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pollution

ENTREPRISE MONSANTO anagramme POISON TRÈS RÉMANENT Voilà une firme qu'elle est bonne, comme firme. Et pourquoi elle est bonne ? Parce qu'elle vous veut du bien ! Alors vous avez par exemple la dioxine TCDD. La dioxine, si vous voulez, c'est une substance on était vachement bien tant que ça existait pas, on s'est dit bon, on va quand même la fabriquer pour voir, et puis pendant qu'on y est on va en faire plusieurs sortes, et dons, en bref, la plus balèze c'est la TCDD, la "tétra-chloro-p-dibenzodioxine", rien que de prononcer le nom le gars il est déjà pris de nausées, de maux de tête et d'éruptions cutanées virulentes. Alors attends ! Qu'est-ce qu'il y a d'autre encore ? Il y a l'agent orange. Alors l'agent orange c'est un désherbant utilisé par l'armée américaine pour la défoliation de la jungle vietnamienne durant la guerre. Non, parce que, si vous voulez, les paysans là-bas, ils avaient des bêches et des vieux couteaux de cuisine pour désherber des milliers d'hectares, c'était pas humain, les marines sont allés leur donner un coup de main. ALors qu'est-ce que vous avez d'autre encore ? Vous avez ce qu'on appelle les hormones de croissance bovine. C'est un truc qu'on injecte dans les vaches qui sont un peu molles des mamelles, voyez, comme ça on peut les traire jusqu'au trognon. Vous avez l'herbicide total Roundup qui "laisse le sol propre", propre de quoi, on sait pas. Les PCB, excellents polluants, qui se dégradent lentement dans le sol, entre 94 jours et 2 700 ans selon les molécules, mais bon, c'est vrai que d'ici là on aura bouffé les pissenlits par la racine. Enfin bref, toute la gamme de produits super-respectueurs de l'environnement. Bientôt, ils porteront tous la mention.

Auteur: Klein Étienne

Info: Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde

[ multinationale ] [ chimie ] [ humour ]

 

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femmes-par-homme

J'ai lu un article qui raconte que lorsque les femmes ont une conversation, elles communiquent sur cinq niveaux. Elles suivent la conversation en cours, la conversation qui est spécifiquement évitée, les intonations qui y sont appliquées, la conversation enfouie couverte par le sous-texte, et enfin le langage corporel de l'interlocuteur. C'est, à bien des égards, stupéfiant pour moi. Je veux dire, c'est comme avoir un putain de super pouvoir. Quand moi et la plupart des autres personnes avec un unique chromosome Y avons une conversation, nous en avons une. Au singulier. Nous prêtons attention à ce qui est dit, en tenant compte de cela, et nous y répondons. Toutes ces autres conversations qui semble-t'il hurlent depuis des milliers d'années ? Je ne savais même pas qu'elles existaient avant de lire cet article stupide, et je suis presque sûr que je ne suis pas le seul. (...) Alors, mesdames, si vous discutez un jour avec votre petit ami, votre mari, votre frère ou votre copain et que vous lui dites quelque chose de parfaitement évident, et qu'il en sort complètement désemparé ? Je sais qu'il est tentant de se dire : "L'homme ne peut pas être aussi stupide!" Mais oui, oui. Oui, il peut. Nos forces innées ne sont pas les mêmes. Nous sommes de puissants chasseurs, qui savent se concentrer sur une chose à la fois. Pour l'amour de Dieu. Nous devons éteindre la radio dans la voiture si nous avons l'impression de nous être perdus et qu'il faut trouver comment se rendre à notre destination. C'est dire à quel point nous sommes affaiblis. Je vous le dis, nous n'avons qu'une seule conversation. Peut-être qu'un vétéran de la relation comme Michael Carpenter peut avec deux, mais c'est repousser les limites. Cinq conversations simultanées ? Cinq ? Ouaouh. C'est pas possible. Du moins pas pour moi.

Auteur: Butcher Jim

Info: Cold Days

[ humour ] [ incompréhension ] [ multitâches ]

 

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homme-animal

- À l'instant, quand vous avez dit à la serveuse que vous étiez une autorité en matière de langage des mouettes, dis-je en changeant de sujet, vous parliez sérieusement ?
Le visage de Gould s'éclaira.
- Quand j'étais petit, je passais l'été avec ma mère dans une station balnéaire de Nouvelle-Écosse du nom de Clementsport, et tous les étés un vieux monsieur m'attrapait une mouette que j'apprivoisais, et parfois j'avais l'impression que ma mouette me parlait, ou du moins qu'elle essayait. Plus tard, quand j'étais à Harvard, je passais souvent le samedi après-midi sur le quai terminal de Boston à écouter attentivement les mouettes, jusqu'au jour où elles ont réussi à se faire comprendre, et peu à peu j'ai appris le langage des mouettes. Je le comprends mieux que je ne le parle, mais je le parle mieux qu'on pourrait le croire. En fait, j'ai traduit un certain nombre de grands poèmes américains en mouette. Écoutez bien !
Il rejeta la tête en arrière et commença à glapir, gazouiller, criailler, piailler, glousser, jacasser, croasser, ponctuant çà et là ses cris de postillons. Ce vacarme avait des accents psalmodiés et sonores qui m'étaient vaguement familiers.
- Vous ne reconnaissez pas ? s'écria Gould d'une voix surexcitée. C'est "Hiawatha" ! C'est un extrait de la partie intitulée "L'enfance de Hiawatha". Écoutez ! Je vais vous le retraduire :

Sur les rives du Gitche Gumee
Sur les rives de la Grande-Eau-Marine scintillante
Se dressait le wigwam de Nokomis,
Fille de la lune, Nokomis.
Sombre au-delà s'élevait la forêt,
S'élevaient les pins noirs et funestes,
S'élevaient les sapins couverts de cônes...

Gould ricana ; dès l'instant où il s'était mis à parler des mouettes, son humeur était devenue allègre.
- Henry Wadsworth Longfellow se traduit parfaitement en mouette, dit-il. Dans l'ensemble, pour être franc, je trouve que ça rend bien mieux en mouette qu'en anglais.

Auteur: Mitchell Joseph

Info: Le secret de Joe Gould, pp. 79-80

[ transposition ] [ humour ]

 

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femme-par-homme

Je connaissais déjà parfaitement Mlle Moréno, pour l’avoir vue souvent dans les couloirs du théâtre quand elle était à la Comédie. Je l’ai vue aussi plusieurs fois, il y a quelques années, le dimanche matin, à la gare Saint-Lazare, quand j’allais à Courbevoie chez mon père, et qu’elle prenait le train avec Mendès pour aller à sa maison de Saint-Germain.

Ce qu’elle me raconta un jour de la facilité à faire venir Mendès avec une lettre de femme, jeu auquel elle s’est amusée souvent. Elle lui écrivait, en déguisant son écriture, une lettre supposée d’une admiratrice, qui serait heureuse de faire sa connaissance, qui l’attendra tel jour, à telle heure, à tel endroit, dans un fiacre, qu’il pourra reconnaître à telle ou telle particularité. Jamais de ratage. Chaque fois, il arrivait au rendez-vous. La portière du fiacre ouverte, Mlle Moréno se montrant : " Eh ! bien, idiot, c’est moi ! "

Je ne sais plus qui, de leurs familiers, m’a raconté entre autres détails de la liaison de Moréno avec Mendès, celui-ci : Mendès finissait généralement sa soirée à la brasserie du carrefour Châteaudun. Fréquentes scènes entre les deux amants, Mendès parfois un peu ivre, et un soir, à la sortie, la jetant par terre, lui tenant le visage dans le ruisseau, avec ces mots : " Embrasse ta sœur, la boue. "

C’est à lui, certainement, qu’elle doit sa façon merveilleuse de dire les vers.

On la trouve laide. On n’est pas laide avec un visage si expressif, si fin en même temps. Les yeux, le nez, la bouche sont pleins d’esprit. Elle en a d’ailleurs comme rarement chez une femme. C’est la malice et la satire féminines en personne. Avec cela, excessivement simple, camarade, et même un peu voyou.

Elle disait, l’autre jour, d’une dame qui a les jambes un peu torses : Elle a des jambes Henri II.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, Lundi 4 janvier 1904, après un déjeuner chez Marcel Schwob et Marguerite Moreno

[ anecdotes ] [ humour ] [ couple ] [ piégeuse ]

 

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homme-animal

- Dieu est grand ! répondit le mendiant. Mais qu’importe les affaires. Il y a tant de joie dans l’existence. Tu ne connais pas l’histoire des élections ?

- Non, je ne lis jamais les journaux.

- Celle-là n’était pas dans les journaux. C’est quelqu’un qui me l’a racontée.

- Alors je t’écoute.

- Eh bien ! Cela s’est passé il y a quelque temps dans un petit village de Basse-Égypte, pendant les élections pour le maire. Quand les employés du gouvernement ouvrirent les ruines, ils s’aperçurent que la majorité des bulletins de vote portaient le nom de Barghout. Les employés du gouvernement ne connaissaient pas ce nom-là ; il n’était sur la liste d’aucun parti. Affolés, ils allèrent aux renseignements et furent sidérés d’apprendre que Barghout était le nom d’un âne très estimé pour sa sagesse dans tout le village. Presque tous les habitants avaient voté pour lui. Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?

Gohar respira avec allégresse ; il était ravi. "Ils sont ignorants et illettrés, pensa-t-il, pourtant ils viennent de faire la chose la plus intelligente que le monde ait connue depuis qu’il y a des élections." Le comportement de ces paysans perdus au fond de leur village était le témoignage réconfortant sans lequel la vie deviendrait impossible. Gohar était anéanti d’admiration. La nature de sa joie était si pénétrante qu’il resta un moment épouvanté à regarder le mendiant. Un milan vint se poser sur la chaussée, à quelques pas d’eux, fureta du bec à la recherche de quelque pourriture, ne trouva rien et reprit son vol.

- Admirable ! s’exclama Gohar. Et comment se termine l’histoire ?

- Certainement il ne fut pas élu. Tu penses bien, un âne à quatre pattes ! Ce qu’ils voulaient, en haut lieu, c’était un âne à deux pattes.

Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ conte ] [ humour ]

 

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signes acoustiques

De nombreuses hypothèses ont été émises sur les raisons qui ont rendu la langue orale indispensable, lançant ainsi son évolution et sa diversification. Si le geste s'est imposé dans des situations telles que la chasse, où le gibier ne doit pas être effrayé, certains ont considéré que la langue orale – voire le cri – s'est imposé pour la communication à distance de nuit. C'est l'hypothèse que l'on peut désigner sous le nom de théorie "hé-ho" : des cris simples sont devenus de plus en plus signifiants avant d'évoluer vers les langues actuelles. Plusieurs autres hypothèses s'affrontent, portant elles aussi des noms évocateurs. La théorie "ouah-ouah" (ou "cui-cui") soutient que les langues se seraient formées en commençant par des onomatopées imitant des sons naturels, comme les jappements des chiens ou pépiements des oiseaux, pour ensuite se diversifier et se complexifier. Pas très éloignée, la théorie "peuh-peuh" considère la base des langues comme un ensemble d'interjections sonores exprimant une humeur, un sentiment ou une émotion. La théorie "la-la" rapproche quant à elle l'évolution de la langue de son apprentissage par les enfants, qui commencent par le babil. (...) La théorie "ding-dong" compare la langue à un jeu sonore musical rendu possible par la position du larynx, qui est l'un des aspects de l'évolution humaine conduisant à la capacité de parler. La théorie "ho-hisse" considère la langue comme une invention sociale, fruit du contact répété avec ses congénères et du travail en commun. La théorie "pfff" (ou désabusée) avance que la langue serait née par une volonté de conspirer, par exemple face à un chef trop autoritaire ou s'étant attribué trop de privilèges.

(Je compte moi-même apporter ma pierre à l'édifice en supputant que l'origine du langage vient d'un jour où Kaaris* à force d'user ses cordes vocales a fini par dire des paroles cohérentes ou intelligibles : la théorie "tchoin-tchoin".)

Auteur: Landragin Frédéric

Info: Comment parler à un alien ? *Rappeur français

[ source ] [ communications sonores ] [ humour ] [ origine des phonèmes ]

 

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conte électoral

- Dieu est grand ! répondit le mendiant. Mais qu’importe les affaires. Il y a tant de joie dans l’existence. Tu ne connais pas l’histoire des élections ?

- Non, je ne lis jamais les journaux.

- Celle-là n’était pas dans les journaux. C’est quelqu’un qui me l’a racontée.

- Alors je t’écoute.

- Eh bien ! Cela s’est passé il y a quelque temps dans un petit village de Basse-Égypte, pendant les élections pour le maire. Quand les employés du gouvernement ouvrirent les ruines, ils s’aperçurent que la majorité des bulletins de vote portaient le nom de Barghout. Les employés du gouvernement ne connaissaient pas ce nom-là ; il n’était sur la liste d’aucun parti. Affolés, ils allèrent aux renseignements et furent sidérés d’apprendre que Barghout était le nom d’un âne très estimé pour sa sagesse dans tout le village. Presque tous les habitants avaient voté pour lui. Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?

Gohar respira avec allégresse ; il était ravi. "Ils sont ignorants et illettrés, pensa-t-il, pourtant ils viennent de faire la chose la plus intelligente que le monde ait connue depuis qu’il y a des élections." Le comportement de ces paysans perdus au fond de leur village était le témoignage réconfortant sans lequel la vie deviendrait impossible. Gohar était anéanti d’admiration. La nature de sa joie était si pénétrante qu’il resta un moment épouvanté à regarder le mendiant. Un milan vint se poser sur la chaussée, à quelques pas d’eux, fureta du bec à la recherche de quelque pourriture, ne trouva rien et reprit son vol.

- Admirable ! s’exclama Gohar. Et comment se termine l’histoire ?

- Certainement il ne fut pas élu. Tu penses bien, un âne à quatre pattes ! Ce qu’ils voulaient, en haut lieu, c’était un âne à deux pattes.




Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ humour ] [ homme-animal ]

 

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science-fiction

Le passé est une chose qui ne peut pas exister, Gaëtan, mais la chose est difficile à expliquer. Le temps est un tout qui grandit sans cesse, et ses racines profondes ne plongent pas plus dans le passé que son écorce nouvelle. Je tiens beaucoup au rôle vivifiant de l'écorce. Nous nous apercevrons, quand le passé aura pris suffisamment d'épaisseur, que nous avons déjà accompli les grandes choses qui semblent appartenir à l'avenir, que nous avons déjà atteint les étoiles et les rivages intérieurs les plus profonds ; nous comprendrons que toutes les actions du monde sont simultanées, et que toutes les actions d'une même vie individuelle sont simultanées. Nous saurons que nous sommes dans la fleur de l'enfance et, en même temps, au coeur de la maturité ; que l'expérience de la mort est contemporaine de toutes nos autres expériences, et que (comme Adam) nous avons tous les âges en même temps.
" Kzing glouwk ! " s'exclama bruyamment Gaëtan en ganymédien. (J'ai horreur de ce genre d'expression.)
" Nous comprendrons qu'Aristote et saint Augustin étaient plus mûrs et plus avancés dans l'expérience et la connaissance que Darwin, Freud ou Marx ou Einstein, ces types d'enfants précoces ; que saint Thomas d'Aquin venait après Descartes et Kant ; et qu'il façonna ce qu'ils n'avaient fait que dégrossir. "
" Zzhblug elepnyin ! ", proféra uniment Gaëtan dans son san simonéen natal. (Je n'aime pas l'entendre parler de cette façon.)
" Nous comprendrons que le premier homme est toujours vivant et se porte bien, et que le dernier homme est né depuis longtemps", poursuivis-je. "Nous saurons tout sur les Vikings de Ganymède, qui vécurent avant Ur et après Leif Ericson."
" Bougre de bougre ! ", s'écria Gaëtan en langage vulgaire. "Ne te mêle pas de ces sornettes, machine : (Je me demande, cependant, comment tu as fait pour comprendre le passage en ganymédien.) Tu as tes ordres ; exécutes-les !

Auteur: Lafferty Raphaël Aloysius

Info: Tous à Estrevin !

[ relatif ] [ unicité ] [ profondeur ] [ quantique ] [ humour ]

 

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homme-animal

L'un des exemples les plus connus est l'évasion d'un chimpanzé délicieusement excentrique baptisé Cholmondeley. Chumley -c'était son surnom- avait vécu toute sa vie en animal domestique. Il partageait la table de son maître, fumait un paquet de cigarettes par jour, buvait de la bière et ne se promenait jamais sans vêtements. Quand il se retrouva brutalement dans la section des singes du zoo, nu et privé de tabac comme d'alcool, parce que son maître avait été contraint de se séparer de lui, il décida de passer à l'action. Il devait y avoir une erreur. Il n'allait quand même pas terminer ses jours dans cet asile pour singes dégénérés et pleins de tics. Il commença par faire la grève de la faim. "Pas de bière, pas d'aliments" devint sa devise. Les vétérinaires s'inquiétèrent et décidèrent de l'examiner. Les piqûres anesthésiantes n'existaient pas encore à cette époque, et il fallut attirer Chumley dans une grande caisse pour le chloroformer. Le chimpanzé sentit le gaz arriver, repéra l'ouverture pratiquée sur un côté de la caisse et la boucha discrètement d'un doigt prompt. Puis il s'assit et observa les visages, de plus en plus perplexes, des médecins de l'autre côté de la paroi. Ils avaient calculé qu'il lui faudrait cinq minutes pour perdre conscience, et il continuait à le dévisager. Au bout de dix minutes, il aurait dû être mort. Pourtant, il les fixait toujours de son regard impassible. Quand ils découvrirent le coup du doigt, ils comprirent qu'ils avaient affaire à un primate particulièrement ingénieux. Ils en eurent confirmation par la suite, quand Chumley réussit à pratiquer une ouverture dans le toit de sa cage d'infirmerie et fila vers Camden Town. N'ayant jamais beaucoup aimé marcher, il bondit dans un autobus. Là il constata avec étonnement que la vieille dame assise à son côté se mettait soudain à pousser des cris hystériques. La panique gagna alors tout l'autobus et Chumley, interloqué, se prit à douter de l'équilibre mental de l'espèce humaine.

Auteur: Morris Desmond

Info: La fête zoologique

[ inversion ] [ humour ]

 

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langage

Si le style c’est l’homme, avec ce deuxième texte nous changeons de cavalier. Et si l’on rajoute à qui l’on s’adresse, ce n’est pas le même lecteur qui est ici interpellé, ou plutôt, la même distance entre le lecteur et son monde contemporain. Car le philosophe slovène Slavoj Zizek prend à contre-pied le politiquement correct actuel, surtout parce qu’il suppose à sa base des citoyens perçus et présentés comme des sujets vulnérables devant être protégés de tout ce qui pourrait les blesser (entre autres, le sexe). " Le sexuel n’est pas (politiquement) correct ", est le titre du texte. On peut y lire que le Politiquement Correct acquiert des majuscules orweliennes, et que l’on voit naître des conseils des Affaires multiculturelles, allant jusqu’à proposer de placer devant certaines œuvres d’art classiques un préambule avertissant les personnes sensibles. Sur cette même ligne, il commente la manière dont la règle du consentement mutuel – de plus en plus contractualisée jusqu’à l’absurde – se heurte à un écueil, du fait qu’il n’y a pas de rapport (direct) sexuel, et que l’acte a toujours besoin d’un supplément fantasmatique. L’exemple de Žižek est tiré d’un dialogue du film britannique Les Virtuoses (1996), où une jeune fille est accompagnée chez elle par un garçon de la classe ouvrière, qui au seuil de l’appartement se voit demander : " Voulez-vous entrer boire du café ? Le problème, répond-il, c’est que je ne bois pas de café. Ce à quoi elle rétorque : Pas de problème, je n’en ai de toutes façons pas ". Il pousse jusqu’au bout le ton ironique sur le consentement politiquement correct en commentant le cas d’une photographe britannique qui décide de se marier avec elle-même : dans ce cas, l’exigence d’un consentement " explicite, conscient et libre ", mais qui devrait signer le contrat : le moi, le surmoi ou le ça du sujet ? Même si Žižek a envie de rire, il montre aussi l’évidence que quelque chose d’inhérent à la structure du jeu érotique résiste à toute déclaration formelle de consentement ou d’intention.


Auteur: Mahieu Eduardo

Info: https://stm.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2019-2-page-133

[ limitation ] [ séduction ] [ humour ]

 

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