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obsédé sexuel

Tu n’as pas compris que lorsque j’habite avec toi et que je fais l’amour une ou deux fois par jour, je m’éloigne de la sublimation ? Un type qui n’atteint pas la sublimation n’est qu’un pauvre bougre, un sous-développé, un frustré, un aliéné au sexe énorme et autoritaire, au cerveau minuscule et impuissant. Moi, je suis un dé-sublimé. Exactement l’homme dont tous les Protti de la terre ont besoin pour s’en tirer. Un dé-sublimé, c’est un bon citoyen, un bon mari, un bon père, un cocu, le père d’un gosse qui n’est pas le sien. Un dé-sublimé, c’est la grosse brute dont toute la force de défense au monde s’en va par le bas en le laissant vidé et consentant. Un dé-sublimé, c’est un Caliban dont la pulsion sexuelle se dirige uniquement vers ça !

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 52-53

[ dispersion ] [ idéal de maîtrise ] [ rabaissement ] [ autocritique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

simplicité

Ce qui me frappe le plus tandis que je les regarde vivre, c'est que, parmi les Lobi... l'accent est mis sur la question existentielle beaucoup plus que sur le travail... ça ne veut pas dire que le travail, qui est absolument indispensable dans une économie de subsistance comme celle-ci, n'a pas sa place dans les pensées des habitants du village ; mais... on dirait qu'il est vécu sans effort et quasiment sans intention, autrement dit intégré dans le rythme biologique au même titre que tout ce qui n'est pas du travail, par exemple dormir, manger et surtout jouer. Car c'est vrai, on pourrait dire des Africains ce que Leopardi dit des oiseaux : que chez eux, il y a une joie naturelle qui dépasse continuellement la limite de l'utilité et transforme en jeu jusqu'aux tâches les plus exaspérantes.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Lettres du Sahara

[ nord-sud ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

curiosité

En d'autres termes, si je m'en tiens à la fiction, le romancier ne se contente pas de nous faire voir, mais souvent nous fait voir ce que personne ne pourrait voir, à moins d'être justement un voyeur.(...) on ne peut nier que la représentation d'un fait aussi privé que le rapport sexuel relève du voyeurisme. Et cela pour la bonne raison qu'on ne fait pas l'amour en public et que, par là, quand le romancier nous décrit deux personnages en train de s'accoupler, en réalité il regarde et nous fait regarder par un imaginaire trou de serrure. Ce voyeurisme du narrateur est souvent redoublé par le voyeurisme d'un personnage scoptophile, comme, par exemple, dans la scène bien connue de Proust où le baron de Charlus est espionné par le narrateur tandis qu'il fait l'amour avec le "giletier" Jupien.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'homme qui regarde

[ appétit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fesses

A côté de la chaire se tient une femme. Celle que "lui" vient de me faire remarquer. Elle n’est pas jeune. C’est une étrangère, peut-être une Américaine. Une tête de professeur, d’enseignante en tout cas : des lunettes d’écaille foncée enfourchées sur un nez sévère ; une grande bouche, sensuelle peut-être, mais dédaigneuses ; des cheveux coupés court au-dessus d’une nuque robuste et nerveuse. Une tête que j’imaginerais volontiers surmontée du bonnet noir et carré dont les professeurs des universités anglo-saxonnes se coiffent les jours de solennités. Elle porte un corsage blanc et une jupe grise. Elle est maigre, plate, masculine mais sous la cambrure des reines, comme "lui" me le fait malicieusement observer, s’épanouit un derrière surprenant. Un derrière solide, sphérique, musclé, rebondi, pétulant, gamin, allègre. Un derrière qui fait mentir le visage trop sévère : le visage dit non à la vie ; le derrière, avec enthousiasme, lui dit oui.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 187-188

[ femme-par-homme ] [ cul ] [ contraste ] [ double discours corporel ] [ attraction-répulsion ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

décoration

L’attente se prolonge dans cet appartement silencieux au milieu du mobilier noveccento. Et ma fureur s’accroît. Ce buffet composé de cubes superposés et flanqué de deux formes cylindriques ; ces chaises rembourrées au dossier arrondi ; cette table lourde soutenue par un seul pied énorme court et rond qui rappelle ceux des champignons qu’on nomme cèpes ; cette suspension qui descend du plafond avec son cerceau de bois noir où sont accrochés des globes de verre blanc opaque ; tous, ils sont tous à l’image de ma mère. Tous, ils symbolisent le moralisme répressif et bête des années trente. De la bourgeoisie fasciste ! Nationaliste ! Militariste ! Colonialiste ! Paléocapitaliste ! Le moralisme des fonctionnaires du Gouvernement, comme mon père, qui s’en allaient à leur ministère en vareuse d’orbace noir, un aigle doré piqué dans leur casquette, et qui se saluaient "à la romaine" jusque dans les autobus où on bougeait difficilement bras et jambes.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 327

[ description ] [ évocation ] [ régime politique ] [ ameublement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

exister

Autrefois, Luca avait eu un très grand amour-propre et il avait été au nombre des meilleurs élèves. A présent, au contraire, dès le premier mois de cours, il était parmi les derniers. Sous cette avalanche de reproches et de mauvaises notes, il éprouvait une particulière satisfaction, car il lui semblait que ces reproches étaient, en réalité, des éloges, et ces mauvaises notes de bonnes notes pour la conduite qu'il avait désormais décidé d'avoir. Mais, en même temps, il ne pouvait s'empêcher de se sentir envahi par une profonde amertume à la pensée que sa condition d'écolier empirait de jour en jour et allait bientôt devenir incurable. Souvent, il se demandait pourquoi diable il se comportait de la sorte, et il s'apercevait qu'il ne pouvait trouver d'autre motif qu'une sorte de point d'honneur obscur, aride, ingrat, entièrement négatif et pourtant presque insoutenable. "Pourquoi est-ce que je fais cela ?" se demandait-il. En attendant, au milieu de ces contradictions, le temps passait.

Auteur: Moravia Alberto

Info: La Désobéissance

[ révolte adolescente ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pénis

Abandonné sur la paume de ma main, il ressemblait à un cétacé en train d’agoniser tout seul sur le sable d’une plage. Maintenant, graduellement, il grossit. Il ressemble à un dirigeable, encore retenu par ses câbles, qui se soulève, se soulève encore, se croyant libre. Je retire ma main, il reste tel qu’il est. Solide, massif, comme une souche de chêne, toutes ses veines, qui font penser à des tiges de plantes grimpantes, se dessinant en relief. Le gland à nu, luisant et violacé, il se tient devant moi, stupidement dressé, atteignant presque le niveau de mon nombril.

Je ne le touche pas, je le laisse osciller, fier de chacune de ses oscillations. Je me retourne et me regarde dans l’étroit miroir accroché sur le mur du fond. Dans la pénombre, je devine un personnage grotesque. Une sorte de Silène (ou de macaque) des vases pompéiens. Crâne chauve, nez vaniteux, estomac dilaté, jambes courtes et "lui", d’une étrange couleur, venant d’on ne sait où, soudé à mon bas-ventre par un mauvais plaisant de dieu. 

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 82

[ érection ] [ description ] [ étranger ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pénis

L’odeur forte et chaude de l’urine monte à mes narines. "Lui", je le tiens dans la paume de mes mains, ses testicules et tout, je "le" soupèse, j’en estime le volume. Celui qui peut faire sauter entre ses doigts des génitoires de cette sorte ne peut pas être un individu quelconque ou de rien, un homme comme les autres. Et encore moins un raté, un velléitaire, un impuissant moralement et intellectuellement. Tenir devant soi un membre aussi lourd, aussi gros, ne peut que donner confiance en soi, non ? "Lui", le vaniteux, est sans doute ravi de mes louanges. Il se gonfle, on dirait qu’il commence à se soulever. Le gland et son anneau circulaire, sa légère dépression, sa convexité conique au-dessus d’une dépression, affleure sous la peau. A la pointe, la peau qui s’écarte laisse apercevoir un orifice qui fait curieusement penser à l’œil d’un porcelet nouveau-né. Pourquoi ne pas en convenir ? Je suis "bien fourni", superbement "doté", et la "nature" a été pour moi d’une générosité sans égale. Pas de fausse modestie. Qui peut se vanter plus que moi de posséder des organes aussi exceptionnels en proportions, sensibilité, vivacité, puissance, résistance ?

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 79-80

[ érection ] [ fierté ] [ description ] [ grosse bite ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

conte

Deux brigands avaient décidé de tuer Silvestro et sa femme pour les dévaliser. Ils se rendirent de nuit à leur domicile et, encouragés par la solitude du lieu, ils cognèrent aux fenêtres tout en intimant l'ordre de se faire ouvrir. Mais Silvestro avait ce soir-là deux gendarmes à dîner. Ceux-ci se cachèrent derrière un rideau et quand les bandits entrèrent, le pistolet au poing, ils furent reçus par une fusillade qui les atteignit l'un et l'autre en pleine poitrine.

Quelque temps après, les fantômes des deux brigands décidèrent de se venger de Silvestro en le faisant mourir de peur. Le sachant à l'auberge, ils l'attendirent dans son jardin, mais comme cette attente les fatiguait, ils se hissèrent sur une corde tendue entre deux perches et s'y installèrent.

Lorsque Silvestro sortit de l'auberge, il était ivre. Pourtant, malgré son ivresse, il comprit que sa femme avait étendu son linge pour le mettre à sécher au vent nocturne. Seulement elle avait oublié de le fixer, courant ainsi le risque qu'on ne le retrouve pas le lendemain. Silvestro entra dans la maison, se saisit de pinces à linge, revint au jardin et pinça les spectres sur la corde à linge.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Italia magica, p 253 - Les spectres sur la corde (Enrico Morovich)

[ histoire courte ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par miguel

femmes comparées

Elle parle tranquillement, sans s’arrêter dans ses préparatifs. Elle va du réfrigérateur à la cuisinière, de la cuisinière à l’évier. Ses gestes sont précis, mesurés : ils me font penser à ceux d’un robot des salons des arts ménagers. Dans cette pièce tout est fonctionnel, net, même les épluchures de légumes, les emballages vides. Je ne peux m’empêcher de comparer Fausta, détestable maîtresse de maison, à Irène, et cette cuisine étincelante de propreté à la nôtre, toujours en pagaye, je dirais plus, assez crasseuse. Malgré son aberrante sympathie pour le capitalisme, je pense que, au fond, j’aimerais assez avoir Irène pour épouse. "Lui" [le pénis du narrateur] n’est pas de mon avis. Il bondit : "Ah, moi non, par exemple ! 

- Ah vraiment ? Et pourquoi ?

- Parce que Fausta, malgré tous ses réels défauts, est désirable, c’est tout le contraire.

- Mais alors pourquoi ne cesses-tu d’attirer mon regard sur ses jambes ?

- Je te dis qu’Irène n’est pas désirable. Elle est exactement le genre de femme avec qui on couche par bravade.

- Tu aurais donc l’intention de braver quelque chose ?

- Son manque de disponibilité.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 281

[ discernement ] [ transgression ] [ excitation sexuelle ] [ curiosité ] [ froideur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson