nature

Entre les plus étourdissants des vocalistes,

J’ai remarqué depuis trois ou quatre matins

Les arpèges hardis, les trilles argentins

De deux merles ardents comme des duellistes ;

Auprès d’eux les rayons du jour semblent éteints.



Rivalisant d’éclat pendant une heure entière,

Virtuoses mais inspirés, ne rabâchant

Jamais, ils font briller à la fois le tranchant

D’une lame et le bloc d’idéale matière

D’où s’élèvent les jets capricieux du chant.



Et si fort et si librement qu’ils s’évertuent,

On les sait asservis aux lois de la saison.

Mais par l’accouplement et par la couvaison,

C’est encore leur chant qu’ils aiment, perpétuent,

À la folle hauteur de ce diapason.



C’est parfois si tendu, si plein, qu’on appréhende

Et qu’on espère aussi les entendre soudain,

Dans un vague demi-sommeil presque enfantin,

Se déchirer sur une couverture béante

Qui nous rendrait le paradis, en ce jardin.


Auteur: Réda Jacques

Info: Un paradis d’oiseaux, B

[ poème ] [ pépiements ] [ gazouillis ]

 

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