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mysticisme

Elle repensa à la journée passée et, le sourire aux lèvres, comprit comment les choses étaient liées ; elle savait que les événements qui s'étaient déroulés n'étaient pas unis par le hasard mais qu'un sens d'une inexprimable beauté les reliait au-dessus du vide. Elle savait également qu'elle n'était pas seule, tout et tout le monde - son père là-haut, sa mère, son frère, ses soeurs, le docteur, le chat, ces acacias, ce chemin boueux, ce ciel et cette nuit ici-bas - dépendait d'elle comme elle était suspendue à eux.

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan, p 139

[ métaphysique ] [ solipsisme ]

 

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exactitude

Il avait la conviction que, même lorsqu'il le désirait, l'homme était incapable de dire la vérité, aussi la première version d'une histoire racontée n'avait-elle d'autre portée que celle-ci : "Il s'est peut-être passé quelque chose..." Pour connaître précisément l'histoire, il fallait, pensait-il, faire l'effort d'écouter chaque nouvelle version jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'à attendre que la vérité à un moment - comme ça tout d'un coup - se révèle. À ce moment-là, les détails de l'histoire apparaissaient et ainsi - avec un effet rétroactif - il devenait possible de remettre dans l'ordre les éléments de la première version. 

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan

[ inductive ] [ perspectiviste ] [ enquête ]

 

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crépuscule

La route est recouverte de boue à perte d'horizon, l'horizon que camouflent les sombres taches de la forêt, la nuit tout en tombant dissout le solide, absorbe la couleur, fait frémir l'immobile, fige le mobile, la route ressemble à une chaloupe qui se balance avec mystère, échouée dans le marécage du monde. Aucun vol d'oiseaux ne vient déchirer le ciel alourdi, aucun animal ne vient par son cri, par son murmure égratigner le silence qui comme la brume crépusculaire se déverse au-dessus de la terre, seule une biche aux abois lève la tête puis - comme aspirée par le marécage - s'affaisse, prête à s'enfuir dans le vide.

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan, p 51-52

 

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croyances

Irimiás : Dieu ne se manifeste pas dans le langage, espèce d'idiot. Il ne se manifeste dans rien. Il n'existe pas… Dieu était une erreur. J'ai compris depuis longtemps qu'il n'y a aucune différence entre moi et un insecte, ou un insecte et une rivière, ou une rivière et une voix qui crie au-dessus. Rien n'a de sens. Ce n'est qu'un réseau de dépendances soumis à d'énormes pressions fluctuantes. Ce ne sont que nos imaginations, non nos sens, qui nous confrontent continuellement à l'échec et à la fausse croyance que nous pouvons nous élever par nos propres moyens de cette pauvre boue de nos attentes. Il n'y a pas d'échappatoire à cela, imbécile.

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Satantango. Trad Mg, depuis l'anglais

[ homéostasiques ] [ nihilisme ] [ pouvoir sémantique ] [ athéisme ]

 

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hivernophile

Mme Eszter faisait partie de ceux que le printemps et surtout l’été rendaient malades, au sens strict du terme, de ceux pour qui la chaleur accablante, alanguissante, le soleil flamboyant dans le ciel représentaient une calamité qui les clouait au lit avec des migraines effroyables et de fortes hémorragies ; de ceux pour qui, en d’autres termes, le froid n’était pas un Mal insupportable observé sous le rempart des poêles incandescents mais un agent naturel de la vie, de ceux qui renaissaient lorsque le gel s’installait enfin, que le vent polaire arrivait, car l’hiver éclaircissait leurs horizons, tempérait leurs incontrôlables pulsions, remettait de l’ordre dans la masse confuse de leurs pensées dissolues sous les chaleurs estivales (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: La mélancolie de la résistance

[ thermophobe ] [ saisons ]

 
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enquête

Une petite table basse trônait au centre de la pièce, avec des verres, et quatre bouteilles de Johnny Walker. Trois d’entre elles étaient vides, la quatrième était encore remplie au tiers.

Le moine supérieur avait dû partir précipitamment.

Il avait oublié de revisser la bouteille.

La minuscule pièce empestait le whisky.

Sur le lit défait, comme en pleine lecture ou, plus précisément, comme lorsqu’on interrompt momentanément sa lecture pour une raison pressante, un livre, écrit en français, ouvert au milieu, tenait en équilibre sur les deux demi-tranches. On pouvait lire le titre au dos. Ce titre était l’infini est une erreur. L’auteur se nommait : Sir Wilford Stanley Gilmore.

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par des chemins, à l'est par un cours d'eau

[ pistes ] [ indices ]

 

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solitude

On ne pensait jamais à elle avec affection à la cour du roi de Perse, elle était encensée, enviée, portée aux nues, elle subjuguait, était blâmée, et on disait qu'elle n'était pas si belle que cela, et pourtant elle était belle, très belle, d'une beauté dépassant toute commune mesure, mais elle était la plus éblouissante de toutes les créatures, elle était néanmoins privée d'amour, personne n'aurait jamais eu l'idée de lui témoigner de l'affection, pas plus ceux qui la côtoyaient que ceux qui ne la connaissaient que de renom, tout le monde le savait à Suze et dans tout le royaume des Achéménides, et c'est donc avec le poids de ce manque d'amour permanent qu'elle vivait dans les palais royaux.

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Seiobo est descendue sur Terre. " La reine bannie ". Méditation sur l’histoire de Vashti, la reine du Livre d’Esther. Ou rouleau d'Esther, vingt-et-unième livre de la Bible hébraïque (NB : Ce n’est pas un récit linéaire mais un ensemble de 17 récits autonomes, disposés selon la suite de Fibonacci (3, 5, 8, 13, etc.), ce qui crée un canevas particulier et reflète l’idée d’harmonie cachée et d’ordre cosmique.)

[ carence affective ] [ glaciale splendeur ] [ majesté distante ]

 

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accouplement

Elle reconnaissait la précieuse valeur de ce genre d’occasion, quand un homme aux possibilités ma foi modestes — comme c’était le cas — promettait résolument de se surpasser. Elle ne prononça aucun mot, n’exigea aucune explication, ne le congédia pas, mais sans l’ombre d’une hésitation ôta langoureusement sa robe sous le feu des regards de plus en plus ardents, de plus en plus prometteurs de l’homme, jeta négligemment au sol ses sous-vêtements, passa sa baby doll, une nuisette jaune orangé finement transparente, le péché mignon du capitaine, et, comme obéissant à un ordre, elle s’installa, avec un sourire gêné, à quatre pattes sur le lit. Pendant ce temps, son " confident, ami, et associé " se débarrassa de son équipement, éteignit la lumière et, sans ôter ses lourdes bottes — et, conformément à son habitude, au cri de : " À l’assaut ! " —, il se jeta sur elle. Et Mme Eszter ne fut pas déçue : en quelques minutes, le capitaine réussit à balayer tous les mauvais souvenirs de la soirée,

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: La mélancolie de la résistance

[ humour ] [ baise ]

 
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contemplation

Il n’y avait là aucune plante extraordinaire, aucune pierre taillée de forme exceptionnelle, rien d’original, de spectaculaire, aucune fontaine, cascade, aucune tortue ou singe sculpté, aucun puits, rien de spectaculaire donc, aucun artifice, rien de ravissant ou de divertissant, mais la simplicité qui définissait son essence révélait en même temps un condensé extrême de beauté, le pouvoir de fascination de cette simplicité était tel que personne ne pouvait s’en détacher, et celui qui le voyait souhaitait ne jamais s’en détacher, et il restait là, à regarder ce tapis de mousse qui, tendrement, ondulait sur la surface du sol se déployant sous lui, il restait là à regarder ce tapis dont les reflets vert-argent faisaient penser à un paysage féerique car cet indescriptible reflet argenté brillait de l’intérieur, scintillait à l’intérieur de cette épaisse surface tapissée d’où émergeaient ces huit hinokis*, espacés de quelques mètres les uns des autres, avec leurs magnifiques bandelettes d’écorce brun rouge, leurs frondaisons verdoyantes, si fraîches et si vivantes, et les délicates dentelures qui ourlaient leur cime, bref, celui qui se tenait là à regarder n’avait pas envie de prononcer le moindre mot ; simplement regarder, et se taire.

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par des chemins, à l'est par un cours d'eau. *Cyprès du Japon

[ nature ] [ indicible ] [ végétaux ]

 

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couchant

Kasser fit alors remarquer qu'il n'existait rien de plus beau qu'un coucher de soleil sur les montagnes et la mer, le coucher de soleil, ce merveilleux jeu de lumières dans le ciel s'assombrissant, cette somptueuse incarnation de la transition et de la permanence, la sublime tragédie, poursuivit Falke, de toute transition et de toute permanence, un spectacle grandiose, une merveilleuse fresque représentant quelque chose qui n'existait pas mais illustrait à sa façon l'évanescence, la finitude, la disparition, l'extinction, et l'entrée en scène solennelle des couleurs, intervint Kasser, cette époustouflante célébration du rouge, du lilas, du jaune, du brun, du bleu, du blanc, l'aspect démoniaque de ce ciel peint, c'était tout cela, tout cela, et bien d'autres choses encore, reprit Falke, car il fallait aussi évoquer les milliers de frissons que le spectacle évoquait chez celui qui le contemplait, l'émotion intense qui le saisissait immanquablement, un crépuscule, dit Kasser, incarnait la beauté emplie d'espoir des adieux, l'image éblouissante du départ, de l'éloignement, de l'entrée dans l'obscurité, mais aussi la promesse assurée du calme, du repos, et du sommeil imminent, c'était tout cela à la fois, et combien d'autres choses encore, remarqua Falke, oui, combien d'autres choses encore, renchérit Kasser (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Guerre & Guerre, III, 6 Toute la Crète p 111

[ frontière ] [ émoi ]

 

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