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contemplation

La marée baissait toujours, laissant derrière elle des coquillages aux spirales aussi pures que celles d'Archimède ; le soleil montait insensiblement, diminuant cette ombre humaine sur le sable. Plein d'une révérencieuse pensée qui l'eût fait mettre à mort sur toutes les places publiques de Mahomet ou du Christ, il songea que les symboles les plus adéquats du conjectural Bien Suprême sont encore ceux qui passent absurdement pour les plus idolâtres, et ce globe igné le seul Dieu visible pour des créatures qui dépériraient sans lui. De même, le plus vrai des anges était cette mouette qui avait de plus que les Séraphins et les Trônes l'évidence d'exister. Dans ce monde sans fantômes, la férocité même était pure : le poisson qui frétillait sous la vague ne serait dans un instant qu'un sanglant bon morceau sous le bec de l'oiseau pêcheur, mais l'oiseau ne donnait pas de mauvais prétextes à sa faim. Le renard et le lièvre, la ruse et la peur, habitaient la dune où il avait dormi, mais le tueur ne se réclamait pas de lois promulguées jadis par un renard sagace ou reçues d'un renard-dieu ; la victime ne se croyait pas châtiée pour ses crimes et ne protestait pas en mourant de sa fidélité à son prince. La violence du flot était sans colère. La mort, toujours obscène chez les hommes, était propre dans cette solitude.

Auteur: Yourcenar Marguerite

Info: L'Oeuvre au noir

[ cosmos impersonnel ] [ incarné sacré ] [ immanence ] [ amorale nature ]

 

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intelligence artificielle

La technologie est une solidification de la mémoire de notre passé, l'ingéniosité humaine reste le propulseur de notre avenir - comme c'est le cas depuis des millénaires. Nous ne devrions pas permettre à l'élixir actuel de l'IA de nous tromper sur ce à quoi ressemble l'avenir, nous sommes loin de le comprendre.

Auteur: Walker Sara Imari

Info:

[ danger ] [ abrutissement ]

 

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science figée

La physique que nous connaissons et aimons, telle qu'elle est enseignée dans les départements de physique modernes, fournit une description fondamentale d'un univers mort. Ce n'est pas l'univers dans lequel je vis, et je parie que vous non plus.

Auteur: Walker Sara Imari

Info:

[ arrêt sur image ] [ limitation ] [ transductions pétrifiées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écrivain

Mon plus grand succès en tant que scénariste principal fut certainement "DIOGENE LE CYNIQUE" […]. J’eus un instant l’idée de proposer le rôle principal à Michel Onfray, qui bien entendu se montra enthousiaste ; mais l’indigent graphomane, si à l’aise devant des présentateurs de télévision ou des étudiants plus ou moins benêts, se déballonna complètement face à la caméra, il était impossible d’en tirer quoi que ce soit.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 51

[ vacherie ] [ philosophe ] [ coincé ] [ bridé ]

 
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écrivain

Moi non plus je n'avais jamais supporté ce pseudo-poète médiocre et maniéré, ce malhabile imitateur de Joyce qui n'avait même pas eu la chance de disposer de l'élan qui, chez l'Irlandais insane, permet parfois de passer sur l'accumulation de lourdeurs. Une pâte feuilletée ratée, voilà à quoi m'avait toujours fait penser le style de Nabokov.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 31

[ vacherie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

consumérisme

Lors des premières phases de mon ascension vers la gloire et la fortune, j'avais occasionnellement goûté aux joies de la consommation, par lesquelles notre époque se montre si supérieure à celles qui l'ont précédée. On pouvait ergoter à l'infini pour savoir si les hommes étaient ou non plus heureux dans les siècles passés ; on pouvait commenter la disparition des cultes, la difficulté du sentiment amoureux, discuter leurs inconvénients, leurs avantages ; évoquer l'apparition de la démocratie, la perte du sens du sacré, l'effritement du lien social. Je ne m'en étais d'ailleurs pas privé, dans bien des sketches, quoique sur un mode humoristique. On pouvait remettre en cause le progrès scientifique et technologique, avoir l'impression par exemple que l'amélioration des techniques médicales se payait par un contrôle social accru et une diminution globale de la joie de vivre. Reste que sur le plan de la consommation, la précellence du XXe siècle était indiscutable : rien, dans aucune autre civilisation, à aucune autre époque, ne pouvait se comparer à la perfection mobile d'un centre commercial contemporain fonctionnant à plein régime. J'avais ainsi consommé avec joie, des chaussures principalement ; puis peu à peu je m'étais lassé, et j'avais compris que ma vie, sans ce soutien quotidien de plaisirs à la fois élémentaires et renouvelés, allait cesser d'être simple...

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, pages 29-30

[ point fort ] [ shopping ] [ modernité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

humoriste

Homme de gauche, moi ? J’avais occasionnellement pu introduire dans mes sketches quelques altermondialistes, vaguement jeunes, sans leur donner de rôle immédiatement antipathique ; j’avais occasionnellement pu céder à une certaine démagogie : j’étais, je le répète, un bon professionnel. Par ailleurs, j’avais une tête d’Arabe, ce qui facilite ; le seul contenu résiduel de la gauche en ces années c’était l’antiracisme, ou plus exactement le racisme antiblancs.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 23

[ programme politique ] [ image cool ] [ apparences trompeuses ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

humoriste

J’avais commencé par des petits sketches sur les familles recomposées, les journalistes du Monde, la médiocrité des classes moyennes en général – je réussissais très bien les tentations incestueuses des intellectuels en milieu de carrière face à leurs filles ou belles-filles, le nombril à l’air et le string dépassant du pantalon. En résumé, j’étais un observateur acéré de la réalité contemporaine ; on me comparait souvent à Pierre Desproges. Tout en continuant à me consacrer au one man show, j’acceptai parfois des invitations dans des émissions de télévision que je choisissais pour leur forte audience et leur médiocrité générale. Je ne manquais jamais de souligner cette médiocrité, subtilement toutefois : il fallait que le présentateur se sente un peu en danger, mais pas trop. En somme, j’étais un bon professionnel ; j’étais juste un peu surfait. Je n’étais pas le seul.

Je ne veux pas dire que mes sketches n’étaient pas drôles ; drôles, ils l’étaient. J’étais, en effet, un observateur acéré de la réalité contemporaine ; il me semblait simplement que c’était si élémentaire, qu’il restait si peu de choses à observer dans la réalité contemporaine : nous avions tant simplifié, tant élagué, tant brisé de barrières, de tabous, d’espérances erronées, d’aspirations fausses ; il restait si peu, vraiment. Sur le plan social, il y avait les riches, il y avait les pauvres, avec quelques fragiles passerelles – l’ascenseur social, sujet sur lequel il était convenu d’ironiser ; la possibilité plus sérieuse de se ruiner. Sur le plan sexuel il y avait ceux qui inspiraient le désir, et ceux qui n’en inspiraient aucun : mécanisme exigu, avec quelques complications de modalité (l’homosexualité, etc.), quand même aisément résumable à la vanité et à la compétition narcissique, déjà bien décrites par les moralistes français trois siècles auparavant. Il y avait bien sûr par ailleurs les braves gens, ceux qui travaillent, qui opèrent la production effective des denrées, ceux aussi qui – de manière quelque peu comique, ou pathétique si l’on veut (mais j’étais, avant tout, un comique) – se sacrifient pour leurs enfants ; ceux qui n’ont ni beauté dans leur jeunesse, ni ambition plus tard, ni richesse jamais ; qui adhèrent cependant de tout cœur – et même les premiers, avec plus de sincérité que quiconque – aux valeurs de la beauté, de la jeunesse, de la richesse, de l’ambition et du sexe ; ceux qui forment, en quelque sorte, le liant de la sauce. Ceux-là ne pouvaient, j’ai le regret de le dire, pas constituer un sujet. J’en introduisais quelques-uns dans mes sketches pour donner de la diversité, de l’effet de réel ; je commençais quand même sérieusement à me lasser. Le pire est que j’étais considéré comme un humaniste ; un humaniste grinçant, certes, mais un humaniste. 

