Une femme était assise à côté de moi. Elle n’avait aucun jouet qui eût pu me laisser croire qu’elle était la mère d’un de ces innombrables enfants. Elle avait les cheveux noirs plats qui lui cachaient une partie de la joue, des yeux d’un marron trouble, des dents blanches mais dont les canines étaient extraordinairement pointues. Elle était pauvrement et négligemment vêtue. Je ne sais pourquoi, mais cette femme me paraissait profondément heureuse. Elle était assise comme quelqu’un qui ne veut parler à personne, que la vue de la maternité, de l’enfance intéresse. De temps en temps, quand un enfant faisait une espièglerie, elle souriait à la mère, mais de façon tellement étrange, comme si ce n’était ni à cette mère particulière, ni à cet enfant qu’elle songeait, mais à une vie lointaine qu’elle avait menée ou qu’elle aurait voulu mener, sans attendre de réponse à son sourire, sans paraître souffrir de cette sorte d’activité égoïste des mères, faite de claques, de cris, de recherches d’objets perdus.
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Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 290
Commentaires: 1
miguel
20.10.2025
procréatrice, jeune maman ?