Le bienfait de la compagnie d'un chien tient à ce qu'il est possible de le rendre heureux ; il demande des choses si simples, son ego est si limité. Il est possible qu'à une époque antérieure les femmes se soient trouvées dans une situation comparable - proche de celle de l'animal domestique. Il y avait sans doute une forme de bonheur domotique lié au fonctionnement commun, que nous ne parvenons plus à comprendre ; il y avait sans doute le plaisir de constituer un organisme fonctionnel, adéquat, conçu pour accomplir une série discrète de tâches – ces tâches, se répétant, constituaient la série discrète des jours. Tout cela a disparu, et la série des tâches ; nous n’avons plus vraiment d’objectif assignable ; les joies de l’être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l’inverse ne peuvent nous découdre. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d’extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.
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Info: La possibilité d'une île, 2007, page 11
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