eros
Accolés, comme le lierre à l’arbre encerclé,
Que les dieux ne laissent l’aube nous déjoindre.
Fou qui veut modérer l’amoureuse folie,
Plutôt verrons-nous ensemble le soleil
mener un quadrige noir,
La terre donner du blé à qui sème l’orge,
Les fleuves aller contremont,
Les poissons nager sur la rive sèche,
Que l’amour terminer sa fureur.
Tant qu’il se peut, cueille,
cueille le fruit de la vie.
Les corolles perdent les pétales…,
L’on tresse les tiges sèches en paniers,
Si nous sommes aujourd’hui des amants hors d’haleine,
demain l’infortune nous cloîtrera.
Baise m’encor, rebaise-moi et baise,
c’est trop peu de baisers.
Je n’échangerais pas mes souffrances pour une autre,
Mort, je serai encore à elle,
Donne-moi de telles nuits
et la vie sera trop longue,
Multiplie-les, et je serai immortel,
comme un Dieu.
Auteur:
Pound Ezra
Années: 1885 - 1972
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du Nord - Usa
Info:
Hommage à Sextus Propertius in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 288
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couple
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passion
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éternel
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eros-thanatos
Je laisse courir mes doigts sur la photo
déchirée d’un magazine & pliée
chez Fils et Amants.
Elle a une main sur sa hanche
& l’autre pointe un revolver
vers une cible échappant
de l’objectif. Entre une équipe
de femmes en treillis, elle met au défi
le soleil de pénétrer son ao dai.
Des officiers de haut rang laissent leurs yeux
voyager sur la soie tandis qu’ils poussent des pions
sur des cartes sous un ciel de mort.
Les ombres rampent sous ses pieds.
Sait-elle que les soldats la déshabillent
derrière leurs lunettes noires d’aviateurs ?
Elle est aussi délicate qu’un roseau
sur la berge, juste soupesant le flingue
dans sa main, un lotus maculé de sang
enraciné dans l’air agité.
Un autre genre de fleurs voluptueuses
dans la chair, de mauvais augure comme une photo
sur un cercueil attendant d’être
perdue parmi les papiers & les notes,
mais cela fait quand même mal quand le pistolet
joue avec le cœur de cette manière.
Auteur:
Komunyakaa Yusef
Années: 1947
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: poète, essayiste, professeur
Continent – Pays: Amérique - Etats-Unis
Info:
Le Xuan, Beau printemps, traduction Cédric Barnaud
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guerre
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brutalité
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réconfort
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