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essai philosophique

[A propos de La Différence entre les systèmes philosophiques de Fichte et de Schelling]

L’étude, d’une centaine de pages, est composée de trois parties : le premier tiers aborde un certain nombre de questions philosophiques générales (les systèmes philosophiques vus dans l’histoire, la réflexion comme instrument pour philosopher, les rapports entre la spéculation et le bon sens), le deuxième est un exposé assez long de la philosophie de Fichte, le troisième enfin est consacré à l’examen proprement dit de la différence de celle-ci d’avec la philosophie de Schelling. Le prétexte de l’examen était une réfutation des positions des philosophes contemporains Karl Leonhard Reihold (qui considérait les positions de Fichte et de Schelling comme identiques) et Christoph Gottfried Bardili.

Auteur: Lefebvre Jean-Pierre

Info: Présentation in La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, Flammarion, Paris, 2012, page 16

[ résumé ] [ objectif ] [ intention ] [ comparaison ]

 
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essai philosophique

[A propos des Ecrits théologiques de jeunesse]

Hegel y sonde la question de la possibilité de l’apparition d’une religion, et met en place une première dialectique de la religion positive (déposée par l’histoire et la tradition) et de la religion naturelle ou rationnelle. Au sein de l’analyse historique du devenir du christianisme, des couples conceptuels se mettent en place, ainsi qu’un protosystème qui doit beaucoup à Kant et à l’idée que la religion ne peut se fonder que sur la moralité, dans le même temps que ses lectures historiques (Forster et Gibbon) l’incitent à poser les premiers jalons d’une périodisation de l’histoire universelle articulée sur des matières spéculatives ou des concepts. Il n’y a pas encore de "premier système" mais une "soupe primitive" du système, dans laquelle la part de la philosophie demeure relativement modeste.

Auteur: Lefebvre Jean-Pierre

Info: Présentation in La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, Flammarion, Paris, 2012, page 12

[ résumé ] [ influences ] [ ébauche ]

 
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dialectique

La conscience naturelle, comme savoir (sans intermédiaire) d’un être qui lui fait face – d’un objet – a pour cet objet un concept du vrai, sur lequel elle fonde sa certitude (Gewissheit). Et cette certitude est celle du Thomas de l’Evangile : elle croit que cet être est parce qu’elle le voit avec ses sens et ne doute pas de ces sensations. Cette certitude sensible (c’est le titre du chapitre I) est le premier des moments du savoir conscient qui s’expriment dans ce que Hegel appelle des figures de la conscience. La figure est chaque fois la totalité de la conscience et de son concept du vrai à un moment donné du développement de sa quête. Ce concept correspond au point où elle en est de son voyage vers le Savoir absolu (das absolute Wissen). Une fois qu’elle l’a énoncé, elle procède alors à la vérification de l’adéquation de ce concept du vrai à l’objet qui lui fait face. "Concept", notons-le, se dit en allemand Begriff, et connote directement la saisie, la compréhension comme captation, préhension.

La deuxième figure de la conscience porte plus explicitement encore ce sens quasi concret. Il s’agit de la perception, dont l’objet est la chose porteuse d’un nom correspondant à ses diverses qualités : elle a un concept du vrai qui est la négation du concept défendu par la figure précédente, la certitude sensible. La troisième figure est l’entendement (der Verstand) dont l’objet et le concept est la force (au sens de la physique classique), soit la négation du concept du vrai défendu par la perception. Et ainsi de suite, mais de façon de plus en plus complexe, car ce qui est nié, dépassé et aboli est toujours conservé-en-tant-que-nié, ou plus exactement intériorisé.

Mais ce processus de dévoilement par négation puis négation de la négation est aussi le mouvement intérieur à l’expérience de chaque figure de la conscience vérifiant si son concept fonctionne. […]

Ce qui complique encore le récit, c’est qu’à chacune des figures de la conscience (relevant d’un type déterminé de certitude et de vérité, de conviction d’avoir balayé les certitudes illusoires, dépassé le niveau phénoménal et atteint l’essence de ce qui vraiment) correspond en général, non pas un stade de l’hominisation, mais un moment de l’histoire de la philosophie ou un type de philosophie représenté à diverses époques. 

Auteur: Lefebvre Jean-Pierre

Info: Présentation in La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, Flammarion, Paris, 2012, pages 32-33

[ définition ] [ explication ] [ traduction ] [ résumé ]

 

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essai philosophique

La phénoménologie est chez Hegel la science du phénomène, non pas la science expérimentale de tel ou tel phénomène objectif particulier, mais la science spéculative de la connaissance elle-même, appréhendée et s’appréhendant dans son apparition progressive à l’occasion de ses expériences successives. Combinée au mot "esprit" sur un mode quasi paradoxal, sans qu’on sache si le génitif "de l’esprit" est subjectif ou objectif, une mutation sémantique l’éloigne cependant assez tôt de la psychologie du sujet connaissant et l’entraîne du côté de l’histoire, loin du mythe pentecôtique de la manifestation immédiate de l’esprit dans des langues de feu, ou, si l’on veut, du phénomène absolu. […]

Comme Hegel l’explique dans son Introduction en combinant les mots Zweifel (le doute) et Verzweiflung (le désespoir comme perte totale de la confiance), la phénoménologie étudie pas à pas le long processus douloureux de dévoilement, pour la conscience, de ce qui est en vérité, l’expérience progressive de tout ce qui est trompeur, incomplet, séducteur, mais aussi mort ou dépassé, dans le rapport de la conscience des hommes à ce qui est. […]

La phénoménologie penchée sur les expériences apparemment contingentes et impures de la conscience pourrait sembler une démarche empiriste. Mais elle est d’emblée conçue comme dépassement des données de l’expérience et comme passage, dans et par les expériences désespérantes, à une plus grande pureté et substantialité du savoir. C’est à ce titre qu’elle prend la place, pour les invalider pratiquement, des préliminaires à toute formulation du savoir requis par la philosophie critique. Elle n’examine pas préalablement les conditions de possibilité du savoir vrai et la nature de la certitude, mais "se jette à l’eau pour savoir nager", réfute performativement la notion de préalable en se déclarant elle-même d’emblée scientifique et débouchant sur une connaissance de plus en plus absolue, non relativisée par un préambule critique excluant la chose-en-soi du savoir.

La seconde moitié du titre, "de l’esprit", peut sembler pompeuse et vaguement théologique en regard de cette patiente besogne : si mens (dans l’annonce en latin du cours de 1807) n’est pas spiritus, Geist en allemand connote beaucoup plus directement encore la spiritualité chrétienne, voire le clergé : der Geistliche est un ecclésiastique. A ceci près que si "esprit" détermine "phénoménologie", "phénoménologie" détermine aussi "esprit". L’esprit est ici un principe spirituel à l’œuvre d’un bout à l’autre d’un processus menant à la science, mais d’abord présent sous différentes figures déterminées que le philosophe moderne distingue comme autant de moments partiels, la première étant la certitude sensible de la conscience naturelle, une espèce de croyance naïve, et la dernière, qui contient et dépasse toutes les autres, et à proprement parler n’en est plus une, étant le savoir absolu (la science qui ne doute plus) une fois le long voyage d’apprentissage parvenu à son terme…

[…] L’esprit se manifeste donc d’abord à lui-même dans l’expérience que fait d’elle-même, et de ce qu’elle rencontre, la conscience dite naturelle – ce qui signifie pour Hegel non pas un état de nature, mais un niveau de naïveté spirituelle déterminée par l’environnement historique, le point où l’on en est. La conscience (das Bewusstein : littéralement, l’ "être conscient") est un état, un être face à de l’être, un être existant dans son environnement : l’esprit dans son monde. Et l’être qui fait face à l’être-conscient est ce qu’on appelle, en français, son objet, d’un mot où disparaît la topique de face-à-face, constamment présente dans l’allemand Gegenstand, qui éclaire considérablement de nombreuses phrases de la Phénoménologie.

[…] Dans le long apprentissage du vrai, l’esprit comme conscience va peu à peu gagner en assurance et comprendre que ce qui se tient face à lui, non comme un miroir, mais comme un monde opaque, c’est lui-même, qu’il est ce qui lui fait face comme un autre-que-lui, et qu’il peut, ou doit, y agir et être soi, faire que ce qui est sien soit, et que ce qui est soit totalement sien. Et quand cette identité est posée, au terme du sixième chapitre du livre, la réconciliation objective ou historique de la conscience et de la conscience de soi ainsi produite peut être de nouveau intériorisée dans le moment religieux de l’esprit (où esprit finit par se confondre avec Saint-Esprit), mais seulement dans l’élément de la représentation, avant que soit pensée par la philosophie (la science) dans le savoir absolu l’identité de ces deux réconciliations objective et intérieure. 

Auteur: Lefebvre Jean-Pierre

Info: Présentation in La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, Flammarion, Paris, 2012, pages 26 à 30

[ définition ] [ traduction ] [ résumé ] [ explication ] [ terminologie ] [ dialectique ]

 

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essai philosophique

On parcourt assez vite l’itinéraire de la conscience proprement dite. Dans les trois premiers chapitres, elle passe des illusions d’un savoir du vrai très primitif, celui de la certitude sensible, à peine capable d’exprimer sa vérité autrement que dans les monosyllabes du genre "ça", "là", ou "moi", à l’illusion plus pernicieuse d’un savoir du vrai identifié (par un jeu de mots sur Wahrnehmung : littéralement la "capture du vrai") à la perception des objets désignés comme choses par des noms particuliers, c’est-à-dire par des catégories universelles qui impliquent déjà, sans que la conscience le sache, le travail du discours de l’entendement ; puis elle se jette dans la troisième illusion de la conscience convaincue de comprendre enfin le cœur des choses du monde qui se tient face à elle, dans le concept scientifique de force, tel que le contrôle de la faculté nommée entendement (soit en allemand Verstand, qui connote immédiatement le verbe verstehen, "comprendre"). Face au règne invisible et universel des forces, des lois et du monde suprasensible, la conscience comme simple entendement s’imagine avoir déniché le talisman du savoir de ce qui est en soi, alors même que son examen vérificateur révèle qu’elle stagne dans l’indépassable va-et-vient tautologique d’un faux dépassement du fini, et que ce qui lui fait face comme une réalité "à même soi" n’est en fait qu’elle-même.

La vérité de cette expérience apparaît de manière développée au chapitre IV, dans le moment suivant, qui déploie la dialectique de la vie, de la mort et du désir, soit celle qui concerne substantiellement le Soi-même (l’identité subjective) reconnu à la fin du chapitre III, avant de la développer dans la dialectique du dominant et de l’asservi longtemps appelée "dialectique du maître et de l’esclave" […]. Hegel s’engage ensuite dans l’examen des trois tentatives philosophiques anciennes, historiquement déterminées, de penser la vie, la mort et le malheur de l’aliénation : le stoïcisme, le scepticisme et le christianisme de la conscience pieuse. Aucune de ces attitudes ne parvient à dépasser la scission dont souffre la conscience malheureuse, condamnée comme l’entendement à stagner dans le face-à-face d’un Soi-même inessentiel et d’une Essence inaccessible au soi. Il faut encore un long travail avant les retrouvailles de l’esprit avec lui-même. Mais "en soi" ou "pour nous", la conscience malheureuse, sans le savoir, est déjà sortie du malheur. 

Ce long travail s’annonce à la fin du chapitre IV et occupe l’ensemble du chapitre V, dans lequel la conscience, qui est aussi et désormais conscience de soi, se tourne de plus en plus agissante, vers le monde avec la conviction que ce qui est (das Sein) est sien (sein ist). Tout le chapitre est habité par ce jeu de mots pédagogiquement fort utile. La Raison n’est pas le simple entendement, encore borné par l’illusion d’un être-en-soi extérieur à lui. L’entendement – c’est un comble – devient même peu à peu dans la Phénoménologie une catégorie polémique, négative, péjorative, synonyme d’illusion ou de tromperie. […] La raison (Vernunft), qui abolit la prétention de l’entendement à être savoir absolu, c’est l’esprit comme identité de la substance et du sujet prise dans le long travail de clarification et de production de cette identité. Elle commence par reconnaître cette identité dans le monde extérieur en se contentant d’observer la nature, selon une posture apparemment objective qui débouche pourtant sur des propositions quasi absurdes, du genre "l’être de l’esprit est un os". Puis elle franchit le pas décisif de l’initiative subjective pratique : elle agit, fait quelque chose pour se rendre elle-même effective dans le grand ouvrage commun, frôlant la folie dans l’infatuation de la Loi du cœur, et accède enfin au dernier moment de la Raison qui n’est raison que dans l’univers social, politique, économique, culturel, etc. où elle s’exprime comme esprit de la Cause universelle continuellement prise dans un processus de production générale (l’œuvre de tous et de chacun), y compris dans les pratiques individuelles apparemment les moins collectives, voire les plus égoïstes (la Chose elle-même, avec un grand C). Puis, franchissant un pas de plus, la raison entreprend de dicter elle-même les lois des hommes, voire, au comble de la prétention, d’en examiner la vérité.

[…] Malgré l’identité apparente de ce qui est et de la raison (de la conscience et de son objet), la contradiction guette encore toutes ces présomptions. Quand la raison prétend dire le vrai de la loi des hommes, c’en est même presque fini de la loi, du moins au sens de substance éthique qu’examine ensuite le chapitre de l’esprit proprement dit (chapitre VII). Dans un mouvement de bascule d’une intelligence ravageuse, Hegel reprend donc la question de la loi à son début, dans le conflit de la loi divine qu’Antigone a la conviction intime de défendre, et de la loi humaine que Créon lui oppose tragiquement. Commence alors une longue remontée historico-spéculative, qui part de l’univers mythique des Grecs et suit la réalité antique (la vie des hommes, des femmes, des enfants et des "jeunes gens") jusqu’aux débuts du christianisme dans le monde romain, où se met en place la catégorie juridique de personne, liée à la propriété, qui marque la fin du moment antique. Cette première phase est le moment du règne de l’ethos, de l’esprit vrai, dont le caractère substantiel se problématise de plus en plus, qui n’est donc que vrai, sans avoir la certitude de cette vérité.

Cet univers rencontre dans l’histoire de l’Europe occidentale […] le phénomène nommé "culture", Bildung, c’est-à-dire aussi "formation" ou "éducation" dans lequel l’humanité du monde germanique, autre nom chez Hegel de chrétien, décide elle-même de ce qui doit devenir sa substance morale et politique, au sens fort du terme : une sorte de réflexe spirituel plus fort et immédiat que la réflexion intelligente. La culture est un monde, le monde historique dans lequel s’affrontent la croyance religieuse et l’intelligence pure, en un combat qui s’achève par le triomphe des Lumières – mais un triomphe fatal et terrible qui est celui de la Liberté absolue dans la Terreur (quand Hegel travaille à la Phénoménologie, il y a seulement dix ans que Robespierre a été guillotiné). Parvenu à ce moment historique si proche, et à l’expression de sa vérité dans la philosophie kantienne de la moralité (l’esprit qui cette fois est certain de sa vérité), on pourrait de nouveau croire que le but, le savoir absolu, est atteint ou presque, que le dépassement (la négation déterminée) du moment kantien – dans de longues analyses critiques de son inconséquence – est déjà en soi le passage au savoir absolu, après l’échec de la belle âme qui s’en inspirait…

Or, une fois de plus, il n’en est rien ! "Patience", semble dire le guide philosophe à son lecteur. Plus de cent pages sont alors consacrées, dans le chapitre VII, à la religion, en ce qu’elle développe de manière exemplaire, et proprement spirituelle, la dialectique phénoménologique, mais dans un univers mental qui demeure celui de la représentation privée du concept : au moment religieux dit naturel (lui-même développé avec ses trois temps : culte de la lumière abstraite, totémisme animal, construction d’édifices) succède le moment non naturel de l’art (de l’artifice niant peu à peu la seule nature et progressant vers la spiritualité du chant religieux d’une communauté), auquel succède le moment chrétien de la religion dite manifeste (ou purement religieuse), qui achève la dialectique de l’esprit en réconciliant sa présence naturelle (celle du fils) et sa présence spirituelle (celle du père).

On pourrait dès lors penser que l’ancien séminariste protestant a enfin, contre Kant et face au danger mortel que la philosophie critique représente pour la religion, subsumé sous l’autorité de celle-ci la totalité du savoir et de l’expérience humaine, réconcilié humblement la philosophie avec l’autorité de la religion. Mais c’est la philosophie qui reprend la parole et prononce le dernier mot, dans le chapitre VIII, celui du "savoir absolu", catégorie ultime qu’il faut entendre dans plusieurs sens indistinctement cumulés. Le premier est le sens quasi trivial du verbe wissen modalisé par l’adverbe absolut […], celui d’un savoir immédiat dont on est absolument sûr. L’autre sens, plus endogène dans la Phénoménologie, désigne un savoir affranchi de toute contingence naturelle et de tout artefact intellectuel, tel qu’il devait être exposé dans la deuxième partie annoncée par le titre et rappelée dans la longue Préface que Hegel rédigea d’un trait, après avoir relu sur épreuves son opus achevé. 

Auteur: Lefebvre Jean-Pierre

Info: Présentation in La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, Flammarion, Paris, 2012, pages 36 à 40

[ résumé ] [ structure ] [ progression ] [ explication ] [ définition ]

 

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