Vues d’en bas, les Idées sont des unités lumineuses s’enlevant distinctement sur un fond noir et distinct. Vues d’en haut, ce sont des rayons qui épousent la forme de l’ouverture céleste, de l’ "œil divin" par où ils jaillissent. Cette forme ouranique, cette ouverture céleste, est une détermination, et donc une limitation de l’unique Lumière surintelligible qui, en elle-même, est sans forme et sans limite. Ainsi, ces unités-ouvertures sont bien le "lieu" où s’effectue le passage du créé à l’Incréé et de l’Incréé au créé. La région intelligible est la limite supérieure du monde de la création, le passage-limite où les possibles divins deviennent formes créées afin que la présence divine habite en toute chose et que toute chose soit rattachée à son prototype divin par le lien de l’analogie.
Telle est, pensons-nous, le sens de la dialectique platonicienne et de la doctrine des Idées qu’Aristote, semble-t-il, n’a pas comprise. Ne concevant l’être que sous la forme de l’existence d’une chose, une substance individuelle, il n’a vu dans les Idées de Platon, existant en soi, que des "choses" intelligibles qui doublaient inutilement le monde des réalités sensibles, alors qu’elles sont des rayons, des relations matricielles, des principes unificateurs de tous les degrés de la réalité.
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Info: Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, pages 190-191
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