Plus c'est différent
Dans cet article de 1972, je remets en question le réductionnisme scientifique, c’est-à-dire l’idée que la compréhension des lois fondamentales (par exemple, en physique des particules) permettrait d’expliquer intégralement le comportement des systèmes complexes à toutes les échelles. Je propose au contraire que l’accroissement de la complexité engendre des phénomènes nouveaux, irréductibles à la simple somme des propriétés des éléments constitutifs : Les points clés de mon argumentation
1. Critique du réductionnisme et hiérarchie des sciences
Je commence par décrire la vision réductionniste classique : les sciences forment une hiérarchie linéaire où chaque niveau obéit aux lois du niveau inférieur (ex. : la biologie obéit à la chimie, qui obéit à la physique, etc.). Selon cette perspective, connaître les lois fondamentales suffirait à prédire tout phénomène à n’importe quelle échelle.
Or, je montre que cette hiérarchie n’est pas symétrique : si un niveau " obéit " aux lois du niveau inférieur, il n’en est pas pour autant " déterminé " par elles. Les lois du niveau inférieur ne suffisent pas à expliquer ou prédire les propriétés émergentes du niveau supérieur.
2. Symétrie brisée et émergence
Un concept central de l’article est celui de la " brisure de symétrie " (broken symmetry). J' illustre ce phénomène avec des exemples moléculaires : à petite échelle (ex. ammoniaque), les lois fondamentales imposent une symétrie, mais à mesure que la taille ou la complexité des molécules augmente, cette symétrie se brise et de nouveaux comportements émergent, non prévus par les lois de base.
La brisure de symétrie est donc le mécanisme qui permet l’apparition de propriétés collectives inédites à l’échelle supérieure, phénomène appelé " émergence ".
3. Exemples d’émergence
Je cite des exemples célèbres où les lois fondamentales ne suffisent pas à expliquer les phénomènes observés :
- La supraconductivité, découverte expérimentalement bien avant d’être comprise théoriquement, ne se déduit pas simplement de la mécanique quantique des particules individuelles.
- La chiralité des acides aminés en biologie, ou la structure des cellules, sont des propriétés émergentes non prédites par les lois physiques seules.
4. Conséquences épistémologiques
J'en conclus que chaque niveau d’organisation de la matière possède ses propres lois et concepts fondamentaux, qui ne sont ni déductibles ni réductibles aux lois du niveau inférieur. Ainsi, la biologie, la psychologie, la sociologie, etc., ne sont pas de simples applications de la physique ou de la chimie, mais des sciences autonomes, avec leurs propres principes explicatifs.
J'insiste sur le fait que cette hiérarchie n’implique pas de hiérarchie de valeur ou d’intelligence entre disciplines : comprendre la physique fondamentale ne donne pas la clé de toutes les autres sciences.
Avec cette citations . " On voit que le tout devient non seulement plus, mais très différent de la somme des parties. "
J' invite donc à reconnaître la spécificité des sciences à chaque niveau d’organisation et à dépasser l’idée que seule la physique fondamentale serait " vraiment fondamentale ".
(Conclusion par perplexity-ai :
L’article " More Is Different " marque une rupture dans la vision réductionniste de la science. Anderson y démontre que l’émergence de propriétés nouvelles à chaque niveau de complexité impose de développer des théories propres à chaque discipline, et que la compréhension du monde requiert une approche hiérarchique et non linéaire des sciences. Son intuition reste aujourd’hui un fondement de l’étude de la complexité et de l’émergence dans de nombreux domaines scientifiques.)
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Info: Synthèse exhaustive de l’article " More Is Different " paru en 1972
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