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vieillard

Contemple ici Vidal, l’écorché, le poursuivi,

L’humilié, jamais soumis pourtant et le vainqueur enfin.



Alors je maudis le soleil pour sa rouge allégresse

Moi qui ai connu vallée, courtil, vallon, hallier,

Et tous ceux qui fuient dans le bois par cette grande folie portés,

Me contemplent, ridé comme le tronc d’un vieux chêne,

Et les hommes se rient de ma pitoyable tristesse !



Personne n’a entendu le récit de ma gloire,

Personne n’a comme moi tenté l’aventure et gagné :

Une nuit, un corps, une flamme pour souder !

Que possédez-vous ? vous, ladres ? qui saurait acheter

Pareille gloire ici-bas ? ou qui pourrait gagner

Ce gerredon de guerre par sa "prouesse haulte" ?



O Age dissolu ! ô lignées d’avortons,

Qui simulent la passion, le désir qui désire,

Contemplez-moi, je suis ridé, le plus raillé d’entre tous,

Pourtant je me ris de vous par les feux sacrés

Qui me brûlent et me font cendre. 

Auteur: Pound Ezra

Info: "Peire Vidal, devenu vieux" in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 65

[ ignoré ] [ jeunes ] [ mépris ] [ exploits ]

 

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eros

Accolés, comme le lierre à l’arbre encerclé,

    Que les dieux ne laissent l’aube nous déjoindre.



Fou qui veut modérer l’amoureuse folie,

Plutôt verrons-nous ensemble le soleil

    mener un quadrige noir,

La terre donner du blé à qui sème l’orge,

Les fleuves aller contremont,

Les poissons nager sur la rive sèche,

    Que l’amour terminer sa fureur.

Tant qu’il se peut, cueille,

    cueille le fruit de la vie.

Les corolles perdent les pétales…,

    L’on tresse les tiges sèches en paniers,

Si nous sommes aujourd’hui des amants hors d’haleine,

    demain l’infortune nous cloîtrera.



Baise m’encor, rebaise-moi et baise,

    c’est trop peu de baisers.

 

Je n’échangerais pas mes souffrances pour une autre,

Mort, je serai encore à elle,

Donne-moi de telles nuits

et la vie sera trop longue,

Multiplie-les, et je serai immortel,

comme un Dieu. 

Auteur: Pound Ezra

Info: Hommage à Sextus Propertius in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 288

[ couple ] [ passion ] [ éternel ]

 

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poète-à-poèmes

Venez, mes chants, exprimons nos passions les plus ordinaires,

Notre jalousie d’un homme avec un bon travail et sans crainte de l’avenir.



Vous êtes très oisifs, mes chants.

Vous allez mal finir, je le crains.

Vous traînez dans les rues,

Dans les coins, aux arrêts d’autobus,

Vous ne faites rien ou presque.

Vous n’exprimez même pas nos élans intérieurs,

Vraiment, vous allez mal finir, je le crains.



Et moi ?

Je deviens à moitié fou,

Je vous ai tant parlé que

    Je crois vous voir autour de moi,

Petites bêtes insolentes, dépourvues de honte

comme de vêtements !



Mais toi, mon chant le plus nouveau,

Tu n’es pas assez vieux pour faire autant de mal,

Je t’achèterai un manteau vert de Chine

couvert de dragons,

Et les pantalons de soie rouge

de la statue du Christ enfant de Santa Maria Novella,

De peur qu’on dise que nous manquons de goût,

ou que notre famille n’est pas une caste. 

Auteur: Pound Ezra

Info: Instructions ultérieures in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 135

[ hallucinations ] [ vivants ] [ paresseux ] [ inoffensifs ] [ séduisant ]

 

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destinataires

Allez, mes chants, allez vers les solitaires et les insatisfaits

Allez vers les nerveux, allez vers les prisonniers des conventions,

Apportez-leur mon mépris pour leurs oppresseurs.

Allez, pareils à une immense vague d’eau fraîche,

Vous portez mon mépris pour l’oppression. 



Parlez contre l’oppression inconsciente,

Parlez contre la tyrannie des êtres sans imagination,

Parlez contre toutes les chaînes.

Allez vers la bourgeoise qui meurt d’ennui,

Allez chez les femmes dans les banlieues.

Allez vers les mal-mariés,

Allez vers ceux qui ne voient pas leur échec,

Allez vers les mal-réunis,

Allez vers l’épouse achetée,

Allez vers la femme dépossédée.



Allez vers ceux dont le goût est délicat,

Allez vers ceux dont les désirs subtils sont contrecarrés,

Flétrissez l’insensibilité du monde ;

Avec votre mordant,

Déchirez les cordes invisibles,

Rendez confiance aux algues et aux tentacules de l’âme.



Allez amicalement :

Une parole ouverte.

Cherchez ardemment un nouveau mal, un nouveau bien,

Refusez toute forme d’oppression.

Allez vers ceux qui s’épaississent avec l’âge,

Vers ceux qui ont perdu toute curiosité.



Allez vers l’adolescent qui étouffe dans sa famille-

Oh comme c’est laid :

trois générations réunies dans une maison !

