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christianisme
[...] la foi chrétienne repose sur trois fondements indissociables : la Tradition apostolique (orale), la Tradition biblique (écrite), la Tradition dogmatique (ecclésiale). [...] On pourrait, par exemple, rapprocher l’ecclésial du corps, la biblique de l’âme et l’apostolique de l’esprit, dans la mesure où l’Église est corps visible, la Bible signes et images, l’Apostolicité intelligence et vie. De même pourrait-on "approprier" plus spécialement l’Apostolicité au Saint-Esprit, en tant qu’elle est fondée par son irruption pentecostale, l’Écriture au Père, en tant qu’elle parle essentiellement de "Dieu", l’Ecclésiale au Fils, en tant qu’elle est "Jésus-Christ répandu et communiqué". Mais évidemment, chacune implique les deux autre et s’y retrouve.
[...]
Or le mode ecclésial est la résultante synthétique des deux autres ; c’est avec lui que les chrétiens sont en contact immédiat. C’est donc aussi à son propos que devait se produire la première rupture, lorsqu’il s’est agi de savoir à quel mode de la Tradition on devait rester fidèle si l’on voulait continuer à recevoir la grâce salvatrice du Dieu incarné : à l’Église de fait, forme dernière et définitive de la Révélation, ou à l’Apostolicité, forme première, mais en elle-même inaccessible ? D’où le schisme, les Grecs ayant estimé que la fidélité à l’Ecclésialité romaine n’était plus compatible avec la fidélité à la Tradition apostolique. De même, au XVIe siècle, la révolte protestante oppose cette fois la fidélité scripturaire à la fidélité ecclésiale, n’hésitant pas, pour cela, à renoncer à la réalité déifiante de l’ordre sacramentel.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 97-98
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triades
]
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orthodoxie
]
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protestantisme
]
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complémentarité
]
philosophie
L’aristotélisme ressortit au Samkhya, le platonisme au vedânta. Le raisonnement d’Aristote contre les Idées est le suivant. On postule l’essence pour rendre compte de la communauté de nature entre deux êtres individuels, deux hommes par exemple, qui tous deux participent de la "forme" humaine. Or, si l’essence est aussi une réalité existant en elle-même (thèse de Platon), il faudra supposer un "troisième homme" pour rendre compte de la communauté de nature entre tel homme et l’essence "Homme", et ainsi de suite. On voit que l’horizon ontologique d’Aristote est limité à l’exister individuel, et qu’il ne conçoit pas que l’essence puisse être parfaitement réelle sans pour autant exister à la manière d’un chat ou de Callias. (Métaphysique, livre II, 9, 980 b). Aristote a perçu aussi vivement que Platon la nécessité de lutter contre les Sophistes. Il a lui aussi clairement compris qu’il s’agissait d’une crise de l’intelligence analytique dévoyée par la découverte de sa propre puissance instrumentale. Mais la solution qu’il propose est significativement différente. Au lieu de découvrir dans le contenu de cette intelligence les traces du vrai et de l’être et, à partir de ces qualités immanentes, de la retourner vers son Principe, Aristote veut redresser l’intelligence analytique sur son propre plan et dans sa forme même : il invente la logique formelle, c’est-à-dire l’art de raisonner juste indépendamment de l’essence ou de la chose même (ibidem, XIII, 4, 1078 b 25), art auquel on donna justement à partir du VIe siècle, le nom d’Organon, c’est-à-dire d’instrument.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Platon ou la restauration de l'intellectualité occidentale", n°471 de la revue "Etudes traditionnelles "
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différences
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résumé
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critique
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Verbe
L’ineffable est paré de toutes les vertus, le discours accablé de tous les maux. Or, la seule façon de dépasser le langage, c’est non de l’écarter, mais de l’assumer, c’est-à-dire de le justifier comme langage. Là est la marque de la véritable gnose : le silence n’est pas le contraire de la parole, il en est le principe et la fin. Le discours véritablement métaphysique est celui dont le contenu, loin de la dénoncer, en justifie l’existence et en rend raison : ainsi du Logos, Parole qui sort du Silence parce que le Fils sort du Père et y retourne par l’opération du Saint-Esprit. [...] En révélant la fonction du langage comme opérateur métaphysique, l’anagogie ne fait que rapporter à la cause son effet, la parole au silence dont elle est sortie, le Fils au Père qui l’a engendré, et ne s’avère elle-même que comme l’effet, dans l’intelligence, de l’opération du Saint-Esprit. [...]
Ce n’est donc pas le mot ou le concept qui, d’eux-mêmes, se transforment en opérateurs métaphysiques. L’œuvre anagogique requiert une intelligence en travail constant. La tension anagogique qui ouvre les concepts à la transcendance de leur propre contenu, demande une activité, une vigilance, un dressement de l’esprit contre les énoncés doctrinaux, une lutte de joie et d’amour contre l’affaissement de l’intelligence dans l’ordre des pensées convenues et répétées : non se laisser penser par des formules, mais s’éveiller à la permanente nouveauté de la vérité, au miracle permanent de l’intellect qui naît chaque fois qu’il est illuminé [...].
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 106-107
[
vitalisation
]
christianisme
[...] [saint] Thomas [d'Aquin] fut solennellement canonisé le 18 juillet 1323 par Jean XXII, celui qui condamnera Eckhart en 1329, six ans plus tard. Cette canonisation marque-t-elle le triomphe du thomisme ? Directement, non. Il est bien significatif, en effet, que la bulle de canonisation insiste plus sur les miracles du saint que sur les mérites du théologien. A proprement parler, la théologie de Thomas n’est pas canonisée. Elle bénéficie d’une reconnaissance exceptionnelle dans l’Eglise, elle est honorée comme la doctrine du Docteur commun, mais elle n’est pas imposée comme la doctrine officielle, sauf évidemment dans l’ordre dominicain ; encore cette prévalence du docteur Thomas chez les Dominicains n’est-elle l’objet d’aucune décision de l’institution ecclésiale ; c’est un fait, non une obligation. [...]
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première du XXe, la situation change considérablement. Deux facteurs y ont contribué. D’une part, l’importance de Kant et de son rayonnement sur ce qu’on appelle le post-kantisme, a suscité chez les théologiens allemands et italiens une réaction efficace. D’autre part, le développement considérable des études historiques, particulièrement en France, pour ce qui est de l’histoire de la philosophie médiévale avec Victor Cousin, par exemple, attire l’attention sur la force et la qualité spéculative de la pensée de Thomas. L’Eglise catholique, d’abord réticente, finit par appuyer ces courants d’origine laïque. Ce qui la conduira à une décision unique dans l’histoire de la pensée chrétienne : la proclamation en 1879 par Léon XIII de l’encyclique Aeterni Patris qui recommande, en matière de sciences philosophiques et théologiques, de suivre S. Thomas.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 196-197
[
réception
]
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historique
]
dualisme
Satan, qui est d’abord Lucifer, le "Porte-Lumière", est voué, comme tout ange, à la réverbération cosmique de la Gloire divine : il est lui-même seulement dans la mesure où il se tourne vers la Lumière principielle pour la refléter. Mais, se tournant vers lui-même, il découvre alors sa propre splendeur qui l’éblouit et l’aveugle. Oubliant qu’il n’est que le reflet du rayonnement divin, il veut s’en emparer et se l’approprier. Par un véritable cogito angéliste, il identifie son être à la conscience possessive qu’il en prend. En conséquence, occultant la Source lumineuse qui l’irradie, il "actualise" la "face obscure" du miroir, en même temps que son incompréhension de l’Absolu. Car toute autre créature lui paraît indigne de lui et du Créateur, nul n’ayant, plus que lui, le souci de l’honneur de Dieu. Comment admettre que le Très-Haut ait aussi créé ce "bas-monde" et qu’il y ait une "essence de la boue, de la crasse et du cheveu" ?
Il veut donc arrêter à son propre miroir le rayonnement de la Beauté divine. Ce faisant, tout ce qui est en dessous de lui se trouve couvert de son ombre et plongé dans la nuit : le mal est ainsi comme la réverbération ténébreuse et l’ombre de Satan sur le monde. N’ayant pas compris qu’aimer l’Absolu, c’est consentir au relatif, il espère pouvoir effacer la création inférieure que son amour jaloux de Dieu ne saurait supporter. Telle est l’essence angélique du mal. C’est pourquoi la révolte contre toutes les formes et leur destruction esthétique, relève bien de l’angélisme et de sa face obscure.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
La crise du symbolisme religieux, pp. 218-219
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jugement de valeurs
]
[
hiérarchie imaginaire
]
sécularisation
Il m’est apparu que la non-résistance du christianisme aux épidémies du modernisme résidait dans une perversion de la charité. Tout au moins qu’il s’agissait de la cause essentielle. [...]
[...] la charité, parmi toutes les vertus, est la plus humaine et la plus subjective de toutes, c’est celle qui implique l’engagement le plus total du sujet humain dans sa réalisation de la valeur spirituelle, puisque l’exigence d’amour s’adresse à notre être le plus intime. C’est avec mon propre cœur que je dois aimer. Dès lors, cette vertu, qui est la plus haute de toutes, est aussi la plus fragile et la plus corruptible, puisqu’elle est celle qui renferme la plus grande part d’humanité.
C’est pourquoi la charité peut se dégrader et se réduire à un sentiment purement humain, alors qu’elle doit avoir Dieu pour objet. Cependant, désireuse de se sacrifier – car la tendance oblative est toujours présente dans l’amour – la charité chrétienne, ayant perdu le sens de la transcendance divine, se retourne en quelque sorte contre elle-même. En rejetant toutes les beautés et toutes les formes de la religion pour l’amour du monde, elle a l’impression d’accomplir le plus héroïque sacrifice et de donner sa propre chair pour le salut des hommes. Dieu est vraiment l’Absolu de l’amour, puisqu’aimer Dieu, pour un être créé et relatif, c’est, d’emblée, s’ouvrir au Tout-Autre et donc renoncer totalement à soi. Mais lorsque l’amour ne se porte plus vers Cela seul qui peut l’accomplir, alors il retourne contre lui-même le désir de dépassement et de sacrifice qui l’habite.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 159-160
[
vertu théologale
]
[
naturel-surnaturel
]
transcendance
[...] la conception dionysienne se distingue de la conception scolastique comme le mode initiatique se distingue du mode simplement spéculatif, sans qu’on puisse cependant parler d’une opposition absolue, du moins chez les maîtres [...]. Mais il n’en est pas de même dans le thomisme tardif. Or, l’idée qu’il existe une raison entièrement naturelle est étrangère à la perspective dionysienne, comme à la vérité. Cette thèse, propre au néo-thomisme, dérive de son adoption d’un aristotélisme schématisé, et l’on ne peut nier que cet aristotélisme ne recèle une tendance foncièrement naturaliste, même s’il échappe par endroits à cette limitation cosmologisante. De ce "naturalisme", la théologie scolastique ne pouvait entièrement neutraliser les effets, ce qui devait susciter la réaction anti-intellectualiste, et même nominaliste, de la mystique affective, ains que la puissante révolte luthérienne, avec les conséquences que l’on sait. Au contraire, Denys [l’Aréopagite] enseigne, avec Platon, l’hétéronomie et l’incomplétude de la raison (il n’y a pas de pure nature) et son exigence naturelle d’un accomplissement surnaturel d’ordre intellectif et même supra-intellectif ou supra-noétique, si l’on veut. [...] Dans cette perspective, l’intelligence est à la fois moins et plus que ce qu’en conçoit le "philosophisme scolastique", pour reprendre une expression d’Étienne Gilson, car elle est surnaturelle par nature ; en d’autres termes, elle est d’essence métaphysique : de même que "chez S. Thomas, tout le mystère divin est déjà présent dans la nature même de l’intellect" [Lettres de Monsieur Etienne Gilson au père de Lubac, 1986, page 75], de même, pour Denys et les platoniciens, l’intellect (noûs) est déjà quelque chose de divin (théios).
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 92-93
[
complémentarité
]
[
christianisme
]
[
anti-dualisme
]
étymologie
Analogia est un mot grec. Il se compose de logia qui dérive de logos et du préfixe ana. Logos a de multiples sens : discours, parole, pensée, notion, raison, rapport, etc. Les sens de la préposition ana ne sont pas moins nombreux. Les philologues y discernent trois thèmes principaux : celui d’élévation, "de bas en haut", celui de retour "en arrière" ou encore "en sens inverse", celui de répétition, de ce qui se produit "de nouveau". Ces trois thèmes se combinent dans la notion d’analogia qui exprime l’idée d’un rapport (logos) entre ce qui est en haut et ce qui est en bas (verticalité) parce que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut (répétition), avec éventuellement l’idée d’un renversement (le plus petit comme analogue du plus grand). C’est ce que Guénon appellera très justement "l’analogie de sens inverse".
Le terme a été transféré littéralement du grec au latin, où il est cependant ressenti comme étranger. C’est pourquoi Cicéron, dans son commentaire au Timée de Platon (4,12) propose de le rendre par "comparaison" ou "proportion" : "Ce qui se dit analogia en grec pourra, en latin, se dire comparatio ou proportio." Mais il se trouve que, chez les Latins, proportio, qui traduisait assez exactement analogia, a pris souent le sens plus vague de "rapport", qui en latin s’est d’abord dit ratio (équivalent du grec logos). C’est pourquoi, quand il voudra, au début du Vie siècle, faire connaître aux Latins l’arithmétique grecque, le chrétien Boèce se verra dans l’obligation, pour rendre analogia, de subsister à proportio un nouveau terme : ce sera celui de proportionalitas, littéralement "proportionnalité".
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, pages 23-24
[
historique
]
[
correspondance
]
kérygme
Très curieusement, ce sont les platoniciens qui, les premiers, en s’attaquant aux chrétiens, les aidèrent à prendre conscience d’une certaine différence entre les deux perspectives. […] C’est que le néoplatonisme, en la personne de Plotin, son plus haut représentant, "le plus grand de tous les philosophes", au dire de Bergson, rejette le christianisme, et même l’attaque assez violemment. Il est certain, en particulier, que les gnostiques visés par Plotin dans l’un de ses traités sont des chrétiens. Et ce que leur reproche Plotin, c’est de ne pas connaître les doctrines helléniques, d’être culturellement des étrangers. Porphyre ira beaucoup plus loin dans le détail de la critique platonicienne du christianisme.
Or cette attitude pose des problèmes. Le christianisme, à cette époque, n’est pas encore une grande religion. Une multitude de cultes, de rites, de pratiques religieuses, divinatoires, magiques, sont répandus dans tout le bassin méditerranéen. Plotin accepte cette multiplicité de formes. Sa philosophie est accueillante à ce pullulement de courants religieux divers dont les niveaux spirituels sont extrêmement inégaux. Accueil qui n’est pas aveuglement. Il s’efforce chaque fois de dégager ce qu’il y a de positif, même dans les manifestations les plus inférieures, de les purifier intellectuellement, et de les interpréter en termes platoniciens. On sait d’ailleurs qu’il a eu des contacts approfondis avec l’hindouisme et le zoroastrisme. Mais il refuse le seul christianisme. […] on peut supposer qu’il refuse précisément de faire intervenir au sein de la pure transparence du discours métaphysique l’obscurité de l’historique et du contingent. […]
Ainsi la réaction néo-platonicienne à l’apparition du christianisme est-elle révélatrice de ce qui fait la nature spécifique de cette religion, sa radicale contingence historique.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
L'intelligence et la foi, L'Harmattant, Paris, 2018, pages 58-59
[
opposition
]
[
herméneutique
]
philosophes modernes
[…] la ratio est la lumière brisée et fragmentaire de l’intellectus. […]
La non distinction de l’intellectus et de la ratio paraît acquise chez Descartes. Dans la Deuxième Méditation métaphysique, où il entreprend de prouver que la nature de l’âme est plus aisée à connaître que celle du corps, Descartes, après avoir établi l’existence de cette nature, demande en quoi elle consiste et il répond : "Sum igitur res cogitans, id est mens, sive animus, sive intellectus, site ratio", c’est-à-dire : "je suis donc chose pensante, ou encore esprit, ou encore âme, ou encore intellect, ou encore raison". Ce qui fait difficulté dans ce texte, ce n’est point l’équivalence qu’il établit entre mens et animus, car une telle équivalence peut se réclamer d’une longue tradition, et on la rencontre dans diverses cultures. Mais il en va autrement pour intellectus et ratio, termes que la tradition philosophique antérieure avait presque constamment distingués.
Quant à la négation de l’intellectus, ou intellect intuitif, elle est l’œuvre de la philosophie kantienne. S’efforçant de prendre une conscience critique de la raison (Critique de la Raison pure), Kant n’y aperçoit pas ce pouvoir de connaissance intuitive (intellectus intuitivus) dont la dotait Descartes (sive intellectus, sive ratio). Et, puisqu’il n’y a pas d’intellectus, il n’y a point de métaphysique possible […]. La raison (Vernunft) devenant alors la faculté supérieure de connaissance, Kant est amené à inverser les rapports que toute la tradition philosophique antérieure avait admis, et à appeler entendement (Verstand, intellectus), l’activité cognitive inférieure, à savoir, celle qui revêt les connaissances sensibles d’une forme conceptuelle et que nous avons appelée mentale. De la confusion à l’inversion négatrice, tel est le chemin parcouru par la pensée occidentale.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 113
[
différence
]