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écriture

[...] on ne voit pas que la graphomanie formidable qui envahit la société est la conséquence de la disparition de quelques vestiges de la vie historique, et notamment de la littérature du passé en tant que contrainte, intimidation, inhibition. Il faudrait distinguer la littérature d’empêchement et la littérature d’encouragement. Balzac, c’est de la littérature d’empêchement. Angot [...], c’est de la littérature d’encouragement : c’est-à-dire que n’importe qui, devant un paragraphe d’Angot, se sent immédiatement capable d’être aussi stupide, fou, obsédé, pas drôle, etc. : il suffit de s’asseoir devant son écran et d’imiter les chimpanzés dactylographes de la légende, ce n’est pas plus difficile que cela. Les néo-auteurs, pas le moins du monde intimidés, exercent leur droit à écrire comme s’il s’agissait d’un droit de l’homme.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1463

[ non-démocratique ] [ réserve ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

politique

Si la gauche a encore l'air de mieux tenir le coup, c'est que ses principes fondamentaux et sentimentaux cadrent plus étroitement avec le programme hyperfestif; mais elle aussi s'affole : elle sait bien que sans la droite, sans l'ersatz de droite qui la fait exister en tant qu'ersatz de gauche, elle n'est plus grand-chose; et que la rupture d'équilibre peut être dramatique également pour elle. Va-t-elle même encore être longtemps "la gauche" sans son vieux complice de bonneteau? Elle a déjà tout oublié de son essence négatrice, jadis basée sur des hostilités de classes, au profit d'une inflation de morale et de vertuisme sans précédent. Elle a remplacé le matérialisme dialectique par la pratique du bien et substitué à la dictature du prolétariat le terrorisme des "valeurs".

Auteur: Muray Philippe

Info: Après l'histoire

[ gaule ] [ contraste ] [ bipolarité ] [ déclin ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Céline : ma thèse à accentuer est que Céline abandonne la littérature en 1937 quand il interrompt Casse-pipe pour se mettre à "écrire" les pamphlets. Il veut effacer le manque (les juifs), combler le trou. Il désire par conséquent aussi qu’il n’y ait plus de littérature (les Juifs, la littérature, même chose, du moins dans l’optique de l’antisémite). Tout antisémitisme est une logophobie. Antisémitisme, anti-lettre. Et réciproquement, toute logophobie est un antisémitisme… Il faut donc mesurer aussi quel passage au-delà de cet abandon de la littérature signifie la reprise d’après-guerre, quelle transformation, quelle résurrection (le corps de ses romans d’après-guerre, leur matière – par rapport au corps et à la matière des romans d’avant-guerre – à comparer avec le corps du Christ avant et après la Résurrection).

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 28 avril 1981

[ fantasme d'unification ] [ parole ] [ tournant ] [ symbole de la division ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

fascination

Voilà ce qu’il fait toute sa vie Nerval, au fond : il se constitue un avoir. Un patrimoine. C’est un capitaliste du nécrophile. Il déchaîne l’inflation de ses ancêtres. Avant les banques de données et les banques du sperme, il y a les banques des morts et c’est d’ailleurs la même chose. L’étrange n’est pas que l’on soit hanté. L’étrange est que cette hantise devienne un objet de désir. Le seul peut-être véritable objet de désir de l’espèce contemporaine. L’étrange est que l’on soi charmé par les charmes et les magies. Qu’on les veuille. Qu’on en redemande jusqu’à en mourir. Que la mort soit devenue une valeur. Que les morts soient la valeur-or des transactions, la référence de tous les placements, des protocoles d’accord et des pactes sociaux.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 402-403

[ généalogies ] [ filiation fantasmatique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

logos

Si l’homme parle parce que les corps ne peuvent s’unir, si les corps ne peuvent s’unir parce que l’homme parle, le Verbe aussi est au commencement, parce que le malheur est déjà inscrit dans son désir par le fait qu’il est verbe, la séparation est toujours déjà là, dans le fait qu’il est toujours déjà parole. D’où que Dieu, pour être Verbe, ne peut être Un… Le Verbe vient là où l’objet du désir manque toujours. Et ce Verbe, c’est un deus absconditus, c’est-à-dire qu’il dit que tout ne peut se dire, qu’il y a du tout-ne-peut-pas-se-dire. C’est Pascal disant que Dieu est en partie visible, en partie invisible. Nous ne savons que traduire en interdits (=sacrifices) le manque qui est à l’œuvre dans le Verbe de Dieu.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 23 octobre 1978

[ incomplétude ] [ péché originel ] [ faille ] [ trou ] [ parole ] [ limitation ] [ castration ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

un-multiple

La réponse de l’Un vaut pour la philosophie, elle est la philosophie même, elle ne vaut que pour la philosophie, elle lui est nécessaire (perspective de l’Un-bon-beau). Mais je crois qu’elle ne peut valoir pour la littérature. En s’y soumettant, les écrivains manquent la relation du monde tel qu’il saigne (quand il saigne, il n’est jamais Un, et quand ne saigne-t-il pas ?). Or, il faut relater le monde. Ce qui peut être une pensée absurde pour la philosophie devient obligation d’évaluation pour la littérature. Là réside la différence irréductible. Quand la littérature se soumet à l’Un, elle s’effondre ou glisse sous la philosophie. Là ne peut que s’arrêter pour moi l’adhésion à toute philosophie, c’est-à-dire à toute Réforme. La Réforme, c’est l’Un. La littérature est toujours Contre-Réforme.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 30 novembre 1978

[ chaos ] [ division ] [ différence ] [ conflit ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

bâclage littéraire

Maintenant, si on se demande comment, refusant le monde et maudissant la vie, Céline aurait pu éviter de rendre certains hommes responsables de sa malédiction, on est forcé de répondre qu’il lui eût fallu, au moins, cesser de maudire l’écart transcendant ouvert par son langage. Je ne veux pas suggérer qu’il lui a manqué d’être, par exemple, chrétien. D’autres écrivains au XXe siècle ont pu atteindre une aussi insoutenable lucidité sans se précipiter, en retour, vers aucun garde-fou. On peut même définir l’écrivain comme celui qui, justement, n’est pas obligé d’avoir une religion, et sans doute est-il le seul de son espèce. Mais en se mêlant de la réforme du monde, en orchestrant la persécution, en se mettant en somme à croire aux hommes, Céline était-il encore écrivain ? 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Céline", éd. Gallimard, 2001, page 187

[ solution facile ] [ vide ] [ antisémitisme ] [ question ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Ce que je veux dire dans le Céline.

Que si Céline a été antisémite, c’est qu’il a été révolutionnaire. C’est-à-dire qu’il a plongé jusqu’en ses plus hauts fonds dans la végétation crapuleuse de ce siècle de bouleversements païens.

S’il a épousé ce siècle, c’est qu’il a compris l’essentiel : qu’il s’agissait d’une ruche en guerre.

S’il a réussi à être plus qu’un écrivain-révolutionnaire-et-antisémite, c’est qu’il a su mourir très tôt.

J’ai là l’analyse de la représentation célinienne et de la situation de la subjectivité.

L’œuvre de Céline étant une tentative interminable d’incarner la fonction paternelle, c’est-à-dire d’être mort et inoubliable, d’être absolument absent et incontournable, sur le corps grouillant, maternel, du monde, il est le plus biblique des écrivains.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 9 octobre1979

[ critique ] [ résumé ] [ éloge ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

frustration

... Passion de la vengeance et de la punition. On devient moral, a écrit Proust quelque part, dès qu'on est malheureux. Phrase étonnante, phrase profonde en écho à laquelle on pourrait citer aussi Nietzsche citant Balzac: "Celui qui moralise ne fait en somme, comme disait Balzac, que montrer ses plaies sans pudeur."

Comment ne pas s'acharner à montrer ses plaies, comme autant d'appels à une punition généralisée? Comment ne pas moraliser, même quand on est malheureux? D'où vient que la vertu ostentatoire apparaisse automatiquement si proche du ressentiment; et que, devant toute position morose et moralisante, remonte dans notre souvenir l'exclamation de Zarathoustra: "Hélas! que ce mot "vertu" est déplaisant quand il coule de leur bouche! Et quand ils disent: "je suis juste", cela sonne toujours comme: "je suis vengé!"

Auteur: Muray Philippe

Info: Essais

[ rancoeur ] [ révélatrices ]

 

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disneyland

Oh ! je ne me fais pas de soucis pour la Souris sacrée : son Royaume est de ce monde et elle aura un succès fou, c’est tout vu. Par cohortes, les détraqués viennent prendre un avant-goût du Cauchemar à thèmes. On se bouscule dans la boutique, on s’arrache les pin’s […], les peluches, les blousons et les autres gris-gris équipés des deux oreilles noires obsessionnelles. D’ailleurs, le voilà, justement : Mickey ! Là-bas ! C’est lui, sur le terre-plein, en chair et en peluche, envoyant des baisers à la foule en liesse ! Qu’est-ce que ça lui fait, au type ainsi accoutré, d’être un dessin incarné ? Quelle peut bien être sa vision du monde, derrière les hublots fumés de ce masque d’hydrocéphale, tandis que montent vers lui des cris d’enfants comblés ?

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 324

[ folie collective ] [ entertainment ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson