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imperfection excitante

[…] et ce disant, il regardait très intensément son visage souriant où les lèvres entrouvertes découvraient une rangée de dents ; à ce moment, un souvenir lui revint à l’esprit : ce soir-là, dans la petite chambre de la cité universitaire, elle lui avait pris les doigts et les avait mis dans sa bouche, elle les avait mordus très fort, au point de lui faire mal et, pendant ce temps, il lui palpait tout l’intérieur de la bouche, et il s’en souvenait encore distinctement ; d’un côté, il lui manquait quelques dents au fond (alors, cette découverte ne l’avait pas dégoûté ; au contraire, ce petit défaut s’accordait avec l’âge de sa partenaire, âge qui l’attirait et l’excitait). Mais à présent, en regardant dans la fente qui s’ouvrait entre les dents et le coin de la bouche, il put constater que les dents étaient trop parfaitement blanches et qu’il n’en manquait aucune, et il en fut contrarié : une fois encore, les deux images se détachaient l’une de l’autre, mais il ne voulait pas l’admettre, il voulait à nouveau les réunir, par la force et par la violence […].

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 197

[ dentition ] [ fantasme ] [ décalage passé-présent ] [ femme-par-homme ]

 

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vieillesse

Elle avait bu sa tasse de café, elle parlait et il s’efforçait de déterminer exactement l’ampleur de cette métamorphose, à cause de laquelle elle allait une deuxième fois lui échapper : le visage était ridé (ce que plusieurs couches de poudre s’efforçaient en vain de réfuter) ; le cou était fané (ce qu’elle s’efforçait en vain de cacher sous un col montant) ; les joues étaient pendantes ; les cheveux (mais ça, c’était presque beau !) grisonnaient. Cependant, ce qui l’attirait le plus, c’étaient les mains (que ni la poudre ni le fard ne peuvent, hélas, embellir) : le réseau bleu des veines qui s’y dessinait en relief en faisait presque des mains d’hommes.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 186

[ femme-par-homme ] [ détails ] [ attraction-répulsion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

séducteur

Si vous me demandez, si je suis un Don Juan, ou la mort, je dois, bien qu’à contrecœur, me rendre à l’avis du patron, dit Havel, et il avala une bonne gorgée. Don juan était un conquérant. Et avec des majuscules, même. Un Grand Conquérant. Mais, je vous le demande, comment voulez-vous être un conquérant dans un territoire où personne ne vous résiste, où tout est possible et où tout est permis ? L’ère des Don Juan est révolue. L’actuel descendant de Don Juan ne conquiert plus, il ne fait que collectionner. Au personnage du grand conquérant a succédé le personnage du grand collectionneur, seulement le collectionneur n’a absolument plus rien en commun avec Don Juan. Don Juan était un personnage de tragédie. Il était marqué par la faute. Il pêchait gaiement et se moquait de Dieu. C’était un blasphémateur et il a fini en enfer. 

Don Juan portait sur ses épaules un fardeau tragique dont le grand collectionneur n’a pas la moindre idée, car dans son univers toute pesanteur est sans poids. Les blocs de pierre se sont changés en duvet. Dans le monde du conquérant, un regard comptait ce que comptent, dans le monde du collectionneur, dix années de l’amour physique le plus assidu.

Don Juan était un maître, tandis que le collectionneur est un esclave. Don Juan transgressait effrontément les conventions et les lois. Le grand collectionneur ne fait qu’appliquer docilement, à la sueur de son front, la convention et la loi, car collectionner fait désormais partie des bonnes manières, et du bon ton, collectionner est presque considéré comme un devoir. Si je me sens coupable, c’est uniquement de ne pas prendre Elizabeth. 

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, pages 143-144

[ interdit stimulant ] [ injonction à la jouissance ] [ désir ] [ servitude ]

 

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chasteté

Comme chacun sait, Abélard était châtré, et ça ne les a pas empêchés de rester des amants fidèles, lui et Héloïse, et leur amour est immortel. George Sans a vécu pendant sept ans avec Frédéric Chopin, immaculée comme une vierge, et on parle encore de leur amour ! Je ne veux pas, en une compagnie aussi auguste, rappeler le cas de la petite putain qui m’a accordé le plus grand honneur qu’une femme peut accorder à un homme, en me repoussant. Prenez-en bonne note, ma chère Elisabeth, il y a entre l’amour et ce à quoi vous pensez constamment des liens beaucoup plus lâches qu’on ne le croit. N’en doutez pas, Klara aime Fleischman. Elle est gentille avec lui, pourtant elle se refuse à lui. Ça vous paraît illogique, mais l’amour c’est justement ce qui est illogique.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 128

[ platonique ] [ sexualité ] [ paradoxe ] [ point de vue masculin ]

 

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béatitude

[…] il est bien évident que le don que Dieu propose à l’homme, à savoir la participation personnelle à sa propre vie, la divinisation comme disaient les pères grecs, et comme l’enseigne aussi saint Jean de la Croix, ce don proprement surnaturel ne peut pas être déduit ni induit à partir de la nature humaine créée, puisqu’il constitue, par rapport à elle, une nouveauté radicale, plus qu’une nouveauté, un changement d’ordre, le passage de l’ordre créé à l’ordre incréé. 

Il est évident encore que ce don ne peut pas être déduit ni induit à partir de l’homme concret, travaillé, qu’il le sache ou non, par la grâce créatrice de Dieu qui l’appelle à cette destinée surnaturelle.

Ce qu’il est possible de montrer, c’est qu’il existe une certaine préadaptation de l’homme concret, travaillé par la grâce de Dieu, à la fin surnaturelle à laquelle Dieu l’appelle et le destine. […] Mais on ne peut, bien évidemment, appeler cette préadaptation une exigence. 

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, page 228

[ prédispositions ] [ naturel-surnaturel ] [ puissance spirituelle ] [ faculté ]

 
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hérésies chrétiennes

Ce que Cyrille d’Alexandrie, au Ve siècle, reprochait à Nestorius, patriarche de Constantinople, c’était d’associer, d’une manière extrinsèque, purement morale et juridique, deux êtres, l’homme et Dieu, dans l’incarnation, et de ne pas voir qu’il s’agit en réalité d’une union substantielle entre l’homme assumé et Dieu qui assume. Ici, avec le présupposé à la fois philosophique et théologique relevé par l’encyclique, on aboutit à un résultat analogue : la science, en l’occurrence la critique historique, atteint l’homme, elle n’atteint pas Dieu, en Jésus de Nazareth. Seule "la foi" atteint Dieu, ou plutôt le postule. […] 

Mais puisque de fait la divinité et l’humanité sont unies substantiellement dans cette personne concrète qui est Jésus de Nazareth, on ne peut pas dire que la science historique atteigne l’homme à part, l’homme séparé de Dieu. L’objet qu’atteint la science historique, ou l’exégèse critique, la lecture scientifique des textes, c’est le composé de l’humanité et de la divinité, une "personne composée" comme dit Jean Damascène, suivi en cela par Thomas d’Aquin, même si la science historique, en tant que telle, et avec ses moyens propres, ne sait pas discerner par elle-même et seule, ou comprendre, ce qu’elle atteint. 

On voit, en cette affaire, comment le nestorianisme est ici associé avec le fidéisme : la science atteint l’homme, la foi atteint Dieu ; l’intelligence n’atteint pas le composé uni dans la personne du Verbe incarné ; l’homme est dissocié de Dieu, et la foi est dissociée de l’intelligence. L’erreur inverse, c’est l’erreur monophysite, qui consiste à dire que dans l’unique personne du Verbe incarné les deux natures, la divine et l’humaine, sont mélangées, confondues, en sorte que, de leur mélange, il n’en résulte plus qu’une seule.

Les compagnons de Jésus voyaient et touchaient le composé concret, Ieschoua de Nazareth. Seule l’intelligence, donnée par Dieu, a permis à Képhras de discerner qui est Ieschoua, à savoir Dieu lui-même, venu parmi nous.

La science historique est dans la même situation. Elle atteint l’expérimentable. C’est à l’intelligence spirituelle de discerner ce qui se trouve dans le donné concret. 

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, pages 224-225

[ théandrique ] [ confusion ] [ naturel-surnaturel ] [ christianisme ]

 

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enfermement symbolique

Dès que l’on prend une chose à la lettre, la foi pousse cette chose à l’absurde. Le véritable défenseur d’une politique ne prend jamais au sérieux les sophismes de cette politique, mais seulement les objectifs pratiques qui se dissimulent derrière ces sophismes. Car les clichés politiques et les sophismes ne sont pas faits pour qu’on y croie ; ils servent plutôt d’excuse tacitement convenue ; les naïfs qui les prennent au sérieux y découvriront tôt ou tard des contradictions, commenceront à se révolter et finiront ignominieusement dans la peau d’hérétiques ou de renégats. Non, une foi excessive n’apporte jamais rien de bon ; et pas seulement aux systèmes religieux et politiques ; même à notre système, dont nous nous sommes servis pour attirer cette petite jeune fille.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 79

[ univocité ] [ impasse ]

 

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souvenir

"Vous vous souvenez qu’elle était belle mais ça ne signifie rien, fit courtoisement observer le camarade directeur à M. Zaturecky. Il y a beaucoup de jolies femmes ! Etait-elle grande ou petite ?

- Grande, dit M. Zaturecky.

- Etait-elle brune ou blonde ?

- Elle était blonde", répondit M. Zaturecky après une seconde d’hésitation.

Cette partie de mon récit pourrait servir de parabole sur le pouvoir de la beauté. Le jour où M. Zaturecky avait vu Klara, chez moi, il en avait été à ce point ébloui qu’il ne l’avait en fait pas vue. La beauté interposait devant ses yeux une sorte de diaphragme opaque. Diaphragme de lumière qui la dissimulait comme un voile.

Car Klara n’est ni grande ni blonde. Seule la grandeur interne de la beauté pouvait lui prêter aux yeux de M. Zaturecky l’apparence de la grandeur physique. Et la lumière qui émane de la beauté prêtait à ses cheveux l’apparence de l’or.

Quand le petit homme arriva enfin dans l’angle de la pièce où Klara, en salopette marron, se penchait, crispée, sur les pièces d’une jupe, il ne la reconnut pas. Il ne la reconnut pas car il ne l’avait jamais vue. 

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, pages 34-35

[ fantasme ]

 
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renforcement

Ma chère, c'est une grande force d'avoir affronté le pire et de l'avoir " ressenti " comme un trait de beauté. Rien ne peut plus nous ébranler  ensuite.

Auteur: Stapledon William Olaf

Info: Odd John

[ consolidation mentale ] [ épreuve ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

transience

Des myriades d'individus, chacun unique, vivent leur vie dans une communication passionnée les uns avec les autres, contribuent les pulsations de leur cœur à la musique universelle, et disparaissent bientôt, laissant la place à d'autres. Toute cette séquence séculaire de la vie privée, qui est le véritable tissu de la chair de l'humanité, je ne peux pas la décrire. Je ne peux que retracer, pour ainsi dire, la forme désincarnée de sa croissance.

Auteur: Stapledon William Olaf

Info:

[ fugacité ] [ collectivité ] [ incomplétude ]

 

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Ajouté à la BD par miguel