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paupérisation

Le monde du turf a changé. Voilà quarante ans, même les perdants se fendaient la gueule. Les bars ne désemplissaient pas. C’est désormais un autre public, une autre ville, une autre société. On ne jette plus l’argent par les fenêtres, on ne plaisante plus avec l’argent, on ne croit plus aux rentrées d’argent. L’univers tout entier agonise. Dans ses vêtements usés. La bouche amère, la peau flétrie. Il faut que l’argent rapporte. Vous voulez de l’argent ? Cinq dollars de l’heure. L’argent occupe toutes les conversations. Argent des chômeurs et des travailleurs clandestins. Argent des voleurs à la tire, des cambrioleurs, argent des déshérités. Le fond de l’air est gris. Et les queues s’allongent indéfiniment. On a appris aux pauvres à piétiner sur place. Et les pauvres en perdent le goût de vivre.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau", trad. Gérard Guégan page 212

[ ambiance ] [ gravité ] [ évolution ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

marginal

Comme n'importe qui vous le dira, je ne suis pas un homme très affable. Les gens affables me donnent envie de dormir. J'ai toujours admiré les méchants, les hors-la-loi, les fils de pute. Je n'aime pas les petits gars rasés de près, portant cravate et nantis d'un bon boulot. J'aime les hommes désespérés, les hommes aux dents brisées et aux manières brusques. Ils m'intéressent. Ils ménagent plein de surprises et d'explosions. J'aime également les femmes de mauvaise vie, les pochardes vicieuses et fortes en gueule aux bas avachis et au visage ravagé dégoulinant de mascara. Les pervers m'intéressent davantage que les saints. Quand je suis avec des ratés, je me sens bien, étant moi-même un raté. Je n'aime pas loi, la morale, la religion, les règlements. Je refuse d'être modelé par la société.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Au sud de nulle part [p 153 en Livre de Poche

[ indépendance ] [ révolte ] [ poète ]

 
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existence

Si tu veux essayer, va jusqu'au bout. Sinon, ne commence même pas. Ça pourra signifier perdre des copines, des épouses, des parents et peut-être même ton esprit. Ça pourra signifier ne pas manger pendant trois ou quatre jours. Te geler sur un banc dans un parc. Ça pourra signifier la prison. La dérision. Ce sera peut-être la moquerie... l'isolement. L'isolement est un cadeau. Toutes les autres configurations sont un test de ton endurance, de ta volonté de faire. Et tu le feras, malgré le rejet et les pires obstacles. Et ce sera mieux que tout ce que tu peux imaginer. Si tu veux essayer, vas-y à fond. Aucun autre sentiment n'est comparable. Tu seras seul avec les dieux, et les nuits seront enflammées. Tu chevaucheras la vie jusqu'au rire parfait. Voilà l'unique combat valable.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Factotum

[ injonction ] [ sacrifice ] [ lutte ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

enfance

Je me souviens des chevaux

sous la lune

je me souviens que je leur donnais

du sucre

de blancs rectangles de sucre

qui ressemblaient à de la glace

et ils avaient des têtes qui ressemblaient à

des aigles

des têtes chauves qui auraient pu mordre mais qui

ne le faisaient pas.



Les chevaux étaient plus réels que

mon père

plus réels que Dieu

et ils auraient pu m’écraser les

pieds mais ils ne le faisaient pas

ils auraient pu faire toutes sortes d’horreurs

mais ils ne le faisaient pas.



J’avais presque cinq ans

mais je n’ai pas oublié ;

dieu qu’elles étaient fortes et douces

ces langues rouges baveuses

dégoulinant de leurs âmes.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Les Jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, Poche 2011

[ équidés ] [ poème ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

baise

Au lit j’avais quelque chose devant moi mais je pouvais rien faire avec. J’ahanais et ahanais comme une baleine. Vi était très patiente. Je continuais à me donner comme un beau diable mais j’avais trop bu.
"Désolé, baby", j’ai fait. Après ça j’ai roulé sur le côté. Et j’ai roupillé. Plus tard quelque chose m’a réveillé. C’était Vi. Elle m’avait ranimé la flamme et me chevauchait.
"Vas-y baby, vas-y !" je lui ai dit.
J’arquais le dos de temps en temps. Elle m’a regardé avec des petits yeux gourmands. J’étais en train de me faire violer par une enchanteresse café au fait ! Pendant une seconde ça m’a excité.
Ensuite je lui ai dit : "Merde, baby, descends. La journée a été longue et rude. Ça sera mieux la prochaine fois."
Elle est descendue. Mon truc a piqué du nez comme un ascenseur express.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le Postier", page 135

[ impuissance ] [ comique ] [ alcool ] [ débander ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rejet

La route que j'avais devant moi, j'aurais presque pu la voir. J'étais pauvre et j'allais le rester. L'argent, je n'en avais pas particulièrement envie. Je ne savais pas ce que je voulais. Si, je le savais. Je voulais trouver un endroit où me cacher, un endroit où il n'était pas obligatoire de faire quoi que ce soit. L'idée d'être quelque chose m'atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir. Devenir avocat, conseiller, ingénieur ou quelque chose d'approchant me semblait impossible. Se marier, avoir des enfants, se faire coincer dans une structure familiale, aller au boulot tous les jours et en revenir, non. Tout cela était impossible. Faire des trucs, des trucs simples, prendre part à un pique-nique en famille, être là pour la Noël, pour la Fête nationale, pour la Fête des Mères, pour... les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Souvenirs d'un pas grand-chose

[ normalité ]

 

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dénigrement

Ça commence presque toujours pareil. Les poètes, je veux dire. Ils démarrent plutôt bien. Seuls dans leur coin, ils s’en remettent aux mots parce qu’ils sont plus ou moins mal dans leur peau, ils sont innocents, tu vois. Ils sont portés par un souffle au début. Ensuite ils se prêtent au jeu. Ils donnent de plus en plus de lectures, ils rencontrent d’autres spécimens de leur espèce. Ils discutent entre eux. Ils commencent à s’imaginer qu’ils ont des cerveaux. Ils font des déclarations sur les gouvernements, l’âme, l’homosexualité, le jardinage bio… Tout le bazar… Ils savent tout sur tout à l’exception de la plomberie et pourtant ça pourrait leur être utile vu la merde dont ils bourrent les tuyaux. C’est vraiment décourageant de les voir évoluer. Des voyages en Inde, des exercices respiratoires – ils améliorent la capacité de leurs poumons dans le seul but de pouvoir jacter plus.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Sur l'écriture", lettre à Jack Stevenson, mars 1982

[ succès ] [ corruption ] [ piège ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femme idéale

Je vous ai déjà dit que les femmes sont légion sur cette terre, hein ? La plupart sont acceptables. Et les baisables ne se comptent pas. Mais il arrive que la nature accouche, par un coup de baguette magique, d’une femme exceptionnelle, d’une femme après quoi rien n’a plus de valeur. Vous savez bien, une anatomie à couper le souffle. Chez elle, tout n’est que mouvement, tout bouge divinement, du vif argent, un serpent caché sous les fleurs. Elle dévoile une cheville, une épaule, un genou, un sein, et vous voici lié à elle comme par un invisible aimant. Mais elle vous nargue de ses yeux rieurs et sublimes. Sa bouche esquisse une moue diabolique. Qu’importe, vous êtes suspendu à ses lèvres qui sont pourtant prêtes à se moquer de votre impuissance. De surcroît, cette femme s’habille à merveille et ses longs cheveux électrisent l’atmosphère. On se damnerait pour moins.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Pulp", trad. Gérard Guégan, éd. Grasset & Fasquelle, 1995, pages 66-67

[ fascination ] [ description ] [ modèle escort girl ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieillesse

Sur le fait de plaquer ton job à 50 ans, je sais pas quoi dire. Il fallait que je plaque le mien. Mon corps entier morflait, pouvais même plus lever mes bras. Si quelqu’un me touchait, ce simple contact m’envoyait des vagues et décharges d’agonie. J’étais fini. Ils s’étaient acharnés sur mon corps et mon esprit pendant des décennies. Et j’avais pas un centime. Il fallait que je me noie dans l’alcool pour effacer de mon esprit ce qui se passait. J’en étais arrivé à la conclusion qu’une vie de clochard serait préférable. Je le pense vraiment. Il fallait vraiment que ça se termine. Mon dernier jour au boulot, un type a glissé une remarque sur mon passage : "Ce vieux a vraiment des couilles pour démissionner à son âge." Je me rendais même pas compte de mon âge. Les années s’étaient justes empilées jusqu’à former un tas de merde.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Sur l'écriture", lettre à A. D. Winans, 22 février 1985

[ travail ] [ destruction ] [ constat ] [ délabrement ]

 
Mis dans la chaine

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sur le fil

Le bus roulait sur une étroite bande de ciment, juste au dessus de l'eau, sans garde-fous, sans rien de rien ; c'est tout ce qu'il y avait. Le chauffeur se calait dans son siège et on fonçait sur cette étroite bande de ciment bordée d'eau, et tous les passagers du bus, les vingt-cinq ou quarante ou cinquante-deux personnes, lui faisaient confiance ; moi : jamais. Des fois c'était un nouveau chauffeur, et je pensais : comment sélectionnent-ils ces fils de pute? L'eau était profonde des deux côtés ; à la moindre erreur d'appréciation, il nous tuait tous. C'était ridicule. Imagine qu'il se soit disputé avec sa femme ce matin? Ou qu'il ait le cancer? Ou des visions mystiques? Mal aux dents? N'importe quoi. C'était couru : il nous foutait en l'air. Je savait que si c'était MOI qui conduisais, j'aurais envisagé la possibilité ou eu l'envie de noyer tout le monde.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Factotum"

[ fragilité ] [ doute ] [ déconstruction ] [ peur ] [ effroi ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson