Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info
Rechercher par n'importe quelle lettre



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits... Recherche mots ou phrases tous azimuts... Outil de précision sémantique et de réflexion communautaire... Voir aussi la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats ... Lire la suite >>
Résultat(s): 724
Temps de recherche: 0.0423s

histoire de la psychanalyse

Freud est parti d’une conception du système nerveux selon laquelle il tend toujours à retourner à un point d’équilibre. C’est de là qu’il est parti, parce que c’était alors une nécessité qui s’imposait à l’esprit de tout médecin de cet âge scientifique, s’occupant du corps humain.

[...] Freud a tenté d’édifier sur cette base une théorie du fonctionnement du système nerveux, en montrant que le cerveau opère comme organe-tampon entre l’homme et la réalité, comme organe d’homéostat. Et il vient alors buter, il achoppe, sur le rêve. Il s’aperçoit que le cerveau est une machine à rêver. Et c’est dans la machine à rêver qu’il retrouve ce qui y était déjà depuis toujours et dont on ne s’était pas aperçu, à savoir que c’est au niveau du plus organique et du plus simple, du plus immédiat et du moins maniable, au niveau du plus inconscient, que le sens et la parole se révèlent et se développent dans leur entier.

D’où la révolution complète de sa pensée, et le passage à la Traumdeutung. On dit qu’il abandonne une perspective physiologisante pour une perspective psychologisante. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il découvre le fonctionnement du symbole comme tel, la manifestation du symbole à l’état dialectique, à l’état sémantique, dans ses déplacements, les calembours, les jeux de mots, rigolades fonctionnant toutes seules dans la machine à rêver. [...] C’est un tournant tel qu’il n’a pas su du tout ce qui lui arrivait. Il a fallu qu’il parcoure encore vingt ans d’une existence déjà très avancée au moment de cette découverte, pour pouvoir se retourner sur ses prémisses, et tâcher de retrouver ce que ça veut dire sur le plan énergétique. Voilà ce qui lui a imposé l’élaboration nouvelle de l’au-delà du principe du plaisir et de l’instinct de mort.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre II", "Le moi dans la théorie de Freud", pages 109-110

[ historique ] [ deuxième topique ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

division structurelle

Á un système qui lui-même, de sa propre pente, va essentiellement vers le leurre... vers l’erreur, vers quelque chose qui pointe dans le fait que cet organisme semble tout entier fait, non pour satisfaire le besoin, mais pour halluciner le besoin ...il convient que s’oppose un autre appareil. Et là je ne force pas la note, FREUD lui-même entend bien qu’il doit y avoir une sorte de distinction entre les appareils dont il avoue ne voir aucune trace dans ces supports anatomiques.

Il faut supposer un autre appareil qui vient là entrer en jeu pour exercer un principe, une instance de réalité qui se présentera comme essentiellement un principe de correction, de rappel à l’ordre. Le principe de réalité, c’est-à-dire tout ce à quoi doit, en fin de compte - le fonctionnement de l’appareil neuronique - son efficace, se présente comme un appareil qui va beaucoup plus loin dans le sens d’opposition que le simple contrôle. Il s’agit de la rectification et aussi bien d’ailleurs toute façon d’opérer ne sera que le détour de précaution, de retouche, de retenue dirai-je, pour caractériser essentiellement le mode sur lequel ce principe s’exerce et fonctionne.

Principe de retenue qui vient ici en somme pour corriger, compenser, fondamentalement s’opposer à ce qui paraît être la pente fondamentale de l’appareil psychique. Jamais personne, jamais aucun système possible de reconstitution de l’action humaine n’avait été aussi loin dans le caractère fondamentalement conflictuel, introduit à la base, au principe même de ce que comporte normalement l’affrontement d’un organisme qui semble en principe, après tout, disons-le, plutôt destiné à vivre. Et aucun n’avait poussé plus loin dans les présupposés, explications à donner de cet organisme dans le sens d’une inadéquation radicale pour autant que le dédoublement des systèmes se pose au principe, comme fait pour aller contre l’inadéquation foncière d’un des deux.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire VII, L'Ethique, 25 novembre 1959

[ antagonisme ] [ forces contraires ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

sexuation

[...] le phallus se trouve être cet élément imaginaire [...] par lequel le sujet, au niveau génital, est introduit dans la symbolique du don.

La symbolique du don et la maturation génitale, qui sont deux choses différentes, sont pourtant liées par un facteur qui est inclus dans la situation humaine réelle, à savoir les règles instaurées par la loi quant à l’exercice des fonctions génitales, en tant qu’elles viennent effectivement en jeu dans l’échange interhumain. [...] Il s’avère [...] que le fantasme du phallus, au niveau génital, prend sa valeur à l’intérieur de la symbolique du don. [...]

L’enfant femelle, c’est en tant qu’elle ne possède pas le phallus qu’elle est introduite à la symbolique du don. C’est en tant qu’elle phallicise la situation, c’est-à-dire qu’il s’agit d’avoir ou de n’avoir pas le phallus, qu’elle entre dans le complexe d’Œdipe. Le garçon, [...] ce n’est pas par là qu’il y entre, c’est par là qu’il en sort. A la fin du complexe d’Œdipe, au moment où il réalise sur un certain plan la symbolique du don, il faut qu’il fasse don de ce qu’il a. La fille, si elle entre dans le complexe d’Œdipe, c’est pour autant que ce qu’elle n’a pas, elle a à le trouver dans le complexe d’Œdipe.

Ce qu’elle n’a pas, qu’est-ce à dire ? Nous sommes déjà ici au niveau où un élément imaginaire entre dans une dialectique symbolique. Or, dans une dialectique symbolique, ce qu’on n’a pas est tout aussi existant que le reste. Simplement, c’est marqué du signe moins. Elle entre donc avec ce moins, comme le garçon avec le plus. Reste qu’il faut qu’il y ait quelque chose pour qu’on puisse mettre plus ou moins, présence ou absence. Ce dont il s’agit et qui est là en jeu, c’est le phallus.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 170-171

[ concept psychanalytique ] [ réel-symbolique-imaginaire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

réel-symbolique-imaginaire

[...] que se passe-t-il si l’agent symbolique, le terme essentiel de la relation de l’enfant à l’objet réel, la mère comme telle, ne répond plus ? Si à l’appel du sujet, elle ne répond plus ?

Donnons la réponse nous-mêmes. Elle déchoit. Alors qu’elle était inscrite dans la structuration symbolique qui la faisait objet présent-absent en fonction de l’appel – elle devient réelle. [...]

Lorsqu’elle ne répond plus, lorsque, en quelque sorte, elle ne répond plus qu’à son gré, elle sort de la structuration, et elle devient réelle, c’est-à-dire qu’elle devient une puissance. [...]

Corrélativement se produit un renversement de la position de l’objet. Tant qu’il s’agit d’une relation réelle, le sein – prenons-le comme exemple – on peut le faire aussi enveloppant que l’on veut. Par contre, à partir du moment où la mère devient puissance, et comme telle réelle, et que c’est d’elle que manifestement dépend pour l’enfant l’accès aux objets, que se passe-t-il ? Ces objets qui étaient jusque-là, purement et simplement, objets de satisfaction, deviennent de la part de cette puissance, objets de don. Et les voilà maintenant, de la même façon, ni plus ni moins, que la mère jusqu’à présent, susceptibles d’entrer dans la connotation présence-absence [ordre symbolique], comme dépendant de cet objet réel qu’est désormais la puissance maternelle. [...] les objets que l’enfant veut retenir auprès de lui, ne sont plus tellement des objets de satisfaction, mais ils sont la marque de la valeur de cette puissance qui peut ne pas répondre, et qui est la puissance de la mère.

En d’autres termes, la position s’est renversée – la mère est devenue réelle, et l’objet symbolique. [...] L’objet a dès lors deux ordres de propriété satisfaisante, il est deux fois objet possible de satisfaction – comme précédemment, il satisfait à un besoin, mais aussi il symbolise une puissance favorable.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 91 à 93

[ toute-puissance maternelle ] [ mère-enfant ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

souffrance

Tous ceux qui se manifestent comme ayant pénétré, comme manifestant les exigences de ce champ [de la douleur], sont-ils en fin de compte des masochistes ? Je vous dis tout de suite que je ne le crois pas.

Le masochisme - phénomène marginal - a en lui quelque chose de quasi caricatural qu’après tout, les explorations moralistes de la fin du XIXème siècle ont assez bien dénudé. C’est qu’en quelque sorte cette douleur masochiste finit par ressembler, dans son économie, à celle des biens. On veut partager la douleur comme on partage des tas d’autres choses, du reste c’est tout juste si on ne se bat pas autour.

Mais est-ce qu’il ne s’agit pas là de quelque chose où intervient la reprise - reprise panique - dans cette dialectique, des biens ? À vrai dire, tout dans le comportement du masochiste - je parle du masochiste pervers - nous indique que c’est bien là quelque chose qui est structural dans son comportement. Lisez Monsieur DE SACHER MASOCH, auteur fortement instructif encore que de beaucoup moins grande envergure que SADE. Vous y verrez qu’au dernier terme, le désir de se réduire soi-même à ce rien qu’est un bien, cette chose qu’on traite comme un objet, cet esclave qu’on se transmet et qu’on partage et qu’on tient pour ce rien qui est un bien, est véritablement la véritable pointe d’horizon où se projette la position du masochiste pervers.

Il ne faut jamais aller trop vite dans la rupture des homonymies inventives. Que le masochisme ait été appelé masochisme aussi loin que la psychanalyse l’a fait, n’est sans doute pas sans raison. Je crois que l’unité qui se dégage de tous les champs où la pensée analytique a étiqueté le masochisme, est très précisément fait de ce quelque chose qui, toujours dans tous ces champs, fait participer la douleur du caractère d’un bien.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ analogie structurelle ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

castration

C’est donc sur le plan de la privation de la mère qu’à un moment donné de l’évolution de l’Œdipe la question se pose pour le sujet d’accepter, d’enregistrer, de symboliser lui-même, de rendre signifiante, cette privation dont la mère s’avère être l’objet. Cette privation, le sujet enfantin l’assume ou ne l’assume pas, l’accepte ou la refuse. Ce point est essentiel. [...]

[...] dans la mesure où l’enfant ne franchit pas ce point nodal, c’est-à-dire n’accepte pas la privation du phallus sur la mère opérée par le père, il maintient dans la règle – la corrélation est fondée dans la structure – une certaine forme d’identification à l’objet de la mère, cet objet que je vous représente depuis l’origine comme un objet-rival, pour employer le mot qui surgit là, et ce, qu’il s’agisse de phobie, de névrose ou de perversion. [...] quelle est la configuration du rapport à la mère, au père, et au phallus, qui fait que l’enfant n’accepte pas que la mère soit privée par le père de l’objet de son désir ? Dans quelle mesure faut-il dans tel cas pointer qu’en corrélation avec ce rapport, l’enfant maintient son identification au phallus ?

[...] Sur le plan imaginaire, il s’agit pour le sujet d’être ou de n’être pas le phallus. La phase qui est à traverser met le sujet en position de choisir.

Mettez aussi ce choisir entre guillemets, car le sujet y est aussi passif qu’il est actif, pour la bonne raison que ce n’est pas lui qui tire les ficelles du symbolique. La phrase a été commencée avant lui, a été commencée par ses parents, et ce à quoi je vais vous amener, c’est précisément au rapport de chacun de ces parents à cette phrase commencée, et à la façon dont il convient que la phrase soit soutenue par une certaine position réciproque des parents par rapport à cette phrase.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 185-186

[ topologie psychanalytique ] [ dépositaire d'un discours ] [ déterminisme partiel ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Il [Freud] nous a dit ici :

– que l’analyste n’avait véritablement, sur le fond, sur la nature de ce qui se manifestait de création dans le beau, rien à dire,

– que dans le domaine chiffré, à proprement parler, de la valeur de l’œuvre d’art comme telle, nous nous trouvons en position, je ne dirai même pas d’écoliers, en position de gens qui pourront ramasser les indices, les miettes et assurément pas à même d’articuler ce dont il s’agit dans la création elle-même.

