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profondeur

Une nouvelle ne devient vraie que tamisée au fond des coeurs où elle prend du sens, portée de bouche en bouche aussi longtemps qu'il faut pour qu'elle atteigne sa valeur, sa signification et sa grandeur. Jamais elle n'est plus fausse que captée au plus près de son premier moment et par n'importe qui, un spécialiste gris de l'objectivité qui la détache de son lieu, la décolore et l'attiédit pour en transmettre la boulette de papier mâché.

Auteur: Armel Guerne

Info: Fragments

[ itération ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dépendance

La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. Tu es libre si tu peux t'éloigner des hommes sans que t'obligent à les rechercher le besoin d'argent, ou l'instinct grégaire, l'amour, la gloire ou la curiosité, toutes choses qui ne peuvent trouver d'aliment dans la solitude ou le silence. S'il t'est impossible de vivre seul, c'est que tu es né esclave. Tu peux bien posséder toutes les grandeurs de l'âme ou de l'esprit : tu es un esclave noble, ou un valet intelligent, mais tu n'es pas libre.

Auteur: Armel Guerne

Info:

[ solidité intérieure ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

spiritualité

Per speculum in aenigmate, dit Saint Paul. Nous tous, nous nous connaissons tous dans cette même expérience, où tout à coup les frontières ont changé de bord et chaviré les habituelles perspectives ; chacun de nous a essayé sur soi, peut-être pas un jour, mais une nuit ou l'autre, la possibilité magique d'une brusque lecture transversale. Nous avons tous eu des rêves qui suivaient en nous ces chemins-là. Est-ce pour rien ? Tant d'hommes si différents, et tant de rêves si semblables ! Or le rêve n'est pas fautif, quand il nous a parlé son langage, si le matin nous l'appelons un rêve, et si nous nous empressons de l'oublier pour aller au bureau. D'ailleurs, il n'est pas du tout sûr que de seulement négliger d'y penser suffise pour qu'une chose s'oublie ; il n'est absolument pas certain que ce que nous oublions nous oublie. On devrait y songer sans trop de présomption ; c'est probablement par ce côté-là que nous arrive à peu près tout ce qui nous concerne vraiment, tout ce qui a authentiquement, personnellement, pour notre vie, de la valeur et a assez d'importance pour n'être pas soumis à notre estimation.

C'est par là que s'opère aussi, pour Novalis, le ministère religieux de la poésie : aménager en nous, en nous faisant baisser la voix, cette matrice de silence vivant qui ressemble au silence bruissant des rêves où chaque chose retrouve sa voix, ou peut-être à cet autre silence dont on rêve dans une église, où la prière, au lieu de monter de nous comme une fumée, descendrait par amour dans notre amour, ou serait aspirée en lui.





       

Auteur: Armel Guerne

Info: L'âme insurgée. Novalis ou la vocation d'éternité - extrait. Éditions Points, 2011 (pp. 123-124). La première édition a paru en 1977 aux éditions Phébus.

[ onirique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

questions

Mais qui peut dire que c’est lui qui a mené sa vie quand il lui arrive de parler de la vie qu’il a menée ? Qui peut prétendre sincèrement ne pas avoir été conduit par elle, et fréquemment de très loin, à la rencontre de tel ou tel événement ? Qui connaît seulement les circonstances, le contour même des circonstances de sa propre existence ? À quel moment de son enfance chacun a-t-il fait connaissance avec soi ? Et ce moment, cette heure capitale à partir de laquelle se séparent et divergent la vie profonde et l’existence superficielle, est-il un seul homme qui puisse en fixer la date, ou seulement décider consciemment au bénéfice de laquelle des deux s’est prononcé le divorce ? À laquelle des deux, partant de là, appartient son vrai moi ? Et encore, quand on parle de vie profonde, encore ne s’agit-il pas d’un, mais de plusieurs courants qui se superposent, s’entremêlent, divergent ou convergent, s’engloutissent ou jaillissent, partent ou arrivent. L’amitié de deux êtres repose dans ces eaux-là ; et l’amour, quand on le rencontre, vient de cette source ; le mystère de la douleur – la douleur dont il ne faut jamais rien dire – c’est qu’elle s’enfonce en nous et dans notre existence jusqu’à la vie profonde indéfiniment ; et la vérité indicible, c’est qu’elle est en elle-même, tout au fond, quelque chose comme un sanctuaire où s’opère une réconciliation impossible, où se fait un aveu parfaitement inavouable, un radical changement de sens que tout accepte en nous spontanément alors même que nous le refusons : un changement de sens par lequel nous n’apprenons pas, mais nous savons et connaissons qu’elle est la porte, oui, l’unique porte ici-bas qui ouvre sur la joie. Que l’une et l’autre sont un seul être, le nôtre, qui n’avait pas deux visages, mais un seul, le vrai, qu’on ne connaissait pas : un visage sous lequel et dans lequel tout se passe visiblement ; mais sur lequel, invisiblement, il n’y a qu’un sourire.


Auteur: Armel Guerne

Info: Novalis ou la vocation d'éternité - extrait. L'âme insurgée. Éditions Points, 2011 (pp. 128-129), Mais d'abord en 1977 aux éditions Phébus.

[ rétrospection ] [ existentielle ] [ introspection ] [ métaphysique ] [ moi supérieur ] [ destin ] [ forces invisibles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

automatisation

Au mystère de la vie que nous partageons avec toutes les créatures autour de nous, et aux mystères du langage et de l'écriture, qui nous en distinguent, serions-nous devenus si monstrueusement étrangers, que nous en usions sans plus savoir seulement qu'ils existent ? Notre époque est évidemment tombée très bas dans le simulacre, et notre temps se signale entre tous les temps par sa gesticulation insensée, son vacarme et le poids accablant de sa machinerie. Et pourtant, oui,elle se signale aussi par une angoisse sourde, un sang serré, une sève contrite, comme si toute la nature avec nous gémissait silencieusement dans l'ombre d'une certaine joie perdue. Qu'est-ce à dire ? Sinon que notre pauvre humanité, pour s'être un peu trop matériellement épanouie dans sa curiosité, et pour s'être un peu trop cherchée depuis un siècle où deux, s'est beaucoup trop trouvée, hélas, enjambant dans sa hâte les distances et les différences, gagnant furieusement du temps sur le temps qui passe, envahissant d'autres espaces que son espace, et n'ayant en commun, finalement, qu'une épouvante inavouée et féroce, une sorte de halètement d'agonie où l'on peut voir déjà la vie, dans son indifférence, ne plus se modeler que sur les figures pâles de la mort, et la mort ; plus atrocement, singer tout le vocabulaire et les figures de la vie. Le mauvais rêve se poursuit, dont plus personne n'aura bientôt la force même de vouloir sortir, tant la tristesse et la lassitude, qui sont toujours le fruit des mauvais calculs qu'on ne peut pas reprendre, trahissent la déspiritualisation des corps : des corps qui s'ennuient dans toutes les langues du monde, et qui s'en vont de moins en moins à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui puisse remplacer leurs âmes si terriblement absentes. Bientôt, c'est aujourd'hui déjà, les hommes ne sauront même plus que leurs âmes leur manquent. Robots : voilà le confort, que d'aucuns déjà, préconisent ; n'être plus qu'une viande forte, c'est l'idéal des grandes nations.

Auteur: Armel Guerne

Info: Le Verbe nu, page 45

[ vie opératoire ] [ modernité ] [ décadence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson