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théologiens chrétiens

[Pour Saint Augustin] Les essences finies s’étagent selon des degrés d’être. Au sommet se trouve l’essence suprême, qui n’est pas plus ou moins, mais, purement et simplement, est l’essence suprême. […] Saint Thomas concède sans réserve que Dieu est l’essence suprême ; il précise seulement que Dieu n’a pas d’essence qui ne soit son être ; Deus igitur non habet essentiam quae non sit suum esse (Contra Gentiles. I, 22, 2). C’est à ce moment précis qu’on dépasse la théologie d’Augustin pour entrer dans celle de Thomas d’Aquin. Le passage présuppose que l’on ait déjà conçu, ou que l’on conçoive au même moment, la notion de l’être comme acte au-delà de l’essence ou, si l’on préfère, celle d’une essence dont toute l’essentialité soit d’être. Augustin n’y a pas pensé. Jean Damascène, Anselme d’Aoste n’y ont pas pensé.

Auteur: Gilson Etienne

Info: Introduction à la philosophie chrétienne, Vrin, 2011, pages 109-110

[ évolution ] [ continuité ] [ différence ]

 
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théologiens chrétiens

Venu après lui, il [Duns Scot] ne croit pas pouvoir le [Saint Thomas d’Aquin] suivre. Qu’est-ce que cet esse thomiste, qui s’ajouterait au réel pour le faire être, comme si ce qui est avait encore besoin qu’on le fasse exister ? Je ne comprends pas, dit Duns Scot. En effet, pour lui, l’être est l’essence même, et puisque l’essence est l’être, elle ne supporte aucune addition : nullum esse dicit aliquid additum essentiae. Ainsi pensent encore les scotistes. Et pourquoi les combattre ? […] Pourquoi le Scotiste accepterait-il de remplacer une notion éminemment satisfaisante pour l’esprit par une que ceux mêmes qui la proposent tiennent pour difficile à concevoir ? Sans doute, il y a des difficultés, car le réel proprement dit n’est pas l’essence, mais l’individu, et il y a dans l’individu plus que l’essence. Comment, à partir de l’essence, expliquer l’individualité ? La réponse est connue et l’école scotiste se fait souvent gloire du sens aigu de l’individuel dont elle fait preuve. Et à bon droit, mais l’heccéité n’occupe dans le scotisme une telle place que parce qu’il faut beaucoup s’efforcer pour lui en trouver une. C’est la difficulté d’expliquer l’individu à partir de sa propre notion de l’être qui a fait du scotisme une métaphysique de l’individuel. Salutaire avertissement à tant de thomistes qui confondent individuation et individualité, car si la métaphysique de l’esse n’expliquait pas l’individualité mieux encore que celle de l’essence, il y aurait lieu de la réviser. […] L’esse, qui n’est pas le principe d’individuation, est l’acte premier de toute individualité, et il est bon de s’en souvenir.

Auteur: Gilson Etienne

Info: Introduction à la philosophie chrétienne, Vrin, 2011, pages 98-99

[ acte d'être ] [ question ] [ différence ] [ incomplétude ]

 

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théologiens chrétiens

[…] Dieu connaît, Dieu se connaît, Dieu se comprend soi-même, Dieu connaît d’une connaissance qui est sa substance même, c’est-à-dire son être […].

Une perspective nouvelle paraît néanmoins s’ouvrir avec la question suivante, De ideis (ST. I, 15). Après avoir considéré la science de Dieu, dit Saint Thomas, il reste à prendre en considération les idées. On peut se demander pourquoi. Ayant déjà fondé la connaissance divine du singulier sur ce qui, de toute manière, doit en être l’ultime fondement – ipsum Esse – pourquoi ajouter à la doctrine cette sorte d’enclave consacrée aux idées : y a-t-il des Idées ? Y en a-t-il plusieurs, ou une seule ? Y en a-t-il de tout ce que Dieu connaît ?

La réponse est donnée par le Sed contra du premier de ces trois articles : oui, il est nécessaire de poser des idées dans la pensée divine, parce que, selon Saint Augustin, leur importance est telle qu’à moins de les comprendre, nul ne saurait être un sage. […] C’est par les Idées que Dieu devient pour nous causa subsistendi, ratio intelligendi et ordo vivendi. […]

Théologien, il [saint Thomas d’Aquin] s’impose le devoir de montrer en quel sens la doctrine augustinienne des Idées peut être rattachée à la vérité philosophique la plus stricte qui, elle, ne bouge pas. Thomas prend ici l’augustinisme en remorque. On le voit bien à l’aspect d’enclave augustino-platonicienne qu’offre si visiblement cette question XV De Ideis. Idée veut dire forme ; les formes sont, soit à l’état de nature dans les choses, soit, dans l’intellect spéculatif, comme ressemblances des formes des choses naturelles, soit enfin, dans l’intellect pratique, comme modèles des choses à faire. Il y a la forme de la maison, il y a cette forme de la maison connue par l’intellect de celui qui la voit, et il y a la forme de cette même maison prévue par l’intellect de l’architecte qui va la construire. Saint Thomas propose ingénieusement de réserver le nom d’Idée, plutôt à ce troisième mode d’existence de la forme. Il sait bien qu’absolument parlant, on ne peut attribuer à Dieu des Idées sans lui en attribuer de spéculatives aussi bien que de pratiques. Le Soleil Intelligible de Platon, de Plotin et d’Augustin, a des pensées aussi bien que des projets. Saint Thomas sait encore mieux que sa propre doctrine contient éminemment la vérité de l’augustinisme et qu’elle peut s’en passer. Dieu connaît parfaitement sa propre essence (qui est son esse) ; il la connaît donc de toutes les manières dont elle est connaissable […]. En d’autres termes, on peut appeler Idée divine la connaissance qu’a l’essence divine de son imitabilité par une essence finie particulière. La doctrine augustinienne des Idées est donc vraie, mais on le savait d’avance, car l’intellect de Dieu étant son essence même, il est évident que son essence et la connaissance qu’il en a ne font qu’un ; c’est donc une seule et même chose, pour Dieu, que d’être et que d’être les Idées de toutes les créatures finies actuelles ou possibles. Ce n’est pas dire que le mot Idée n’a pas de sens propre, mais ce sens n’affecte pas l’essence divine elle-même ; Dieu n’a pas d’Idée de Dieu ; la pluralité des Idées, connue par Dieu, n’est une pluralité de natures que dans les choses […]. Saint Thomas n’adapte donc pas sa propre pensée à celle de Saint Augustin, mais il accueille la vérité de celle-ci et lui fait place. 

Auteur: Gilson Etienne

Info: Introduction à la philosophie chrétienne, Vrin, 2011, pages 169-171

[ continuité ] [ champ catégoriel ] [ référentiel discursif ] [ exactitude relative ]

 

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