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littérature antique

Simonide de Céos (556 environ à 468 avant Jésus-Christ) appartient à l’époque présocratique. […] C’était un des poètes lyriques grecs les plus admirés – seule une infime partie de sa poésie a survécu ; on l’avait surnommé l’homme "à la langue de miel", nom latinisé sous la forme Simonide Melicus, et il brillait surtout par la beauté de ses images. On attribua différentes innovations à cet homme manifestement doué de dons brillants et originaux. On dit qu’il fut le premier à demander un paiement pour ses poèmes ; l’aspect calculateur de sa personnalité est visible dans l’histoire de son invention de l’art de la mémoire, qui tourne autour d’un contrat pour une ode. Plutarque lui attribue une autre nouveauté ; il semble penser en effet qu’il fut le premier à comparer les méthodes de la poésie et celles de la peinture, en créant la théorie qu’Horace devait résumer succinctement dans sa fameuse phrase ut pictura poesis. "Simonide, écrit Plutarque, appela la peinture une poésie silencieuse et la poésie une peinture qui parle ; car la peinture peint les actions pendant qu’elles s’accomplissent, les mots les décrivent une fois qu’elles sont achevées [De gloria Atheniensium]".

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 53-54

[ créations ] [ résumé ] [ œuvre ]

 

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philosophie

Nous avons toujours supposé ou soupçonné qu’il y avait un aspect secret dans les systèmes mnémoniques de Bruno, qu’ils constituaient une manière de transmettre une religion, une morale ou un message d’une importance universelle. Or il y avait un message d’amour et de fraternité universels, de tolérance religieuse, de charité et de bienveillance impliqué dans les projets de Leibniz pour un calcul ou une caractéristique universelle. A la base même de ses schémas, on trouve des plans pour l’union des Eglises, pour l’apaisement des oppositions sectaires, pour la fondation d’un "Ordre de la Charité". Leibniz croyait que le progrès des sciences mènerait à une connaissance plus large de Dieu, son Créateur, et donc à une extension plus large de la charité, source de toutes les vertus. Le mysticisme et la philanthropie sont liés à l’encyclopédie et au calcul universel. Quand nous envisageons cet aspect de Leibniz, sous sommes à nouveau frappés par le parallèle avec Bruno. Les Sceaux de Mémoire cachaient la religion de l’Amour, de l’Art, de la Magie et de la Mathesis. Une religion de l’amour et de la philanthropie universelle devait se manifester ou se réaliser grâce au calcul universel.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, page 535

[ hermétisme ] [ influence ] [ similitudes ] [ comparaison ]

 

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Plérome

Ce nombre [30] semble avoir été particulièrement associé à la magie. Un papyrus magique grec donne un Nom de Dieu à trente lettres. Quand il tonne contre les hérésies gnostiques, saint Irénée rappelle que saint Jean-Baptiste était censé avoir trente disciples, nombre qui évoque les trente éons des gnostiques. Trait qui évoque encore mieux la magie profonde : le nombre trente était associé à Simon le Magicien. J’incline à penser que la source effective de Giordano Bruno a dû être la Steganographia de Trithème : on y trouve une liste de trente et un esprits, avec les moyens de les évoquer. Dans un résumé de cet ouvrage […] la liste se ramène à trente. Parmi les contemporains de Bruno, John Dee s’intéressait aussi à la valeur magique du nombre trente. Le Clavis angelicae de Dee fut publié à Cracovie en 1584, deux ans après les Ombres de Bruno qui ont, donc, pu l’influencer. La "Clef angélique" décrit la façon d’évoquer "trente ordres bons des princes de l’air" qui règnent sur toutes les parties du monde. Dee dispose de trente noms magiques sur trente cercles concentriques, et il s’occupe de la magie qui sert à évoquer les anges ou les démons.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'Art de la mémoire

[ occultisme ] [ moyen-âge ] [ historique ]

 

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philosophie de la renaissance

L’ancienne dialectique, véritable et naturelle, fut cependant, dit Ramus*, altérée et corrompue par Aristote, qui y introduisit l’artifice et la fausseté. Pour Ramus, c’était sa mission que de faire retrouver à l’art dialectique sa forme "naturelle", sa nature préaristotélicienne, socratique et antique. Cette dialectique est l’image, dans la mens, de l’éternelle lumière divine. Ce retour à la dialectique est un retour de l’ombre à la lumière. C’est une voie pour monter et descendre des spéciaux aux généraux et des généraux aux spéciaux, comparable à la chaîne d’or d’Homère qui va de la terre au ciel, du ciel à la terre. […] il exalte sa dialectique vraie et naturelle comme une sorte de mystère néo-platonicien, une voie pour quitter les ombres et retourner à la lumière de la mens divine.

Rapportée à cet arrière-plan, la méthode dialectique commence à perdre une part de sa rationalité apparente. C’est un "savoir ancien" que Ramus renouvelle. C’est une vision de la nature du réel, à travers laquelle il peut unifier la multiplicité des apparences. En imposant l’ordre dialectique à chaque sujet, l’esprit peut monter et descendre des spéciaux aux généraux et vice versa. La méthode ramiste commence à apparaître comme une conception presque aussi mystique que l’Art de Raymond Lulle, qui impose à chaque sujet les abstractions des Dignités divines et qui accomplit aussi la montée et la descente.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 338-339 *Pierre de La Ramée

[ apparence rationnelle ] [ substrat occulte ] [ influences ]

 
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clé de lecture

L’Inferno de Dante [est] considéré comme une espèce de système de mémoire destiné à mémoriser l’Enfer et ses châtiments, à l’aide d’images frappantes distribuées sur une série ordonnée de lieux. Cette idée pourra causer un certain choc, et je dois m’en tenir là. Il faudrait un livre entier pour dégager les implications contenues dans une telle approche du poème de Dante. Ce n’est pas du tout une approche grossière, ou impossible. Si l’on pense que le poème se fonde sur des séries ordonnées de lieux dans l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, et qu’il constitue un ordre cosmique de lieux dans lequel les sphères de l’Enfer sont les sphères du Paradis inversées, il commence à apparaître comme une somme de comparaisons et d’exemples, disposés en ordre et distribués sur le fond de l’univers. Et si on se rend compte que la Prudence, sous ses nombreux et différents symboles, constitue un thème symbolique majeur du poème, les trois parties de celui-ci peuvent être comprises comme memoria  - se rappeler les vices et leur châtiment en Enfer – intelligentia  - utiliser le présent pour faire pénitence et acquérir la vertu – et providentia – viser le Paradis. […]

La Divine comédie deviendrait ainsi l’exemple par excellence de la transformation d’une somme abstraite en somme de symboles et d’exemples, la Mémoire étant la faculté qui opère cette transformation, le pont entre l’abstraction et l’image.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 143-144

[ poésie ] [ christianisme ] [ triade ]

 
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philosophes hermétistes

Dans une de ses attaques contre Fludd, Mersenne déclara que les deux mondes de Fludd reposaient sur une doctrine "égyptienne" douteuse – c’est-à-dire la doctrine des Hermetica – selon laquelle l’homme contient le monde, et sur l’affirmation de "Mercurius" - dans l’Asclepius – selon laquelle l’homme est un grand miracle, semblable à Dieu. […]

Cependant, bien que Fludd et Bruno fassent, tous deux, fonctionner leurs systèmes occultes de mémoire en s’inspirant de philosophies hermétiques, ces philosophies ne sont pas identiques. Le point de vue de Fludd est celui d’une Renaissance antérieure, d’une Renaissance où les "trois mondes", les trois étapes de la création tout entière – le monde élémentaire, le monde céleste et le monde supracéleste – sont christianisés, par suite de l’identification entre le monde supracéleste et les hiérarchies angéliques christianisées du Pseudo-Denys. Cela permet, pour ainsi dire, de couronner le système d’un sommet christianisé, angélique et trinitaire. Camillo partage ce point de vue. […]

Bruno rejetait l’interprétation chrétienne des Hermetica ; il voulait revenir à une religion purement "égyptienne" : par là même, il abandonnait ce qu’il appelait le sommet "métaphysique" du système. Pour lui, au-delà du monde céleste, il y a un Un supracéleste, un Soleil intellectuel : c’est l’objet qu’il cherche à atteindre à traverses ses manifestations dans la nature, ou à travers les traces qu’il y a laissées, en les groupant ou en les unifiant dans la mémoire grâce à leurs images.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 470-471

[ différences ] [ comparés ]

 

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philosophie

Francis Bacon possédait une connaissance très complète de l’art de la mémoire et lui-même le pratiquait. […] L’importance que Bacon attachait à l’art de la mémoire est bien montrée par le fait que l’art occupe une place éminente dans l’Advancement of Learning où il constitue un des arts et sciences qu’il faut réformer, à la fois dans leurs méthodes et dans leur objet. Bacon estime que l’on pourrait améliorer l’art de la mémoire existant et que l’on devrait s’en servir à des fins utiles, et non pas pour une vaine parade. […]

Bacon partageait entièrement l’ancien point de vue, selon lequel l’image efficace s’imprime mieux dans la mémoire, et le point de vue thomiste selon lequel on se rappelle mieux les choses intellectuelles au moyen de choses sensibles. […]

Bacon acceptait donc grosso modo et il pratiquait l’art normal de la mémoire, celui qui utilise les lieux et les images. On ne voit pas clairement comment il proposait de l’améliorer. Mais, parmi les nouveaux usages auxquels il fallait le destiner, on trouve la mémorisation de différents sujets dans un certain ordre, de façon à les tenir présents à l’esprit en vue d’une recherche éventuelle. Cela pouvait aider l’enquête scientifique car, en dégageant des détails hors de la masse indistincte de l’histoire naturelle, le jugement pouvait être amené plus facilement à s’exercer sur eux. L’art de la mémoire est ici utilisé pour mener les recherches de la science naturelle, et ses principes d’ordre et de disposition sont transformés en une sorte de classification.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 513 à 515

[ rupture épistémologique ]

 

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ésotérisme

Pour revenir à l’analyse générale de la perspective rosicrucienne. La magie en était un facteur dominant, agissant comme une mécanique arithmétique dans le monde inférieur, et comme une mathématique transcendante dans le monde céleste et comme une conjuration angélique dans le monde supracéleste. On ne peut pas laisser de côté les anges dans cette vision du monde, même se ce dernier tend à aller vers une révolution scientifique. La vision religieuse est liée à l'idée qu'on a pénétré dans des sphères angéliques supérieures au sein desquelles toutes les religions étaient considérées comme une seule et même chose ; et l'on considère que ce sont les anges qui éclairent les activités intellectuelles de l'homme.

Au début de la Renaissance, les mages avaient pris soin de n'utiliser que les formes de magie opérant dans les sphères célestes élémentaires ou, utilisant des talismans et divers rituels pour attirer les influences favorables des étoiles. La magie d'un opérateur audacieux comme Dee pointe au-delà des étoiles, visant à réaliser la magie mathématique supercéleste, la magie de conjuration des anges. Dee croyait fermement qu'il avait pris contact avec de bons anges qui lui avaient permis de progresser dans ses connaissances. Ce sentiment d'être en contact étroit avec des anges ou des êtres spirituels est la caractéristique du Rosicrucien. C'est ce qui confère à ses techniques, aussi pratiques, rationnelles et performantes dans leur nouvelle compréhension des techniques mathématiques, un caractère étrange et peut faire soupçonner qu'elles sont en contact, non pas avec des anges, mais avec des démons. 


Auteur: Yates Frances Amelia

Info: Les Lumières rosicruciennes

[ rose-croix ] [ historique ] [ occultisme  ] [ forces séraphiques ] [ dualité ] [ esprits ] [ hiérarchie ]

 

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philosophie de la renaissance

De tous les réformateurs des méthodes éducatives au XVIe siècle, le plus éminent – ou celui qui s’est le mieux mis en valeur – est Pierre de La Ramée, plus connu sous le nom de Pierre Ramus. […]

Le dialecticien français, qui fit tellement de bruit en simplifiant les méthodes d’enseignement, naquit en 1515 et mourut en 1572, assassiné comme huguenot lors du massacre de la Saint-Barthélemy. Cette mort le fit valoir auprès des protestants, qui accueillaient également avec plaisir ses réformes pédagogiques, car ils y voyaient un moyen d’échapper aux complications de la scolastique. Au rang des complications dont Ramus fit place nette, on trouve celle du vieil art de la mémoire. Ramus supprime la mémoire en tant que partie de la rhétorique et, du même coup, il supprime la mémoire artificielle. Ce n’est pas qu’il ne se souciât pas de la mémorisation. Au contraire, le mouvement ramiste en faveur de la réforme et de la simplification de l’éducation tendait en particulier à fournir une nouvelle et meilleure façon de mémoriser tous les sujets. Ce but devait être atteint grâce à une nouvelle méthode, selon laquelle chaque sujet serait disposé selon "l’ordre dialectique". Cet ordre était exprimé par un schéma où les aspects "généraux" ou globaux des sujets venaient en premier ; de là, on descendait, par une série de dichotomies classifiées, aux aspects "spéciaux" ou individuels. Une fois qu’un sujet était disposé selon cet ordre dialectique, il était mémorisé dans cet ordre et à partir de la présentation schématique : c’est le fameux résumé de Ramus.

Comme l’a dit Ong, la vraie raison pour laquelle Ramus pouvait se passer de la mémoire comme partie de la rhétorique c’est que "l’ensemble de son schéma des arts, fondé sur une logique topique, est un système de mémoire locale".

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 328-329

[ résumé intellectuel ]

 

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science

Mais c’est Leibniz qui illustre de la manière de loin la plus remarquable la façon dont l’art de la mémoire et le lullisme continuent d’influencer l’esprit des grandes figures du XVIIe siècle. Naturellement, on sait en général que Leibniz s’intéressait au lullisme et qu’il écrivit un ouvrage, la Dissertatio de arte combinatoria, fondé sur l’adaptation du lullisme. Ce qu’on ne sait pas aussi bien, même si Paolo Rossi l’a souligné, c’est que Leibniz connaissait aussi très bien les traditions de l’art classique de la mémoire. En fait, l’effort de Leibniz, qui vise à inventer un calcul universel recourant à des combinaisons signifiantes de signes ou de caractères, apparaît incontestablement comme une descendance historique des efforts de la Renaissance pour combiner le lullisme et l’art de la mémoire, efforts dont Giordano Bruno nous a fourni un exemple particulièrement remarquable. Mais les signes ou les caractères signifiants des "characteristica" de Leibniz étaient des symboles mathématiques, et leurs combinaisons logiques devaient engendrer l’invention du calcul infinitésimal.

On rencontre dans les manuscrits non publiés de Leibniz qui se trouvent à Hanovre, des références à l’art de la mémoire ; ils citent en particulier Lambert Schenkel – c’est l’auteur sur la mémoire que cite également Descartes – ainsi qu’un autre traité mnémonique bien connu, le Simonide redivivus d’Adam Bruxius, publié à Leipzig en 1610. […] La Mnémonique, dit Leibniz, fournit le sujet d’une discussion ; la Méthodologie lui donne sa forme, et la Logique est l’application du sujet à la forme. Il définit alors la Mnémonique comme l’union d’une image d’une chose sensible à la chose qu’il faut se rappeler, et il appelle cette image une nota. La nota "sensible" doit avoir un lien avec la chose qu’il faut se rappeler, soit qu’elle lui ressemble, soit qu’elle en diffère, soit qu’elle entretienne avec elle un certain rapport.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 525-526

[ origine ] [ philosophie ] [ objectif ] [ résumé ]

 

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