C’est comme un vieil arbre pourvu de bourgeons 

au milieu de branches pourries. 



Allez et défiez l’opinion

Allez contre la condition légumière du sang.

Refusez toute mainmorte… 

Auteur: Pound Ezra

Info: Commission in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 130

[ poète-sur-poèmes ] [ adresse ] [ révoltés ] [ agitateurs ]

 

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femme-par-homme

Ta personne et ton esprit : notre mer des Sargasses !

Londres a déferlé autour de toi depuis tant d’années

Et des vaisseaux de lumière t’ont apporté en vrac :

Idées, vieux ragots, un vrai bazar, 

D’étranges débris de savoir, trésors sans valeur.

De grands esprits t’ont recherchée – manquant à une autre.

Tu as toujours été dans leur ombre. Tragique ?

Non. Tu préférais cela au sort commun :

Un homme de plus en plus terne et soumis,

Un esprit moyen –une idée de moins par an.

Oh tu es patiente, je t’ai vue assise pendant

Des heures, attendant qu’à l’horizon surgisse quelque chose.

A présent tu paies, oui, tu paies grassement.

Tu es intéressante, on vient à toi

Et on repart bizarrement enrichi.

Trophées pêchés en mer ; quelque étrange suggestion ;

Un fait qui ne mène nulle part, un conte ou deux, 

Gros de mandragores ou d’autre chose

Qui pourrait être utile mais ne l’est jamais,

Qui n’aide à rien, ne sert à rien,

Et ne trouve son heure dans la trame des jours :

Merveilleuses vieilleries, ternies, voyantes ;

Idoles et ambres et incrustations rares,

Voilà tes richesses, ton grand trésor, et pourtant

Malgré ce butin caduc de pirate,

Bois à moitié détrempés et meilleurs matériaux

Dans ce lent flot de lumière et de profondeurs variées,

Non ! il n’y a rien ! Rien de rien et de tout.

Rien qui soit vraiment à toi.

Pourtant ce rien, c’est toi.

Auteur: Pound Ezra

Info: Portrait d'une femme in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 66

[ vieillesse ] [ expérience humaine ] [ marginale ] [ muse ]

 

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passion

Si elle ne veut pas de moi, la mort m’attend,

Que ne suis-je mort le jour et l’heure

Où elle me prit pour serviteur,

Dieu ! Elle me tua si gentiment

Quand elle me témoigna sa flamme.

Elle m’a tué je ne sais plus comment,

    Je ne veux plus voir une autre femme.



Je suis heureux si elle me rend fou,

    M’impose le silence, m’ordonne de parler.

Il me plaît d’être raillé,

Devant ou derrière,

Car après le mal, le bien viendra.



Comme cela est bon !

    Car je suis perfide et débauché,

    Loyal ou menteur,

    Tout vilain ou tout courtois,

    Ou hésitant entre les deux

        selon son désir,

Moi, Cercamon, heureux et malheureux,

    L’homme qui eut l’amour

        pour toujours ;

Hélas ! que cela plaise ou déplaise,

Elle ne peut me retenir.



J’ai perdu cette joie unique,

Celle que j’aimais tant,

    D’une main

    M’a rejeté.

    Elle m’égare

    Je ne sais dire ma requête,

        mon désir,

Et quand elle me regarde

Il me semble

        perdre tout sens et tout esprit.



Envers elle je n’estime pas plus

Les nobles dames courtisées

Qu’une vieille chemise usée.

Si le monde entier souffre,

Se couvre de ténèbres,

Où elle se tient

La lumière jaillit,

Et vient cette clameur

        A mon oreille. 

Auteur: Pound Ezra

Info: Langue d'oc in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, pages 224-225

[ obsession ] [ torture ]

 

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couple

Car j’étais conseiller, grave et décharné,

En toute chose sage, et très âgé,

Mais j’ai banni cette folie et la froide indifférence

Dont l’homme âgé revêt son apparence.



J’étais très fort – du moins l’ont-ils répété –

Ces jeunes hommes, au maniement de l’épée ;

Mais j’ai banni cette folie, apprenant à être heureux 

D’une façon autre, qui m’allât mieux.



Le corps lové parmi les souches de frênes

J’ai caché mon visage là où le chêne

Me couvre de ses feuilles et me suis affranchi

Du joug des vieilles habitudes.



Près de la mare immobile de Mar-nan-otha

J’ai trouvé une fiancée.

Elle était il y a longtemps bois de cornouiller.

Elle m’a éloigné des vieilles habitudes,

A fait taire la rancœur née des servitudes,

M’a demandé de glorifier



Le seul vent qui vibre dans les feuillages.

Des vieilles habitudes elle m’a éloigné,

Les hommes alors ont pensé que j’étais fou,

Mais j’ai vu le chagrin des hommes, puis me suis réjoui,

Car je sais que plaintes et amertumes sont folie ;

Et moi ? toute folie, tout chagrin ai banni.

J’ai enveloppé mes larmes dans une feuille d’orme,

Sous un rocher les ai laissées,

Alors ils ont dit que j’étais fou, ayant écarté

Toute folie de moi, l’ayant mise de côté, 

Sortant ainsi des chemins tracés,

Car ma fiancée

Est cette mare dans le bois,

Et s’ils disent que je suis fou,

Je suis heureux, c’est tout,

Très heureux, car l’amour de ma fiancée

Est plus doux que l’amour des femmes,

Celui qui empoisonne, brûle et perd votre âme.



Vrai! Je suis heureux

Vraiment heureux, je n’ai qu’elle ici-bas

Et l’homme ne nous dérange pas.



Jadis, parmi les jeunes hommes

Ils disaient que j’étais très fort, parmi les jeunes hommes.

Jadis il y eut une femme……

……Mais j’oublie…… elle était……

……J’espère qu’elle ne reviendra plus.



…… Je ne me souviens plus……



Je sais, jadis elle m’a blessé……

Dans un lointain, lointain passé.



Je ne veux pas me rappeler.

J’aime ces petits vents qui soufflent ici

Dans les frênes,

Nous sommes parfaitement seuls ici,

Au milieu des frênes. 

Auteur: Pound Ezra

Info: La fraise in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 25

[ homme-nature ] [ solitude ] [ marginal ] [ perte de l'identité ]

 

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matelot

Si droit record je saurai dire

dans mon jargon la raison

des jours hardis de haire, non haitiés,

endurés d’âpres jours en mer, patientés,

et les âcres maux sur l’esquif eschinés,

au maugré de la male houle marage ;

des veilles à la proue du navoi

drossé contre les falaises

d’anguisables quarts de nuit

j’ai veillé, tourmenté par l’hiver,

les membres roués par le froid,

mis aux fers par le glas ;

la faim menait maints despoirs

et les soupirs raguaient mon cœur.



Hommes qui lamont vivez,

sur terre ferme et de liesse,

sachez que je, sur la mer gelée, vagant,

misérable soucieux, en exil miséreux,

traversai l’hiver séparé de mes frères,

grêlé par les neiges drues, triblé,

hersé par les pluies de grêle, lairré,

au ressac des lames glacées errai,

sur la mer marâtre, vaucrant ;

qu’à seule joie j’odis les cris

des pétrels et des fous

que j’eus pour vin la clameur

des frégates et des cygnes.



Battu contre le roc des falaises

l’estorme refrappait les sternes

et couvrait leurs ailes de gel,

maintes fois l’aigle imbrin clatit

ses ailes portant l’embrun.

    Nul conseiller

ne garde en son danger ni console

l’homme qui malheureux marée.

Le bourgeois rougeau ne sait

combien je suis lassé

du travail de navier.



Bruine la nuit, druge la neige,

le frimas bruit la terre,

les grêles gâtent les fonds.

Le cœur m’étonne à vouloir

que je vaucre au maugré des marées.



Du violent désir je gémis

d’aller en hâte au largue 

chercher une autre contrée.

Il n’est au monde homme si généreux,

ni si fier à décider et audacieux,

ni si fidèle à son roi,

qui ne souffre à sigler

desrois et détroits,

mais en danger Dieu.

Il n’entend ni vielle ni harpe,

ni vit l’amitié de sa mariée,

ne goûte la bonté des choses,

mais le saccage des vagues

et la détresse du violent vueil

    d’aller sur la mer.



Broste le bocage,

les moissons foisonnent

et les vergers fruitient,

en l’homme hausse le désir

d’au large voier.



L’appel piteux du coucou

souleur endeuille son âme

et l’invite à partir.

Le bourgeois négocieux ignore

ce qu’endure l’exilé vaquant.



Ainsi, au cœur amer se fiert

le gré d’au loin cigler

jusqu’aux bancs de baleines.

A terre abrité le désir me point,

invincible et puissant,

aigu comme le cri solitaire

d’un oiseau marin grand voilier,

de siller l’océan,

sachant que mon maître

vie et terre me prête à usure

jusqu’à la mort,

que sur terre nul bien ne dure

toujours mais le malheur,

que la guerre les maladies

les maux de la vieillesse,

sur nous pauvres humains

fatalement s’abattent.

Mais si tu opposes à tes ennemis la ruse,

l’on chantera tes exploits,

tes hardiments à ton trépas,

et tu demeureras par ces honneurs

loué parmi les Angles.



    Ces jours d’abondance

n’ont pas duré ni l’arrogance

des riches fonciers,

il n’est plus rois ni césars, 

ni princes généreux

comme ceux qui enjouaient

de leur magnificence

la vie du temps passé.



Bonté gaste, vaineté des joies,

veillance vastée, mais le monde se campe !



Tombel voile torbel, mar est le ber.

ses pairs péris le vieil homme gémit

sur les lignages rendus à la terre

qui ne savent plus ni dolor ni joie,

le corps mort, ni manier ni juger.

Et s’il orne d’or ses frères

inhumés sous les tertres,

il dilapide ses ors.


Auteur: Pound Ezra

Info: Le vaucrant in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 66

[ fatigue ] [ solitude ] [ souffrance ] [ jouissance ]

 
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