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formulation

C’était l’accent du mot à sa naissance, directement émané de la chose elle-même, prononcé par quelqu’un qui s’en servait peut-être pour la première fois et qui, poussé par la nécessité, l’avait puisé au fond ancestral de la langue, sans le chercher, presque involontairement. Ainsi, parfois, le paysan, avec le jargon de son terroir, les mots qu'il estropie, les expressions archaïques qu’il emploie, prononce-t-il une phrase lumineuse de bon sens, de jugement pénétrant qui surprendrait dans une autre bouche et qui, venant de lui, émerveille et semble presque incroyable.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Le Mépris

[ précision ] [ sagesse ] [ synchronisation ] [ simplicité ] [ bon sens ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

touristes

Une voiture arrive à ce moment-là, elle s'arrête, deux petits Japonais, mari et femme, en descendent et, comme dans une pantomime, ils prennent quelques photos à toute vitesse : lui une photo d'elle, elle de lui, le panorama à droite, le panorama à gauche. Puis ils demandent à mon ami de les photographier ensemble, ce qu'il fait de bonne grâce. Les Japonais repartent en toute hâte ; mon ami me dit : "Tu as remarqué ? ils n'ont pas regardé le panorama, ils ne l'ont pas contemplé. Ils l'ont juste photographié."

Auteur: Moravia Alberto

Info: Lettres du Sahara

[ superficiels ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

simulation

Désidéria : Viola lui demandait toujours d'être sodomisée : C'était la forme d'érotisme qu'elle préférait. Mais dans la position qu'obligatoirement elle adoptait, elle ne pouvait pas voir le visage d'Érostrato, qui en profitait pour lui faire des grimaces, même lui tirer la langue pendant qu'il la pénétrait. Il se mettait aussi bien à gémir, à respirer bruyamment tout en restant de bois. Il finissait quelquefois par hurler, par lui planter ses dents dans la nuque, par enfoncer ses ongles dans ses épaules pour lui faire croire qu'il était en train de jouir.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Desideria

[ sexualité ] [ couple ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

supplice

Le désir charnel est peut-être la chose qui fait le plus souffrir. Lorsqu’il vous tient, il n’y a que deux manières de se comporter : on cherche à l’oublier, ou bien le satisfaire. On ne peut pas vivre avec un désir qui demeure longtemps insatisfait. Je suis prêt à jurer que, comme on ne résiste pas plus de quelques minutes à certaines températures, il est impossible de résister au désir plus de quelques heures. Alors Vladimiro, imagine un désir toujours aussi intense qui ne durerait ni quelques heures ni quelques jours, ni quelques mois, mais des années. Tu comprendras alors ce que je souffrais.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 166

[ sexuel ] [ tension extrême ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

roulage de pelle

Comment est-il, ce baiser ? 

C’est une sorte de tentative, en partie réussie, de m’engloutir à partir de la tête, comme le font, paraît-il, les boas du Brésil lorsqu’ils décident d’ingurgiter des proies beaucoup plus grosses qu’eux-mêmes. Démesurément large, toujours plus large à mesure qu’elle travaille, sa bouche se dilate, s’agrandit, absorbe tout mon visage, englobant mon nez, mes joues, mon menton. Je pense à la ventouse d’une grosse sangsue. Mais d’une vieille sangsue, molle, amorphe, terriblement vorace malgré le relâchement musculaire de la sénilité. Du tréfonds de sa gorge sa langue pointue s’introduit entre mes dents avec la rapidité et la violence de celle des serpents. 

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 254

[ bisou ] [ description ] [ dégoûtant ] [ cannibale ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

culpabilité

Une aspiration à être normal; une volonté d'adaptation à une règle reconnue et générale; un désir de ressembler aux autres puisque être différent signifiait être coupable. Mais l'artificiel et le voulu de sa conduite se trahissaient parfois dans le souvenir subit et douloureux du chat mort, étendu parmi les iris blancs et violets dans le jardin de Robert. Il était épouvanté par ce souvenir comme le débiteur au rappel de sa signature apposée au bas du document qui atteste sa dette. Par ce meurtre, il lui semblait avoir pris un engagement obscur et terrible auquel, tôt ou tard, il ne pourrait se soustraire, se cachât-il sous terre ou traversât-il les océans pour qu'on perdît sa trace.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Le Conformiste

[ conscience ] [ introspection ] [ remords ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

s'ennuyer

Quand j’étais enfant surtout, l’ennui assumait des formes tout à fait obscures pour moi et pour les autres, formes que j’étais incapable d’expliquer. En ces années-là, il m’arrivait de cesser brusquement de jouer et de rester des heures entières immobile, comme engourdi, accablé en réalité par le malaise que m’inspirait ce que j’ai appelé la flétrissure des objets, c’est-à-dire par l’obscure conscience qu’entre moi et les choses, il n’existait aucun rapport. Si, en de tels moments, ma mère entrait dans la chambre et me voyant muet, inerte et pâle de souffrance, me demandait ce que j’avais, je répondais invariablement: "je m’ennuie" expliquant ainsi, par un mot de sens clair et étroit, un état d’âme vaste et obscur.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'ennui

[ désintérêt ]

 

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retour sur soi

Marcello regarda longuement ces quatre ou cinq pétales de feu qui semblaient s'agiter et palpiter; puis ses yeux se fixèrent sur le talus du chemin de fer où se projetait , en même temps que son ombre et celle de Giulia, le faible éclairage du train et il éprouva brusquement une sensation aiguë d'égarement. Pourquoi était-il dans ce train? Qui était la femme debout à ses côtés? Où allait-il? Quel homme était-il? D'où venait-il? Cette sorte d'égarement n'avait rien de pénible. Il y retrouvait un sentiment familier qui constituait peut-être le fond de son être intime. "Ainsi donc, "pensa-t-il froidement, "je suis comme ce feu, là-bas, dans la nuit... je flamberai et m'éteindrai sans raison, sans suite... un peu de combustion suspendue dans la nuit."

Auteur: Moravia Alberto

Info: Le Conformiste

 

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Ajouté à la BD par miguel

pensée-d’homme

Oui, pensais-je, cette femme était la mort, la mort des danses macabres représentées en fresques dans les églises, mais elle était aussi le néant autour duquel je tournais, depuis si longtemps, et qui finalement se présentait à moi sous sa véritable apparence.
Je grimpai donc sur le lit et me jetai sur ces os avec une relative ardeur.
Au fond, réfléchissais-je tandis qu'elle se pressait contre moi, enserrant mes flancs de ses cuisses, poussant contre mon ventre les os de son bassin, c'était là une sensation neuve et étrange de posséder un squelette en pénétrant dans son sexe tendre et vivant qui y demeurait encastré un peu comme un chaud nid d'oiseau reste pris entre les branches sèches et froides d'un arbre pétrifié par l'hiver.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'attention

[ baisant ] [ forniquant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Il demeurait debout devant le trottoir de ciment sur lequel gisaient les lézards, tenant le jonc serré dans sa main; sur son corps et sur son visage il sentait encore l'excitation qui l'avait envahi pendant le carnage, non plus ardente comme alors, mais ternie par le remords et la honte.
En outre, il percevait que, à son habituelle sensation de cruauté et de puissance, s'était ajouté, cette fois, un trouble particulier, encore inconnu, inexplicablement physique, qui provoquait en lui, en même temps que le remords et la honte, un indéfinissable sentiment d'épouvante. Comme s'il découvrait en lui-même un caractère absolument anormal, dont il devait être honteux, qu'il lui fallait garder secret pour ne pas avoir honte également devant les autres et qui, en conséquence, le mettait à part de ses semblables.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Le Conformiste

[ plaisir sadique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel