confusion catégorielle
Et ce qui achève notre impuissance à connaître les choses, est qu’elles sont simples en elles-mêmes, et que nous sommes composés de deux natures opposées et de divers genre, d’âme et de corps. [...]
De là vient que presque tous les philosophes confondent les idées des choses, et parlent des choses corporelles spirituellement et des spirituelles corporellement. Car ils disent hardiment que les corps tendent en bas, qu’ils aspirent à leur centre, qu’ils fuient leur destruction, qu’ils craignent le vide, qu’elle a des inclinations, des sympathies, des antipathies, qui sont toutes choses qui n’appartiennent qu’aux esprits. Et en parlant des esprits, ils le considèrent comme en un lieu, et leur attribuent le mouvement d’une place à une autre, qui sont choses qui n’appartiennent qu’aux corps.
Au lieu de recevoir les idées de ces choses pures, nous les teignons de nos qualités, et empreignons [de] notre être composé toutes les choses simples que nous contemplons.
Auteur:
Pascal Blaise
Années: 1623 - 1662
Epoque – Courant religieux: renaissance
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Pensées, 72-199
[
projection anthropomorphique
]
[
objectivité impossible
]
parole
Chez Wittgenstein, au contraire, il ne saurait être question d’un défaut ou d’une inaptitude quelconque du langage, aucun langage ne peut être un langage sans l’être pleinement, sans posséder entièrement l’essence du langage, de tout langage ; et l’élément mystique n’est pas quelque chose qui se trouve être en dehors des possibilités d’expression du langage tel qu’il est : son existence découle immédiatement du fait même qu’il y a des possibilités d’expression, de l’existence même du langage, c’est-à-dire du fait qu’il y a des propositions douées de sens. […]
Le mysticisme traditionnel (entendu au sens le plus large) se fonde toujours implicitement sur l’idée qu’il manque quelque chose qui devrait pouvoir être dit lorsque le langage a dit tout ce qu’il peut dire, il implique que l’on puisse parler au moins une fois de la réalité sans passer par le langage, pour dire que le langage ne permet pas d’épuiser la réalité, qu’il laisse de côté quelque chose d’essentiel. C’est précisément ce que nie Wittgenstein : que l’on puisse par le langage situer les limites de la réalité au-delà des limites du langage, rompre momentanément la connexion nécessaire qui existe entre les éléments du langage et ceux de la réalité pour confronter globalement les ressources du langage avec celles de la réalité, ce que le langage peut dire avec ce qu’il a à dire. Le Tractatus nous interdit définitivement toute tentative de juger le langage de ce point de vue.
Auteur:
Bouveresse Jacques
Années: 1940 - 2021
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Wittgenstein : la rime et la raison, Les éditions de minuit, 1973, pages 56-57
[
mystère
]
[
métalangage impossible
]
[
objectivité fantasmatique
]
[
point de vue angélique
]