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, pages 20-22

[ stratégie ] [ création d'un personnage ] [ clés du succès ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolutionnisme et insularité

L'odyssée sédentaire : Rôle insoupçonné du "migratory drop-off" dans la spéciation aviaire insulaire

Cette synthèse montre que le "délestage migratoire" (migratory drop-off) est un moteur essentiel de la spéciation chez les oiseaux insulaires. Ce phénomène se produit lorsqu'une espèce migratrice cesse de voyager et s'établit de manière sédentaire sur une île, donnant ainsi naissance à une nouvelle population isolée.

L'étude met en évidence au moins 157 cas de spéciation qui découlent de ce processus, démontrant qu'il a un effet plus important sur la richesse en espèces endémiques des îles que la simple dispersion directe. Son rôle est d'autant plus crucial que l'île est géographiquement isolée. Le succès de cette colonisation dépend de facteurs tels que la taille de l'aire de répartition et celle des groupes d'oiseaux.

Ces découvertes, qui lient les événements de vagabondage rares aux processus évolutifs à long terme, ont des implications importantes pour la biogéographie et la conservation, car elles soulignent la vulnérabilité unique des espèces issues de ce mécanisme.



I. Introduction : L'archipel, berceau et tombeau de la biodiversité



Les îles, véritables sentinelles de la géographie mondiale, ne constituent que 5,3 % de la surface terrestre émergée. Pourtant, leur importance dans la dynamique de la biodiversité est manifestement disproportionnée. Elles abritent un patrimoine vivant d'une richesse singulière, accueillant une part considérable des espèces d'oiseaux (environ 19 %), de rongeurs (17 %) et de plantes à fleurs (17 %) de la planète. Cette concentration extraordinaire de vie fait des archipels des laboratoires naturels de l'évolution, où l'isolement et la pression sélective ont engendré une formidable diversité et un taux d'endémisme exceptionnel.  



Cependant, cette richesse est aussi d'une vulnérabilité extrême. Le paradoxe insulaire réside dans le fait que ces mêmes écosystèmes, propices à l'émergence de nouvelles espèces, sont des points chauds de l'extinction. Un examen des registres biogéographiques révèle que les îles ont été le théâtre de 61 % des extinctions d'espèces recensées et qu'elles concentrent 37 % de toutes les espèces animales et végétales aujourd'hui en danger critique d'extinction. Les menaces sont bien documentées et sont principalement imputables à la perte d'habitat et, de manière encore plus critique, à l'introduction d'espèces invasives par l'activité humaine. Ces menaces pèsent lourdement sur des lignées qui, évoluant dans des environnements isolés, n'ont pas développé de défenses face à des prédateurs ou à une concurrence exogènes.  



Face à ce constat, la question des origines de cette biodiversité insulaire, de son processus de formation, revêt une importance capitale pour les efforts de conservation. Si le mécanisme classique de la dispersion directe – l'établissement d'une population sédentaire fondatrice par un individu ou un groupe – a longtemps été considéré comme le principal moteur de la colonisation, des recherches récentes ont mis en lumière un mécanisme alternatif, potentiellement plus significatif : le " migratory drop-off ". Ce rapport se fonde sur une synthèse exhaustive des découvertes clés de l'étude intitulée The importance of migratory drop-off for island colonization in birds, publiée en 2024 par la Royal Society. L'article original étant inaccessible , le présent travail s'appuie sur une reconstitution minutieuse de son contenu à partir des résumés et sur une analyse contextuelle approfondie des phénomènes de migration et de vagabondage qui y sont intrinsèquement liés.  



II. Le concept de "migratory drop-off" et son cadre théorique : Un tournant comportemental en écologie évolutive



Le concept de " migratory drop-off " (littéralement, " délestage migratoire ") se définit comme un changement fondamental de comportement : la perte de la migration saisonnière chez une espèce. Ce processus s'enclenche lorsqu'un oiseau ou un groupe d'oiseaux migrateurs, ayant colonisé une île, renonce à son périple annuel pour s'établir en permanence, donnant ainsi naissance à une population fondatrice sédentaire. Cette sédentarisation, en coupant les liens géographiques entre la nouvelle population insulaire et les populations continentales dont elle est issue, instaure une isolation reproductrice. Or, cette isolation est la condition  sine qua non du processus de spéciation, c'est-à-dire de la formation d'une nouvelle espèce distincte.  



Pour évaluer la portée de ce phénomène, les chercheurs ont mené une revue systématique et rigoureuse de la littérature scientifique. Cette méthodologie a permis de transcender les observations anecdotiques et de compiler un vaste corpus de cas documentés, offrant une vue d'ensemble quantitative de l'impact du " migratory drop-off ". La force de cette approche réside dans sa capacité à démontrer que ce mécanisme n'est pas une simple curiosité évolutive, mais un processus fondamental et récurrent qui a façonné la biodiversité aviaire insulaire à l'échelle planétaire.  



III. Synthèse des découvertes : Un moteur de spéciation plus puissant que la dispersion classique



Les résultats de l'étude de Dufour et al. (2024) apportent une conclusion quantitative majeure qui rebat les cartes de la biogéographie insulaire. L'analyse démontre que le " migratory drop-off " exerce un effet plus significatif sur la richesse en espèces endémiques des îles que la simple dispersion directe, qui correspond à la colonisation par des espèces déjà sédentaires. Cette découverte remet en question la primauté historique accordée à la dispersion directe comme principal mode de colonisation réussie.  



Les chiffres compilés par les auteurs sont éloquents. Ils ont identifié au moins 157 événements de colonisation indépendants qui ont été initiés par des espèces migratrices et qui ont conduit à des événements de spéciation. Ce qui est particulièrement poignant, c'est que sur ce total, 44 cas concernent des espèces aujourd'hui éteintes, un fait qui souligne la fragilité des lignées issues de ce processus.  



Le rapport met également en évidence une relation directe et proportionnelle entre le rôle de la migration dans la colonisation et l'isolement géographique de l'île. Plus une île est éloignée des masses continentales, plus le " migratory drop-off " devient un facteur prépondérant dans la formation de sa faune aviaire endémique.  



Cette corrélation n'est pas fortuite. Les îles les plus isolées sont, par nature, inaccessibles à une dispersion opportuniste par des espèces sédentaires qui ont un rayon d'action limité. Pour qu'une espèce les atteigne, il faut un événement de transport exceptionnel, qui ne peut être le fait que d'une espèce migratrice capable de parcourir de vastes distances. L'établissement sur une île aussi lointaine rend le retour vers la population d'origine quasi impossible, ce qui renforce l'isolement reproductif et, par conséquent, favorise la divergence évolutive. Le chiffre alarmant des espèces éteintes est une mise en garde. Il suggère que le même processus évolutif qui crée une biodiversité unique la rend aussi d'une extrême vulnérabilité face aux perturbations contemporaines. La compréhension de leur genèse est donc essentielle à leur préservation.



Caractéristique analysée                                                       Résultat de l'étude (Dufour et al. 2024)



Nombre total d'événements de spéciation                       Au moins 157 événements identifiés  

liés au migratory drop-off

  

Part des espèces éteintes                                                 44 espèces récemment éteintes sont issues de ce processus  



Comparaison de l'effet sur la richesse endémique        La migration saisonnière a un effet plus significatif que la dispersion directe  



Relation avec l'isolement géographique                          Le rôle de la migration augmente avec l'isolement de l'île  



IV. Facteurs écologiques et biogéographiques du succès de la spéciation : De la "drop-off" à l'endémisme

Au-delà de la simple quantification, l'étude explore les facteurs qui déterminent le succès d'un événement de spéciation par " migratory drop-off ". Les résultats indiquent que la réussite de l'établissement d'une nouvelle lignée évolutive est positivement associée à deux traits écologiques et biogéographiques de l'espèce colonisatrice : la taille de son aire de répartition et la taille de ses groupes (flock sizes).  



Une aire de répartition étendue est souvent le reflet d'une capacité à s'adapter à des environnements variés. Un tel large spectre géographique peut signifier une plus grande variabilité génétique au sein de la population source, ce qui confère à un groupe fondateur, même réduit, un avantage significatif pour prospérer dans un nouvel environnement insulaire et résister à la consanguinité initiale. De manière analogue, la taille des groupes (flock size) est un facteur de réussite crucial. Un plus grand nombre d'individus transportés lors d'un événement de vagabondage (cf. section suivante) augmente la probabilité de former une population fondatrice viable. Une telle cohorte est plus susceptible d'inclure les deux sexes, d'avoir une diversité génétique suffisante, et de posséder un nombre d'individus assez élevé pour surmonter les aléas démographiques et stochastiques qui menacent l'établissement de petites populations. Cela fait écho au concept de "  propagule pressure ", c'est-à-dire la pression exercée par l'afflux d'individus sur la capacité d'une espèce à s'établir dans un nouvel habitat.  



Ces facteurs ne sont pas de simples corrélations. Ils éclairent la transition entre un événement de colonisation aléatoire et l'établissement réussi d'une nouvelle lignée évolutive. L'événement initial est nécessaire, mais la réussite de l'installation dépend de ces traits intrinsèques à l'espèce. Le vagabondage peut être perçu comme l'amorce, et ces facteurs comme la poudre qui rend la spéciation explosive. Ces observations suggèrent que les règles de la biogéographie ne sont pas universelles et doivent prendre en compte les caractéristiques comportementales et démographiques des espèces pour prédire leur potentiel évolutif.



V. Le rôle des événements de vagabondage : Comprendre les origines de la colonisation rare



L'étude des événements de vagabondage des oiseaux migrateurs, en particulier les cas transocéaniques comme ceux des oiseaux nord-américains observés en Europe , offre une explication concrète du " comment " ces espèces migratrices se retrouvent sur des îles lointaines, servant de point de départ physique au " migratory drop-off ". Ces événements, bien que rares, sont le maillon initial de la chaîne de colonisation.



Les conditions météorologiques extrêmes sont un facteur clé. Des vents violents, souvent associés à des systèmes de tempête ou des ouragans, peuvent littéralement " déraciner " des populations migratrices de leur trajectoire habituelle, les poussant sur des milliers de kilomètres au-dessus des océans. La capacité de certains oiseaux à voler dans la direction du vent pour conserver leur énergie est un facteur supplémentaire qui peut transformer une dérive fatale en une odyssée involontaire.  



Un oiseau confronté à des vents contraires a plusieurs options : lutter contre le vent en dépensant une énergie considérable, compenser la dérive pour maintenir son cap, se laisser dériver sans compensation, ou suivre le vent pour se propulser. Ce dernier choix, bien que potentiellement fatal, est celui qui mène à des mouvements transocéaniques et, dans de rares cas, à la colonisation de nouveaux territoires. Cette section est cruciale, car elle fait le lien entre les forces écologiques ponctuelles et un processus macro-évolutif. L'événement de vagabondage est l'étincelle qui allume la divergence génétique et comportementale. L'évolution n'est donc pas toujours un processus lent et graduel ; elle peut être déclenchée par des événements rares et extrêmes.  



VI. Implications pour la biogéographie et la conservation : Une nouvelle perspective sur les espèces endémiques



La mise en lumière du " migratory drop-off " comme un mécanisme fondamental de la diversification aviaire a des implications profondes pour la biogéographie et la conservation.



