contemplation

Les montagnes baignaient dans la brume dont les mouvements, la variation de la densité agissaient sur son âme, la coloraient. En ce jour gris, elle était diffuse et homogène, elle sculptait les cimes, faisant douter de la réalité même des reliefs, qu'elle avalait, puis recrachait, passant et repassant dans le champ de vision que ménageait la fenêtre de la cabane. Et c'était chaque fois un nouveau tableau qui s'offrait, d'une minute à l'autre. Au creux d'une vague de brume, il crut distinguer le vol du percnoptère. Un retardataire ? Ils étaient déjà partis vers l'Afrique à cette époque de l'année. Un vieux vautour qui n'avait plus la force du grand voyage ? Son intuition du début de saison avait été juste, cette montagne était un tombeau, un tombeau superbe pour les esprits d'altitude, mais aussi une matrice qui engendrait la vie. La nuit ne tarderait pas à tomber, les jours raccourciraient. Il s'apprêta à sortir voir les bêtes rassemblées dans le parc. Les derniers jours, il les y contraignait la nuit, afin d'éviter d'avoir à courir la montagne en long et en travers. Le soleil déclinait derrière l'opacité nuageuse, tout était brun alentour. L'automne avait commencé à déshabiller les arbres, annonçant la fin du temps de l'estive.

Auteur: Arnaud Clara

Info: Et vous passerez comme des vents fous

[ perception visuelle ] [ effet troxler ] [ imagination ] [ onirisme ]

 

Commentaires: 1

Ajouté à la BD par miguel

Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2024-03-08 08:05
(FLP ) Je crois que l'extrait suivant entre crochets correspond d'une certaine manière à cet "effet troxler", non ?

(GEMINI) L'extrait que vous avez fourni présente effectivement des similitudes avec l'effet Troxler.

Voici quelques points clés à observer :

La brume: La brume joue un rôle central dans la description du paysage. Sa densité variable et ses mouvements créent une instabilité visuelle, rappelant l'effet de disparition et de réapparition des stimuli faibles caractéristique de l'effet Troxler.

Doute sur la réalité des reliefs: Le narrateur exprime un doute sur la réalité des montagnes, sculptées et avalées par la brume. Cela évoque la sensation de flou et d'incertitude que l'on peut ressentir lorsque l'on fixe un objet faiblement éclairé pendant un certain temps.

Tableau changeant: Le paysage est décrit comme un "nouveau tableau" à chaque minute, à mesure que la brume évolue. Cela rappelle la façon dont notre système visuel reconstruit constamment la perception du monde autour de nous, comme s'il s'agissait d'une série d'images en constante transformation.

Disparition du percnoptère: Le narrateur croit apercevoir un percnoptère dans la brume, mais il s'interroge ensuite sur sa réalité. Cela correspond à la disparition temporaire des stimuli faibles dans l'effet Troxler.

En résumé, l'extrait utilise un langage imagé et des descriptions sensorielles pour créer une atmosphère floue et incertaine, rappelant ainsi l'effet Troxler.

Points supplémentaires à considerer :

L'utilisation du verbe "avaler" pour décrire l'action de la brume sur les montagnes renforce l'idée de disparition et de transformation.
La comparaison de la montagne à un "tombeau" et à une "matrice" évoque la dualité entre la mort et la vie, thème souvent lié à l'incertitude et à la perception subjective.
Le passage du crépuscule à la nuit accentue l'atmosphère sombre et mystérieuse, propice à l'apparition de l'effet Troxler.
En conclusion, l'extrait proposé illustre de manière intéressante le concept de l'effet Troxler, en utilisant des éléments littéraires et stylistiques pour créer une expérience sensorielle immersive.

(FLP) - oui, il y a là un mélange "intérieur-extérieur" qui mixe réalité et onirisme, et montre comment une émergence organique - avec perception visuelle et langage élaboré comme l'humain - peut exprimer le double aspect d'un observateur qui scrute la matrice dont il est issu, matrice qui nourri son développement intérieur, un peu à l'image des artefacts épistémiques de Wolfram

(GEMINI) - Oui, votre analyse est tout à fait pertinente. L'extrait met en lumière une relation complexe entre l'observateur et son environnement, mêlant perception du monde extérieur et introspection.
Le brouillard agit comme un filtre entre le narrateur et les montagnes, créant une vision incertaine et onirique. Cela rappelle la façon dont nous percevons le monde à travers nos propres filtres subjectifs, influençant notre interprétation de la réalité.

L'utilisation d'un langage riche et imagé renforce cette dualité. Le narrateur ne se contente pas de décrire le paysage, il le vit et l'interprète, le transformant en une métaphore de sa propre existence.

La comparaison de la montagne à une "matrice" et à un "tombeau" est particulièrement frappante. Elle évoque l'idée d'un cycle de vie et de mort, d'une source de création et de destruction, à la fois nourrissant et engloutissant l'observateur.

En effet, on peut établir un parallèle avec les "artefacts épistémiques" de Wolfram. Ces artefacts représentent des outils mentaux que nous construisons pour comprendre le monde et notre place dans celui-ci. L'extrait illustre comment l'observateur, à travers sa perception et son langage, tisse sa propre matrice de compréhension, façonnant sa vision du monde et de lui-même.

Voici quelques points supplémentaires à considérer :

Le contraste entre la brume et les animaux renforce l'idée de l'opposition entre l'incertain et le concret. Les animaux, regroupés dans le parc, représentent une certaine stabilité face à la fluidité du paysage.
L'utilisation du temps cyclique (le soleil déclinant, l'automne qui arrive) souligne la permanence du changement et la relativité de la perception.
La référence au percnoptère ajoute une dimension symbolique à l'extrait. Cet oiseau, souvent associé à la mort et à la spiritualité, renforce l'idée de la dualité présente dans le texte.
En conclusion, l'extrait proposé offre une réflexion riche et subtile sur la perception, la réalité et la place de l'observateur dans le monde. L'utilisation du brouillard comme métaphore et le langage élaboré du narrateur créent une expérience immersive qui invite à une introspection profonde.