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transcendance

Le hasard a de ces sortilèges, pas la nécessité. Pour qu’un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s’y rejoignent dès le premier instant comme les oiseaux sur les épaules de saint François d’Assise.

Auteur: Kundera Milan

Info: L'insoutenable légèreté de l'être, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1989, page 77

[ signifiant ] [ providentiel ]

 

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naturel-surnaturel

Il y a probablement deux pôles dans la nature humaine :

l'un qui est la SAGESSE, l'autre la SAINTETÉ.

...La sainteté religieuse suppose un dogme, une foi.

...Le saint est celui qui est constamment tiré hors de luimême, le sage celui qui tire tout à lui. De sorte que, même

physiquement, le sage est ordinairement bien nourri (mais pas seulement physiquement). Le sage s'alimente, le sage

"profite". Le sage augmente (de poids). Le saint maigrit de

plus en plus car il se nourrit de sa propre substance jusqu'à

complet décharnement et totale consommation.

...Le véritable climat de la sagesse est le PANTHÉISME.

Il n'est possible et il n'est confortable d'être un Dieu à soi-même que quand tout le monde est de Dieu ou à Dieu.


Auteur: Ramuz Charles-Ferdinand

Info: Le sage, La nouvelle revue Française, 1932

[ types ] [ différences ] [ christianisme ] [ spiritualité ]

 
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lecture

Pour Tereza, le livre était le signe de reconnaissance d’une fraternité secrète. Contre le monde de la grossièreté qui l’entourait, elle n’avait en effet qu’une seule arme : les livres qu’elle empruntait à la bibliothèque municipale ; surtout des romans : elle en lisait des tas, de Fielding à Thomas Mann. Ils lui offraient une chance d’évasion imaginaire en l’arrachant à une vie qui ne lui apportait aucune satisfaction, mais ils avaient aussi un sens pour elle en tant qu’objets : elle aimait se promener dans la rue avec des livres sous le bras. Ils étaient pour elle ce qu’était la canne élégante pour le dandy du siècle dernier. Ils la distinguaient des autres. 

(La comparaison entre le livre et la canne élégante du dandy n’est pas tout à fait exacte. La canne était le signe distinctif du dandy, mais elle en faisait aussi un personnage moderne et à la mode. Le livre distinguait Tereza des autres jeunes femmes, mais en faisait un être suranné. Certes, elle était trop jeune pour pouvoir saisir ce qu’il y avait de démodé dans sa personne. Les adolescents qui se promenaient autour d’elle avec des transistors tonitruants, elle les trouvait idiots. Elle ne s’apercevait pas qu’ils étaient modernes.) 

Auteur: Kundera Milan

Info: L'insoutenable légèreté de l'être, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1989, page 75

[ échappatoire ] [ ostentatoire ] [ distinction ]

 

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femmes-hommes

Avant les hommes regardaient les femmes souvent comme des objets, et les femmes ont été représentées si longtemps comme des appas de séduction, des parures du pouvoir, des corps exhibés, des non sujets.

Auteur: Vieville Camille

Info: Les femmes artistes sont de plus en plus dangereuses

[ historique ] [ beaux-arts ]

 
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endormissement

En 1927, Georgia O'Keeffe peint un tableau surprenant, tout en camaïeu de gris et de noir, à l'exception d'un point clair légèrement teinté de jaune. Un cercle incomplet et traité en halos occupe la majorité de l'espace. En transparence, une forme ondulante traverse la composition avec, en son creux, ce petit éclat lumineux. L'artiste n'oppose guère l'abstraction à la figuration et comme souvent, cette toile trouve son inspiration dans la réalité. Elle représente, avec des moyens plastiques volontairement restreints, le vacillement de la conscience sous les effets d'une anesthésie : " J'avais décidé de rester lucide aussi longtemps que possible, écrit O'Keeffe en 1976 dans son autobiographie. [...] La lumière du jour a commencé à tournoyer et à rétrécir doucement dans un espace noir. J'ai hissé mon bras droit par-dessus puis l'ai laissé retomber. Alors que la lumière n'était plus qu'une petite tache blanche dans une pièce noire, je levai mon bras gauche au-dessus de la tête. Alors qu'il commençait à redescendre et que le point blanc était devenu minuscule, je sombrai. "

Auteur: Vieville Camille

Info: Petite histoire des couleurs: Chefs-d'oeuvre, symbolique, matériaux - A propos de "Black Abstraction", huile sur toile de Georgia O'Keeffe

