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richesse

Il fait bon vivre parmi la noblesse. On y est entouré de chêne, de sucre et de beurre ; les granges et les caves sont pleines. Ils prennent ... ramassent... s'emparent... et ne sont pas tourmentés par la question de savoir d'où c'est prélevé. Car le monde est en ordre.

Auteur: Garborg Arne

Info:

[ éloignement ] [ satisfaction ] [ nantis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

symphonie mentale

J'ai un rêve à moi... Composer une chose pour rendre, voyez-vous, une nuit comme celle-ci. Et pourquoi pas ? Quand je suis allongé la nuit, près du feu, ça me sonne aux oreilles, c'est juste alors que l'inspiration me vient. Voilà comment je la composerais : d'abord les violons préluderaient, tout doux, tout doux. ça, ce serait quelque chose comme le silence. Ensuite, les violons tiendraient encore la note, mais déjà voici que commence à jouer le... comment... le cor anglais qui a un timbre un peu rauque. Il joue une mélodie, mais une mélodie telle que si on ferme les yeux, on vole au-dessus de la terre où on veut, et au-dessous de soi défilent sans cesse les lacs, les rivières, les villes et partout c'est le silence, l'obscurité. Le cor joue, les violoncelles lui ajoutent une autre voix, ils chantent sur les cordes basses, ils parlent comme bruissent les pins, tandis que les violons continuent à tenir leur partie, tout doucement. Alors d'autres instruments interviennent à leur tour, et, tous ensemble, jouent toujours de plus en plus fort : tou-rou-roum, ta-ta-ta... Et tout l'orchestre joue une musique extraordinaire ! Alors, après ça, il faut faire taire peu à peu tous les instruments, que l'orchestre joue de moins en moins fort, pour finir avec les violons, seuls, sur une note tenue longtemps jusqu'à ce qu'ils meurent entièrement...

Auteur: Kazakov Iouri

Info: Nocturne

[ songe ] [ survol ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

deuil

Trygve est revenu dans un cercueil, et je ne me souviens de rien. Je ne me souviens pas du jour, je ne me souviens pas des heures qui ont suivi. Je me rappelle seulement que j’étais tout blanc à l’intérieur de moi-même, que c’était totalement vide. Comme si quelqu’un m’avait vidé de mes entrailles, de mon cœur et de mes pensées, comme si j’étais une coquille ne contenant rien. Tout en moi était changé, et rien cependant, car personne ne savait que Trygve était ancré dans la moelle de mes os et ne voulait pas partir, bien qu’il soit mort.


Auteur: Flatland Helga

Info: Tout le monde veut rentrer chez soi

[ ami de jeunesse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rencontre

" Est-ce que vous auriez ce vieux roman à propos d’un sanatorium, de Hamsun ? a-t-il demandé. J’ai oublié comment il s’appelait exactement. "

J’étais bibliothécaire à la Deichman, j’étais assise et je tripotais une plaie que pour rien au monde je ne voulais laisser cicatriser. J’ai planté profondément l’ongle de mon pouce dans la plaie et j’ai tourné. Je me suis mordu la langue de douleur. J’étais furieuse de la question, furieuse contre ces je-sais-tout qui venaient et voulaient quelque chose de " spécial ", en général sans avoir regardé sur les étagères au préalable. Pour que nous – qui connaissions le sujet – hochions la tête d’un air approbateur. J’ai attendu un bon moment, j’ai inspiré profondément.

" Vous avez regardé sur les étagères ? " ai-je-dit  en levant les yeux.

Il n’avait pas l’apparence à laquelle je m’attendais, celle des je-sais-tout habituels, avec leurs lunettes sans verres et leurs cheveux ébouriffés juste ce qu’il faut, parés pour aller à la bibliothèque. Et flirter avec les bibliothécaires. Il était brun, il portait une chemise de flanelle, et des lunettes auraient semblé tout à fait déplacées sur son visage rude. Il avait l’air de venir directement de la montagne, ou de la forêt, d’un stabbur* ou de je ne sais où.

" Je n’ai pas regardé là -bas, mais comme je vous l’ai dit, j’ai oublié comment il s’appelait " a-t-il dit un peu plus fort.

Irrité ? Peut-être envers une fille blonde qui ne manifestait aucun intérêt, assise derrière son comptoir à la bibliothèque Deichman, occupée à se tripoter une plaie alors qu’il était venu demander de l’aide. Je me suis ressaisie, j’ai ajusté mon bandeau.

" Hamsun, vous avez-dit ? ai-je demandé.

- Oui. "

J’étais déconcertée par sa beauté, je n’arrivais pas à réfléchir. Je ne voulais pas faire une recherche pour voir quel roman il avait en tête, je savais que je savais de quel roman il parlait. Et maintenant c’est moi qui voulais l’impressionner. Bon sang. Hamsun, le sanatorium … il avait dit sanatorium ?

" Celui qui parle d’un sanatorium ? ai-je demandé.

- Oui " a-t-il dit. Résigné.

" Le dernier chapitre ? "

Il m’a regardé et il a un peu ri. Il a hoché la tête, impressionné.

Il parlait comme Garborg, de la façon dont Garborg écrivait. Et je dormais avec " Paix " de Garborg sous mon oreiller depuis la toute première fois où je l’avais lu. J’ai interprété cela comme un signe évident, et tout en lui est devenu le signe que telle était la nouvelle forme de réel. Il s’appelait Hallvard et il m’a demandé à quelle heure je finissais ma journée. La journée a été plus longue que ce qu’à mon souvenir les journées pouvaient être. Nous étions installés au café de la pâtisserie Halvorsen, il était peu loquace mais il souriait. J’ai parlé plus abondamment que je ne l’avais fait depuis la mort de papa, je lui ai raconté toute l’histoire, parlé de moi. Je pensais que c’était là-bas que mon histoire allait, directement dans ses oreilles, et qu’elle resterait dans son corps aussi longtemps qu’il le voudrait. Et s’il la laissait repartir, elle y aurait du moins séjourné.

Auteur: Flatland Helga

Info: Reste si tu peux, pars s'il le faut

[ dialogue ] [ femme-homme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

maturité

Est-ce cela, être adulte, est-ce que la recherche intense d’un sens disparaît, et que l’on se contente de suivre la vie à la place ?

Auteur: Flatland Helga

Info: Tout le monde veut rentrer chez soi

[ inertielle ] [ résignée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autobiographie

Pendant toute une vie j'ai tracé des portraits humains, j'ai réveillé du fond des siècles des figures, pour les rendre sensibles aux hommes d'aujourd'hui, et précisément je n'ai jamais pensé à celui qui a toujours été le plus présent en moi ; aussi je veux lui donner, à ce cher fantôme, comme aux temps homériques, à boire de mon propre sang, pour qu'il me parle de nouveau et pour que lui, qui depuis longtemps a été emporté par l'âge, soit auprès de moi, qui suis en train de vieillir. Je veux ajouter un feuillet secret aux feuilles publiques, mettre un témoignage du sentiment à côté du livre savant, et me raconter à moi-même, pour l'amour de lui, la vérité de ma jeunesse.


Auteur: Zweig Stefan

Info: La Confusion des sentiments

[ témoignage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

réussite

Moins ils ont de talent, plus ils ont d'orgueil, de vanité, d'arrogance.

Tous ces fous trouvent cependant d'autres fous qui les applaudissent ...


Auteur: Érasme

Info: Éloge de la folie

[ illusion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

question

Un soir, alors qu'Ilario Da revenait de l’école, il demanda à sa mère sur Ie chemin de la maison :

- Qui est mon papa ?

Margot se dit que tout Ie monde avait droit a la vérité, même les enfants. Elle répondit donc avec la plus grande honnêteté :

- C’est moi.

Depuis cette conversation, on ne parla plus jamais de la filiation d’Ilario Da qui se mit a répéter que son père et sa mère étaient la même personne.


Auteur: Bonnefoy Miguel

Info: Héritage

[ monoparent ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bah

Ultime jour. Homme, voici la vérité :

de tout ce qui fut

rien n'a changé,

identique là-haut tourne le ciel,

identique ici-bas s'étend la terre.

Mais un chant s'est élevé au loin,

ample et mystérieux au loin.

Comme cercueils enfouis qui se défont

et s'en envolent

alouettes innombrables vers le ciel.

Homme, le jour dernier

est comme tout autre jour.

Ploie les genoux,

tords-toi les mains,

ouvre les yeux et étonne-toi.

Homme, je t'en dirais davantage,

mais à quoi bon ? -

D'ailleurs des étoiles se lèvent

qui me font signe de me taire



qui me font signe de me taire.


Auteur: Blaga Lucian

Info: Le secret de l'initié, traduit du roumain par Jean Poncet

[ poème ] [ révélation ] [ à quoi ça sert ? ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-par-femme

Une femme humiliée est une bombe à mèche lente; si on l'oublie, elle peut s'éprendre de destruction comme elle s'était éprise d'amour.

Auteur: Piersanti Gilda

Info: Illusion tragique

[ racunières ] [ réversibles ] [ rancunières ]

 

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Ajouté à la BD par miguel