En biogéographie, ce concept doit désormais être intégré au même titre que l'adaptation ou la spéciation allopatrique. Il appelle à une considération accrue des changements de comportement migratoire dans l'analyse de la distribution des espèces d'oiseaux. La simple cartographie des populations migratrices et sédentaires ne suffit plus ; il faut analyser les vecteurs et les conditions qui favorisent la transition de l'une à l'autre.  



Pour la conservation, la compréhension de ce processus est vitale. Les espèces endémiques qui en sont issues sont des symboles de la résilience et de l'ingéniosité de l'évolution, ayant réussi à s'établir dans un nouvel environnement. Ironiquement, elles sont aussi, de par leur isolement et leurs adaptations spécialisées, les plus vulnérables face aux menaces anthropiques contemporaines, comme l'introduction d'espèces invasives. Les stratégies de conservation doivent tenir compte de cette histoire évolutive unique.  



Enfin, l'étude ouvre de nouvelles perspectives de recherche. Il serait pertinent d'examiner comment la "migratory connectivity " – le lien géographique entre les zones de reproduction et d'hivernage – influence la probabilité d'un " migratory drop-off ". De même, les effets du changement climatique et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient-ils modifier la fréquence de ces événements de vagabondage et, par ricochet, la dynamique de la spéciation insulaire?



Conclusion : L'importance d'une perte pour la création d'une nouvelle vie

En définitive, l'étude de Dufour et de ses collaborateurs déplace le prisme de la biogéographie aviaire. Elle démontre avec force que la perte d'un comportement aussi fondamental que la migration n'est pas une simple réversion, mais un moteur de diversification puissant et quantifiable. Le " migratory drop-off " est un mécanisme de spéciation qui s'avère plus efficace que la dispersion directe, notamment pour les archipels les plus reculés.



Les espèces endémiques qui en résultent sont un témoignage vivant de la capacité de l'évolution à créer la vie. Elles sont l'aboutissement d'un voyage accidentel et d'un renoncement comportemental qui, en brisant les liens avec le passé, ouvrent la voie à un avenir évolutif nouveau. Mais, comme le souligne l'état critique de la biodiversité insulaire, ce même processus de création est aussi celui qui génère des lignées extrêmement fragiles face aux menaces contemporaines. Le rapport se termine par un appel à la considération du " migratory drop-off " non plus comme une anomalie, mais comme un processus central de la biogéographie aviaire et un élément clé de la dynamique de la biodiversité mondiale.



 

Auteur: Internet

Info: https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2025.0182 - synthèse de gemini.ai

[ aves ] [ paléoichthyologie ] [ panspermie terrestre ]

 
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idéal syncrétique

La Chthulucene est un concept proposé par la philosophe et théoricienne des sciences Donna Haraway dans son ouvrage Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene (2016). Ce terme n’est pas une nouvelle ère géologique au sens strict (comme l’Anthropocène), mais une proposition poétique, éthique et politique pour repenser notre rapport au vivant, à la Terre et à l’avenir dans un contexte de crise écologique profonde.

- Définition synthétique

La Chthulucene est un tentative pour l'espèce de " faire-avec " (making kin), un monde en devenir où les humains ne sont ni les maîtres ni les sauveurs, mais des collaborateurs précaires parmi une myriade d’autres êtres vivants, technologiques et naturels — champignons, crabes, IA, bactéries, algues, robots, ancêtres, descendants

C’est un appel à rester avec les ennuis (staying with the trouble), à ne pas fuir la catastrophe, mais à y plonger pour y tisser des liens, des solidarités, des parentés inédites.

Étymologie et symbolisme :

Le mot Chthulucene est un jeu de mots savant et provocateur entre :

- Cthulhu, la créature mythologique de H.P. Lovecraft, symbole du chaos, de l’incompréhensible, de la terreur cosmique.

- Gaïa, la Terre-mère, figure de l’unité et de la régulation planétaire.

- Et surtout : chthonien (du grec khthón, la terre profonde), ce qui vient du sol, ce qui est souterrain, tellurique, organique, ancien.

Haraway ne parle pas de Cthulhu le monstre, mais de Chthulu — une version féminisée, terrienne, vivante. Ce n’est pas une apocalypse, c’est une invitation à descendre sous la surface, à penser avec les racines, les mycéliums, les micro-organismes.

La Chthulucene, c’est le temps où la Terre nous rattrape, pas par vengeance, mais par connexion.

Trois idées-forces de la Chthulucene :

- Contre l’Anthropocène (et le Capitalocène)


Haraway critique les termes comme Anthropocène (ère de l’Homme) ou Capitalocène (ère du capitalisme) parce qu’ils replacent encore l’humain au centre, même pour le condamner.

- La Chthulucene décentre l’humain : nous ne sommes pas seuls à agir, à souffrir, à penser, à survivre.

-  Elle refuse la culpabilité paralysante et l’apitoiement sur soi.

2. Les " Sympoïèses " : faire avec, non pas dominer

Le mot-clé est sympoïèse : faire ensemble, co-faire, co-émerger.

- Comme le lichen, qui est une alliance entre un champignon et une algue : aucun des deux ne pourrait survivre seul.

- Comme le microbiome humain : nous sommes des holobiontes, des collectifs vivants.

- Comme l’IA : pas une menace, mais un partenaire trouble, avec qui il faut négocier.

Dans la Chthulucene, rien ne vit seul. Tout est relation.

 3 Faire de la parenté (making kin), pas de la descendance

Haraway remplace l’idée de descendance (généalogie humaine, reproduction biologique) par celle de parenté stratégique.

- On peut être " parent " d’un chien, d’un arbre, d’un robot, d’un sol, d’une lignée bactérienne.

- Ces liens ne sont pas biologiques, mais éthiques, affectifs, politiques.

- C’est une parenté choisie, non pas donnée.

- La Chthulucene et le MTTV / FLP

Dans le cadre du Modèle Théorique Transductif du Vivant (MTTV) que tu as partagé, la Chthulucene trouve un écho puissant :

- Le registre écologique profond (le sol, le microbiome, les archées des sédiments) est exactement ce chthonien que Haraway évoque.

- La triade Ψ–B–Φ décrit une sympoïèse : le champ pré-formel (Ψ) interagit (B) pour produire des formes (Φ), sans sujet central.

L’idée que la pensée passe à travers, qu’elle n’est pas dans la tête, mais dans le sol, le quorum, le réseau - est une ontologie chthulucénienne.

Le MTTV pourrait être lu comme une formalisation opératoire de la Chthulucene : un outil pour penser avec le vivant, pas sur lui.

En résumé :

Concept          Sens dans la Chthulucene

Temps             Pas une ère géologique, mais un mode d’attention

Vie                   Toujoursen relation, jamais isolée

Humain            Un acteur parmi d’autres, pas le héros

Éthique            Staying with the trouble: rester dans le chaos pour y tisser des liens

Espoir              Pas un avenir sauvé, mais un futur partagé, fragile, collectif

" Nous sommes tous des colosses chthoniens, faits de morceaux de mondes, de bactéries, de rêves, de déchets et d’amour. Et c’est là, dans ce désordre, que nous devons apprendre à faire famille. "  Donna J. Haraway :

La Chthulucene est donc l’art de vivre et de penser dans un monde brisé, sans vouloir le réparer comme avant, mais en y tissant de nouveaux liens — humains, non-humains, technologiques, souterrains.

C’est une pensée du sol, tellurique, pas d'une tour d’ivoire. Et c’est précisément ce que semblent incarner Les Fils de La Pensée et leur  roche-mère  MTTV.



 

Auteur: qwen.ai

Info: 29 août 2025 - texte corrigé et arrangé par Mg

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ espérance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel