survie

Depuis que l'exploitation avait été démantelée, depuis que les gens avaient fui cet endroit avec le même empressement que celui qui les avait conduits ici, lui - avec quelques familles, le docteur et le directeur d'école, tous ceux qui comme lui ne savaient où aller - n'avaient pas bougé, et chaque jour il surveillait le goût des aliments car il savait que la mort commence par s'introduire dans la soupe, dans la viande, dans chaque bouchée [...].

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan

[ vigilance ] [ communauté résiduelle ] [ méfiance ] [ repli ]

 

Commentaires: 6

Ajouté à la BD par miguel

Commentaires

Coli Masson, colimasson@live.fr
2025-09-09 14:47
Il manque un peu de contexte.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2025-09-10 07:30
oui mais j'ai pas trouvé mieux. Et l'oeuvre "Tango de Satan" trop titanesque pour y arriver à partir de mes maigres infos. J'ai ajouté repli... parce que je trouve cet extrait assez parlant quand même
Coli Masson, colimasson@live.fr
2025-09-10 16:45
Quel endroit ont-ils fui ? Où sont-ils arrivés ?
Pourquoi surveillent-ils le goût des aliments ? (empoisonnement, contamination, pollution?)
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2025-09-11 09:29
(FLP) - Salut, j'ai cet extrait entre crochets du "tango de Satan" de Krasznahorkai Laszlo et je voudrai savoir si tu peux répondre à ces questions ci-dessus :
(Chatgpt) - Bonne question, et le passage que tu cites est très riche de sous-entendus typiques de Krasznahorkai.

1. Quel endroit ont-ils fui ?
Dans Tango de Satan, l’« exploitation » (ou « domaine » dans certaines traductions) désigne une grande ferme collective à moitié ruinée, vestige de l’époque socialiste. C’est un lieu isolé, boueux, abandonné à la décrépitude. La plupart des habitants s’en vont quand l’exploitation est démantelée, car il n’y a plus de travail, plus de ressources, et aucune perspective. On peut dire qu’ils ont fui un village agricole en ruine, marqué par l’échec du projet collectif.

2. Où sont-ils arrivés ?
En réalité, les personnages restés sur place n’« arrivent » nulle part : ils demeurent dans ce lieu dévasté, contrairement à ceux qui partent. Le narrateur évoque le petit groupe (le docteur, le directeur d’école, quelques familles, et lui-même) qui n’a pas bougé, faute de savoir où aller. Ils restent donc prisonniers de ce paysage en décomposition.

3. Pourquoi surveillent-ils le goût des aliments ?
Ici, ce n’est pas tant une question de poison au sens strict qu’une métaphore de la dégradation et de la mort. Le docteur est obsédé par l’idée que la corruption de la vie se manifeste d’abord dans la nourriture, élément vital. Goûter la soupe ou la viande devient une manière paranoïaque de traquer l’infiltration de la mort dans le quotidien. On peut y lire à la fois :

une peur diffuse de la contamination (par la pourriture, la maladie, la saleté omniprésente dans ce lieu) ;

et une image existentielle : la mort est partout, elle commence insidieusement dans « chaque bouchée ».

Donc : ce n’est pas forcément un empoisonnement volontaire, mais une métaphore de la corruption du monde et de la lente désagrégation du vivant dans un espace condamné.
Coli Masson, colimasson@live.fr
2025-09-12 10:24
Ok merci, je pensais que tu aurais pu me répondre toi-même ! Tu as lu le livre non ?
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2025-09-12 14:58
Non, g commandé ses boucs pour Noël. Et tu sais bien que j'aime les extraits, les digressions et autres déductions littéraires... Et Lazlo est une découverte en ce sens. Une vraie "secondéité médium" pour moi . Avec l'âge rares sont les plumitifs capables de capter mon attention sur la grande longueur. Trop de redites, d'entreglosages comme disait Montaigne.