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grammaire

1° Ce qui définit un homme aujourd’hui, c’est littéralement la disparition de sa définition, qui était d’ailleurs une anti-définition puisque, comme les termes non marqués en linguistique (qui n’ont pas d’opposition, ou plutôt englobent celle-ci), le genre masculin avait en propre de désigner à lui seul les hommes et les femmes. Dépouillé de ce pouvoir indifférenciateur, tous ses autres prestiges s’effondrent. Le piédestal d’où il tombe est précisément celui du non-sexuel où il trônait par son nom générique, et d’où s’ordonnait l’humanité sexuée. Simultanément, celle-ci l’est de moins en moins ; et elle va faire payer cher à l’homme de n’être plus, après sa chute, qu’un mâle sans qualités.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1590

[ neutre ] [ genre des mots ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

parole jargonnante

Rien ne m’a jamais paru plus comique que ces citations de poètes modernes genre René Char qui parsèment comme des pilules de n’importe quoi concentré tant de textes philosophiques d’une obscurité appliquée, au moins aussi obscurs en tout cas, mais d’une autre façon, que les fragments dits poétiques qui viennent là pour les décorer. La passion des philosophes pour la poésie a des motivations qui sont extrêmement claires, en revanche. S’ils aiment tant la poésie, s’ils en font une consommation aussi gourmande, c’est qu’elle représente justement l’exténuation rassurante de toute littérature ; ou encore, pour parler comme Hegel, parce que la poésie est l’art de la sortie de l’art.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 299

[ incompréhensible ] [ sentimentalisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

idole

Qui est contre la démocratie ? Personne. Même pas les tyrans, qui annoncent leur intention de la rétablir dans les meilleurs délais chaque fois qu’ils prennent le pouvoir par un coup d’État. Même pas les islamistes modérés de Turquie. Ni l’armée du même pays, qui veille au grain et la rétablira mani militari, cette démocratie, si par hasard les islamistes la menacent. La démocratie est notre sacré ? Tant mieux. Sauf qu’en devenant sacrée elle a engendré un monstre phénoménal, une sorte de Golem que personne ne sait par quel bout prendre, dont personne n’ose parler. Et qui est le non-dit de tout ce qui est dit. Un non-dit massif.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1703

[ indiscutable ] [ totalitarisme du bien ] [ paradoxale ] [ suffrage universel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hyperfestif

J’ai fini par haïr la musique à l’égal de la poésie, comme une des formes de la réconciliation planétaire, un des modes les plus inattaquables de l’acceptation monogame du monde (donc aussi de la mort). Mais la musique est un terrorisme bien pire que la poésie. De toutes les armes dont dispose la Culture, c’est la plus redoutable. Je la vois aujourd’hui comme un bras immense capable de s’abattre sur n’importe qui, à travers n’importe quels murs, n’importe quels blindages, n’importe quels remparts. C’est joyeusement que ce bras vient vous chercher pour vous faire entrer dans la kermesse unanime. Personne n’est tranquille, aujourd’hui, par rapport à la musique.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le portatif", pages 54-55

[ omniprésence ] [ envahissement ] [ consentement ] [ dénigrement ] [ art industriel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

progressisme

Les mots font leur chemin, en effet, et ils le font encore mieux seuls que lorsqu'ils étaient obligés de coller à des réalités. Dans le monde virtuel du XXIème siècle, les mots n'auront plus guère besoin de l'ancien concret pour inventer de toutes pièces des phénomènes sociaux, c'est-à-dire du vent. Le XXIème siècle sera imaginatif; chicanier, intolérant et procédurier ou ne sera pas. Il sera bien sûr aussi despotique. Devenu culte universel, le victimisme commandera de placer légalement et constitutionnellement les anciennes victimes de l'Histoire à l'abri des propos offensants, des impertinences, des invectives ou, d'une façon plus générale, hors de portée de l'esprit critique et de ses malfaisances.

