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différence

[…] si le désir est toujours en quête d’un objet de jouissance qui reste inaccessible et qui doit le rester, l’amour donne accès à l’impossible. Ce n’est pas qu’il rende possible ce qui ne l’est pas pour le désir en offrant ce qui manque ; c’est plutôt qu’il fait du manque lui-même, du manque en tant que tel, ce qui est donné. C’est ainsi qu’on peut traduire l’affirmation de Lacan faisant de l’amour ce qui supplée au rapport sexuel puisque la jouissance totale reste impossible.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", page 109

[ castration ] [ ratage ] [ plénitude ] [ sevrage ] [ inversion ]

 

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définition

On peut entendre "déchariter" comme ce qui s’oppose à faire la charité, c’est-à-dire ce qui situe l’acte dans un franchissement de l’imaginaire. On peut aussi comprendre "déchariter" comme une reconfiguration de la charité en charité du déchet, dans le sens où l’analyste vient occuper la place du "rebut de la jouissance" - ce qui tombe du réel, la place de l’objet a -, mais aussi dans le sens où l’acte analytique accorde une valeur centrale à ce qui n’en a pas dans le champ social, l’abject même. On pourrait dire que "déchariter" est une sorte de grâce du symptôme.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 157-158

[ lacanien ] [ néologisme ] [ ennui ] [ désenchantement ]

 

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crucifixion

Saint Paul est certainement celui qui a tenu avec le plus de force que la croix du Christ n’a pas de sens. Tout l’effort du christianisme ancien aura été de donner un sens et une portée à cette mort, l’interprétant de plusieurs manières, notamment en termes de sacrifice. Mais ce travail d’interprétation ne doit pas occulter que la mort du Christ est d’abord hors-sens. Elle se tient à l’écart de toute signification. Elle est, à proprement parler, insensée, une "folie et un scandale" selon les termes exacts de Paul (1 Corinthiens 1,22-25), ce sur quoi buttent les discours constitués.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", page 222

[ absurde ] [ néant ]

 

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sacrifice

Le motif paulinien* de la kénose** sert à exprimer que le Dieu chrétien, en s’incarnant, a créé en lui du vide, qu’il s’est vidé de lui-même. La thèse de Paul a une résonance anthropologique forte : il n’y a pas d’incarnation, donc de corps, sans kénose, sans "évidement" de soi, et donc sans la perte de ce qui ferait totalité. L’incarnation est un renoncement au "tout" et, d’une certaine manière, elle est mise en cause de l’Un. C’est pourquoi la pensée trinitaire est tributaire de la doctrine de l’incarnation, avec ce montage spéculatif complexe qui consistera à définir l’Un sous la figure du Trois. La kénose paulinienne conduit donc à penser qu’un Dieu ne prend corps, n’entre dans le langage, qu’à la condition de n’être pas tout.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", page 17. *Relatif à Saint-Paul. **La kénose reprend l'idée évangélique du grain qui tombe en terre pour germer.

[ incomplétude ] [ monade ] [ tsimtsoum ] [ théologie ] [ microbiome ]

 

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définition

L’agalma était chez les Grecs un objet précieux, un ornement, un joyau, un objet travaillé avec art et offert aux dieux, une statue, parfois même un monument. Lacan insiste surtout sur sa brillance, avec l’idée de quelque chose d’énigmatique qui fait la valeur de l’objet aimé. Ce qui constitue l’objet aimé au regard de quelqu’un, c’est qu’il contient un point énigmatique qui brille d’un certain éclat et qui lui donne sa valeur unique. Il y a dans l’objet aimé quelque chose en plus, un surcroît, qui en réalité est rien. […] l’agalma est cette chose, cet objet énigmatique qui est la cause du désir et qui est rien. C’est le rien qui constitue l’objet en tant qu’il est l’objet aimé et qui est en plus de ce qu’on voit dans l’image.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 96-97

[ amour ] [ mystère ] [ semblant ] [ reflet ] [ fétichisme ]

 

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paradoxe

La mort de Dieu – comme la mort du Père – ne conduit pas à la levée de l’interdit, donc à la jouissance, mais justement à la mise en place de la loi, la surveillance du surmoi et la culpabilité qui en découle. […] Au lieu d’offrir plus de jouissance, la mort de Dieu en ferme l’accès. Elle forme une barrière infranchissable. Cette mort n’autorise pas l’être humain à prendre la place du disparu ; elle marque plutôt une place pour toujours, et depuis toujours, impossible à occuper ; elle fonde une loi à laquelle chacun est soumis : Il n’y a pas de dieu que je puisse être. Certes, cette loi fait aussi l’objet d’un constant refus ; elle est contournée de bien des manières, avec cette idée que si Dieu est mort, la place qu’il occupait est disponible, et l’on peut y accéder. C’est pourquoi notre temps est certainement marqué, contrairement à ce que l’on pourrait penser, par la négation de la mort de Dieu afin de maintenir le projet d’une jouissance sans limite. Il est aussi caractérisé par la résurgence du Père de la horde, qui annule tout rapport à la loi et aux interdits fondamentaux.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 26-27

[ dénégation ] [ illusion ] [ toute puissance ] [ responsabilité ]

 

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manipulation

[…] l’amour gratuit est ambivalent. Prétendant être sublime, il peut être une chose terrible. C’est en particulier du côté d’un amour qui prétend aller au-delà de la loi, un amour qui excède la mesure, que se trouve la perversion. […] Le paradoxe tient en ceci que la perversion ne se trouve pas du côté d’un amour humain qui reste pris dans les méandres du désir et qui fait qu’imaginairement on s’aime soi-même dans l’autre. Elle n’est pas du côté d’un amour qui accepte de recevoir ce qui manque sous la forme du semblant. Elle est toute située sur le versant d’un amour divin délié des contraintes de la loi, c’est-à-dire d’un amour qui va "plus loin" que la simple bienveillance. Lacan a perçu la mince frontière qui sépare l’amour désintéressé de la jouissance perverse, au point qu’il est souvent difficile de savoir si l’on se trouve d’un côté ou de l’autre. Il a mis ainsi en évidence […] qu’on trouve dans l’amour chrétien une version tout à fait compatible avec les impératifs de Sade. Il souligne par ailleurs que les chrétiens ont transformé en "déluges d’amour" une haine ignorée d’eux-mêmes, une haine qui est la face cachée d’un certain type d’amour.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", page 74

[ inconscient ] [ utilitarisme ] [ ombre jungienne ]

 

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