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philosophie

Comment est-ce que KANT formule le problème de l’analyse du beau ? Il part au fond d’une description du sentiment esthétique, mais cette description tourne autour d’un problème essentiel qui est l’universel absolu, l’universalisation du plaisir esthétique.

En effet, si nous rapportons l’entreprise kantienne, ici à ce que nous pouvons appeler l’échec de WERTHER, nous voyons que ce que recherche KANT, c’est de sauver WERTHER en universalisant à la fois le plaisir esthétique d’une part et, d’autre part, le sentiment du sublime. Autrement dit, il s’agit de prêter un sens positif à l’expérience de WERTHER, et ce sens positif reviendra à cette expérience de l’universalité qui sera prêtée au plaisir. Comment peut-il y avoir un plaisir universalisable ? C’est le problème du beau. D’autre part, en ce qui concerne le problème du sublime, il est plus complexe, car ce qui fondamentalement va faire la différence du beau et du sublime chez KANT, c’est que le sublime est conflictuel.

L’expérience du beau est une certaine espèce de repos dans le plaisir de la contemplation. Au contraire, l’expérience du sublime est l’expérience d’un déchirement entre notre sensibilité d’une part et, d’autre part, notre destination supra-sensible. Autrement dit, nous sommes arrachés du sensible mais, arrachés que nous sommes du sensible, nous nous défendons contre cet arrachement et c’est ce conflit même qui caractérise le sublime. C’est ce conflit dont précisément WERTHER nous rendait témoignage, mais c’est ce conflit auquel il s’agira, pour KANT, de garantir l’universalité. L’universalité de ce conflit, constitutif en somme de la condition humaine, constitutif de la finitude humaine comme telle, l’universalisation de ce sentiment c’est le sublime.

Auteur: Kaufmann Pierre

Info: Séminaire de Jacques Lacan du 15 juin 1960

[ concepts ] [ définition ] [ littérature ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

interdépendances

La découverte d’un enfant de 8 ans dans son jardin sur les fourmis a transformé les sciences de la Terre

Dans le monde fascinant de la nature, des connexions imprévues peuvent chambouler notre vision des écosystèmes. Depuis un bail, les chercheurs s’intéressent aux fourmis qui transportent des graines. Ces graines ont souvent une petite attache grasse que les fourmis adorent trimballer sous terre, un phénomène qu’on appelle la myrmécochorie. Mais voilà qu’une découverte récente remet tout en question grâce à l’œil aiguisé d’un enfant de huit ans, Hugo.

L’observation d’Hugo change la donne

En se promenant, Hugo a vu des fourmis porter ce qu’il pensait être des graines. Son père, Andrew Deans, a vite compris que c’étaient en fait des galles de chêne. Ces galles sont des excroissances créées par certaines guêpes pour abriter leurs larves. Cette trouvaille accidentelle a ouvert la porte à une série d’études sur comment les guêpes pourraient berner les fourmis pour protéger leurs petits.

Les chercheurs ont donc décidé de scruter de près la structure et la composition chimique des galles de chêne pour voir si elles imitent ces fameuses attaches grasses qui plaisent tant aux fourmis.

Fourmis et chimie : pourquoi ça matche ?

On sait bien que les fourmis sont attirées par les acides gras présents sur certaines graines. Le truc dingue, c’est que plusieurs galles de chêne ont un revêtement similaire avec ces mêmes molécules alléchantes. Les fourmis mangent cette partie grasse sans toucher au reste, offrant ainsi un abri sûr aux larves de guêpes.

Cette imitation chimique a bluffé pas mal d’entomologistes. John Tooker, prof d’entomologie à l’Université de Pennsylvanie, a dit : " C’est incroyable comment ces structures copient le profil chimique des insectes morts, qui sont l’une des sources alimentaires principales pour les fourmis ". Ça montre bien toute la complexité et l’ingéniosité du monde naturel.

Un débat animé chez les scientifiques

Cette similitude entre graines et galles a créé pas mal de remous dans le milieu scientifique. Il se pourrait bien que ces capuchons de galles simulent l’odeur d’insectes morts, attirant irrésistiblement les fourmis. Ça pose plein de questions sur l’évolution et l’adaptation dans cet écosystème particulier.

Les archives fossiles montrent que les galles existaient avant même qu’on s’intéresse à leur rôle écologique. La vieille relation entre guêpes et chênes est bien documentée, mais on ne sait toujours pas trop quand exactement les fourmis ont rejoint ce processus complexe. Certaines théories disent que ce sont peut-être d’abord les guêpes qui ont incité les chênes à fabriquer ces structures protectrices avant d’attirer ensuite les fourmis avec leurs techniques chimiques astucieuses.

Ces interactions compliquées entre espèces montrent bien comment différentes formes de vie peuvent tisser des liens vitaux pour leur survie mutuelle. Les chercheurs soulignent combien il est important de préserver ces écosystèmes pour maintenir ces équilibres fragiles (d’autant plus que les chênes et les guêpes font face à plusieurs menaces comme la réduction de leur habitat naturel ou le changement climatique).

L’observation innocente d’Hugo prouve qu’un simple moment peut enrichir notre compréhension du monde naturel autour de nous. Les scientifiques se demandent maintenant si d’autres insectes utilisent aussi ce genre de stratégie pour influencer le comportement alimentaire des fourmis.

Cette découverte ajoute sans conteste une nouvelle page au récit fascinant sur la biodiversité terrestre tout en nous rappelant combien il reste encore à apprendre sur nos environnements naturels complexes mais fragiles. Comme le dit Andrew Deans : " Cela devrait nous faire réfléchir à tout ce qu’on ignore encore sur nos écosystèmes et pourquoi il faut absolument préserver cette biodiversité ".


 

Auteur: Internet

Info: https://armees.com/, Laurène Meghe. 12 janvier 2025

[ insectes ] [ camouflage ] [ apparence ] [ biomimétisme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

philosophie-littérature

[...] l’entreprise de KANT a été de chercher une solution philosophique à l’impasse dans laquelle s’est engagé le héros de GOETHE [Werther]. En effet, à travers ces textes il vous apparaîtra sans doute que le suicide de WERTHER est dû à l’impuissance où il s’est trouvé d’atteindre à une position d’équilibre entre la vie - et le sentiment même de la vie qui nous est donné au départ avec le sentiment du beau - entre : 

– la vie, 

– la transcendance du sens de la vie qui culmine dans l’ivresse de la divinisation, 

– et enfin la mort.

Ces trois dimensions de l’expérience, WERTHER n’a pas été en mesure de les articuler l’une à l’autre. Or KANT nous propose une esthétique du beau, une esthétique du sublime.

Mais sans doute, ce qui est le plus important dans la "Critique du jugement", c’est l’articulation à laquelle il accède entre – l’esthétique du beau, – et l’esthétique du sublime. Autrement dit, il y a un progrès dans la "Critique du jugement", et ce progrès figure en somme une sublimation de l’expérience de WERTHER. En somme, on peut dire que la "Critique du jugement", c’est, assez précisément, WERTHER sublimé.

Auteur: Kaufmann Pierre

Info: Séminaire de Jacques Lacan du 15 juin 1960

[ résumé ] [ résolution ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

assimilation intellectuelle

Je pourrais dire maintenant que je vous expose quelquefois à l’épreuve de vous donner à manger des lapins crus. Remettez-vous. Prenez leçon du boa, dormez un peu, puis ça passera. Vous vous apercevrez au réveil que vous avez quand même digéré quelque chose.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 15 juin 1960

[ conseil ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

gouvernement

Mais nous disons heureux les princes s’ils règnent avec justice, si dans l’enivrement de tant de flatteries, de tant d’hommages qui vont jusqu’à la servilité, leur cœur ne s’élève pas et se souvient qu’ils sont hommes ; s’ils mettent leur puissance au service de la Majesté suprême pour étendre au loin le culte de Dieu ; s’ils craignent ce Dieu, s’ils l’aiment, s’ils l’honorent, si leur prédilection est acquise à ce royaume où ils n’appréhendent point de trouver des égaux ; s’ils sont lents à punir, prompts à pardonner ; s’ils ne décernent le châtiment que dans l’intérêt de l’ordre et de la paix publique, et jamais pour satisfaire leur haine ou leur vengeance ; s’ils pardonnent non pour assurer au crime l’impunité, mais dans l’espoir de l’amendement du coupable ; si parfois contraints d’user de rigueur, ils tempèrent cette nécessité par la clémence et la libéralité : s’ils sont d’autant plus retranchés dans leurs plaisirs qu’il leur serait plus facile d’y excéder ; s’ils préfèrent commander à leurs passions déréglées qu’à tous les peuples de la terre ; et s’ils vivent ainsi, non par besoin de vaine gloire, mais pour l’amour de la vie éternelle ; si pour leurs péchés, ils offrent à Dieu un sacrifice assidu d’humilité, de miséricorde et de prière ; oui, heureux les empereurs chrétiens qui vivent ainsi ; heureux dès ce monde en espérance et plus tard en réalité, quand le jour sera venu que nous attendons !

Auteur: Saint Augustin Aurelius Augustinus

Info: La cité de Dieu, volume 1, traduction en latin de Louis Moreau (1846) revue par Jean-Claude Eslin, Editions du Seuil, 1994, pages 146-147

[ idéal ] [ vertueux ] [ jugement dernier ] [ modération ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

liberté

Mais que tout arrive par le destin, c’est ce que nous ne disons pas, nous disons plutôt que rien n’arrive par le destin ; car le destin, au sens ordinaire de ce mot, en tant qu’il désigne la constitution céleste qui préside à la conception ou à la naissance, n’est qu’un vain nom, vain comme l’objet qu’il exprime. Quant à l’ordre des causes où la volonté de Dieu exerce un souverain pouvoir, nous sommes également loin de le méconnaître et de l’appeler du nom de destin, à moins que nous ne dérivions le Fatum de fari, parler ; il est, en effet, impossible de nier qu’il soit écrit dans les Livres saints : "Dieu a parlé une fois et j’ai entendu ces deux choses : la puissance appartient à Dieu ; à toi, Seigneur, est la miséricorde et tu rends à chacun selon ses œuvres" [Ps 61,12]. Quand il est écrit "Dieu a parlé une fois", il faut entendre une parole immuable, parce qu’il connaît tout ce qui sera, tout ce qu’il fera lui-même, d’une connaissance immuable. Nous pourrions donc dériver le Fatum du mot fari, parler, si le Fatum n’était d’ailleurs pris dans un sens où nous ne voulons pas que les hommes laissent incliner leur cœur. Mais de ce que l’ordre des causes est certain dans la puissance de Dieu, il ne s’ensuit pas que notre volonté perde son libre-arbitre. Car nos volontés elles-mêmes sont dans l’ordre des causes, certain en Dieu, embrassé dans sa prescience, parce que les volontés humaines sont les causes des actes humains. Et assurément celui qui a la puissance de toutes les causes ne peut dans le nombre ignorer nos volontés qu’il a connues d’avance comme causes de nos actions.

Auteur: Saint Augustin Aurelius Augustinus

Info: La cité de Dieu, volume 1, traduction en latin de Louis Moreau (1846) revue par Jean-Claude Eslin, Editions du Seuil, 1994, page 219

[ créature-créateur ] [ christianisme ] [ étymologie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

astrologie

Le destin se prend en effet dans le langage ordinaire pour l’influence de la position des astres à l’instant de la naissance ou de la conception ; et les uns regardent cette influence comme distincte, les autres comme dépendante de la volonté de Dieu. Loin de nous ces insensés qui attribuent aux astres le pouvoir de disposer, sans la volonté divine, et de nos actions et de nos joies et de nos souffrances ! Loin de nous qui professons la religion véritable, que dis-je ? loin de quiconque demeure attaché à une religion, quelle qu’elle soit ! Car où tend cette opinion, si ce n’est à abolir tout culte, toute prière ? […] Quant à la croyance qui attribue à l’influence des astres la détermination des pensées et de la fortune des hommes, influence subordonnée toutefois à la volonté divine, cette croyance, dis-je, que les astres tiennent de la souveraine puissance celle de disposer ainsi à leur gré, n’est-elle pas pour Dieu la plus cruelle injure ? […] Et d’ailleurs, en accordant aux astres une influence nécessitante, quelle faculté de juger les actions humaines laisse-t-on à Dieu, maître des astres et des hommes ?

Auteur: Saint Augustin Aurelius Augustinus

Info: La cité de Dieu, volume 1, traduction en latin de Louis Moreau (1846) revue par Jean-Claude Eslin, Editions du Seuil, 1994, pages 206-207

[ critique ] [ déterminisme ] [ christianisme ] [ liberté ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

colonialisme

Les navires esclavagistes étaient les mêmes que les navires baleiniers, la civilisation occidentale moderne dépendait des esclaves pour sa construction, comme elle dépendait de l’huile de baleine, des graisses des mammifères marins pour éclairer ses rues. 

Auteur: Gumbs Alexis Pauline

Info: Lors d’une lecture de Non-noyées à Paris en 2024

[ racisme ] [ homme-animal ] [ oppression ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

indépendance personnelle

Je te respecte parce que tu es tellement plus vaste que ma propre compréhension. Tout comme moi d'ailleurs. Je n'ai pas besoin d'être disponible pour être éligible à la respiration. Je n'ai pas besoin d'être mesurable sur un marché de mèmes. Je n'ai pas besoin d'être visible pour être vivante, sur ma voie propre. Je n'ai pas besoin d'être timide pour que mon temps soit sacré. Ma mère m'a enseigné qu'il n'y a que deux choses sur lesquelles je dois travailler, et je peux le faire avec l'entourage de mon choix. La compagnie de moi-même, de mes vivants, de mes morts, de mes parents, de mes rêves. 1. Reste noire. 2. Respire. 

Auteur: Gumbs Alexis Pauline

Info: Undrowned : Black Feminist Lessons from Marine Mammals

[ autonomie ] [ rapports humains ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

infra-monde

Le physicien qui décode la nature non-binaire du monde subatomique

À l'intérieur du proton, les quarks et les gluons modifient et transforment leurs propriétés d'une manière que les physiciens peinent encore à comprendre. Rithya Kunnawalkam Elayavalli apporte au problème une perspective différente de celle de leurs pairs. De nombreuses découvertes en physique découlent de la théorie à l'expérience. Albert Einstein a théorisé que la masse courbe le tissu de l'espace-temps, puis Arthur Eddington a observé les effets de cette courbure lors d'une éclipse solaire. De même, Peter Higgs a d'abord proposé l'existence du boson de Higgs ; près de 50 ans plus tard, la particule a été découverte au Grand Collisionneur de Hadrons.

L'hadronisation est différente. C'est le processus par lequel les particules élémentaires appelées quarks et gluons s'assemblent pour former des protons et des neutrons - les composants des atomes. Aucune théorie actuelle ne peut décrire avec précision comment ou pourquoi l'hadronisation se produit.

"C'est vraiment l'opposé de la norme", déclare Rithya Kunnawalkam Elayavalli, physicien nucléaire de haute énergie à l'Université Vanderbilt à Nashville, Tennessee.

Kunnawalkam Elayavalli passe ses journées à observer l'hadronisation et à essayer de formuler une théorie qui l'explique. Ils font partie des expériences Sphenix et STAR au Collisionneur d'Ions Lourds Relativistes (RHIC) à New York, ainsi que membre de l'expérience CMS au CERN près de Genève. Leurs recherches étudient le comportement des quarks et des gluons après les collisions, pendant la fraction de milliseconde durant laquelle ces particules se déplacent librement avant de s'hadroniser à nouveau.

Ces expériences ont révélé des détails sur la structure des quarks et des gluons dans cet état intermédiaire, ainsi que sur le moment de l'hadronisation. Pourtant, Kunnawalkam Elayavalli trouve frustrant d'observer sans comprendre davantage.

Le domaine quantique défie les binaires - les gluons en particulier. Ces entités élémentaires peuvent avoir trois charges différentes dans de multiples configurations. Et elles doivent exister en ensembles qui équilibrent ces charges. Pour Kunnawalkam Elayavalli, c'est similaire à la multiplicité des genres qu'ils expérimentent en tant que personne non-binaire. Quanta Magazine s'est entretenu avec eux pour discuter des mystères de la physique nucléaire qui transcende le binaire, ainsi que de leur expérience en tant que personne transgenre - au Tennessee, qui plus est, où la législation anti-trans est parmi les plus régressives du pays - tout en faisant de la science naturelle.

L'interview a été condensée et éditée pour plus de clarté.

Que comprenons-nous des quarks et des gluons ?

Au moment du Big Bang, il devait y avoir une forme de matière qui existait, cette matière primordiale faite de quarks et de gluons avant qu'ils ne se convertissent en hadrons. La meilleure compréhension des quarks et des gluons que nous ayons vient de la théorie de la chromodynamique quantique, qui a été développée dans les années 1970. Nous l'appelons "chromo" parce que nous avons introduit ce nouveau concept appelé charge de couleur. Les quarks et les gluons peuvent avoir trois charges différentes, et les physiciens ont nommé ces trois choses rouge, bleu et vert. Vous pouvez aussi avoir des antiquarks, ce qui signifie que vous avez des anti-couleurs : anti-rouge, anti-bleu et anti-vert.

- Juste pour être clair, cela n'a rien à voir avec la couleur telle que nous la connaissons ?

Il n'y a pas de véritable connexion. Nous avions besoin de quelque chose qui venait par trois et qui, une fois additionné, devient une quantité nulle. La couleur était un terme raisonnable à utiliser. Avec la lumière, quand vous combinez rouge, bleu et vert ensemble, vous obtenez de la lumière blanche, qui est neutre. Et si vous combinez une couleur et son anti-couleur, vous obtenez aussi du blanc. De même, les quarks et les gluons portent par eux-mêmes des charges de couleur, et tous les hadrons sont des combinaisons neutres en couleur de ces quarks et gluons. Tout ce que nous voyons dans le monde est neutre en couleur.

Mais pour compliquer les choses, les gluons ont plusieurs charges de couleur ; une couleur va dans ce sens, l'autre couleur va dans l'autre sens. Les quarks ont trois charges de couleur. Les gluons ont deux charges de couleur.

- Comment savons-nous que cette description est correcte ?

Notre validation de la théorie de la chromodynamique quantique vient des comparaisons avec les données réelles des collisionneurs. Nous faisons entrer en collision un électron et un positron, qui est l'antiparticule de l'électron. Nous savons que lorsque la matière rencontre sa propre antimatière, elle explose. Cette explosion d'énergie se convertit en une paire quark et antiquark. La probabilité que ce processus se produise était bien décrite par la théorie de la chromodynamique quantique.

C'est ainsi que nous savons que cette théorie peut modéliser les quarks et les gluons. Ce qu'elle ne peut pas faire, c'est décrire les quarks et les gluons lorsqu'ils se regroupent en hadrons. À ce moment-là, la théorie s'effondre dans la région que nous appelons non perturbative - physique non calculable. Tous nos calculs explosent. Ils explosent littéralement, dans le sens où les termes tendent vers l'infini. C'est là que notre compréhension théorique nous fait défaut.

- Comment vous et vos collègues utilisez-vous les collisionneurs de particules pour mieux comprendre ce processus ?

Le RHIC fait entrer en collision des noyaux d'atomes d'or. Quand vous faites cela, vous injectez tellement d'énergie dans le système, parce que vous faites entrer en collision plusieurs protons et neutrons avec plusieurs protons et neutrons. Ces gars ont tellement d'énergie que vous recréez en quelque sorte un peu du Big Bang. Nous l'appelons le Petit Bang. Et à partir du Petit Bang, vous obtenez un très court laps de temps, 10−22 secondes - yoctosecondes. Dans ce court laps de temps, un fluide appelé plasma quarks-gluons apparaît, et tous les quarks et gluons communiquent entre eux. C'est une boule de feu. Ensuite, elle évolue. Elle s'expand. Elle refroidit. À un certain point, elle atteint la température à laquelle les quarks et les gluons se convertissent en hadrons.

Donc nous commençons avec des hadrons que nous faisons entrer en collision. Puis nous passons aux quarks et aux gluons, et ensuite nous revenons aux hadrons. L'hadronisation se produit devant nous chaque fois que nous faisons fonctionner nos collisionneurs, sur n'importe quel collisionneur dans l'histoire de la physique. Le fait que nous ne puissions pas le comprendre au niveau quantitatif ou même qualitatif - c'est frustrant ! Une des principales motivations de ma recherche est de l'observer et d'essayer de comprendre ce qui se passe ici.

- Dans ma tête, j'imagine que vous prenez tous une photo avec un petit appareil photo et que vous étudiez l'explosion.

- Eh bien, en gros, oui.

Voici une analogie simple. Disons que vous travaillez dans les tests de sécurité automobile. Vous mettez un mannequin dans la voiture, vous accélérez la voiture, vous heurtez un bloc, et ensuite vous regardez ce qui arrive au corps du mannequin pour déterminer si c'est sûr et si les airbags fonctionnent.

Maintenant imaginez que vous n'avez qu'une photographie du site de test de collision plusieurs années plus tard. Et une photographie de la voiture non endommagée avant la collision. Ce décalage temporel de plusieurs années dans l'analogie reflète le décalage en yoctosecondes entre la collision et votre capacité à la capturer, n'est-ce pas ?

- Oui, cela se produit en un temps très court, et il n'y a aucun moyen de l'arrêter.

Donc vous regardez ces deux photographies, et vous dites : Je sais que la main du mannequin a commencé ici et a fini là. Quels sont les autres indices dans la photographie que je peux utiliser pour recréer le trajet de la main du mannequin ?

Je crée un algorithme de reconstruction. D'ici, la main va revenir par là, et puis je rassemble plus d'informations, et puis je remonte plus loin. Je peux estimer ce qui se passe en théorie grâce à une simulation.

Nous avons un processus itératif où nous apprenons. Nous faisons une prédiction ; les données ne sont pas d'accord. Nous mettons à jour la prédiction ; nous la comparons avec de nouvelles données. Peut-être que ça correspond.

Faire cela aux plus petits niveaux de la matière autour de nous, c'est vraiment ce dont il s'agit en physique des particules et en physique nucléaire de haute énergie.

- Qu'avez-vous découvert ?

Nous mesurons des jets, qui sont des structures en forme de cône composées d'un spray de hadrons et d'autres particules et fragments de particules qui s'échappent d'une collision. Nous reconstruisons et étudions la sous-structure de ces jets. En regardant la distribution des particules dans le jet, si je regarde les particules qui sont éloignées les unes des autres, c'est une région très calculable du jet. À mesure que l'échelle de distance se rapproche, cela entre dans la région incalculable ou non perturbative. Nous avons identifié une échelle spécifique où les quarks et les gluons ne peuvent plus être considérés comme des quarks et des gluons ; ils doivent être considérés comme des hadrons.

Dans notre quête à long terme pour identifier comment se produit l'hadronisation, nous avons découvert avec nos données et nos calculs que l'hadronisation semble se produire à cette échelle de distance fixe, appelée région de transition. Je peux convertir cette distance en temps. Donc nous arrivons enfin au point où nous savons exactement quand l'hadronisation a lieu.

- Est-ce que les propriétés des quarks et des gluons résonnent avec vous en tant que personne non-binaire ?

Oui, je pense que le simple fait que les gluons portent plusieurs charges de couleur signifie qu'ils sont fondamentalement des créatures non-binaires. Et ils sont la pierre angulaire de tout ce qui nous entoure.

C'est un aspect plus coloré de la nature. Cela nous dit qu'il y a quelque chose de plus que la simple charge binaire positive ou négative. Vous avez beaucoup plus de choix de couleurs. Vous avez beaucoup plus de saveurs dans la soupe.

- Que signifie pour vous l'observation de ces particules ?

Je suis dans un voyage de découverte de soi en même temps que mon voyage intellectuel pour comprendre les quarks et les gluons et comment ils évoluent. Tout, selon moi, a un chemin d'évolution.

J'ai commencé dans une société [dans le sud de l'Inde] qui était très binaire dans sa représentation visuelle. Il y avait des rôles de genre clairement définis. Venir aux États-Unis et y passer 15 ans m'a pris beaucoup de temps pour réaliser ce que je pourrais comprendre être moi-même. L'idée du non-binaire, de ne pas appartenir à une certaine représentation - cela a pris beaucoup de temps à réaliser.

Ma première réalisation que c'était une possibilité, que la transition pourrait arriver, c'était au CERN. Mon collègue est simplement apparu en portant une robe. Et je me suis dit : Oh, on peut faire ça !

Dans le monde de la physique, il n'y a pas beaucoup de personnes queer ou trans. La représentation compte beaucoup pour moi, et être présent.e en tant que personne trans ouvertement, représentant mon domaine, mon domaine d'étude - qui est fondamentalement non-binaire dans sa nature - est un aspect très important de mon travail quotidien. Mais c'est difficile. Notre représentant du Tennessee au Congrès vient de déposer un projet de loi qui supprime le financement fédéral de toute institution qui facilite "la dissociation d'un individu de son sexe". C'est le libellé du projet de loi.

Ils s'en prennent à l'assurance. Ils s'en prennent aux universités.

- Comment pouvez-vous penser à la physique quand vous pensez à tout cela ?

Cinquante pour cent de mon cerveau pense à cela, comment je peux survivre, et dans les 50% restants du cerveau, je peux penser à la physique.

Je suis physicien.ne, mais avant cela, je suis une personne. Si quelqu'un veut juste parler physique avec moi, vous ne pouvez pas juste avoir ma physique, vous avez aussi le fait que je suis une personne trans et vous entendez parler de l'environnement dans lequel on me demande de faire ma recherche. 

Auteur: Internet

Info: https://www.quantamagazine.org/, P Louvet, janvier 2025

[ unicité ] [ physique fondamentale ] [ observateur miroir ] [ katoï ] [ transsexualité ]

 

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