Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info
Rechercher par n'importe quelle lettre



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits... Recherche mots ou phrases tous azimuts... Outil de précision sémantique et de réflexion communautaire... Voir aussi la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats ... Lire la suite >>
Résultat(s): 2
Temps de recherche: 0.0205s

discours scientifique

On dira que la fécondité d’une théorie est un critère objectif. Mais ce critère joue seulement parmi celles qui sont admises. Une théorie refusée par l’opinion collective du village des savants est forcément stérile, parce qu’on ne cherche pas à en tirer des développements. C’est surtout le cas pour la physique, où les moyens mêmes de recherche et de contrôle sont un monopole aux mains d’un milieu très fermé. Si les gens ne s'étaient pas engoués pour la théorie des quanta quand Planck la lança pour la première fois, et cela quoiqu'elle fût absurde – ou peut-être parce qu'elle l'était, car on était fatigué de la raison –, on n'aurait jamais su qu'elle était féconde. Au moment où l'on s'est engoué d'elle, on ne possédait aucune donnée permettant de prévoir qu'elle le serait. Ainsi il a y un processus darwinien dans la science. Les théories poussent comme au hasard, et il y a survivance des plus aptes. Une telle science peut être une forme de l’élan vital, mais non pas une forme de la recherche de la vérité.

Le grand public même ne peut pas ignorer, et n’ignore pas, que la science, comme tout produit d’une opinion collective, est soumise à la mode. Les savants lui parlent assez souvent de théories démodées. Ce serait un scandale, si nous n’étions pas trop abrutis pour être sensibles à aucun scandale. Comment peut-on porter un respect religieux à une chose soumise à la mode ? 

Auteur: Weil Simone

Info: L'enracinement, Editions Gallimard, 1949, pages 325-326

[ arbitraire ] [ sélection ] [ enjeux humains ] [ vérités éphémères ] [ consensus irrationnel ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

querelle des universaux

Tout d’abord, un des éléments déterminants de la philosophie d’Occam, assurément le plus incisif, consiste en une humanisation radicale du langage. Les mots, comme le soulignait E. Bréhier, sont désormais conventionnels, ils sont le fruit d’une institution. Ainsi, le langage n’est plus le reflet privilégié de l’être ; les idées, les concepts, l’universel n’ont de réalité que dans l’âme. Selon Occam, "les mots sont créés par imposition", c’est-à-dire par une donation de sens qui réunit de façon arbitraire un son à un concept. Cette innovation vise une dissolution du rapport naturel entre le nom et la chose qu’il désigne. Un abîme est donc creusé entre la réalité objective et le langage, de telle sorte que celui-ci n’a plus de prise directe sur le monde. Autrement dit, les mots ne contiennent plus, ils ne révèlent plus l’essence des êtres. Les noms des choses, comme le pensait encore Cratyle, ne dérivent plus de leur nature. Ainsi, le mystère qui associait depuis les origines l’acte divin de Création à l’acte de nomination se trouve-t-il occulté dans la nouvelle conception nominaliste du verbe.

Un des effets immédiats de cette réinterprétation du langage fut, de manière plus grave encore, sur le plan théologique cette fois, de "détrôner" pour ainsi dire l’universel, l’eidos (idée), en en faisant de simples signes ou termes. […]

L’ontologie réaliste une fois déracinée de sa terre céleste, il revient au sujet de produire les concepts qui lui permettront d’appréhender le monde de façon résolument moderne. En renonçant à la notion clé de participation "des créatures aux idées universelles et réelles contenues dans l’entendement divin", Occam détruit, d’une part, le lien ontologique permanent réunissant les choses à leur principe et, d’autre part, ce "rayon lumineux" dont parle St Bonaventure, qui seul permet à l’homme l’accès aux sciences véritables dont le Verbe est l’unique centre. Si donc les êtres ne possèdent plus d’ipséités (essences) résidant éternellement dans l’Esprit divin, la réalité essentielle de l’univers et de son Auteur devient définitivement inconnaissable. On assiste là, soulignons-le, à une mentalisation sans précédent de la quête du savoir qui, détachée de toute référence à une doctrine révélée, devient une investigation purement individuelle.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", pages 95-96

[ historique ] [ nominalisme-réalisme ] [ idiomes séparatifs ] [ consensus éphémères ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Coli Masson