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nature

Entre les plus étourdissants des vocalistes,

J’ai remarqué depuis trois ou quatre matins

Les arpèges hardis, les trilles argentins

De deux merles ardents comme des duellistes ;

Auprès d’eux les rayons du jour semblent éteints.



Rivalisant d’éclat pendant une heure entière,

Virtuoses mais inspirés, ne rabâchant

Jamais, ils font briller à la fois le tranchant

D’une lame et le bloc d’idéale matière

D’où s’élèvent les jets capricieux du chant.



Et si fort et si librement qu’ils s’évertuent,

On les sait asservis aux lois de la saison.

Mais par l’accouplement et par la couvaison,

C’est encore leur chant qu’ils aiment, perpétuent,

À la folle hauteur de ce diapason.



C’est parfois si tendu, si plein, qu’on appréhende

Et qu’on espère aussi les entendre soudain,

Dans un vague demi-sommeil presque enfantin,

Se déchirer sur une couverture béante

Qui nous rendrait le paradis, en ce jardin.


Auteur: Réda Jacques

Info: Un paradis d’oiseaux, B

[ poème ] [ pépiements ] [ gazouillis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

indisponibilité

Voici: les deux pièces donnaient, par des portes vitrées,

Sur un couloir plus sombre et, dans l'une, je m'enfournais

Pour remplir et pour raturer ensuite ces carnets

Où l'énigme et quelques lueurs restaient enchevêtrées.

Cependant je recommençais avec une fureur

Muette qui pouvait aussi déchirer le silence

Et provoquait autour de moi la même vigilance

Anxieuse qu'auprès d'un grand malade. La terreur

Régnait ainsi le jour où, perdu dans cette tornade

Inerte qui figeait mes élans comme ceux d'un fou -

Voire, plus simplement, d'un égoïste qui se fout

De tout - je vis les deux enfants, retour de promenade,

Poser contre la vitre la plus basse un nez tout rond,

Voulant entrer, me raconter leurs jeux, vaille que vaille.

Et je les ai laissés dehors (allons, papa travaille),

Et pleurer, partir. Maintenant, je sais qu'ils n'entreront

Plus jamais, alors que ce fut le seul moment peut-être

Où j'aurais pu, sans cette rage absurde, les sauver

De la rage du temps et, d'un geste, les enlever

Dans le ciel qui me surveillait à travers la fenêtre.


Auteur: Réda Jacques

Info: Retour au calme - La vie de famille

[ poème ] [ écriture ] [ remords ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

matérialisme

Vous n’en finissez pas d’ajouter encore des choses,

Des boîtes, des maisons, des mots.

Sans bruit l’encombrement s’accroît au centre de la vie,

Et vous êtes poussés vers la périphérie,

Vers les dépotoirs, les autoroutes, les orties ;

Vous n’existez plus qu’à l’état de débris ou de fumée.

Cependant vous marchez,

Donnant la main à vos enfants hallucinés

Sous le ciel vaste, et vous n’avancez pas ;

Vous piétinez sans fin devant le mur de l’étendue

Où les boîtes, les mots cassés, les maisons vous rejoignent,

Vous repoussent un peu plus loin dans cette lumière

Qui a de plus en plus de peine à vous rêver.

Avant de disparaître,

Vous vous retournez pour sourire à votre femme attardée,

Mais elle est prise aussi dans un remous de solitude,

Et ses traits flous sont ceux d’une vieille photographie.

Elle ne répond pas, lourde et navrante avec le poids du jour sur ses paupières,

Avec ce poids vivant qui bouge dans sa chair et qui l’encombre,

Et le dernier billet du mois plié dans son corsage.


Auteur: Réda Jacques

Info: Lettre sur l'univers et autres discours en vers français, 1991 - aux humains

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

musique vivante

De quelque façon qu’on l’analyse (la sociologie, la politique et même l’économie ont dit ici leur mot), il semble que le jazz ait toujours voulu être plus ou autre chose que lui-même. En témoignent sa rapidité à exploiter le possible de ses ressources particulières, son besoin impatient d’en repousser les limites et de les abolir. Peut-être faut-il y voir encore le résultat d’une intensification générale des rapports propre au monde moderne, et telle, qu’ayant pu par une convergence d’appoints hétéroclites vite brassés, vite assimilés, déterminer la naissance de cette musique, elle aura de même, par sursaturation de ses capacités d’absorber, compromis son équilibre, entraîné sa dislocation. Ainsi le jazz s’exposait-il à succomber à la violence, en même temps réaction de défense et symptôme d’un épuisement. On pourrait ironiser sur le regain d’attrait qu’il exerce, n’existant pour ainsi dire plus qu’à l’état d’écho ou réitération de ses fastes anciens, si l’essentiel de ce qu’a dégagé son histoire – le swing – n’assurait sa capacité de rester présent, tant par le corpus achevé mais préservé de ses œuvres, que par celles qui maintenant se situent comme rétroactivement dans leur mouvance, là où le swing déjà transcendait les catégories du temporel ; et si la fin des arts affectait ce qu’elles ont à jamais concentré de signification humaine.

Auteur: Réda Jacques

Info: L'improviste : Une lecture du jazz, 2010

[ ternaire ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste