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naturel-surnaturel

Le Christ se détache de ce qui reste en lui d’amour passionnel en tant que frère humain des hommes. Jésus renonce à lui-même. En se détachant de Lazare, autre lui-même, il le ressuscite, il l’éveille, il le fait exister. D’une certaine manière, le Christ devient le placenta qu’on abandonne, reste d’un fœtus devenu nourrisson nouvellement né à nouveau, langé dans ses bandelettes.

Jésus, en résonance à Lazare, se sépare de cette confusion fatale à un homme qui ne rencontrerait Dieu que dans un autre homme, qui confondrait son désir spirituel avec son désir et son amour mêlés pour un homme spirituel. Cette confusion a leurré chez Lazare son désir de Dieu.

Auteur: Dolto Françoise

Info: L'évangile au risque de la psychanalyse, tome 1, éditions du Seuil, 1977, page 130

[ double nature ] [ semblable-prochain ] [ résurrection ] [ foi ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

charité

Qui est le prochain ? C’est le Samaritain pour ce pauvre homme battu, volé, dépouillé. C’est le Samaritain qui s’était comporté comme son prochain. Le Christ demande donc au blessé de la route d’aimer ce Samaritain sauveur et de l’aimer comme lui-même.

C’est à celui qui a été sauvé que Jésus enseigne l’amour. Toute sa vie il aimera l’homme dont il a reçu attention, assistance et secours matériels, celui sans qui il serait mort. Jamais il ne devra oublier cet homme qui l’a remis en selle. 

[…] Toute notre vie, d’après le Christ, nous avons à reconnaître une dette vis-à-vis de qui nous a épaulés dans un moment où, seuls, nous n’aurions pas pu continuer notre chemin. Que nous le connaissions ou pas, nous sommes en dette vis-à-vis de qui nous secourt dans nos moments de détresse.

[…] Le modèle "samaritain" de cet évangile laisse l’autre libre. Il se retire de notre chemin et continue le sien. Cette dette d’amour, de reconnaissance que nous avons envers le connu ou l’inconnu qui nous a aidé, nous ne pouvons la régler qu’en faisant de même avec d’autres.

[…] Quand tu es "samaritain", dit le Christ, tu dois ignorer et la dette et la reconnaissance. 

C’est désintéressé, quand celui qui a accompli un geste généreux n’en a plus aucun souvenir. Il n’a pas à en chasser le souvenir. C’est accompli.

C’est un acte de sublimation génitale. C’est comme la mère qui accouche. C’est un acte d’amour. C’est donné. C’est comme dans un coït d’amour, c’est donné.

Mais qui s’en souviendra ? L’enfant. Il est en dette d’une vie, en dette de refaire la même chose avec ses enfants ou ses compagnons de vie. Mais non par "devoir", non par "justice". C’est un courant d’amour. S’il est stoppé, c’est la mort.

Combien de fois n’entend-on pas des gens convaincus d’avoir été charitables ou d’avoir donné, reprocher ensuite aux autres de manquer de reconnaissance […].

Ce n’est pas au "samaritain" que la reconnaissance est directement manifestée. On pense à ce qu’il a fait pour nous, et on agira de même avec un autre.

Si celui qui a été "charitable" garde en lui une exigence vis-à-vis de celui qu’il a un jour aidé, s’il en attend de la reconnaissance, il prouve qu’il cherchait à acheter quelqu’un et qu’il n’était donc pas "samaritain".

[…] Notre prochain, c’est tous ceux qui, à l’occasion du destin, se sont trouvés là quand nous avions besoin d’aide, et nous l’ont donnée, sans que nous l’ayons demandée, et qui nous ont secourus sans même en garder le souvenir. Ils nous ont donné de leur plus-value de vitalité. Ils nous ont pris en charge un temps, en un lieu où leur destin croisait notre chemin.

Notre prochain, c’est le "toi" sans lequel il n’y aurait plus en nous de "moi", dans un moment où, dépouillés de ressources physiques ou morales, nous ne pouvons plus nous paterner ni nous materner nous-mêmes, nous ne pouvons plus nous assister, nous assumer, nous soutenir ou nous diriger. 

Tous ceux qui, comme des frères et de façon désintéressée, nous ont pris sous leur responsabilité, jusqu’à la réfection de nos forces, puis nous ont laissés libres d’aller notre chemin, ont été notre "prochain". 

Auteur: Dolto Françoise

Info: L'évangile au risque de la psychanalyse, tome 1, éditions du Seuil, 1977, pages 149 à 152

[ semblable-prochain ] [ parabole ] [ communion des saints ] [ gratuit ] [ circularité ] [ désir ] [ interprétation psychanalytique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

charité

Je t’ai donné et tu ne m’as rien rendu. Je n’en ai pas eu le bénéfice. Mais toi, tu as eu le bénéfice de savoir que tu es aimé et que tu aimes. Alors jaillit un lien nouveau de nouvelle alliance, une "alliance" d’amour entre les êtres sans bénéfice commercial. 

Le Samaritain a donné sans rien recevoir en retour et le blessé pourra en faire autant avec d’autres.

"Va et fais de même", dit Jésus. "Aime ton prochain comme toi-même", c’est-à-dire : "N’oublie jamais cette plus-value de vitalité dont ton prochain t’a fait don, sans s’appauvrir lui-même. En passant, il t’a permis de reprendre, debout, ton chemin". 

[…] Rayonner sans être appauvri, c'est le don juste dont sont capables seulement les êtres qui ont le cœur libre et ouvert. C'est aussi une métaphore, dans la vie adulte, de l'amour chaste et secourable des parents pour les petits d'hommes alors que ceux-ci sont dans leur naturelle impuissance corporelle. 

[…] S'ils sont vraiment parents, ils agissent ainsi sans même avoir le sentiment qu'ils font un sacrifice : ils ne peuvent pas faire autrement. 

Leur attitude serait pervertie si, ayant accompli leur désir de parents, ils demandaient à leurs enfants d'avoir de la reconnaissance. Les parents ont donné l'exemple ; aux enfants, devenus parents, de faire de même à l'égard de leurs enfants.

[…] On pourrait dire aussi : "Notre âme, c'est l'autre." Chacun pris individuellement ne peut rien connaître de son âme. Jamais nous ne saurons si nous avons une âme. L'âme que nous sentons confusément, le vibrant point focal ultime de notre supposée identité, bref, l'âme que nous "avons", est dans l'autre. Sinon il n'y aurait même pas de parole ni de communication. 

Si la participation mystérieuse de l'être à laquelle "je" prétends n'était pas venue d'un autre —, père, mère, pour commencer —, puis entretenue et reconduite par des compagnons de route, je ne participerais plus à l'être.

[…] Chacun veut sauver sa petite âme, son petit avoir, alors que ce que nous avons c'est l'autre. "Qui veut sauver son âme, la perdra, a dit le Christ, et qui la perdra, la sauvera." 

Alors pourquoi parler d'âme à sauver ? Mots insensés, étrangers au message de la Nouvelle Alliance et étranger à la psychologie la plus élémentaire. 

Cette manie de sauver son âme a correspondu à un moment dans l'Église où elle fut, pourrait-on dire, condamnée par la philosophie d'une époque. Celle où le philosophe disait : "Je pense donc je suis." Autre parole insensée et morte !

En effet, je ne peux penser qu'avec les mots d'autrui. Dans le temps et dans l'espace, il y a une rencontre d'un être vivant et des paroles reçues des autres qu'il assemble et répète pour lui-même. Mais de qui a-t-il pris son existence, de qui a-t-il appris à vivre ? Face à qui dit-il "je" ? Où est "je" qui pense ? 

On devrait dire : "Ça pense et moi l'exprime." Si je te sais m'entendre, je me sais parlant. Sans toi je n'ai pas d'existence. Mais l’existence n’est pas tout de l’être, l’existence n’en est qu’un phénomène perceptible.

L’existence d’un homme n’est-elle pas l’ombre de l’Être ? Et ce que nous appelons notre âme n’est-ce pas notre lumineux et invisible fétiche identitaire ? 

Auteur: Dolto Françoise

Info: L'évangile au risque de la psychanalyse, tome 1, éditions du Seuil, 1977, pages 163 à 165

[ semblable-prochain ] [ communion des saints ] [ interprétation psychanalytique ] [ parabole ] [ circularité ] [ parents-enfants ] [ interdépendance ] [ altérité ] [ question ]

 

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