Auteur: Muray Philippe

Info: Exorcismes spirituels III, p.209

[ contrôle ] [ société ] [ virtualisation anthropomorphe ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

réflexion

Une nouvelle pensée, une pensée magistrale du monde ne peut pas être discutée, pesée tranquillement, soupesée entre gens de bonne compagnie, amendée, corrigée, nuancée, tripotée, faisandée de pour et de contre jusqu’à ce qu’elle ressemble à une motion de compromis dans une assemblée syndicale ou à la misérable synthèse terminale d’un congrès du parti socialiste. Toute proposition originale est menacée dans le débat, par ce qui peut lui arriver de pire : un protocole d’accord. Une nouvelle pensée du monde peut et doit être assénée comme un dissentiment irrémédiable, comme une incompatibilité d’humeur. Il ne faut pas argumenter, il faut trancher dans le vif. Penser, c’est présenter la fracture. 

Auteur: Muray Philippe

Info: "Le débat", il faudrait ne jamais débattre

[ incessante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

concours littéraire

Grâce au Monde du 2 février 1996, j’ai pu apprendre que le Goncourt des lycéens, ce concept pour bande dessinée, avait vu le jour dans le cerveau du président de "Bruit de lire", une association rennaise. De quelqu’un qui ne fait apparemment aucune différence entre un livre et une alarme de voiture détraquée, on pouvait tout redouter, à commencer par le classement de la littérature romanesque contemporaine sous l’allègre rubrique "Hi-fi du monde". C’était sans doute le prix à payer pour que les lycéens, eux aussi, n’y voient que du feu. Et se mettent enfin à lire, c’est-à-dire à confondre les livres avec des amplis ou des boîtes à rythme.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 227

[ marchandise ] [ critique ] [ produit culturel ] [ ironie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

tuchê

Nous avons été, j’ai le plaisir de vous le rappeler, le dieu à venir de nos arrière-grands-parents, leur point de mire messianique. Le salut du monde a été suspendu à notre venue et, bien entendu, pour ne décevoir personne, nous sommes venus. Malheureusement nos arrière-grands-parents n’étaient déjà plus là pour juger si nous étions bien ceux qu’ils attendaient, et si l’âge des grands massacres donnait toute satisfaction à leurs espoirs exaltés. Mais enfin nous sommes venus, c’était sans doute que les Temps étaient accomplis, il ne nous reste plus qu’à nous retourner sur nous-mêmes et à commémorer, désenchantés, l’ère où on nous attendait, l’âge où on attendait encore quelque chose.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 126-127. Tuchê : divinité tutélaire de la fortune, de la prospérité et de la destinée

[ poids ] [ destin ] [ culpabilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portrait

Et c’est toujours le même spectateur, devant sa télé, toujours le même supporter bien hébété, bien abruti d’admiration, bien dévot de l’ordre établi et de tous les efforts imaginables pour se dépasser soi-même, toujours le même bonhomme en bois qui se lève pour Danone, qui prie l’idole Transparence chaque matin et qui ne sort jamais de chez lui sans sa batterie de capotes. Le voilà, le nouveau citoyen, le héros positif du totalitarisme disneylandien, le cow-boy bronzé que la fumée incommode ! Le voilà, le mannequin apostolique du nouveau despotisme, le produit de synthèse de l’Empire du Bonheur pour Tous, l’androïde issu de tous les sondages passés et à venir.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 316-317

[ consumérisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

commerce littéraire

La télé a fait mieux, elle a fait bien mieux et bien plus fort que d’encourager la lecture ou la dissuader : elle a intégré la littérature, et ce qu’elle n’intégrait pas à disparu. Elle l’a vassalisée. Les livres ont cessé d’avoir une existence autonome pour devenir la chair et le sang (une petite, une toute petite parcelle de la chair et du sang) des médias. Télétranssubstantiation. Dès 1974, alors qu’il n’avait même pas encore inventé cette arme absolue nommée "Apostrophes", Pivot annonçait la couleur dans une interview : "Ce n’est pas la télévision qui est au service de la littérature ; c’est la littérature qui est au service la télévision"

 

Auteur: Muray Philippe

Info: Désaccord parfait, in Les mutins de Panurge p 46

[ digestion ] [ jeux du cirque ] [ têtes réduites ] [ évolution ] [ diffusion ] [ publicité ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin