison entre elle et moi. Non, je ne l’ai pas oubliée. Elle coule en contrebas du piton rocheux sur quoi est bâtie la maison ; elle l’entoure presque entièrement. Couler n’est pas le verbe qu’il convient d’employer ici ; couler évoque un cours tranquille : la Seine coule, tandis que la Chiffa…

La Chiffa serpente, oui, mais avec violence. Elle mousse aussi, elle bouillonne à froid, elle tourbillonne, elle est cascadante (et cascadeuse), elle est torrentueuse, limoneuse… J’ai passé des heures à la regarder se contorsionner dans son lit en désordre ; j’ai fait le voyeur.

Elle est surtout changeante, abandonnant une robe après l’autre, la reprenant ensuite… Elle avait alors une préférence pour les beiges, les grèges un peu rouillés, ou un peu rosés… Je l’ai vue une fois en rose buvard, un jour de grand soleil. Elle avait toujours dix ou vingt jupons d’écume… Quelle comédie !

En quoi est-elle faite ? À quoi ressemble-t-elle ? À du mercure ? Elle est brillante et dense, ou trouble et épaisse. À du mastic liquide ? À du cuivre en fusion ? Mais pas à de l’eau, certainement.

La nuit, elle devient blanche de lune, et elle se met à hurler follement, aussi fort que le vent qui sort de ses gorges. Un vent particulier, au souffle court, rapide, claquant sec. On eût dit, à travers le sommeil, une troupe de cavaliers numides à la charge, attaquant, puis tournant bride, puis repartant… On entendait distinctement le bruit des sabots des petits chevaux nerveux sur la pierraille. Notre maison en tremblait. 


Auteur: Calet Henri

Info: Poussières de la route, janvier 1955, Algérie

[ sauvage ] [ tumultueux ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

spiritualité

La nature, bien sûr, a sa part dans la vie de l'âme et, dans de nombreuses manifestations, elle influence profondément la vie humaine. Mais cette vie naturelle de l'âme est périphérique, simple appendice des phénomènes matériels de la nature.


Auteur: Eucken Rudolf

Info:

[ émergence ] [ abstraction ] [ esprit ] [ émersion ] [ superficielle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spiritualité

Si les humains, aussi vils et naturellement mauvais par essence, ont fini par créer les religions... c'est parce que Dieu existe et leur en a inspiré l'idée. Je ne pense pas qu'ils auraient jamais inventé d'eux-mêmes.

Auteur: Eucken Rudolf

Info:

[ ex machina ] [ origine ] [ credo ] [ métaphysique ]

 

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histoire humaine

Car le passé, bien compris, n'est pas simplement du passé.

Auteur: Eucken Rudolf

Info: Le problème de la vie humaine vu par les grands penseurs de Platon à nos jours

[ annales ]

 

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Éternel

- Oui, pour de vrais Russes les questions de l'existence de Dieu et de l'immortalité ou, comme tu dis, les mêmes questions prises par un autre bout, ce sont certes les principaux problèmes, ceux qui priment sur tout. […]

- Voici ce que je vais te dire, Aliocha : être Russe ce n'est pas toujours être intelligent, mais on ne peut malgré tout rien imaginer de plus stupide que ce qui occupe actuellement les garçons russes. […] Vois-tu, mon cher, il y avait, au dix-huitième siècle, un vieux pécheur qui proclama que si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. Et en effet l'homme a inventé Dieu. Mais ce n'est pas cela qui est étrange, et ce n'est pas que Dieu existât vraiment qui serait prodigieux, c'est qu'une telle idée — l'idée de la nécessité de Dieu — ait pu surgir dans le cerveau d'un animal aussi féroce et méchant que l'homme.


Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les Frères Karamazov. Deuxième partie, livre quatrième : LES DÉCHIREMENTS, III. Les frères font connaissance.

[ étonnant ] [ miroir humain ]

 

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sociologie critique

Aujourd'hui que tout le monde est contraint, sous peine d'une condamnation par défaut pour crime de lèse-respectabilité, d'embrasser quelque profession lucrative, et d'y travailler avec quelque chose qui ressemble à de l'enthousiasme, une plainte de la partie adverse, qui, elle, se satisfait de ce qu'elle a, et revendique de rester spectatrice en goûtant le temps qui passe, sent un peu la bravade, sinon la gasconnade. Pourtant, il ne devrait pas en être ainsi. L'oisiveté, ainsi qu'on l'appelle, qui ne consiste pas à ne rien faire mais à faire beaucoup de ce qui n'est pas reconnu dans les formulaires dogmatiques de la classe dirigeante, a autant le droit de déclarer sa position que l'industrie elle-même. Il faut bien reconnaître que la présence de personnes qui refusent de participer à la grande course de handicap pour le gain des pièces de sixpenny est tout à la fois une insulte et un désenchantement pour ceux qui s'y engagent. Un brave garçon (comme nous en voyons tant) prend son courage à deux mains, vote pour les sixpence et, pour recourir à l'emphase d'un américanisme, " y va à fond ". Faut-il s'étonner de son ressentiment, tandis qu'il s'échine désespérément à casser des cailloux sur la route, s'il voit dans les prairies, non loin, des personnes allongées au frais, un mouchoir sur les oreilles et un verre à portée de la main ? Alexandre lui-même est frappé en un point très sensible par le mépris de Diogène. Où était la gloire d'avoir conquis Rome, pour ces tumultueux Barbares qui envahissaient le Sénat et trouvaient les Pères assis, silencieux, indifférents à leur victoire ? C'est en vérité une chose bien fâcheuse que de se donner toutes les peines du monde, d'escalader les sommets les plus ardus, pour découvrir au retour l'humanité indifférente à vos exploits. Voilà pourquoi les physiciens condamnent tout ce qui n'est pas la physique, les financiers ne tolèrent que superficiellement ceux qui n'entendent pas grand-chose à la Bourse, les littéraires méprisent les incultes, et les gens de toutes les professions s'allient pour dénigrer ceux qui n'en ont aucune.




Auteur: Stevenson Robert Louis

Info: Essais sur l'art de la fiction

[ insatisfactions ] [ spécialisations ] [ jalousies ] [ intolérance ] [ indifférence ] [ labeur ] [ loisirs ]

 

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insidieux impérialisme

Près de six mille habitants furent expulsés en 1967 à la suite de la conquête par Israël de la zone pendant la guerre des six jours, hors délimitation du partage de la Palestine décrété par l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1948. Cette année-là, la quasi-totalité des habitations est rasée, et cinq ans plus tard, à l'ouverture du parc en 1972, le jeune couvert végétal efface toute trace de présence palestinienne. " Tout est présenté comme si les Palestiniens n'avaient jamais existé ", commente Ghada Sasa, auteure d'une thèse sur le colonialisme vert en Palestine à l'université McMaster (Canada).

L'histoire du parc Ayalon-Canada n'est pas un cas isolé. Les parcs, forêts et réserves naturelles israéliens renferment près de deux cents villages palestiniens démolis, d'après une enquête menée par la chercheuse israélienne Noga Kadman, auteure d'un livre sur la destruction des villages arabes en 1948.

En plus de dissimuler cette histoire moderne, le boisement empêche également le retour des populations palestiniennes expulsées. Élaborées à la manière de remparts végétalisés permettant de maintenir la présence israélienne, les forêts servent à délimiter les frontières de l'État jusqu'en territoire colonisé. " Planter un arbre, c'est planter sa présence dans le paysage. Cela permet aussi de s'installer sans que cela soit directement associé à une forme de violente dépossession ", explique Irus Braverman. " En d'autres termes, le déracinement de l'un permet l'enracinement de l'autre dans cette région. " Dans certains cas, les arbres ont servi d'outils d'occupation temporaire, en attendant d'être remplacés par des habitations ou d'autres infrastructures.

Pour lutter contre cette amnésie délibérée, l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) israélienne Zochrot [" se souvenir " en hébreu] s'est donné pour mission depuis plus de vingt ans de sensibiliser la population israélienne à l'histoire et aux conséquences de la Nakba.

Auteur: Delpuech Aïda

Info: En Israël, l'arbre est aussi un outil colonial, Le Monde diplomatique n°847, octobre 2024.

 

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mythologie

Enkidou ouvre la bouche et dit à Gilgamesh : " Comment pénètrerons-nous dans la Forêt des Cèdres, Gilgamesh ? Son gardien est un guerrier puissant qui ne ferme jamais les yeux. Pour qu'il protège la Forêt des Cèdres, le dieu Enlil l'a nommé son gardien, il l'a doté de sept épouvantes, le mugissement de Houmbaba est celui du déluge. "

Gilgamesh ouvre la bouche et dit à Enkidou : " Qui donc mon ami pourra vaincre la mort ? Seuls les dieux demeurent éternellement avec Shamash. Les jours des humains sont comptés. Tout ce qu'ils font le vent l'emporte. Tu crains déjà la mort et nous sommes encore ici. Où est donc ta vaillance ? Laisse-moi marcher devant toi et que ta voix me crie : " avance, n'aie pas peur ". Si je meurs, mon nom sera immortel, les générations futures diront de moi : " Gilgamesh est tombé dans sa lutte contre le géant Houmbaba ". Ô Enkidou, ta parole attriste mon cœur mais je veux aller couper les cèdres et me faire un nom immortel. Mon ami, je vais ordonner aux artisans et aux forgerons de fondre nos armes en notre présence.


Auteur: L'épopée de Gilgamesh

Info:

[ bravoure ] [ mourir ] [ spiritualité ] [ quête ] [ renommée ]

 

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quanta de lumière

Le tout premier portrait d’un photon isolé

Une nouvelle théorie qui décrit les interactions quantiques entre la lumière et la matière a permis aux chercheurs de représenter la forme précise d’un photon pour la première fois.

Des physiciens britanniques ont récemment accouché d’une nouvelle théorie sur les interactions entre la matière et la lumière au niveau quantique, et ces travaux ont aussi fait émerger une très intéressante : pour la première fois, ces chercheurs ont réussi à définir la forme précise d’un photon isolé.

Les photons, ce sont les particules qui servent de vecteur à la force électromagnétique, et par extension, à la lumière visible grâce à laquelle nous sommes capables de visualiser notre environnement. Mais même s’ils sont incroyablement abondants, ce sont des objets qui, paradoxalement, sont encore loin d’être parfaitement compris par les physiciens.

La façon dont ils interagissent avec la matière, en particulier, est extrêmement complexe. Pour en appréhender toutes les nuances, il faut d’abord réussir à conceptualiser puis à associer une myriade de phénomènes souvent très difficiles à manipuler, notamment parce qu’une grande partie d’entre eux se déroulent dans le domaine quantique.

La nature de ces interactions ouvre des possibilités infinies par rapport à l’existence et à la propagation de la lumière à travers son environnement. Ces possibilités illimitées rendent les interactions exceptionnellement difficiles à modéliser, et c’est un défi que les physiciens quantiques cherchent à relever depuis plusieurs décennies ", expliquent les auteurs de l’étude dans un communiqué de l’Université de Birmingham.

Un nouveau cadre théorique sur le comportement des photons

Pour simplifier l’équation, ces chercheurs ont donc décidé de regrouper toutes ces possibilités dans quelques ensembles bien définis. Grâce à cette approche, ils ont réussi à établir un modèle certes simplifié par rapport à la réalité, mais tout de même cohérent et très complet : il décrit non seulement la relation entre le photon et l’objet qui l’émet, mais aussi le comportement de l’énergie qui résulte de ces interactions.

Il s’agit donc de travaux importants, car ils permettent de définir précisément comment ces particules exceptionnellement importantes interagissent avec les différents éléments de leur environnement.

Ces travaux nous aident à approfondir notre compréhension de l’échange d’énergie entre la lumière et la matière, explique Benjamin Yuen, co-auteur de l’étude.  Il y a de nombreux signaux que l’on considérait auparavant comme du simple “bruit”, mais qui contiennent en fait énormément d’informations auxquelles nous pouvons désormais donner du sens ", se réjouit-il.

Par extension, cette étude défriche donc de nouvelles pistes que les physiciens pourront emprunter pour faire progresser des disciplines comme la physique quantique ou la science des matériaux. Les auteurs citent notamment des " nouvelles technologies nanophotoniques " qui pourraient " changer notre manière de communiquer, de détecter des pathogènes, ou encore de contrôler des réactions chimiques à l’échelle moléculaire ".

Le premier portrait-robot d’un photon

En parallèle, ces travaux ont aussi fait émerger une autre nouveauté relativement anecdotique dans le contexte de ces travaux, mais néanmoins fascinante : pour la première fois, les auteurs ont réussi à modéliser la “forme” d’un photon. Dans leur papier de recherche, ils présentent en effet une forme vaguement circulaire qui fait un peu penser à une cellule vue au microscope, entourée d’un étrange halo en forme d’étoile.

Ce concept de “forme” d’un photon est assez perturbant au premier abord. À l’inverse des neutrons et des protons qui constituent les atomes, les photons ne sont typiquement pas décrits comme des objets physiques. Contrairement à ces derniers, il faut passer par plusieurs couches d’abstraction pas toujours très intuitives pour les étudier.

En effet, on considère généralement que les photons n’existent qu’à travers leurs interactions ; ils sont régulièrement décrits comme des ondes plutôt que comme des particules tangibles (voir la notion de dualité onde-corpuscule). Par extension, la plupart des modèles physiques leur attribuent une masse nulle, et considèrent qu’ils n’ont pas de taille ou de forme bien définie.

Comment les auteurs ont-ils donc réussi à visualiser une forme qui, selon ces interprétations, n’existe tout simplement pas ? Pour le comprendre, il faut reconsidérer la définition même de la forme. Car ici, nous ne parlons pas des frontières d’un objet matériel comme une sphère ou un cube ; il s’agit plutôt d’une question de répartition d’énergie.

Pour visualiser cette notion, on peut l’aborder en faisant un détour par le monde de la musique. Chaque note (Do, Ré, Mii…) est construite autour d’une fréquence fondamentale qui détermine sa hauteur. Mais elle est rarement seule : la fréquence fondamentale est presque toujours accompagnée d’autres fréquences plus discrètes que l’on appelle les partiels, et ce sont eux qui déterminent les autres paramètres d’un son — comme son timbre. C’est précisément à cause de ces partiels qu’un do joué par un piano est beaucoup plus riche que celui qui sort d’un diapason, par exemple ; la répartition de ces fréquences change la manière dont l’onde sonore interagit avec nos tympans.

De la même façon, l’énergie des photons est distribuée sur plusieurs modes de fréquences différents. Comme avec une note de musique, cette répartition joue un rôle crucial dans la manière dont le photon interagit avec son environnement, et notamment avec les champs électriques.

En d’autres termes, cette image ne représente pas une forme physique que l’on pourrait toucher ou observer au microscope. La " forme " en question est en fait une carte de la distribution de l’énergie véhiculée par le photon sur différentes fréquences du spectre électromagnétique ; c’est une manière de représenter visuellement le résultat des interactions entre le photon et la matière qui sont décrites dans le modèle des chercheurs (voir plus haut).

Quoi qu’il en soit, il s’agit tout de même du premier portrait d’un photon. Et même s’il ne s’agit que d’une représentation abstraite, il sera très intéressant de garder un œil sur les travaux ultérieurs qui se serviront de ce nouveau cadre théorique pour faire avancer des disciplines fascinantes telles que la physique quantique.

Auteur: Internet

Info: https://www.journaldugeek.com/, Antoine Gautherie, 21 novembre 2024

[ particule lumineuse ]

 

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communauté de croyants

L’Eglise est un concept qui désigne un Ensemble (d’hommes, de femmes, d’enfants) informé par le Verbe incarné. C’est cette totalité composée que désigne le terme "Eglise". Il convient donc de distinguer dans l’Eglise deux parts : la part humaine, l’ensemble des hommes, des femmes, des enfants qui sont assumés dans l’unité de cet Organisme spirituel, et la part de Dieu : l’information qui est communiquée par le Verbe incarné. Le terme "Eglise" désigne le tout, et non pas simplement une partie. Les erreurs ou les crimes que commettent les hommes qui appartiennent à l’Eglise ne sont pas les erreurs ou les crimes de l’Eglise en tant que telle.

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, page 32

[ institution chrétienne ] [ définition ] [ naturel-surnaturel ] [ humain-divin ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson