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lecture

Aux environs de midi Jons prenait place pour une heure et demie sur le vieux canapé aux boutons de porcelaine. Il mangeait lestement ce que lui servait Melle Holstein et tirait un livre des longs rayons austères. C'était l'unique moment de la journée ou de la nuit où il ne pensait pas à ses études, où il lisait des vers ou les leçons de la sagesse des anciens ou bien ce que pensaient ou avaient pensé d'autres peuples au sujet des destinées de l'humanité. C'était l'heure sans objet, comme il l'appelait ou l'heure défendue; mais il en tirait le plus grand réconfort de la journée ou de la nuit, la libération de tout objectif, la conviction de la puissance de l'esprit véritable, qu'il ne pouvait jamais séparer de la puissance du cœur, et le léger frisson que donne la magie du beau, qu'il ne rattachait pas à une forme humaine, pas même à la langue seule, parce qu'à ses yeux la langue n'était que l'un des nombreux moyens d'ouvrir la porte du mystère.

Auteur: Wiechert Ernst

Info: Les Enfants Jéromine

[ envol ] [ refuge ] [ ouverture ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pédagogie

C'est là qu'il eut son premier sentiment d'effroi, lorsqu'il reconnut que son élève poursuivrait peut-être un jour, en tout premier lieu, ce que revendiquent le plus passionnément les pauvres: la justice. Et comme il savait qu'il n'est pas sur terre de chemin plus épineux, de destinée plus fatale que celle des hommes qui se révoltent contre la force, il se demanda pour la première fois s'il était fondé à tirer un enfant de l'obscurité de son milieu, à lui donner des armes insuffisantes et à l'envoyer à l'assaut d'une forteresse que jamais personne n'a vaincue, depuis l'origine de la terre, mais devant laquelle s'accumulent, lugubre avertissement, les sacrifiés de tous les temps avec leur heaumes rompus et leur boucliers dépecés.

Auteur: Wiechert Ernst

Info: Les Enfants Jéromine

[ responsabilité ] [ idéalisme ] [ dangereux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fils-père

Q : - De votre père, décédé en 1999, vous dites : " Je l'aime tellement que sa mort n'a jamais eu lieu..."

CB :  -  C'est une parole d'amour qui est comme toutes les vraies paroles d'amour : exagérée. Ce que j'ai voulu signifier, c'est que son absence n'a jamais eu lieu. J'aimais beaucoup le toucher, tenir sa main dans la mienne, et la mort a rendu le geste impossible. Je ne peux plus lui montrer mes livres, qu'il savait lire adorablement, jusque dans les brumes de la maladie qui lui a détricoté la mémoire. Ma part rationnelle sait très bien que sa mort a eu lieu, qu'une tombe porte son nom dans la ville toute proche. Mais ce savoir n'est rien par rapport à tout ce que je sais d'autre sur mon père, agissant, bénéfique et rayonnant. Il continue de l'être. 

 Q : - Pourquoi son paquet de Gauloises bleues était-il son " bréviaire " ? 

CB : - Il venait d'un milieu ouvrier pauvre du Creusot et travaillait aux usines Schneider où il était devenu professeur. Mais il restait imprégné du ciel ouvrier des Gauloises bleues, c'est-à-dire d'un milieu où lire était un peu soupçonnable, équivalent à une perte de temps. Or quand je commençais à écrire, il m'a dit un jour à la table familiale : " Reprends de la viande. Pour ce que tu veux faire, il faut des forces. " Cette intelligence de l'autre est bouleversante. Mon père est la première figure de la générosité qui est venue vers moi. Ma gratitude envers lui a la profondeur du ciel étoilé. Je vois la cendre de la cigarette qui tombe dans sa main en coupelle, un geste comme une manière bien à lui d'adoucir toutes les chutes de la vie. La beauté du langage, c'est parfois de ressusciter une personne avec un seul détail.

Auteur: Bobin Christian

Info: Interview, magazine LaVie, 2015

[ reconnaissance ] [ tabac ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fesses

A côté de la chaire se tient une femme. Celle que "lui" vient de me faire remarquer. Elle n’est pas jeune. C’est une étrangère, peut-être une Américaine. Une tête de professeur, d’enseignante en tout cas : des lunettes d’écaille foncée enfourchées sur un nez sévère ; une grande bouche, sensuelle peut-être, mais dédaigneuses ; des cheveux coupés court au-dessus d’une nuque robuste et nerveuse. Une tête que j’imaginerais volontiers surmontée du bonnet noir et carré dont les professeurs des universités anglo-saxonnes se coiffent les jours de solennités. Elle porte un corsage blanc et une jupe grise. Elle est maigre, plate, masculine mais sous la cambrure des reines, comme "lui" me le fait malicieusement observer, s’épanouit un derrière surprenant. Un derrière solide, sphérique, musclé, rebondi, pétulant, gamin, allègre. Un derrière qui fait mentir le visage trop sévère : le visage dit non à la vie ; le derrière, avec enthousiasme, lui dit oui.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 187-188

[ femme-par-homme ] [ cul ] [ contraste ] [ double discours corporel ] [ attraction-répulsion ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

supplice

Le désir charnel est peut-être la chose qui fait le plus souffrir. Lorsqu’il vous tient, il n’y a que deux manières de se comporter : on cherche à l’oublier, ou bien le satisfaire. On ne peut pas vivre avec un désir qui demeure longtemps insatisfait. Je suis prêt à jurer que, comme on ne résiste pas plus de quelques minutes à certaines températures, il est impossible de résister au désir plus de quelques heures. Alors Vladimiro, imagine un désir toujours aussi intense qui ne durerait ni quelques heures ni quelques jours, ni quelques mois, mais des années. Tu comprendras alors ce que je souffrais.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 166

[ sexuel ] [ tension extrême ]

 
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par Coli Masson

éjaculation

Jamais comme en ce moment où "lui" sournoisement, se sert de ma violence pour se moquer de moi et pour se libérer lui-même, je n’ai compris combien la semence d’un homme est sacrée et combien il est sacrilège (certains dé-sublimés arrivent à perpétrer, ô horreur ! ce sacrilège jusqu’à trois fois par jour) de la répandre pour se procurer un instant d’éphémère et honteuse volupté. Je ne l’ai jamais compris autant qu’en ce moment où "lui" s’apprête à rejeter cette substance précieuse sur les carreaux de la salle de bains, comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire crachat ou d’une quelconque sécrétion glandulaire. Je le serre dans mes mains, je le rabats sur lui-même tandis que moi je me balance d’un côté, puis d’un autre ; je contracte les muscles de mon ventre, je me replie sur moi-même ; je glisse finalement et me heurte contre le lavabo. Mais, au moment où je pense avoir remporté la victoire, "lui" m’explose entre les doigts comme si je tenais une bouteille de champagne dont le bouchon vient de sauter. Un bref tressaillement, seulement quelques gouttes de liquide séminal qui perlent à son extrémité. Je me félicite de m’en tirer avec une aussi modeste manifestation lorsque le gros de l’émission de sperme m’inonde, passe à travers mes doigts qui voudraient suffoquer, étranger le lâche adversaire.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 84-85

[ foutre ] [ rétention ratée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pénis

Abandonné sur la paume de ma main, il ressemblait à un cétacé en train d’agoniser tout seul sur le sable d’une plage. Maintenant, graduellement, il grossit. Il ressemble à un dirigeable, encore retenu par ses câbles, qui se soulève, se soulève encore, se croyant libre. Je retire ma main, il reste tel qu’il est. Solide, massif, comme une souche de chêne, toutes ses veines, qui font penser à des tiges de plantes grimpantes, se dessinant en relief. Le gland à nu, luisant et violacé, il se tient devant moi, stupidement dressé, atteignant presque le niveau de mon nombril.

Je ne le touche pas, je le laisse osciller, fier de chacune de ses oscillations. Je me retourne et me regarde dans l’étroit miroir accroché sur le mur du fond. Dans la pénombre, je devine un personnage grotesque. Une sorte de Silène (ou de macaque) des vases pompéiens. Crâne chauve, nez vaniteux, estomac dilaté, jambes courtes et "lui", d’une étrange couleur, venant d’on ne sait où, soudé à mon bas-ventre par un mauvais plaisant de dieu. 

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 82

[ érection ] [ description ] [ étranger ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

formateurs

Nulle part dans la Bible, remarque Christophe, il n'est écrit que Dieu ait créé les professeurs. Seulement le soleil et la lune et tous les animaux et toutes les plantes et enfin Adam et Éve...

Auteur: Wiechert Ernst

Info: La Mort de Michaël

 

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Ajouté à la BD par miguel

post-mortem

C'était donc de ce pas qu'on allait, quand la mort vous avait touché entre les deux épaules. D'un pas léger, comme si l'on avait des ailes, mais , sous terre, quelque chose accompagnait vos pas et ce n'était ni léger ni ailé:c'était noir et pesant, comme le suc du pavot.

Auteur: Wiechert Ernst

Info: Missa sine nomine

[ décomposition ] [ réintégration ] [ chtonien ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nature

Les hommes voulaient toujours quelque chose, ils ne cessaient de tendre la main vers le corps ou vers le coeur. Les herbes et les oiseaux ne voulaient rien de lui. Ils restaient dans leur univers. Il pouvait le traverser, comme on traverse l'eau. Cette eau se refermait derrière lui et ne gardait aucune trace. Et c'est ainsi, sans laisser de trace qu'il voulait désormais s'en aller sur la terre.

Auteur: Wiechert Ernst

Info: Missa sine nomine

[ humilité ] [ détachement grégaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel