Si elle ne veut pas de moi, la mort m’attend,
Que ne suis-je mort le jour et l’heure
Où elle me prit pour serviteur,
Dieu ! Elle me tua si gentiment
Quand elle me témoigna sa flamme.
Elle m’a tué je ne sais plus comment,
Je ne veux plus voir une autre femme.
Je suis heureux si elle me rend fou,
M’impose le silence, m’ordonne de parler.
Il me plaît d’être raillé,
Devant ou derrière,
Car après le mal, le bien viendra.
Comme cela est bon !
Car je suis perfide et débauché,
Loyal ou menteur,
Tout vilain ou tout courtois,
Ou hésitant entre les deux
selon son désir,
Moi, Cercamon, heureux et malheureux,
L’homme qui eut l’amour
pour toujours ;
Hélas ! que cela plaise ou déplaise,
Elle ne peut me retenir.
J’ai perdu cette joie unique,
Celle que j’aimais tant,
D’une main
M’a rejeté.
Elle m’égare
Je ne sais dire ma requête,
mon désir,
Et quand elle me regarde
Il me semble
perdre tout sens et tout esprit.
Envers elle je n’estime pas plus
Les nobles dames courtisées
Qu’une vieille chemise usée.
Si le monde entier souffre,
Se couvre de ténèbres,
Où elle se tient
La lumière jaillit,
Et vient cette clameur
A mon oreille.
Auteur:
Info: Langue d'oc in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, pages 224-225
Commentaires: 0