[ artificiel ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

baise

La vie ne le poursuivait-elle pas au contraire de son mépris réitéré jusque dans les bras de la putain qu'il s'était décidé à aborder pour satisfaire en même temps son désir de savoir et de consolation ? Elle avait les yeux noirs, compatissants, brillant d'une fausse douceur qui se dissipa dès qu'elle fut seule avec lui et aucune lueur n'éclairait plus le regard qu'elle posait sur lui pendant qu'il procédait à sa toilette intime dans un bidet grisâtre et fissuré, elle le regardait impitoyablement et il tremblait de honte, présentant l'amertume de ce qu'il était sur le point d'apprendre et n'espérant plus la consolation. Il la suivit dans les draps qui sentaient le moisi où il dut supporter qu'elle lui fît jusqu'au bout l'affront de son impassibilité. Il sentait la chaleur à l'endroit où leurs ventres se rejoignaient et se mêlaient comme des cloaques de reptiles, il sentait la moiteur de ses seins pressés contre sa poitrine, de ses jambes contre les siennes, des images intolérables naissaient dans l'esprit de Marcel, il était une bête, un grand oiseau vorace et frémissant qui s'enfouissait jusqu'au cou dans les entrailles d'une charogne, car elle conservait l'impassibilité obscène d'une charogne, ses yeux morts levés vers le plafond, et là où leurs peaux se touchaient, à chaque point de contact, des fluides s’échangeaient la lymphe transparente, les humeurs intimes, comme si son corps devait garder à jamais, dans une hideuse métamorphose, la trace du corps de cette femme qu'il se redressa brutalement pour s'habiller et partir. Il déboucha dans la rue en haletant, du sang étranger coulait dans ses veines, la sueur qui ruisselait sur ses paupières n'avait plus la même odeur et il crachait par terre parce qu'il ne reconnaissait pas le goût de sa propre salive. Pendant des semaines, il scruta son corps avec angoisse, chaque petit bouton, chaque rougeur de peau, il se sentait condamné à l'eczéma, aux mycoses, à la syphilis, à la blennorragie, mais quel que soit le nom de la maladie qui le guettait, elle ne serait que la forme superficielle sous laquelle le mal qui s'était emparé de lui manifesterait sa présence irrémédiable et il harcela les médecins chaque semaine jusqu'à ce que l'armée allemande envahisse la zone libre et le force à s'arracher à lui-même.

Auteur: Ferrari Jérôme

Info: Le sermon sur la chute de Rome, Actes sud, 2012

[ pute ] [ prostituée ] [ culpabilité ] [ obsessionnel ] [ souillure ]

 

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christianisme

Pendant trois jours, les Wisigoths d’Alaric ont pillé la ville et traîné leurs longs manteaux bleus dans le sang des vierges. Quand Augustin l’apprend, il s’en émeut à peine. Il lutte depuis des années contre la fureur des donatistes et consacre tous ses efforts maintenant qu’ils sont vaincus, à les ramener dans le sein de l’Eglise catholique. Il prêche les vertus du pardon à des fidèles qu’anime encore l’esprit de vengeance. Il ne s’intéresse pas aux pierres qui s’écroulent. Car bien qu’il ait rejeté loin de lui, avec horreur, les hérésies de sa jeunesse coupable, peut-être a-t-il gardé en lui des enseignements de Mani la conviction profonde que ce monde est mauvais et ne mérite pas que l’on verse des larmes sur sa fin. Oui, le monde est rempli des ténèbres du mal, il le croit toujours, mais il sait aujourd’hui qu’aucun esprit ne les anime, qui porterait atteinte à l’unité du Dieu éternel, car les ténèbres ne sont que l’absence de lumière, de même que le mal indique seulement la trace du retrait de Dieu hors du monde, la distance infinie qui les sépare, que seule Sa grâce peut combler dans les eaux pures du baptême.

Auteur: Ferrari Jérôme

Info: Le sermon sur la chute de Rome, Actes sud, 2012, pages 198-199

[ temporel-éternel ] [ paganisme ]

 

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aguicheuse

- Et surtout, faut pas niquer les serveuses, hein ? Les gens, ils viennent pas pour claquer leur fric chez vous pour vous voir niquer les serveuses ! Vous, vous pouvez niquer les clientes, mais pas les serveuses.

Annie était bien d'accord, dans la vie, on pouvait se permettre des tas de choses mais, quand on tenait un bar, jamais, au grand jamais, il ne fallait niquer les serveuses. Matthieu et Libero assurèrent qu'une telle horreur ne leur avait jamais traversé l'esprit.

Ils eurent la surprise de constater dès le lendemain qu'Annie, dont l'efficacité était par ailleurs irréprochable, semblait avoir conservé de ses anciennes fonctions la curieuse habitude d'accueillir chaque représentant du sexe masculin qui poussait la porte du bar d'une caresse, furtive mais appuyée, sur les couilles. Nul n'échappait à la palpation. Elle s'approchait du nouvel arrivant, tout sourire, et lui faisait deux grosses bises claquantes sur les joues tandis que de la main gauche, comme si de rien n'était, elle explorait son entrejambe en repliant légèrement les doigts. Le premier à faire les frais de cette manie fut Virgile Ordioni, qui arrivait les bras chargés de charcuterie. Il devint cramoisi, eut un rire bref, et resta debout dans la salle sans trop savoir quoi faire. Matthieu et Libero avaient d'abord pensé demander à Annie d'essayer de se montrer moins immédiatement amicale mais personne ne se plaignait, bien au contraire, les hommes du village faisaient plusieurs apparitions quotidiennes au bar, ils y venaient même pendant les heures habituellement creuses, les chasseurs abrégeaient leurs battues et Virgile mettait un point d'honneur à descendre tous les jours de la montagne, ne serait-ce que pour boire un café, si bien que Matthieu et Libero gardèrent le silence, non sans louer intérieurement la clairvoyante Annie dont l'immense sagesse avait percé à jour la simplicité de l'âme masculine.

Auteur: Ferrari Jérôme

Info: Le sermon sur la chute de Rome, Actes sud, 2012, pages 98-99

[ technique commerciale ] [ sommelière ]

 
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compte d'apothicaire

Il parlait de l'avenir en visionnaire et Matthieu l'écoutait comme s'il était le sceau des prophètes, il leur fallait modérer leurs ambitions sans y renoncer tout à fait, il était exclu qu'ils offrent un service de restauration complet, c'était un bagne et un gouffre financier, mais ils devaient proposer à manger à leurs clients, surtout en été, quelque chose de simple, de la charcuterie, des fromages, peut-être des salades, sans lésiner sur la qualité, Libero en était certain, les gens étaient prêts à payer le prix de la qualité, mais comme il fallait se résigner à vivre à l'heure du tourisme de masse et accueillir également des cohortes de gens fauchés, il était hors de question de se cantonner aux produits de luxe et ils ne devaient pas hésiter à vendre aussi de la merde à vil prix, et Libero savait comment résoudre cette redoutable équation, son frère Sauveur et Virgile Ordioni leur fourniraient du jambon de premier choix, du jambon de trois ans, et des fromages, quelque chose de vraiment exceptionnel, et même de si exceptionnel que quiconque y aurait goûté mettrait la main au portefeuille en pleurant de gratitude, et pour le reste, inutile de s'embarrasser avec des produits de seconde zone, les saloperies que vendaient les supermarchés dans leurs rayons terroir, conditionnés dans des filets rustiques frappés de la tête de Maure et parfumés en usine avec des sprays à la farine de châtaigne, autant y aller carrément dans l'ignoble, en toute franchise, sans chichis, avec du cochon chinois, charcuté en Slovaquie, qu'on pourrait refourguer pour une bouchée de pain, mais attention, il ne fallait pas prendre les gens pour des cons, il fallait annoncer la couleur et faire en sorte qu'ils comprennent les différences de prix et n'aient pas I'impression de se faire entuber à sec, la daube, c'est cadeau, la qualité, tu raques, l'honnêteté était absolument indispensable en la matière, non seulement parce qu'elle était une vertu recommandable en elle-même, mais surtout parce qu'elle jouait à peu près le rôle de la vaseline, il fallait préparer des plateaux de dégustation pour que les clients puissent se faire une idée, vous goûtez et vous prenez la commande après, mais non, je vous en prie, reprenez donc un bout pour être sûr, et cette honnêteté serait d'autant plus récompensée que quelque soit le choix final, leur marge serait sensiblement la même, ils allaient les saigner honnêtement, et même en les choyant, un patron de bar devait s'occuper de sa clientèle, il ne pouvait pas passer son temps vissé derrière sa caisse, comme demeuré sa caisse, comme ce demeuré de Gratas, il fallait qu'il soit disponible, avenant, soucieux de faire plaisir, et le problème crucial à résoudre était donc celui des serveuses.

Auteur: Ferrari Jérôme

Info: Le sermon sur la chute de Rome, Actes sud, 2012, pages 95-96

[ rentabilité ] [ authentique ] [ industriel ] [ calcul commercial ] [ sociologie ]

 
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saint chrétien

Rien n'échappait aux débordements tumultueux de son mépris, pas même Augustin qu'il ne pouvait plus supporter maintenant qu'il était sûr de l'avoir compris mieux qu'il ne l'avait jamais fait. Il ne voyait plus en lui qu'un barbare inculte, qui se réjouissait de la fin de l'empire parce qu'elle marquait l'avènement du monde des médiocres, et des esclaves triomphants dont il faisait partie, ses sermons suintaient d'une délectation revancharde et perverse, le monde ancien des dieux et des poètes disparaissait sous ses yeux, submergé par le christianisme avec sa cohorte répugnante d'ascètes et de martyrs, et Augustin dissimulait sa jubilation sous des accents hypocrites de sagesse et de compassion, comme il est de mise avec les curés.

Auteur: Ferrari Jérôme

Info: Le sermon sur la chute de Rome, Actes sud, 2012, page 63

[ critique ] [ rejet ]

 

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