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survie

Depuis que l'exploitation avait été démantelée, depuis que les gens avaient fui cet endroit avec le même empressement que celui qui les avait conduits ici, lui - avec quelques familles, le docteur et le directeur d'école, tous ceux qui comme lui ne savaient où aller - n'avaient pas bougé, et chaque jour il surveillait le goût des aliments car il savait que la mort commence par s'introduire dans la soupe, dans la viande, dans chaque bouchée [...].

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan

[ vigilance ] [ communauté résiduelle ] [ méfiance ] [ repli ]

 
Commentaires: 6
Ajouté à la BD par miguel

hivernophile

Mme Eszter faisait partie de ceux que le printemps et surtout l’été rendaient malades, au sens strict du terme, de ceux pour qui la chaleur accablante, alanguissante, le soleil flamboyant dans le ciel représentaient une calamité qui les clouait au lit avec des migraines effroyables et de fortes hémorragies ; de ceux pour qui, en d’autres termes, le froid n’était pas un Mal insupportable observé sous le rempart des poêles incandescents mais un agent naturel de la vie, de ceux qui renaissaient lorsque le gel s’installait enfin, que le vent polaire arrivait, car l’hiver éclaircissait leurs horizons, tempérait leurs incontrôlables pulsions, remettait de l’ordre dans la masse confuse de leurs pensées dissolues sous les chaleurs estivales (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: La mélancolie de la résistance

[ thermophobe ] [ saisons ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

couchant

Dans la voûte du soir chaque oiseau est un point du souvenir.

Je m'étonne quelquefois que la ferveur du temps revienne,

Sans corps revienne, déjà sans but revienne ;

Que la beauté, si brève dans son amour violent

Nous réserve un écho lorsque la nuit descend.



Et ainsi quoi d'autre que de rester les bras pendants,

Le cœur entassé et ce goût de poussière

Qui fut fleur ou chemin -

Le vol dépasse l'aile.

Sans humilité, savoir que ce qui reste

A été gagné à l'ombre par œuvre de silence ;

Que la branche dans la main, que la larme obscure

sont héritage, l'homme et son histoire,

La lampe qui éclaire.


Auteur: Cortazar Julio

Info: Crépuscule d'automne

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

accouplement

Elle reconnaissait la précieuse valeur de ce genre d’occasion, quand un homme aux possibilités ma foi modestes — comme c’était le cas — promettait résolument de se surpasser. Elle ne prononça aucun mot, n’exigea aucune explication, ne le congédia pas, mais sans l’ombre d’une hésitation ôta langoureusement sa robe sous le feu des regards de plus en plus ardents, de plus en plus prometteurs de l’homme, jeta négligemment au sol ses sous-vêtements, passa sa baby doll, une nuisette jaune orangé finement transparente, le péché mignon du capitaine, et, comme obéissant à un ordre, elle s’installa, avec un sourire gêné, à quatre pattes sur le lit. Pendant ce temps, son " confident, ami, et associé " se débarrassa de son équipement, éteignit la lumière et, sans ôter ses lourdes bottes — et, conformément à son habitude, au cri de : " À l’assaut ! " —, il se jeta sur elle. Et Mme Eszter ne fut pas déçue : en quelques minutes, le capitaine réussit à balayer tous les mauvais souvenirs de la soirée,

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: La mélancolie de la résistance

[ humour ] [ baise ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

couchant

Kasser fit alors remarquer qu'il n'existait rien de plus beau qu'un coucher de soleil sur les montagnes et la mer, le coucher de soleil, ce merveilleux jeu de lumières dans le ciel s'assombrissant, cette somptueuse incarnation de la transition et de la permanence, la sublime tragédie, poursuivit Falke, de toute transition et de toute permanence, un spectacle grandiose, une merveilleuse fresque représentant quelque chose qui n'existait pas mais illustrait à sa façon l'évanescence, la finitude, la disparition, l'extinction, et l'entrée en scène solennelle des couleurs, intervint Kasser, cette époustouflante célébration du rouge, du lilas, du jaune, du brun, du bleu, du blanc, l'aspect démoniaque de ce ciel peint, c'était tout cela, tout cela, et bien d'autres choses encore, reprit Falke, car il fallait aussi évoquer les milliers de frissons que le spectacle évoquait chez celui qui le contemplait, l'émotion intense qui le saisissait immanquablement, un crépuscule, dit Kasser, incarnait la beauté emplie d'espoir des adieux, l'image éblouissante du départ, de l'éloignement, de l'entrée dans l'obscurité, mais aussi la promesse assurée du calme, du repos, et du sommeil imminent, c'était tout cela à la fois, et combien d'autres choses encore, remarqua Falke, oui, combien d'autres choses encore, renchérit Kasser (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Guerre & Guerre, III, 6 Toute la Crète p 111

[ frontière ] [ émoi ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

soliloque

(...) il y avait cette perpétuelle déception vis-à-vis des hommes, par hommes elle entendait la gente masculine, ces hommes qui lui avaient fait la cour, promis monts et merveilles, et l'avaient ensuite jetée de la plus ignoble des façons, et pour la plus ignoble des raisons, et de l'autre côté, il y avait elle, une femme romantique, comme elle se définissait, dont le cœur était tellement, mais tellement fragile, voilà ce qu'avait été sa vie entière, d'un côté ses innombrables déceptions, de l'autre côté ce cœur fragile, et alors qu'elle pensait que tout était fini, qu'il n'y avait plus rien à espérer, voilà qu'un jour le facteur apporte une lettre, et que le miracle se produit, quelqu'un pensait à elle, quelque part, se dit-elle alors qu'elle essayait de choisir de la charcuterie et tentait de lire à travers le film plastique la date de péremption et de deviner celle à qui elle pouvait se fier, elle ne faisait ce genre de rêve - que quelqu'un pense à elle à l'autre bout du monde, et de cette façon, avec des sentiments aussi purs - que lorsqu'elle était une petite fille, finalement elle opta pour du cervelas, du moins quelque chose qui ressemblait à du cervelas, le mit dans son panier et se dirigea vers la caisse.




Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Le Baron Wenckheim est de retour

[ superposition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

Céline : c’est Casse-Pipe qu’il interrompt – c’est-à-dire un livre sur et contre la guerre – pour passer entièrement à l’acte en écrivant Bagatelles, livre "pacifiste". Il ne reviendra pas à Casse-Pipe. Le tournant se prend là, dans l’interruption de la représentation de la guerre pour la dire – et pour la faire.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 17 mars 1980

[ analyse ] [ critique ] [ étape ] [ romans ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Ce que je veux dire dans le Céline.

Que si Céline a été antisémite, c’est qu’il a été révolutionnaire. C’est-à-dire qu’il a plongé jusqu’en ses plus hauts fonds dans la végétation crapuleuse de ce siècle de bouleversements païens.

S’il a épousé ce siècle, c’est qu’il a compris l’essentiel : qu’il s’agissait d’une ruche en guerre.

S’il a réussi à être plus qu’un écrivain-révolutionnaire-et-antisémite, c’est qu’il a su mourir très tôt.

J’ai là l’analyse de la représentation célinienne et de la situation de la subjectivité.

L’œuvre de Céline étant une tentative interminable d’incarner la fonction paternelle, c’est-à-dire d’être mort et inoubliable, d’être absolument absent et incontournable, sur le corps grouillant, maternel, du monde, il est le plus biblique des écrivains.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 9 octobre1979

[ critique ] [ résumé ] [ éloge ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

[…] ses livres [à Gertrude Stein] à sens creux dénoncent en creux le cadavre du sens – sans être capables, comme Joyce, par exemple, de dégager dans la langue le sens de cette mort, et de se faire le père invisible de l’enfer invisible nouvellement institué.

Le discours sur Stein est pauvre. Est-ce la conséquence de la pauvreté du discours de Stein ? On dirait qu’elle n’arrête pas d’attirer un certain type de stéréotypes : prose de mascaret, périodes équinoxiales, métrique obsessionnelle océanique. Sa doctrine profonde ? Chaque feuille doit avoir la même valeur qu’un arbre. Sainte Thérèse avait promis d’envoyer une pluie de roses sur le monde ; Stein y balance ses déluges d’automne. Pluies sulpiciennes de l’avant-garde.

Il y a quelque chose, tout de même, qui me semble filtrer par ses ressassements. Quelque chose comme un ressassement des êtres et des choses traduisant une angoisse précise pour la conjurer. L’angoisse, peut-être, de la fourmilière elle-même se ressassant sur le monde en tant que pseudo-nouveauté alors qu’elle n’est que le visage accompli, enfin, d’une éternelle menace. Les livres de Stein sont remplis de notations qui ont l’air de conjurer ce vidage brutal du sens et ce remplissage par tout autre chose :

"Toujours est-il que personne ne peut plus se perdre parce que la terre est tellement couverte de gens et tout le monde passe son temps à aller d’un endroit à un autre." 

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 9 septembre 1979

[ style ] [ romancière ] [ critique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme

Je résume ici deux mille ans, un Verbe qui s’effaçait pendant qu’une Eglise construisait en son nom l’inverse exactement de son effacement. Déjà une descente aux enfers, une plongée aux gouffres, et très peu de peinture, bizarrement, pour en rendre compte. Mais en réalité il y a deux enfers. Ou deux manières de voir la même horreur, la première consistant à y habiter et à la servir sans rien vouloir savoir, la seconde à y descendre, à l’éclairer, à en remonter pour la raconter.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 9 septembre 1979

[ civilisation occidentale ] [ ignorance ] [ écrivain ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson