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couchant

Kasser fit alors remarquer qu'il n'existait rien de plus beau qu'un coucher de soleil sur les montagnes et la mer, le coucher de soleil, ce merveilleux jeu de lumières dans le ciel s'assombrissant, cette somptueuse incarnation de la transition et de la permanence, la sublime tragédie, poursuivit Falke, de toute transition et de toute permanence, un spectacle grandiose, une merveilleuse fresque représentant quelque chose qui n'existait pas mais illustrait à sa façon l'évanescence, la finitude, la disparition, l'extinction, et l'entrée en scène solennelle des couleurs, intervint Kasser, cette époustouflante célébration du rouge, du lilas, du jaune, du brun, du bleu, du blanc, l'aspect démoniaque de ce ciel peint, c'était tout cela, tout cela, et bien d'autres choses encore, reprit Falke, car il fallait aussi évoquer les milliers de frissons que le spectacle évoquait chez celui qui le contemplait, l'émotion intense qui le saisissait immanquablement, un crépuscule, dit Kasser, incarnait la beauté emplie d'espoir des adieux, l'image éblouissante du départ, de l'éloignement, de l'entrée dans l'obscurité, mais aussi la promesse assurée du calme, du repos, et du sommeil imminent, c'était tout cela à la fois, et combien d'autres choses encore, remarqua Falke, oui, combien d'autres choses encore, renchérit Kasser (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan, p 111

[ crépuscule ] [ symbolisme cyclique ]

 

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homme-animal

(…) Ils redoublaient de prudence, d’intelligence, de ruse, et de courage, mais ils ne partaient pas, et cela, personne ne le comprenait, tous ceux qui à l’époque avaient suivi cette histoire de loups s’attendaient à ce que ces deux animaux si intelligents quittent définitivement la région, mais non, ils étaient restés, car voyez-vous, lui dit le garde-chasse en faisant démarrer la jeep, ça se passe comme ça chez les loups, quand ils ont un territoire, ce territoire demeure le leur à jamais, même s’il ne couvre qu’une cinquantaine d’hectares ils ne peuvent pas le quitter, c’est la règle, un principe, qui guide leur pensées et détermine leur existence, si ces deux derniers loups n’ont pas bougé d’ici, c’est parce qu’ils ne pouvaient pas partir, ils avaient beau être conscients du danger permanent, abandonner leur territoire, dont ils ne cessaient de marquer les frontières, était tout simplement impensable, et puis, ajouta José Miguel, il était personnellement convaincu que la fierté jouait également un rôle important dans leurs lois, c’était donc probablement en partie par fierté qu’ils n’étaient pas partis, le loup est un animal très fier, très fier, dit-il en crachant quasiment chaque syllabe, après quoi il se tut, resta un long moment perdu dans ses pensées, et les autres le laissèrent à sa rêverie (….)


Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Le dernier loup

[ instinct ] [ territorial ] [ conservation ]

 

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soliloque

(...) il y avait cette perpétuelle déception vis-à-vis des hommes, par hommes elle entendait la gente masculine, ces hommes qui lui avaient fait la cour, promis monts et merveilles, et l'avaient ensuite jetée de la plus ignoble des façons, et pour la plus ignoble des raisons, et de l'autre côté, il y avait elle, une femme romantique, comme elle se définissait, dont le cœur était tellement, mais tellement fragile, voilà ce qu'avait été sa vie entière, d'un côté ses innombrables déceptions, de l'autre côté ce cœur fragile, et alors qu'elle pensait que tout était fini, qu'il n'y avait plus rien à espérer, voilà qu'un jour le facteur apporte une lettre, et que le miracle se produit, quelqu'un pensait à elle, quelque part, se dit-elle alors qu'elle essayait de choisir de la charcuterie et tentait de lire à travers le film plastique la date de péremption et de deviner celle à qui elle pouvait se fier, elle ne faisait ce genre de rêve - que quelqu'un pense à elle à l'autre bout du monde, et de cette façon, avec des sentiments aussi purs - que lorsqu'elle était une petite fille, finalement elle opta pour du cervelas, du moins quelque chose qui ressemblait à du cervelas, le mit dans son panier et se dirigea vers la caisse.




Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Le Baron Wenckheim est de retour

[ superposition ]

 

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pessimisme

Il contempla tristement le ciel menaçant, les vestiges brûlés d'un été infesté de sauterelles, et vit soudain sur la branche d'un acacia, comme dans une vision, le progrès du printemps, de l'été, de l'automne et de l'hiver, comme si le temps tout entier n'était qu'un intermède frivole dans les espaces bien plus vastes de l'éternité, un brillant tour de passe-passe pour produire quelque chose d'apparemment ordonné à partir du chaos, pour établir un point de vue d'où le hasard pourrait commencer à ressembler à une nécessité... et il se vit cloué sur la croix de son propre berceau et de son cercueil, essayant péniblement d'arracher son corps, pour finalement se livrer - complètement nu, sans marque d'identification, dépouillé de l'essentiel - aux soins de ceux dont le devoir était de laver les cadavres, des gens obéissant à un ordre aboyé par temps sec, sur fond de bruits assourdissants provenant de tortionnaires et d'écorcheurs, où on se retrouvait obligé de considérer la condition humaine sans la moindre pitié, sans la moindre possibilité de retour à la vie, car il compris alors avec certitude qu'il avait passé toute sa vie à jouer avec des tricheurs qui avaient truqué les cartes et qui, à la fin, le dépouilleraient même de son dernier moyen de défense, cet espoir de retrouver un jour le chemin de sa maison. 

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Satantango (trad google, Deepl et mg 12 sept 2025)

[ épiphanie ] [ déductions ] [ lucidité noire ] [ univers impersonnel ] [ nihilisme ]

 

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invective

Maintenant ça suffit, espèces de vieux débiles! Vous croyez, il piqua du nez vers M. Nadaban qui recula d'effroi, que je vais supporter vos inepties encore longtemps? [...] Une calamité! Bah voyons! Le Jugement dernier! Bordel de merde! C'est vous la calamité! C'est vous le Jugement dernier! Vous planez à dix mille lieues, et vous pouvez aller crever, vous et tous les somnambules de votre espèce! Je parie, il secoua M. Nadaban par l'épaule, que vous ne pigez pas un traître mot de ce que je vous dis!!! Car vous, vous ne parlez pas, vous chuchotez, vous vous récriez, vous, dans la rue, vous ne marchez pas, vous vous hâtez fébrilement, vous n'entrez pas quelque part mais vous franchissez le seuil, au lieu d'avoir froid vous tremblez, au lieu d'avoir chaud vous ruisselez de sueur! Ça fait des heures que je n'ai pas entendu un mot normal, vous ne savez que gémir, vous chiez dans vos frocs et vous invoquez le Jugement dernier, tout ça parce qu'un casseur brise une vitre, parce que vos cerveaux sont brumeux, et quand on vous met le nez dans la merde, tout ce que vous savez faire c'est regarder, sentir, puis déclarer : "Sorcellerie!" La vraie sorcellerie, espèce de vieux débris dégénérés, ce serait de vous réveiller un jour et de vous apercevoir que vous n'êtes pas sur la lune mais en Hongrie, qu'en haut c'est le nord, en bas, le sud, que le premier jour de la semaine est lundi, le premier mois de l'année janvier! 

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: La mélancolie de la résistance

[ harangue ] [ diatribe ] [ exaspération ] [ vieux cons ] [ bigots tremblants ] [ dévots timorés ] [ âmes pétrifiées ]

 

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déclic

C'était arrivé brutalement, sans le moindre signe avant-coureur, sans aucun préambule, la prise de conscience l'avait frappé et terriblement affligé le jour précis de son quarante-quatrième anniversaire, exactement comme ils lui étaient tombés dessus, tous les sept, au milieu de la passerelle, dit-il, de façon aussi soudaine qu'imprévisible, il était assis au bord d'une rivière - un endroit où il allait de temps en temps -, car il n'avait aucune envie de rentrer dans son appartement vide le jour de son anniversaire, et là, mais vraiment subitement, il s'était aperçu que Dieu du ciel! il ne comprenait rien, que doux Jésus! il ne pigeait rien du tout, que nom d'un chien! il ne comprenait pas le monde, et il fut effaré par cette façon de formuler les choses, par ce niveau de banalité, de cliché, de naïveté, oui, mais le fait est qu'il se trouva horriblement stupide à quarante-quatre ans, un triple idiot qui avait cru pendant quarante-quatre ans comprendre le monde, alors qu'en fait, reconnut-il alors au bord de la rivière, non seulement il ne comprenait pas le monde mais il ne comprenait rien à rien, et le pire dans tout cela était qu'il avait cru, durant quarante-quatre années, le comprendre, ce fut cela le pire en cette soirée d'anniversaire, seul au bord de cette rivière, d'autant plus qu'il ne résultait pas de cette révélation que bon, très bien, maintenant il comprenait tout, non, il ne venait pas d'acquérir un nouveau savoir en échange d'un ancien savoir, mais se trouvait confronté à une épouvantable complexité, et à partir de cet instant, dès qu'il pensa au monde - et ce soir-là, il y pensa intensément et se tortura l'esprit, sans résultat - cette complexité devint de plus en plus opaque, et il pressentit alors que cette complexité incarnait l'essence même de ce monde qu'il tentait si désespérément de comprendre, que le monde ne faisait qu'un avec sa propre complexité, voilà où il aboutit, et il ne baissa pas les bras lorsque, quelques jours plus tard, les problèmes avec sa tête commencèrent.


Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Guerre & Guerre

[ bascule ] [ perdu ] [ épiphanie négative ] [ déprime ]

 

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désillusion

Il n'aimait personne et personne ne l'aimait, et celui lui convenait parfaitement, le respect c'était autre chose, cela allait de soi, découlait, hélas, de la bêtise humaine, contre laquelle il était impuissant, non pas qu'il s'en souciât, non, c'était le cadet de ses soucis, mais lorsqu'il y était confronté, il pouvait en souffrir terriblement, c'était du reste ce qui avait motivé sa première prise de décision, car le fait d'avoir abandonné la science, la pratique scientifique, les recherches scientifiques, n'était pas à proprement parler une décision mais une suite logique de sa perte soudaine d'intérêt pour les mousses, ces mousses auxquelles il avait consacré à sa vie entière et qui lui avaient permis d'acquérir une renommée internationale, un jour, en effet, alors qu'il regardait par le fenêtre, il aperçut l'enseigne du Penny Market et une longue file d'attente qui serpentait, piaffant d'impatience, quelques minutes avant l'ouverture du magasin, tout ça parce que les tomates en grappe et la bouteille d'un demi-litre de Coca-Cola y étaient en promotion, eh bien, en voyant cela, il perdit instantanément le goût pour les études scientifiques, se dit subitement que tout ce qu'il savait sur les mousses, ce qu'il était le seul au monde à savoir sur les mousses, était totalement superflu, non mais franchement, quel était l'intérêt d'étudier les mousses, en plus de ça d'y consacrer sa vie entière, et plus généralement, à quoi bon s'intéresser à quoi que ce soit, quel était l'intérêt de figurer, comme la revue Nature l'affirmait, parmi les trois plus grands spécialistes des mousses du monde, j'en ai rien à foutre, déclara-t-il dans son légendaire langage fleuri, rien à foutre des mousses, répéta-t-il en élevant la voix, finies les mousses, je ne leur accorderai même plus un seul regard, pourquoi est-ce que je devrais les regarder ? Hein ? à cause de la revue Nature ? ou pour que dans ce trou paumé, dans cette ville pourrie, tous les bouffis d'abrutis décérébrés me saluent quand ils me croisent, ou alors précisément à cause des mousses, les mousses n'en ont rien à foutre que je les observe ou pas, elles se fichent ce que je sais d'elles, de ce que je pense d'elles, les mousses existent, un point c'est tout, et moi j'existe, un point c'est tout, et ça suffit amplement, voilà comment cela avait démarré, cependant à l'époque on ne pouvait pas encore parler de décision, mais plutôt d'un certain état psychologique dans lequel il avait lentement sombré, et si le Coca-Cola et les tomates en grappe n'avaient pas été en promotion au Penny Market ce jour-là, les choses auraient peut-être pris une tournure différente (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Le Baron Wenckheim est de retour

[ déclic ] [ inutile expertise ] [ désenchantement ] [ rupture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel