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relations humaines

S’il arrive que ces gens qui m’ennuient, que je trouve ridicules pour une raison ou une autre, sont obligés de me laisser plus tôt que je ne l’avais prévu, je souffre profondément. J’essaie alors, par tous les moyens, de les suivre, au risque de passer pour indiscret. Je leur propose de les accompagner, de les attendre. Je leur demande si réellement je suis de trop. Et quand, sous le prétexte de ne pas m’obliger à une corvée, ils se débarrassent de moi, il m’arrive, devant le fait accompli, de pousser un cri de joie.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 34

[ paradoxe ] [ déchirement ] [ tiraillement ] [ solitude ] [ libération ]

 

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tristesse

Assis sur le lit, je regardai mon habit neuf, qui n’avait plus de raison d’être, et le désordre de ma chambre dans l’air frais du matin.

J’avais un mal de tête violent. Je songeai à ma vie triste, sans amis, sans argent. Je ne demandais qu’à aimer, qu’à être comme tout le monde. Ce n’était pourtant pas grand’chose.

Puis, subitement, j’éclatai en sanglots.

Bientôt, je m’aperçus que je me forçais à pleurer.

Je me levai. Les larmes séchèrent sur mes joues.

J’eus la sensation désagréable qu’on éprouve quand on s’est lavé la figure et qu’on ne se l’est pas essuyée.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Mes amis

[ division subjective ] [ intériorisation du regard extérieur ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

autobiographie

Il y aurait bien ma date de naissance qui serait exacte. Encore faudrait-il que mon humeur du moment ne me poussât pas à me rajeunir dans le but de passer pour un prodige ou à me vieillir pour donner plus de poids à mes livres. Qui saurait d’ailleurs résister au plaisir d’emplir sa biographie d’événements, de pensées basses, d’envie d’écrire à l’âge de huit ans, de jeunesse incomprise, d’études très brillantes ou très médiocres, de tentatives de suicide, d’actions d’éclat à la guerre, d’une blessure mortelle dont on a réchappé, d’une condamnation à mort dans un camp de prisonniers et de la grâce arrivant à la veille de l’exécution. Le plus sage, je crois, est de ne pas commencer.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Cité en annexe de Raymond Cousse et Jean-Luc Bitton, Emmanuel Bove, la vie comme une ombre, Le castor astral, 1994, p. 255-256

[ imaginaire ] [ inventions ] [ mensonges ] [ affabulations ] [ enjolivée ] [ moi idéal ]

 

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repérage

M. Georget habitait, rue de Sèvres, une maison que rien ne signalait à l’attention. Elle était d’un rang un peu supérieur à ses voisines, car le numéro, au lieu de figurer sur une plaque d’émail bleu, était gravé dans un écusson juste au-dessus de la porte. Les fenêtres très rapprochées et très étroites montraient que les chambres étaient petites.

Je passai devant la maison la première fois très lentement, comme si je flânais, la deuxième, d’un bon pas, comme un homme qu’on attend mais qui n’est pas en retard, la troisième, très vite, avec une expression ennuyée, comme si j’avais oublié quelque chose, la quatrième, d’un pas assuré, avec une mine soulagée. Chaque fois, j’avais jeté un rapide coup d’œil dans le couloir. 

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 217

[ attitudes ] [ tactique ]

 

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réveil

Je posai mes lèvres sur son front et non sur ses joues pour n’avoir pas à l’embrasser deux fois. Je levai la tête. Elle passa son bras autour de mon cou et me serra contre elle. Nous ne parlions pas parce que le matin nous avions la paresse d’articuler le moindre mot. Par un accord tacite, nous ne nous disions même pas bonjour.

Nous restâmes ainsi un long moment. Je caressais ses seins qui ne sont pas sensibles, ses hanches, ses épaules moites de crème, évitant le grain de beauté qui lui fait mal.

Elle avait refermé les yeux sans s’être regardée dans une glace. Couchée près de moi, sa vraie nature prenait le dessus. Elle ne s’évertuait plus à être femme, ni coquette, confiante qu’elle était en me sentant contre elle.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Armand, éditions Sillage, Paris, 2020, pages 44-45

[ femme-par-homme ] [ couple ]

 

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relations humaines

"J’aime quelqu’un", m’a-t-elle dit. Je ne sais pourquoi ces mots quelconques ont subitement fait naître en moi une grande pitié pour elle. Je ne sais pourquoi cette façon de m’annoncer une nouvelle aussi importante m’a montré une Madeleine sans défense. J’ai eu le pressentiment qu’elle allait être dominée, qu’elle allait souffrir encore davantage, parce que je ne serais plus là pour la comprendre. Ce dernier mot me dévoile tout à coup une vérité à laquelle je n’avais pas encore songé. La compréhension la plus profonde, la compréhension qui aujourd’hui m’était apparue comme la base de tout amour, est inutile. Il ne sert à rien de comprendre ses semblables. La compréhension profonde n’ajoute rien à l’amour. Oui, la lassitude qui pèse sur moi est quelque chose d’effrayant. J’ai passé la quarantaine, et me voilà comme au début de l’existence.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 191

[ altérité radicale ] [ stagnation ]

 

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tristesse

Je ne suis pas neurasthénique, ni sentimental. Je ne suis rien de particulier. D’où vient alors que je ressemble à ce point à une épave ? Si on était entré en coup de vent au moment où je pleurais, je me serais dressé comme si rien n’était et j’eusse fait ce qu’on m’aurait proposé avec la gaieté nécessaire, comme si jamais je n’avais souffert. Ce n’est pourtant pas de la comédie tout cela. Je ne me trompe pas. Je pleure. Je souffre et je ne peux rien contre moi-même, et je vis comme tout le monde. Je suis incapable d’envisager une autre existence. C’est surtout cela qui m’étonne, de pleurer ainsi et tout de suite après de ressembler au premier venu. J’ai les occupations de tout le monde, je vais au théâtre, je suis gai, et au fond de moi-même, il y a toujours quelque chose qui n’est pas heureux, quelque chose d’insatisfait.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 43

[ apparences ] [ masque ] [ division subjective ] [ simultanéité ]

 

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femme-par-homme

Une femme était assise à côté de moi. Elle n’avait aucun jouet qui eût pu me laisser croire qu’elle était la mère d’un de ces innombrables enfants. Elle avait les cheveux noirs plats qui lui cachaient une partie de la joue, des yeux d’un marron trouble, des dents blanches mais dont les canines étaient extraordinairement pointues. Elle était pauvrement et négligemment vêtue. Je ne sais pourquoi, mais cette femme me paraissait profondément heureuse. Elle était assise comme quelqu’un qui ne veut parler à personne, que la vue de la maternité, de l’enfance intéresse. De temps en temps, quand un enfant faisait une espièglerie, elle souriait à la mère, mais de façon tellement étrange, comme si ce n’était ni à cette mère particulière, ni à cet enfant qu’elle songeait, mais à une vie lointaine qu’elle avait menée ou qu’elle aurait voulu mener, sans attendre de réponse à son sourire, sans paraître souffrir de cette sorte d’activité égoïste des mères, faite de claques, de cris, de recherches d’objets perdus.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 290

[ portrait ] [ description ] [ mystérieuse ] [ universalité ] [ joie ]

 
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perte de contrôle

La porte s’ouvrit. Je n’avais pas préparé ce que je devais dire. Tout dépendait du genre de personne à qui j’allais avoir affaire. C’était un homme de taille moyenne. Je m’étais imaginé que j’allais improviser. Brusquement, tout ce qui aurait pu me guider chez cet homme se trouva environné de brouillard. Il avait beau se trouver en pleine lumière et moi dans l’obscurité, je ne le voyais pas et il me voyait.

- Qu’est-ce vous voulez ? me demanda-t-il.

Je compris tout à coup que je n’étais plus maître de ma destinée. C’était fini. Sans m’en rendre compte, j’avais fait ce pas en avant qui me mettait à la discrétion de mes semblables. Il existe, avant le danger qui va s’abattre sur nous, un bref moment où tous les raisonnements et toutes les précautions ne comptent plus. Je vivais ce moment. Dans une seconde, j’allais être sauvé ou prisonnier. Il ne me restait à présent qu’à me fier à mon étoile.

- Je suis un évadé français. Je vous demande l’hospitalité, dis-je en entendant ma voix comme si je parlais devant une salle entière. 

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Départ dans la nuit, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 168

[ altérité ] [ dépendance ] [ dissociation ] [ réel ] [ instant présent ] [ risque ] [ péril ]

 

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nudité

Elle me présenta les agrandissements photographiques ornant les murs, puis elle s’assit sur le lit. Je la rejoignis.

— Comment trouvez-vous ma chambre ?

— Très bien.

Subitement, comme pour l’empêcher de tomber, je l’étreignis. Elle ne se défendit pas. Encouragé par cette attitude, je l’embrassai mille fois, tout en la déshabillant d’une main. J’aurais voulu, à l’instar des grands amoureux, arracher les boutonnières, déchirer son linge, mais la crainte qu’elle me fît une observation me retint.

Bientôt, elle se trouva en corset. Les buscs en étaient tordus. Un lacet liait son dos. Les seins se touchaient.

Je dégrafai ce corset en tremblant. La chemise adhéra un instant à la taille, puis tomba.

Je l’ôtai avec difficulté, car le col étroit ne passait pas aux épaules. Je ne lui laissai que les bas, parce qu’à mon avis c’est plus joli. D’ailleurs, sur les journaux, les femmes déshabillées ont toutes des bas.

Enfin, elle apparut nue. Ses cuisses débordaient au-dessus des jarretières. La colonne vertébrale bosselait la peau, aux reins. Elle était vaccinée sur les bras.

Je perdis la tête. Des frissons, semblables à ceux qui secouent les jambes des chevaux, me coururent le long du corps.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Mes amis

[ déshabillage ] [ femme-par-homme ]

 

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