Sans doute, après que Freud eut inventé la psychanalyse, est-elle longtemps demeurée une science scandaleuse et subversive. Il ne s’agissait pas de savoir si l’on y croyait ou non, on s’y opposait violemment sous le prétexte que les gens psychanalysés seraient déchaînés, s’abandonneraient à tous leurs désirs, se livreraient à n’importe quoi…
Aujourd’hui, admise ou non en tant que science, la psychanalyse est entrée dans nos mœurs et les positions se sont renversées : c’est lorsque quelqu’un ne se conduit pas normalement, lorsqu’il agit d’une façon jugée "scandaleuse" par son entourage, qu’on parle de l’envoyer chez le psychanalyste !
Tout cela entre dans ce que j’appellerai non pas du terme trop technique de "résistance à l’analyse", mais d’"objection massive".
La peur de perdre son originalité, d’être réduit au niveau commun, n’est pas moins fréquente. Il faut dire que sur cette notion "d’adaptation" il s’est produit ces derniers temps une doctrine de nature à engendrer la confusion et à partir de là l’inquiétude.
On a écrit que l’analyse a pour but d’adapter le sujet, pas tout à fait au milieu extérieur, disons à sa vie, ou à ses véritables besoins ; cela signifie nettement que la sanction d’une analyse serait qu’on est devenu père parfait, époux modèle, citoyen idéal, enfin qu’on est quelqu’un qui ne discute plus de rien.
Ce qui est tout à fait faux, aussi faux que le premier préjugé qui voyait dans la psychanalyse un moyen de se libérer de toute contrainte.
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Info: Entretien avec Jacques Lacan paru dans L'Express du 31 mai 1957.
Commentaires: 10
Coli Masson
17.08.2025
tant mieux!
miguel
13.08.2025
Ah ah ... ça devient très FLPien
Coli Masson
13.08.2025
La singularité donc le rejet du fantasme de l'objectivation des résultats.