Comment est-il, ce baiser ?
C’est une sorte de tentative, en partie réussie, de m’engloutir à partir de la tête, comme le font, paraît-il, les boas du Brésil lorsqu’ils décident d’ingurgiter des proies beaucoup plus grosses qu’eux-mêmes. Démesurément large, toujours plus large à mesure qu’elle travaille, sa bouche se dilate, s’agrandit, absorbe tout mon visage, englobant mon nez, mes joues, mon menton. Je pense à la ventouse d’une grosse sangsue. Mais d’une vieille sangsue, molle, amorphe, terriblement vorace malgré le relâchement musculaire de la sénilité. Du tréfonds de sa gorge sa langue pointue s’introduit entre mes dents avec la rapidité et la violence de celle des serpents.
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Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 254
Commentaires: 2
Coli Masson
05.09.2025
Un bisou monstrueux et cannibale !
miguel
04.09.2025
Un bisou ça ?