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appréhension extérieure

Sans doute, après que Freud eut inventé la psychanalyse, est-elle longtemps demeurée une science scandaleuse et subversive. Il ne s’agissait pas de savoir si l’on y croyait ou non, on s’y opposait violemment sous le prétexte que les gens psychanalysés seraient déchaînés, s’abandonneraient à tous leurs désirs, se livreraient à n’importe quoi…

Aujourd’hui, admise ou non en tant que science, la psychanalyse est entrée dans nos mœurs et les positions se sont renversées : c’est lorsque quelqu’un ne se conduit pas normalement, lorsqu’il agit d’une façon jugée "scandaleuse" par son entourage, qu’on parle de l’envoyer chez le psychanalyste !

Tout cela entre dans ce que j’appellerai non pas du terme trop technique de "résistance à l’analyse", mais d’"objection massive".

La peur de perdre son originalité, d’être réduit au niveau commun, n’est pas moins fréquente. Il faut dire que sur cette notion "d’adaptation" il s’est produit ces derniers temps une doctrine de nature à engendrer la confusion et à partir de là l’inquiétude.

On a écrit que l’analyse a pour but d’adapter le sujet, pas tout à fait au milieu extérieur, disons à sa vie, ou à ses véritables besoins ; cela signifie nettement que la sanction d’une analyse serait qu’on est devenu père parfait, époux modèle, citoyen idéal, enfin qu’on est quelqu’un qui ne discute plus de rien.

Ce qui est tout à fait faux, aussi faux que le premier préjugé qui voyait dans la psychanalyse un moyen de se libérer de toute contrainte.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Entretien avec Jacques Lacan paru dans L'Express du 31 mai 1957.

[ opinions ] [ évolution ] [ réfutation ]

 
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psychanalyse

L’analyse n’est pas une simple reconstitution du passé, l’analyse n’est pas non plus une réduction à des normes préformées, l’analyse n’est pas un épos, l’analyse n’est pas un éthos. Si je devais la comparer à quelque chose, ce serait à un récit qui serait lui-même le lieu de la rencontre dont il s’agit dans le récit.

Le problème de l’analyse réside dans la situation paradoxale où se trouve le désir de l’Autre que le sujet a à rencontrer, notre désir, qui n’est que trop présent dans ce que le sujet suppose que nous lui demandons. En effet, le désir de l’Autre qu’est pour nous le désir du sujet, nous ne devons pas le guider vers notre désir, mais vers un autre. Nous mûrissons le désir du sujet pour un autre que nous. Nous nous trouvons dans la position paradoxale d’être les entremetteurs du désir, ou ses accoucheurs, ceux qui président à son avènement. [...]

Sans doute l’analyse est-elle une situation où l’analyste s’offre comme support à toutes les demandes et ne répond à aucune, mais est-ce seulement dans cette non-réponse – qui est bien loin d’être une non-réponse absolue – que se trouve le ressort de notre présence ? Ne faut-il pas faire une part essentielle à un élément qui est immanent à la situation, et qui se reproduit à la fin de chaque séance ? J’entends, ce vide auquel notre désir doit se limiter, cette place que nous laissons au désir pour qu’il s’y situe – bref, la coupure.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 572

[ difficulté ] [ distanciation ] [ sans mémoire sans désir ]

 

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réflexivité révolutionnaire

Si l’inconscient est bien ce dont je vous ai dit aujourd’hui le support, à savoir un savoir, c’est que tout ce que j’ai voulu vous dire cette année à propos des non-dupes qui errent, ça veut dire que : qui n’est pas amoureux de son inconscient erre.

Ça ne dit rien du tout contre les siècles passés.

Ils étaient tout autant que les autres amoureux de leur inconscient et donc, ils n’ont pas erré.

Simplement, ils ne savaient pas où ils allaient, mais pour être amoureux de leur inconscient, ils l’étaient !

Ils s’imaginaient que c’était la connaissance.

Car il n’y a pas besoin de se savoir amoureux de son inconscient pour ne pas errer, il n’y a qu’à se laisser faire, en être la dupe.

Pour la première fois dans l’histoire, il vous est possible, à vous d’errer, c’est-à-dire de refuser d’aimer votre inconscient, puisqu’enfin vous savez ce que c’est : un savoir, un savoir emmerdant.

Mais c’est peut-être dans cette erre, e, deux r, e, vous savez, ce truc qui tire, là, quand le navire se laisse balancer — c’est peut-être là que nous pouvons parier de retrouver le Réel un peu plus dans la suite, nous apercevoir que l’inconscient est peut-être sans doute dysharmonique, mais que peut-être il nous mène à un peu plus de ce Réel qu’à ce très peu de réalité qui est la nôtre, celle du fantasme, qu’il nous mène au-delà : au pur Réel.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séance du 11 juin 1974 "Les non-dupes errent"

[ lucidité ] [ distanciation ] [ négation créatrice ]

 
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maître-esclave

Lacan – Si vous aviez un peu de patience et si vous vouliez bien que nos impromptus continuent, je vous dirais que l’aspiration révolutionnaire, ça n’a qu’une chance d’aboutir, toujours, au discours du maître. C’est ce que l’expérience en a fait la preuve.

Ce à quoi vous aspirez comme révolutionnaire, c’est à un Maître. Vous l’aurez.

Intervention – On l’a déjà, on a Pompidou !

Lacan – Vous vous imaginez que vous avez un maître avec Pompidou ! Alors ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire… Moi aussi j’aimerais vous poser des questions. Pour qui, ici, a un sens, le mot Libéral ?

Intervention – Pompidou est libéral, Lacan aussi.

Lacan – Je ne suis libéral, comme tout le monde, que dans la mesure où je suis anti-progressiste. À ceci près que je suis pris dans un mouvement qui mérite de s’appeler progressiste, car il est progressiste de voir se fonder le discours psychanalytique pour autant que celui-là complète le cercle qui pourrait peut-être vous permettre de situer ce dont il s’agit exactement, de ce contre quoi vous vous révoltez. Ce qui n’empêche pas que ça continue foutrement bien. Et les premiers à y collaborer, et ici même à Vincennes, c’est vous, car vous jouez la fonction des ilotes de ce régime. Vous ne savez pas non plus ce que ça veut dire ? Le régime vous montre. Il dit : "Regardez-les jouir"…

Bien. Voilà. Au revoir pour aujourd’hui. Bye.

C’est terminé.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 1969. Lacan à Vincennes. Texte publié dans le Magazine Littéraire Spécial Lacan n° 121 de Février 1977

[ reconduction du pouvoir ] [ contestation ] [ psychanalyse ] [ plus-de-jouir ] [ idiots utiles ] [ universitaires ]

 

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psychanalyse

Revenons maintenant au livre qu'on appelle : La science des rêves (Traumdeutung), mantique plutôt, ou mieux signifiance.

Freud ne prétend pas du tout y épuiser du rêve les problèmes psychologiques. Qu'on le lise pour constater qu'à ces problèmes peu exploités (les recherches restent rares, sinon pauvres, sur l'espace et le temps dans le rêve, sur son étoffe sensorielle, rêve en couleur ou atonal, et l'odorant, le sapide et le grain tactile y viennent-ils, si le vertigineux, le turgide et le lourd y sont?), Freud ne touche pas. Dire que la doctrine freudienne est une psychologie est une équivoque grossière.

Freud est loin d'entretenir cette équivoque. Il nous avertit au contraire que dans le rêve ne l'intéresse que son élaboration. Qu'est-ce à dire? Exactement ce que nous traduisons par sa structure de langage. Comment Freud s'en serait-il avisé, puisque cette structure par Ferdinand de Saussure n'a été articulée que depuis? Si elle recouvre ses propres termes, il n'en est que plus saisissant que Freud l'ait anticipée. Mais où l'a-t-il découverte? Dans un flux signifiant dont le mystère consiste en ce que le sujet ne sait pas même où feindre d'en être l'organisateur.

Le faire s'y retrouver comme désirant, c'est à l'inverse de l'y faire se reconnaître comme sujet, car c'est comme en dérivation de la chaîne signifiante que court le ru du désir* et le sujet doit profiter d'une voie de bretelle pour y attraper son propre feed-back.

Le désir ne fait qu'assujettir ce que l'analyse subjective.

Auteur: Lacan Jacques

Info: La direction de la cure et les principes de son pouvoir. (* que charrie le ru du désir et qui échappe au sujet, fait rencontre, résonance avec l'autre et se concrétise avec l'enfant. Ajout de Mg )

[ courants contradictoires ] [ effets ]

 
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philosophie antique

Il [Platon] le fait raconter [le Banquet] par quelqu’un qui s’appelle APOLLODORE. Nous connaissons l’existence de ce personnage. Il existe historiquement et il est censé […] venir dans un temps daté à environ un peu plus d’une trentaine d’années avant la parution du Banquet si on prend la date d’à peu près -370 pour la sortie du Banquet. C’est avant la mort de SOCRATE [- 399] que se place ce que PLATON nous dit être le moment où est recueilli par APOLLODORE ce compte-rendu, reçu d’ARISTODÈME, de ce qui s’est passé 15 ans encore avant ce moment où il est censé le recevoir, puisque nous avons des raisons de savoir que c’est en 416 que se serait tenu ce prétendu Συμπόσιον auquel il [Aristodème] a assisté.

C’est donc 16 ans après, qu’un personnage extrait de sa mémoire le texte littéral de ce qui se serait dit. Donc, le moins qu’on puisse dire, c’est que PLATON prend tous les procédés nécessaires à nous faire croire tout au moins, à ce qui se pratiquait couramment et ce qui s’est toujours pratiqué dans ces phases de la culture, à savoir ce que j’ai appelé : "l’enregistrement sur cervelle". Il souligne [178a] que le même personnage, ARISTODÈME "n’avait pas gardé un entier souvenir", qu’il y a des bouts de la bande abîmés, que sur certains points il peut y avoir des manques. Tout ceci évidemment ne tranche pas absolument la question de la véracité historique mais a pourtant une grande vraisemblance. Si c’est un mensonge, c’est un mensonge beau.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 23 novembre 1960

[ transmission ] [ narration indirecte ] [ datation ] [ origine ]

 

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culpabilisation

Le Verbe s’est pour nous incarné. Il est venu au monde, et, contre la parole de l’Evangile, il n’est pas vrai que nous ne l’ayons pas reconnu. Nous l’avons reconnu, et nous vivons des suites de cette reconnaissance. Nous sommes à l’une des phases des conséquences de cette reconnaissance. […]

Le Verbe n’est point simplement pour nous la loi où nous nous insérons pour porter chacun la charge de la dette qui fait notre destin. Il ouvre pour nous la possibilité, la tentation d’où il est nous est possible de nous maudire, non pas seulement comme destinée particulière, comme vie, mais comme la voie même où le Verbe nous engage, et comme rencontre avec la vérité, comme heure de la vérité. Nous ne sommes plus seulement à portée d’être coupables par la dette symbolique. C’est d’avoir la dette à notre charge qui peut nous être, au sens le plus proche que ce mot indique, reprochée. Bref, c’est la dette elle-même où nous avions notre place qui peut nous être ravie, et c’est là que nous pouvons nous sentir à nous-mêmes totalement aliénés. Sans doute l’Atè antique nous rendait-elle coupables de cette dette, mais à y renoncer comme nous pouvons maintenant le faire, nous sommes chargés d’un malheur plus grand encore, de ce que ce destin ne soit plus rien.

Sans doute l’Atè antique nous rendait-elle coupables de cette dette, mais à y renoncer comme nous pouvons maintenant le faire, nous sommes chargés d’un malheur plus grand encore, de ce que ce destin ne soit plus rien.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Le séminaire, livre VIII : Le transfert . *Déesse qui incarnait la Faute et l'Égarement. pp 354-355

[ absurde ] [ garde-fou ] [ nécessaire ]

 
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analyste-analysant

[…] dans le principe de la situation le sujet est introduit comme digne d’intérêt, digne d’amour, comme ἐρώμενος [erômenos]. C’est pour lui qu’on est là, mais cela c’est l’effet si l’on peut dire "manifeste". Si nous admettons que l’effet "latent" est lié à sa non-science, à son inscience, son inscience c’est l’inscience de quoi ?

De ce quelque chose qui est justement l’objet de son désir d’une façon latente, je veux dire objective, structurale. Cet objet est déjà dans l’Autre, et c’est pour autant qu’il en est ainsi que - qu’il le sache ou pas - virtuellement, il est constitué comme ἐραστής [erastès : aimant], remplissant de ce seul fait, cette condition de métaphore, de substitution de l’ἐραστής [erastès] à l’ἐρώμενος [erômenos : aimé] dont nous avons dit qu’elle constitue, de par elle-même le phénomène de l’amour, et dont il n’est pas étonnant que nous voyions les effets flambants dans l’amour de transfert dès le début de l’analyse. Il n’y a pas lieu pour autant de voir là une contre-indication.

Et c’est bien là que se pose la question : du désir de l’analyste, et jusqu’à un certain point de sa responsabilité. Car à vrai dire, il suffit de supposer une chose pour que la situation soit - comme s’expriment les notaires à propos des contrats - parfaite. Il suffit que l’analyste - à son insu, même pour un instant - place son propre objet partiel, son ἄγαλμα [agalma], dans le patient auquel il a affaire, c’est là en effet qu’on peut parler d’une contre-indication. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 8 mars 1961

[ éthique ] [ cure analytique ] [ grand Autre ]

 

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philosophie

Je veux dire qu’il m’est, autant qu’à tout le monde, permis de relever que, dans la traduction latine que DESCARTES donne du Discours de la Méthode, très précisément en 1644, apparaît, comme traduction du "Je pense, donc je suis" : "Ergo sum sive existo". Et d’autre part dans les Méditations, dans la deuxième Méditation et juste après qu’il se sent quelque enthousiasme, il compare au point d’ARCHIMÈDE, ce point dont on peut tellement attendre, nous dit-il :

"Si je n’ai touché, je n’ai inventé (invenero), que celui-ci, minimum, qui comporte quelque chose de certain et d’inébranlable (certum sit & inconcussum)"

["Nihil nisi punctum petebat Archimedes, quod esset firmum & immobile, ut integram terram loco dimoveret ; magna quoque speranda sunt, si vel minimum quid invenero quod certum sit & inconcussum." Meditatio II, 3]

…que c’est dans le même texte qu’il formule cette formule qui n’est pas absolument identique : Ego sum, ego existo.

[ Haud dubie igitur ego etiam sum, si me fallit ; & fallat quantum potest, nunquam tamen efficiet, ut nihil sim quamdiu me aliquid esse cogitabo. Adeo ut, omnibus satis superque pensitatis, denique statuendum sit hoc pronuntiatum, Ego sum, ego existo, quoties a me profertur, vel mente concipitur, necessario esse verum. Meditatio II, 3 ]

Et qu’enfin dans les Principes de la recherche de la vérité par la lumière naturelle, c’est "dubito ergo sum", ce qui pour le psychanalyste, a une tout autre résonance, mais une résonnance où je n’essaierai pas aujourd’hui de m’engager, c’est un terrain trop glissant…

Auteur: Lacan Jacques

Info: 14 décembre 1966, La logique du fantasme

[ cogito cartésien ] [ traduction ] [ variantes ]

 

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manifestation signifiante

La notion de masque veut dire que le désir se présente sous une forme ambiguë qui ne nous permet justement pas d’orienter le sujet par rapport à tel ou tel objet de la situation. C’est un intérêt du sujet dans la situation comme telle, c’est-à-dire dans la relation de désir. [...]

[La] reconnaissance [du désir] tend à se faire jour, cherche sa voie, mais [...] ne se manifeste que par la création de ce que nous avons appelé le masque, qui est quelque chose de fermé. Cette reconnaissance du désir, c’est une reconnaissance par personne, qui ne vise personne, puisque personne ne peut la lire jusqu’au moment où quelqu’un commence d’en apprendre la clef. Cette reconnaissance se présente sous une forme close à l’autre. Reconnaissance du désir, donc, mais reconnaissance par personne.

D’autre part, en tant que c’est un désir de reconnaissance, c’est autre chose que le désir. D’ailleurs, on nous le dit bien – ce désir est un désir refoulé. C’est pour cela que notre intervention ajoute quelque chose de plus à la simple lecture. Ce désir est un désir que le sujet exclut en tant qu’il veut le faire reconnaître. Comme désir de reconnaissance, c’est un désir peut-être, mais en fin de compte, c’est un désir de rien. C’est un désir qui n’est pas là, un désir rejeté, exclu.

Ce double caractère du désir inconscient qui, en l’identifiant à son masque, en fait autre chose que quoi que ce soit qui soit dirigé vers un objet, nous ne devons jamais l’oublier.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 326-327

[ demande ] [ voilé ] [ résorption leurrante ]

 
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