En route, ce que nous voyons, c’est cette comparaison qui, au moment où elle est instaurée, est poussée à ce moment-là fort loin, où il [Socrate] est comparé avec le satyre MARSYAS, et malgré sa protestation : "Eh, assurément il n’est pas flûtiste !", ALCIBIADE revient, appuie et compare ici SOCRATE à un "satyre", pas simplement de la forme d’une boîte, d’un objet plus ou moins dérisoire, mais au satyre MARSYAS nommément, en tant que quand il entre en action, chacun sait par la légende que le charme de son chant se dégage. Le charme est tel qu’il a encouru la jalousie d’APOLLON, ce MARSYAS. APOLLON le fait écorcher pour avoir osé rivaliser avec la musique suprême, la musique divine.
La seule différence, dit-il, entre SOCRATE et lui, c’est qu’en effet SOCRATE n’est pas flûtiste : ce n’est pas par la musique qu’il opère et pourtant le résultat est exactement du même ordre. Et ici il convient de nous référer à ce que PLATON explique dans le Phèdre concernant les états, si l’on peut dire, "supérieurs" de l’inspiration tels qu’ils sont produits au-delà du franchissement de la beauté. Parmi les diverses formes de ce franchissement - que je ne reprends pas ici - il y a celles par lesquelles se révèlent les hommes qui sont δεομένους [deomenous] qui ont reçu des dieux des initiations. Pour ceux-là, le cheminement, la voie, consiste en moyens parmi lesquels celui de l’ivresse produite par une certaine musique, produisant chez eux cet état qu’on appelle de "possession".
Ce n’est ni plus ni moins à cet état qu’ALCIBIADE se réfère quand il dit que c’est ce que SOCRATE produit, lui, par des paroles, par des paroles qui sont, elles, sans accompagnement, sans instruments : il produit exactement le même effet par ses paroles.
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Info: 8 février 1960 - l'extrait fait ici référence au Banquet de Platon
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