Ceci n’est pas tout. Et le texte, là-dessus, de FREUD se montre très faible.

C’est à ce titre que les choses deviennent tout à fait claires dès l’abord, dès que nous devons approcher les définitions qu’il donne de la sublimation- pour autant que c’est elle qui est en jeu dans la création de l’artiste - il ne fait strictement rien d’autre que nous montrer le contrecoup, je dirai la revenue des effets de ce qui se passe quelque part au niveau de la sublimation de la pulsion ou de l’instinct quand le résultat, l’œuvre du créateur de beau, revient - où ? - dans ce champ des biens, à savoir quand ils sont devenus marchandises.

Le caractère quasi grotesque de cette espèce de résumé que nous donne FREUD de ce qu’est en somme la carrière de l’artiste, c’est à savoir de donner forme belle au désir interdit pour que chacun, en lui achetant son petit produit d’art, lui donne, en quelque sorte, la récompense et la sanction de son audace.

C’est bien là une façon de court-circuiter tout ce problème et d’une façon si manifestement visible quand s’y ajoute le fait que FREUD écarte de lui, comme une question qui est hors de la portée de notre expérience, le problème de la création, qu’elle soit littéraire ou de toute autre façon artistique : il a parfaitement conscience des limites dans lesquelles il se confine.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ psychanalyse ] [ critique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

irrationnel

La différence entre ce qui marche et ce qui ne marche pas, c’est que la première chose, c’est le monde, le monde va, il tourne rond, c’est sa fonction de monde ; pour s’apercevoir qu’il n’y a pas de monde, à savoir qu’il y a des choses que seuls les imbéciles croient être dans le monde, il suffit de remarquer qu’il y a des choses qui font que le monde est immonde, si je puis m’exprimer ainsi ; c’est de ça que s’occupent les analystes ; de sorte que, contrairement à ce qu’on croit, ils sont beaucoup plus affrontés au réel même que les savants ; ils ne s’occupent que de ça.
Et comme le réel, c’est ce qui ne marche pas, ils sont en plus forcés de le subir, c’est-à-dire forcés tout le temps de tendre le dos.
Il faut pour ça qu’ils soient vachement cuirassés contre l’angoisse.
C’est déjà quelque chose qu’au moins ils puissent, de l’angoisse, en parler.
J’en ai parlé un peu à un moment. ça a fait un peu d’effet ; ça a fait un peu tourbillon.
Il y a un type qui est venu me voir à la suite de ça, un de mes élèves, quelqu’un qui avait suivi le séminaire sur l’angoisse pendant toute une année, qui est venu, il était absolument enthousiasmé, c’était justement l’année où s’est passée, dans la psychanalyse française (enfin ce qu’on appelle comme ça) la deuxième scission ; il était si enthousiasmé qu’il a pensé qu’il fallait me mettre dans un sac et me noyer ; il m’aimait tellement que c’était la seule conclusion qui lui paraissait possible.
Je l’ai engueulé ; je l’ai même foutu dehors, avec des mots injurieux. ça ne l’a pas empêché de survivre, et même de se rallier à mon école finalement.
Vous voyez comment sont les choses.
Les choses sont faites de drôleries.
C’est comme ça peut-être ce qu’on peut espérer d’un avenir de la psychanalyse, c’est si elle se voue suffisamment à la drôlerie.

Auteur: Lacan Jacques

Info:

[ dérision ] [ objectif ] [ anecdote ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

religion

Le monothéisme intéresse Freud en quel sens ? Il sait certes aussi bien que tel de ses disciples que les dieux sont innombrables et mouvants comme les figures du désir. Qu’ils en sont les métaphores vivantes. Mais non pas le seul Dieu. Et s’il va rechercher le prototype dans un modèle historique, le modèle visible du Soleil, de la première révolution religieuse égyptienne, d’Akhenaton, c’est pour rejoindre le modèle spirituel de sa propre tradition, le Dieu des dix commandements. Le premier, il semble l’adopter en faisant de Moïse un égyptien – pour répudier ce que j’appellerais la racine raciale du phénomène, la Volkspsychologie de la chose ; le deuxième, lui fait enfin articuler comme tel, dans son exposé, la primauté́ de l’invisible en tant qu’elle est la caractéristique de la promotion du lien paternel, fondé sur la foi et la loi.



La promotion du lien paternel sur le lien maternel, qui, lui, est fondé sur la charnalité́ manifeste, ce sont les termes mêmes dont Freud se sert. La valeur sublimatoire, si je puis m’exprimer ainsi, de la fonction du Père est soulignée en propres termes en même temps qu’affleure la forme proprement verbale, voire poétique, de sa conséquence, puisque c’est à la tradition des prophètes qu’il remet la charge historique de faire progressivement affleurer au cours des âges, le retour d’un monothéisme refoulé comme tel par une tradition sacerdotale plus formaliste dans l’histoire d’Israël – préparant en somme en image et selon les écritures, la possibilité́ de la répétition de l’attentat contre le Père primordial dans (c’est toujours Freud qui écrit) le drame de la Rédemption où il devient patent.



Il me semble important de souligner ces traits essentiels de la doctrine freudienne, car auprès de ce que ceci représente de courage, d’attention, d’affrontement à la vraie question, il me parait de peu d’importance de savoir ou de faire grief à Freud qu’il ne croie pas que Dieu existe ou même qu’il croie que Dieu n’existe pas.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Conférence de Bruxelles sur l'éthique de la psychanalyse, 9 mars 1960

[ psychanalyse ] [ nom-du-père ] [ fonction paternelle ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

envie

La référence du sujet à tout autre, quel qu’il soit, a quelque chose de dérisoire, quand nous le voyons - nous qui en voyons tout de même quelques-uns, voire beaucoup - se référer toujours à l’autre comme à quelqu’un qui lui, vit dans l’équilibre, en tout cas en plus heureux : lui-même ne se pose pas de question, dort sur les deux oreilles.

Nous n’avons pas besoin d’avoir vu l’autre, si solide, si bien assis soit-il, venir s’étendre sur notre divan pour savoir ce que ce mirage... cette distance, cette référence de la dialectique du bien à quelque chose au-delà, à quelque chose que, pour illustrer ce que je veux vous dire, j’appellerai "le bien, n’y touchez pas" ...est le texte même de notre expérience. 

Je dirai plus : ce registre d’une jouissance comme étant ce qui comme tel, n’est accessible qu’à l’autre, est la seule dimension dans laquelle nous puissions situer ce malaise singulier et si fondamental que seule, je crois - et je me trompe peut-être - mais en tout cas que la langue allemande, avec d’autres nuances psychologiques très singulières de la béance humaine, a su noter sous le terme Lebensleid.

Ce n’est pas une jalousie ordinaire, c’est même la chose la plus étrange et la plus singulière, c’est cette jalousie qui peut naître dans un sujet par rapport à un autre, pour autant que l’autre est justement perçu comme pouvant participer d’une certaine forme de jouissance, de surabondance vitale en tant qu’elle est, à proprement parler, conçue et aperçue par le sujet comme étant ce qu’il ne peut lui-même appréhender par la voie de quelque mouvement futile le plus affectif, le plus élémentaire.

Est-ce qu’il n’y a pas là quelque chose de vraiment singulier : qu’un être s’avère, s’avoue, se manifeste comme jalousant chez l’autre - et jusqu’à en faire surgir la haine et le besoin de destruction - ce qu’il n’est d’aucune façon capable même d’appréhender par aucune voie intuitive ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ traduction ] [ question ] [ privation ] [ imaginaire ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson