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politique

[…] l’intellectuel de gauche vient d’accéder à la consommation mondaine. Et il en est même le principal usager.

Pire, encore, il est devenu le maître à penser du monde. Il propose les modèles culturels du mondain. Non seulement il a accédé à la consommation mondaine, mais il en est l’un des patrons. Il a la toute-puissance de prescrire. Et de codifier l’ordre du désir.

Aussi peut-on encore demander à ce nouveau privilégié de renoncer à ce qu’il vient à peine de cueillir ? Il est enfin invité au festin et nous le prions de cracher dans le caviar et de lâcher le morceau. Mais ce qui est le plus grave, le plus décourageant, le plus inquiétant, c’est que cet intellectuel de gauche présente ses nouveaux privilèges comme des conquêtes révolutionnaires. Et nous venons lui demander de reconnaître qu’il est pris la main dans le sac, alors qu’il prétend, de cette main, brandir le flambeau de la liberté.

Auteur: Clouscard Michel

Info: Le capitalisme de la séduction, éditions Delga, 2015, pages 26-27

[ hypocrisie ] [ gauchisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

journal de bord

En la police économique, mon père avait cet ordre, que je sais louer, mais nullement ensuivre : c'est qu'outre le registre des négoces du ménage où se logent les menus comptes, paiements, marchés, qui ne requièrent la main du notaire, lequel registre un receveur a en charge, il ordonnait à celui de ses gens qui lui servait à écrire, un papier journal à insérer toutes les survenances de quelque remarque, et jour par jour les mémoires de l'histoire de sa maison, très-plaisante à voir quand le temps commence à en effacer la souvenance, et très à propos pour nous ôter souvent de la peine : quand fut entamée telle besogne ? Quand achevée ? Quels trains y ont passé ? Combien arrêté ? Nos voyages, nos absences, mariages, morts, la réception des heureuses ou malencontreuses nouvelles ; changement des serviteurs principaux ; telles matières. Usage ancien, que je trouve bon à rafraîchir, chacun en sa chacunière. Et me trouve un sot d'y avoir failli.

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.254 livre I chap.XXXV

[ main courante ]

 

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couvent

Il ne fait pas encore jour. De ma cellule j’entends des voix, et les ritournelles séculaires, offrandes à un ciel latin et banal. Plus tôt dans la nuit, des pas se précipitaient vers l’Eglise. Les matines ! Et pourtant Dieu lui-même assisterait-il à sa propre célébration que je ne descendrais point dans un froid pareil ! Mais, de toute manière, il doit exister, sinon ces sacrifices de créatures de chair, secouant leur paresse pour l’adorer, seraient d’une telle insanité que la raison ne pourrait en supporter la pensée. Les preuves de la théologie sont futiles comparées à ce surmenage qui rend perplexe l’incroyant, et l’oblige à attribuer un sens et une utilité à tant d’efforts. A moins qu’il ne se résigne à une perspective esthétique sur ces insomnies voulues et qu’il ne voie dans la vanité de ces veilles l’aventures la plus gigantesque entreprise vers une Beauté de non-sens et d’effroi… La splendeur d’une prière qui ne s’adresse à personne !

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Précis de décomposition" in Œuvres, éditions Gallimard, 1995, page 703

[ athéisme ] [ absurdité ] [ témoin externe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

féminisme

D'autant plus troublant, à ce titre, est le cas de Rosa Bonheur (1822-1899), peintre dont la gloire est plus grande aux Etats-Unis qu'en France, et qui eut l'habileté de mener une existence à contre-courant de bien des conventions sans jamais faire scandale. et pourtant, si l'on veut résumer grossièrement les éléments du délit, elle fut:
1) une femme artiste; 2) une peintre qui au lieu de s'attendrir devant des fleurs, des enfants, des humains, prit pour sujet des vaches, des porcs et des lions; 3) qui vécut ouvertement sa vie amoureuse avec des jeunes femmes; 4) qui installa dans le jardin de son château de By, en Seine-et-Marne, une foule de bêtes, dont une lionne en liberté dans le parc et la maison; 5) qui obtint du préfet de police un sauf-conduit spécial pour se travestir en homme... Il y avait là de quoi choquer plus d'un bien-pensant. Au contraire, elle fut honorée, respectée, décorée, comme protégée par son nom magique.

Auteur: Braudeau Michel

Info: Six excentriques, p. 62-63

[ homo ] [ femmes-par-hommes ] [ originale ]

 

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isolement

À cette époque-là, j'écrivais à l'encre rouge et cela me faisait du bien ; le bleu me déprimait, il se confondait avec le noir, et du noir, j'en avais assez, assez. Je comprends maintenant pourquoi les populations ont toujours placé les enfers dans les antres souterrains. Dans le noir tout grandit, tout devient effrayant. Lorsque je contemplais à la faible lueur de ma torche électrique les ombres dessinées par les blocs de rochers, j'étais pris de vertige. La peur s'instaurait en moi.
J'étais bien seul dans ce gouffre, je n'avais à craindre aucune rencontre avec un être humain ou un quelconque animal, et pourtant une peur incontrôlable était là qui m'assaillait. C'était une sorte de présence "humaine", presque vivante. Car tout vivait dans ce gouffre, la glace et le roc. Oui, cette peur d'une présence m'envahissait bien souvent lorsque j'escaladais les énormes blocs de la moraine. Il est probable que cette crainte se confondait inconsciemment avec celle que m'inspirait les éboulements.

Auteur: Siffre Michel

Info: Hors du temps, p. 245

[ absolu ] [ effroi ] [ frousse ]

 

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teinte

Avec l’écorce ou la racine du noyer, les résultats sont meilleurs qu’avec des produits tirés d’autres arbres, et les tons obtenus sont presque noirs. Mais l’emploi de matières colorantes provenant du noyer se heurte à de nombreuses résistances. Au Moyen Âge, en effet, cet arbre passe pour maléfique. Là-dessus s’accordent le savoir botanique et les croyances populaires. Non seulement les racines du noyer sont toxiques et font périr toute la végétation alentour, mais elles entraînent la mort du bétail lorsqu’elles se rapprochent trop près des étables. Les hommes et les femmes eux-mêmes ont tout à craindre de cet arbre nuisible : s’endormir sous un noyer, c’est s’exposer à la fièvre et aux maux de tête ; c’est en outre risquer d’être visité par les esprits malins, voire par le Diable lui-même.

…  A la suite d’Isidore de Séville, plusieurs auteurs rapprochent le nom latin du noyer (nux) du verbe nuire (nocere) et expliquent ainsi pourquoi il faut s’en méfier.


Auteur: Pastoureau Michel

Info: (Sur la mauvaise réputation du noyer, J. Brosse, Les Arbres de France. Histoire et légende, Paris, 1987, p. 137-138 ; M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, 2004, p. 96-97.)in "Noir : Histoire d'une couleur"

[ ébène ] [ jais ] [ végétal ] [ biais de confirmation étymologique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

exploiter

Et il trouva juste avant de s’endormir : par un effort de volonté surhumain, pour sauver sa peau et sa santé mentale, il devait se convaincre qu’il avait besoin de son acouphène pour vivre. Sans lui sa vie était impensable. Il s’en ennuierait, s’il arrivait à disparaître. Ce sifflement de bouilloire qui l’accompagnerait partout lui était désormais indispensable, il l’aiderait à se concentrer, la perte de l'ouïe elle-même ferait écran contre les sons qui l’agressaient. Il devait apprendre à s’en servir pour se débarrasser des fâcheux et des indésirables.
Oui, c’était cela, avant la maudite patience, avant la pierre philosophale, avant le creuset et la transmutation du plomb en or, avant Nicolas Flamel, Simon devait se convaincre que son acouphène faisait maintenant partie intégrante de son être et que, même .. oui, il l’aimait.
Mais c’était peut-être ça, la patience après tout.
Simon se tourna sur le côté droit et, pour la première fois, fit face à son problème plutôt que de s’y laisser submerger.

Auteur: Tremblay Michel

Info: L'Homme qui entendait siffler une bouilloire

[ souffrance ] [ inversion ]

 

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France

Sur le plan scientifique et technique, le XX°s peut être placé au même niveau que le XIX°s. Sur le plan de la littérature et de la pensée, par contre, l'effondrement est presque incroyable, surtout depuis 1945, et le bilan consternant : quand on se remémore l'ignorance scientifique crasse d'un Sartre ou d'une Beauvoir, pourtant supposés s'inscrire dans le champ de la philosophie, quand on considère le fait presque incroyable que Malraux a pu - ne fût-ce que très brièvement - être considéré comme un "grand écrivain", on mesure le degré d'abrutissement auquel nous aura menés la notion d'engagement politique, et on s'étonne que l'on puisse, encore aujourd'hui, prendre un intellectuel au sérieux ; on s'étonne par exemple de ce qu'un Bourdieu ou un Baudrillard trouvent encore des journaux disposés à publier leurs niaiseries. De fait, je crois à peine exagéré d'affirmer que, sur le plan intellectuel, il ne resterait rien de la seconde moitié du siècle s'il n'y avait pas eu la littérature de science-fiction.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Interventions : Tome 2, Traces

[ bêtise ] [ conformisme ] [ Gaule ] [ vingtième siècle ] [ vacherie ]

 

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couple

Le bienfait de la compagnie d'un chien tient à ce qu'il est possible de le rendre heureux ; il demande des choses si simples, son ego est si limité. Il est possible qu'à une époque antérieure les femmes se soient trouvées dans une situation comparable - proche de celle de l'animal domestique. Il y avait sans doute une forme de bonheur domotique lié au fonctionnement commun, que nous ne parvenons plus à comprendre ; il y avait sans doute le plaisir de constituer un organisme fonctionnel, adéquat, conçu pour accomplir une série discrète de tâches – ces tâches, se répétant, constituaient la série discrète des jours. Tout cela a disparu, et la série des tâches ; nous n’avons plus vraiment d’objectif assignable ; les joies de l’être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l’inverse ne peuvent nous découdre. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d’extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 11

[ homme-femme ] [ homme-animal ] [ comparaison ] [ fluidité ] [ efficacité ] [ absurde ] [ nivellement ] [ affadissement ]

 

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mobilisation sociale

Celle des Gilets jaunes est la plus originale, révélatrice des fractures sociales et politiques hexagonales. Apparue hors de toute structure préalable, elle tira sa force de cette spontanéité. Son rejet vigilant de toute récupération ou convergence a favorisé la cristallisation d’un "bloc populaire" apte à déjouer les clivages partisans pour affirmer les aspirations sociales, longtemps silencieuses, des "petits", du travail "dur", mal payé et aléatoire. L’inorganisation initiale est allée de pair avec la simultanéité des liens que facilitaient les réseaux sociaux, amplifiés par les médias, tandis que des solidarités élémentaires s’ébauchaient dans l’action. L’inexpérience bouscula les codes des protestations classiques. Expression d’une culture à cent lieues des procédures institutionnelles, mais porteuse de références républicaines à la justice et à la supériorité absolue de la "volonté populaire", la colère a transgressé les protections légales des puissants. Les Gilets jaunes peu soucieux d’informer les autorités de leurs intentions, refusèrent les relégations spatiales et investirent les parages des Champs-Elysées, haut lieu symbolique du pouvoir et de la richesse ostentatoire.

Auteur: Pigenet Michel

Info: Introduction à "La violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, page 47

[ révolte ]

 

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