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création artistique

Mon fils Martin n’écrit plus de poésies. Je crois t’avoir rapporté ce qu’il a déclaré à Berchtesgaden : En réalité, je ne crois pas que mes soi-disant poèmes soient vraiment beaux. Cette sentence a marqué son éloignement d’avec ce qui avait été jusqu’alors sa période créatrice.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 4 octobre 1899, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ enfant ] [ fin ] [ autocritique ]

 
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création artistique

L'oeuvre d'art, loin d'être quelque chose qui transfigure la réalité introduit dans sa structure même l'avènement de la coupure pour autant que s'y manifeste le réel du sujet en tant qu'au-delà de ce qui est dit. Un avènement de l'être dont aucun signifiant ne peut rendre compte. Le réel du sujet, c'est-à-dire le sujet inconscient.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire du 27 mai 1959

[ beaux-arts ] [ singularité humaine ]

 

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création artistique

Traité de l’exaltation ignée, Le Théâtre et son Double est bien sûr une admirable exhortation à la nécessité de brûler les formes, pour gagner la vie. Mais sous bien des fracas et des fureurs il est aussi, plus secrètement, une incitation au silence crépitant de la seule flamme, rendant irrémédiablement exaspérants tous les bavardages pseudo-culturels ambiants. Aussi condamne-t-il à la caducité toutes les formes parlées d’un théâtre demeuré subordonné aux discours qu’une culture exténuée tient sur elle-même et qui travaillent, vampiriquement, à aggraver son exténuement.

Auteur: Bonardel Françoise

Info: Dans "Antonin Artaud ou la fidélité à l'infini", éd. Pierre-Guillaume de Roux, Paris, 2014, page 161

[ résumé ] [ nouveaux principes ] [ renaissance ] [ refus ] [ insubmersible originalité ]

 

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création artistique

Je ne veux pas considérer l’Art comme un déversoir à passion, comme un pot de chambre un peu plus propre qu’une simple causerie, qu’une confidence. Non ! non ! La poésie ne doit pas être l’écume du cœur. Cela n’est ni sérieux, ni bien… La personnalité sentimentale sera ce qui plus tard fera passer pour puérile et un peu niaise une bonne partie de la littérature contemporaine. Que de sentiment, que de sentiment, que de tendresses, que de larmes ! Il n’y aura jamais eu de si braves gens.

Auteur: Flaubert Gustave

Info: Lettre à Louise Colet, 22 avril 1854

[ enfantillages ] [ définition négative ] [ hauteur ]

 
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création artistique

Dans la mesure où un écrivain est un propagandiste, tout ce qu’on peut exiger de lui est qu’il croie sincèrement aux idées qu’il exprime et que celles-ci ne soient pas d’une imbécillité flagrante. Aujourd’hui, par exemple, on peut imaginer un bon livre écrit par un catholique, un communiste, un fasciste, un pacifiste ou un anarchiste, peut-être même par un libéral à l’ancienne mode ou un conservateur ordinaire ; on ne peut imaginer qu’il soit écrit par un spirite ou un membre du Klu-Klux-Klan. Les opinions soutenues par un écrivain doivent être compatibles avec la santé mentale, au sens médical du terme, et avec la capacité de mener une réflexion suivie ; on attend en outre de lui qu’il fasse preuve de ce qu’on appelle talent, et qui n’est sans doute rien d’autre que la conviction. Swift manquait certes de la sagesse la plus commune, mais il possédait en revanche une puissance visionnaire d’une redoutable intensité, qui lui faisait déceler une vérité cachée, pour ensuite l’outrer et la déformer. La pérennité des Voyages de Gulliver démontre que, si une conviction suffisante l’anime, une vision du monde qui n’échappe que de justesse au diagnostic de pathologie mentale peut donner naissance à une grande œuvre d’art.

Auteur: Orwell George

Info: Politique contre littérature : à propos des Voyages de Gulliver, EAL-4, p. 270-271

[ imagination ]

 

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création artistique

La transmission de la fausse grandeur à travers les siècles n’est pas particulière à l’histoire. C’est une loi générale. Elle gouverne aussi par exemple les lettres et les arts. Il y a une certaine domination du talent littéraire sur les siècles qui répond à la domination du talent politique dans l’espace ; ce sont des dominations de même nature, également temporelles, appartenant également au domaine de la matière et de la force, également basses. Aussi peuvent-elles être un objet de marché et d’échange.

L’Arioste n’a pas rougi de dire à son maître le duc d’Este, au cours de son poème, quelque chose qui revient à ceci : Je suis en votre pouvoir pendant ma vie, et il dépend de vous que je sois riche ou pauvre. Mais votre nom est en mon pouvoir dans l’avenir, et il dépend de moi que dans trois cents ans on dise de vous du bien, du mal, ou rien. Nous avons intérêt à nous entendre. Donnez-moi la faveur et la richesse et je ferai votre éloge.

Virgile avait bien trop le sens des convenances pour exposer publiquement un marché de cette nature. Mais en fait, c’est exactement le marché qui a eu lieu entre Auguste et lui. Ses vers sont souvent délicieux à lire, mais malgré cela, pour lui et ses pareils, il faudrait trouver un autre nom que celui de poète. La poésie ne se vend pas. Dieu serait injuste si l’Énéide, ayant été composée dans ces conditions, valait l’Iliade. Mais Dieu est juste, et l’Énéide est infiniment loin de cette égalité.

Ce n’est pas seulement dans l’étude de l’histoire, c’est dans toutes les études proposées aux enfants que le bien est méprisé, et une fois hommes, ils ne trouvent dans les nourritures offertes à leur esprit que des motifs de s’endurcir dans ce mépris.

Auteur: Weil Simone

Info: L'enracinement, Editions Gallimard, 1949, pages 293-294

[ œuvres de commande ] [ littérature ] [ impact spirituel ] [ valets ] [ artistes ] [ mécénat ] [ dépendance ]

 
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création artistique

L'Iliade, les tragédies d'Eschyle et celles de Sophocle portent la marque évidente que les poètes qui ont fait cela étaient dans l'état de sainteté. Du point de vue purement poétique, sans tenir compte de rien d'autre, il est infiniment préférable d'avoir composé le Cantique de saint François d'Assise, ce joyau de beauté parfaite, plutôt que toute l'œuvre de Victor Hugo. Racine a écrit la seule œuvre de toute la littérature française qui puisse presque être mise à côté des grands chefs-d'œuvre grecs au moment où son âme était travaillée par la conversion. Il était loin de la sainteté quand il a écrit ses autres pièces, mais aussi on n'y trouve pas cette beauté déchirante. Une tragédie comme King Lear est le fruit direct du pur esprit d'amour. La sainteté rayonne dans les églises romanes et le chant grégorien. Monteverdi, Bach, Mozart furent des êtres purs dans leur vie comme dans leur œuvre.

[...]

Il y a dans la littérature française un courant discernable de pureté. Dans la poésie, il faut commencer par Villon, le premier, le plus grand. Nous ne savons rien de ses fautes, ni même s’il y a eu faute de sa part ; mais la pureté de l’âme est manifeste à travers l’expression déchirante du malheur. Le dernier ou presque est Racine, à cause de Phèdre et des Cantiques spirituels ; entre les deux on peut nommer Maurice Scève, d’Aubigné, Théophile de Viau, qui furent trois grands poètes et trois êtres d’une rare élévation. Au XIXe siècle, tous les poètes furent plus ou moins gens de lettres, ce qui souille honteusement la poésie ; du moins Lamartine et Vigny ont réellement aspiré à quelque chose de pur et d’authentique. Il y a un peu de vraie poésie dans Gérard de Nerval. À la fin du siècle, Mallarmé a été admiré autant comme une espèce de saint que comme un poète, et c’étaient en lui deux grandeurs indiscernables l’une de l’autre. Mallarmé est un vrai poète.

Dans la prose, il y a peut-être une pureté mystérieuse dans Rabelais, où d’ailleurs tout est mystérieux. Il y en a certainement dans Montaigne, malgré ses nombreuses carences, parce qu’il était toujours habité par la présence d’un être pur et sans lequel il serait sans doute demeuré dans la médiocrité, c’est-à-dire La Boétie. Au XVIIe siècle, on peut penser à Descartes, à Retz, à Port-Royal, surtout à Molière. Au XVIIIe, il y a Montesquieu et Rousseau. C’est peut-être tout.

En supposant quelque exactitude dans cette énumération, cela ne signifierait pas qu’il ne faille pas lire le reste, mais qu’il faut le lire sans croire y trouver le génie de la France. Le génie de la France ne réside que dans ce qui est pur.

Auteur: Weil Simone

Info: L'enracinement, Editions Gallimard, 1949, pages 296-297

[ critère de jugement ] [ pureté ] [ comparaison ] [ historique ]

 

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