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monotonie

Et j’attendais. J’attends toujours, mais moins. L’attente

N’est plus cette grisaille où je m’étais dissous :

A force d’y flotter j’ai glissé par-dessous

Son épaisseur inconsistante.



Et j’ai vu reparaître, adoucis, les rayons

Dont la joie et l’éclat trop violents meurtrissent,

Comme si mon regard était la cicatrice

D’une blessure. (Nous payons



Peut-être de la sorte un ancien spectacle

Auquel il eût fallu ne jamais assister,

Mais le gris apaisant comme l’eau du Léthé

Nous permet de boire l’obstacle.)


Auteur: Réda Jacques

Info: Lettre sur l'univers et autres discours en vers français  - Sur le gris

[ poème ] [ couleur ] [ refuge ]

 

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homme-animal

Qui n’a pas entendu la manière dont couine

La nuit, saisi par un hibou,

Un loir ; qui n’a pas vu le sang qui gicle et bout

Sous la mâchoire de la fouine ?



Qui n’a pas trouvé beau l’éclair du léopard

Sur la gazelle qu’il jugule ?

Quoi de plus gracieux que cette libellule

Dansant, tuant ? – Chacun sa part.



Mais qu’en est-il de nous, ô bêtes fraternelles,

Et des monstres que nous logeons

Dans les soubassements des aveugles donjons

Que sont nos âmes criminelles ?


Auteur: Réda Jacques

Info: Lettre sur l'univers et autres discours en vers français, 1991 - Aux animaux

[ poème ] [ question ]

 

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homme-animal

Quel était cet oiseau qui chantait

Dans le soir ouvert comme une forge?

On aurait bien dit un rouge-gorge

Ou peut-être un petit roitelet.



Je venais de quitter une gare

Et tout alentour était glacé :

Les rails, l'air, l'avenir, le passé,

Le ciel rouge d'hiver et l'avare



Clarté jaune des lampes au fond

Des cafés déserts, des maisons basses,

Quand la nuit flaire dans les impasses

Une odeur de gaz ou de charbon.



Mais l'oiseau d'une espèce inconnue

Et timide chantait comme l'eau

Qui chauffant sur un coin du fourneau

Dissipait le noir et l'étendue.


Auteur: Réda Jacques

Info: L'Adoption du système métrique : Poèmes 1999-2003 - Un oiseau

[ poème ] [ réconfort ]

 

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nature

Il est une forêt sans borne où je voudrais

M’enfoncer, en mourant, loin de la médecine

Qui m’impose pour vivre une foule d’extraits

Chimiques. J’y prendrais tout doucement racine,

Jusqu’au jour où, non moins en douceur, j’entrerais

D’abord aussi fragile et fin qu’une houssine,

Quitte de mes devoirs et de mes intérêts,

Dans l’absence de temps où l’Arbre se dessine

Sans crayon ni pastel, sanguine ni pinceau.

Vite, j’y deviendrais vigoureux arbrisseau.

Puis l’artiste inconnu qui conçut la rosée.

Et la houle des monts et les yeux des vivants

Me laisserait songer tout au fond du musée

Végétal où, distraits, viennent errer les vents.



Auteur: Réda Jacques

Info: Leçons de l’arbre et du vent. Gallimard Blanche. 2023.

[ dissolution ] [ réintégration ] [ post-mortem ]

 

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rapports humains

En société, je sais bien ce qui me condamne à être de plus en plus muet. Sans doute ai-je plus que certains conscience de n'avoir pas grand-chose à dire, mais même lorsque j'énonce une chose intéressante (qui me semble intéressante, à moi), on dirait que personne ne m'écoute. Par conséquent je me tais. C'est une situation encore plus pénible et légèrement avilissante dans le tête-à-tête. J'ai souvent l'impression de m'exprimer dans une langue que l'autre ne comprend pas. Alors je m'efforce de parler la sienne aussi exactement que possible, et j'ai de bonnes raisons de croire que j'y parviens. En effet quand j'imite quelqu'un tout le monde dresse l'oreille, comme si tout à coup j'existais, comme si l'on m'acceptait à condition que je disparaisse.


Auteur: Réda Jacques

Info: L'Herbe des talus

[ mimétiques ]

 

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moment magique

Il pleut. Puis il pleut moins. J'entre sous la verdure

Persistante d'un parc qui sent le résineux

Et, tout près d'un bassin où nagent deux à deux

Des canards, je m'assois sur un banc en bordure



D'une allée, au milieu de gosses en rupture

D'école. Et tout à coup, dans ce ciel hasardeux,

Un couteau de soleil glacé mais lumineux

Glisse, creuse et fait s'élargir la déchirure.



Comme si c'était moi que l'on avait frappé,

Je me lève et m'avance, étourdi mais nimbé

De cette flamme fugitive: je salue



Un instant de ma vie. Il est pauvre mais plein,

Déjà fixé, dans ma mémoire irrésolue,

Au cœur du souvenir mystique de Dublin.

Auteur: Réda Jacques

Info: L'Incorrigible, ST STEPHEN'S GREEN

[ poème ] [ mémoire ] [ sélective ] [ épiphanie ]

 

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anthropocentrisme

Tout en s'aspergeant à gogo de chlore, de savons,

De solutés miraculeux dits hydroalcooliques,

L'Homme en peine d'espoir et parfois saisi de coliques

Se demande, enfin circonspect : "Qu'est-ce que nous savons ?"

" Rien ", s'était déjà répondu loyalement Socrate.

Mais nous, ayant cassé l'atome et, de la pesanteur,

Vaincu la force ; de l'éclair, cet électrocuteur

D'arbres, domestiqué le tempérament de pirate

et dilapidé notre or noir au profit du moteur ;

Plutôt que le vaccin qui nous a préservé de la rage,

Il aurait mieux valu trouver celui qui décourage

Le virus de notre appétit de gain et de confort

Au détriment de tous les habitants de la planète,

et mieux qu'un masque de voleur ou qu'une savonnette. 


Auteur: Réda Jacques

Info: Leçons de l'arbre et du vent, XLII - première strophe

[ poème ] [ inconséquence ] [ séparation ] [ irresponsabilité ]

 

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méditation urbaine

Ainsi dans toute ville on connaît des instants

Dont chacun vous atteint comme une flèche douce.

On s'abandonne, ou c'est l'espace: la secousse,

Brève, interrompt la marche implacable du temps.



Rien ne signale ces refuges déroutants:

N'importe quel endroit en détient la ressource;

Le plus banal, souvent, en travers de ma course,

Les suscite et les fait s'ouvrir à deux battants.



C'est entre des lambeaux d'affiches incongrues

Flottant sur des maisons décrépites que j'ai

Reconnu l'un d'entre eux. Il m'a soudain figé



Au coin d'un Fish and Chips en faillite. Les rues

Descendaient vers le port dont on voyait les grues

Immobiles. Le ciel pesait comme un souci.



(Mais une voix en moi répétait : c'est ici.)


Auteur: Réda Jacques

Info: L'Incorrigible - Summerhill

[ poème ] [ épiphanie ]

 

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musique

(À propos de Benny Carter) Bien que d’autres l’aient précédée, je mentionnerai, comme symbole des étapes franchies dans cette conquête de l’espace, un New street swing gravé le 24 mars 1937 en Hollande avec l’orchestre local des Ramblers. Les pièces enregistrées à Paris, en avril et en août de la même année (publiées sous son nom ou celui de Coleman Hawkins) permettent d’apprécier les véritables dimensions de la patinoire. Rien n’empêche d’imaginer qu’elles aient pu rendre rêveur Einstein. La théorie de la relativité s’y trouve musicalement confirmée, améliorée peut-être : l’espace-temps n’y dépend plus de ses dimensions ni du rôle de la vitesse, et le rythme y joue à sa manière celui de la gravité. L’art de Carter se trouve donc en corrélation très étroite avec la question du swing, qui n’est de nature métaphysique que dans la mesure où la physique s’interdit par déontologie de la poser.


Auteur: Réda Jacques

Info: L'improviste : Une lecture du jazz

[ pulsation ] [ pesanteur ]

 

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contemplation

Il y a partout dans les campagnes de ces endroits qu'on appelle "le bout du monde", qui vous laissent croire à une imminence de l'infini. C'est une route vers le haut de sa côte, une arête de rochers à l'horizon, un plan de cailloux vibrant comme un plateau de balance où se pèsent des tonnes de soleil concassé. Chacun, en outre, a fait de bonne heure sa propre expérience dans ce domaine dans le couloir d'un appartement, au coin d'une rue, tout au fond du jardin sous les petites dragées de l'ortie blanche, partout. Car le monde à vrai dire n'est fait que de bouts du monde, mais il faut de l'entraînement pour s'en rendre compte et s'y accoutumer. C'est pourquoi l'on a besoin de ces endroits métaphoriques, dont les chefs-d'œuvre incontestables sont le désert et l'océan, qui sont de l'infini en mouvement puisque la fin et le commencement s'y embrassent, soulevant de grandes émotions d'écume ou de poussière parfois.


Auteur: Réda Jacques

Info: L'Herbe des talus

[ lieux ] [ immensité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel