Platon et Porphyre ont professé deux opinions qui, combinées ensemble, les eussent peut-être amenés l’un et l’autre au christianisme. Platon a dit que les âmes ne peuvent être éternellement sans corps. Et il a dit aussi que les âmes mêmes des sages, après un intervalle si long qu’on l’imagine, retourneront enfin à leurs corps. Porphyre prétend que l’âme purifiée et de retour au sein du Père, ne doit plus jamais revenir aux misères de cette vie. Par conséquent, si cette vérité qu’il a vue, Platon l’eût donnée à Porphyre : à savoir que les âmes purifiées des justes et des sages retourneront en des corps humains ; si Porphyre eût communiqué à Platon cette autre vérité qu’il a connue : c’est-à-dire que jamais les saintes âmes ne retourneront aux misères d’un corps corruptible, si tous deux réunissaient leurs opinions au lieu de professer à part chacun la sienne, ils verraient bien, je pense, qu’il suit de là que les âmes retourneront en des corps, mais en des corps où elles puissent vivre dans la béatitude et l’immortalité.
Auteur:
Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, page 344
Commentaires: 0