femmes comparées

Elle parle tranquillement, sans s’arrêter dans ses préparatifs. Elle va du réfrigérateur à la cuisinière, de la cuisinière à l’évier. Ses gestes sont précis, mesurés : ils me font penser à ceux d’un robot des salons des arts ménagers. Dans cette pièce tout est fonctionnel, net, même les épluchures de légumes, les emballages vides. Je ne peux m’empêcher de comparer Fausta, détestable maîtresse de maison, à Irène, et cette cuisine étincelante de propreté à la nôtre, toujours en pagaye, je dirais plus, assez crasseuse. Malgré son aberrante sympathie pour le capitalisme, je pense que, au fond, j’aimerais assez avoir Irène pour épouse. "Lui" [le pénis du narrateur] n’est pas de mon avis. Il bondit : "Ah, moi non, par exemple ! 

- Ah vraiment ? Et pourquoi ?

- Parce que Fausta, malgré tous ses réels défauts, est désirable, c’est tout le contraire.

- Mais alors pourquoi ne cesses-tu d’attirer mon regard sur ses jambes ?

- Je te dis qu’Irène n’est pas désirable. Elle est exactement le genre de femme avec qui on couche par bravade.

- Tu aurais donc l’intention de braver quelque chose ?

- Son manque de disponibilité.

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, page 281

[ discernement ] [ transgression ] [ excitation sexuelle ] [ curiosité ] [ froideur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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